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Les jardins des palais et des châteaux accueillent avec plaisir cet hôte, qui en devient un des plus beaux ornements. Aussi les Hollandais, avec leur admirable instinct commercial, ont utilisé leurs marais et leurs canaux pour élever une trèsgrande quantité de cygnes, qu'ils exportent dans toute l'Europe.

L'amiral Baudin, à l'époque où il était capitaine de vaisseau sous le règne de Napoléon, rapporta à l'impératrice Joséphine, pour les jardins de la Malmaison, deux cygnes noirs du sud de la Nouvelle-Hollande, dont le plumage, par sa teinte, vint infirmer le proverbe : Blanc comme un cygne.

Les poëtes ont bien souvent célébré le cygne, dans lequel ils voient l'emblême de la beauté et de l'innocence; quant au chant harmonieux qu'ils lui prêtaient à son heure suprême, ce fait a été éclairci par la science.

Le cygne domestique est muet, et l'approche de la mort ne peut nullement changer la conformation de son larynx; mais le cygne sauvage a les organes de la voix très-développés, et plus d'une fois il produit des sons aussi doux, aussi pénétrants que les vibrations des harpes éoliennes.

Sans doute, les Grecs avaient observé ce phénomène, et sans distinguer les différentes races, ils attribuèrent au cygne domestique ce chant de mort réalisé par quelques poëtes mieux inspirés au moment de quitter la terre, et de prendre leur essor vers un monde meilleur. Ainsi Gilbert, André Chénier et Millevoie nous ont légué leur chant du cygne.

ENGRAISSEMENT.

SERVICES. PRODUITS. NOURRITURE.

INCUBATION ARTIFICIELLE.

SERVICES. Les oiseaux de basse-cour ne sont pas inutiles dans l'ensemble de l'économie rurale; ils y jouent un rôle

actif en détruisant les insectes, en ramassant des graines perdues qui pourraient germer dans un champ destiné à une autre production, et où elles seraient transportées avec le

fumier.

PRODUITS. Ces mêmes oiseaux de basse-cour fournissent leurs excréments connus sous le nom de poulnée ou de colombine, engrais très-puissant et très-chaud qui convient surtout à la culture des jardins;

Leurs œufs auxquels l'art du cuisinier et du pâtissier fait subir mille métamorphoses, et que l'on conserve en les plongeant dans de l'eau de chaux;

Leurs plumes pour les édredons, les coussins, et pour transmettre la pensée en la fixant sur le papier;

Leur chair tellement estimée que, pour en augmenter le volume et la saveur, on a inventé toutes sortes de combinaisons, et même imposé des tortures aux malheureuses victimes des raffinements de la gourmandise.

Les oiseaux de basse-cour mangent toutes les substances farineuses; ils recherchent aussi avec avidité une nourriture animale telle que les vers, la viande hachée, le lait; ils aiment

le sucre et la mélasse.

On appelle verminière une fosse de trois pieds de profondeur, sur quatre ou cinq de largeur et six à huit de longueur, dans laquelle se développent à peu de frais des quantités innombrables de vers et d'insectes, destinés à la nourriture des oiseaux de basse-cour. Le fond de cette fosse est garni d'une couche de paille hachée d'environ huit pouces d'épaisseur; sur laquelle on place un lit de crottins de cheval. On y verse du sang qu'on recouvre avec de la paille hachée, on dépose au-dessus des intestins d'animaux. On fait un lit de paille hachée mêlée avec de la terre, on étend des tranches de viande découpées sur un animal mort, on jette encore de

la paille hachée, on arrose avec du sang, et on recouvre le tout avec huit pouces de terre fine et légère. On ferme la fosse avec des planches chargées de pierres pour empêcher la volaille de fouiller dans cette réserve. Bientôt la fermentation et la putréfaction font naître des myriades de vers.:

Pour donner cette préparation à la volaille, en ayant soin de proportionner les rations au nombre des oiseaux, on puise dans la fosse avec une bêche.

ENGRAISSEMENT. Tous les oiseaux de basse-cour recherchent de petits graviers et des corps durs qui paraissent nécessaires à leur digestion. Les nourrisseurs, profitant de cette observation, ont ajouté du gravier à la nourriture de la volaille soumise à l'engraissement; car cette nourriture doit être donnée à satiété, et l'essentiel est de la faire digérer en la transformant en chair dans le plus bref délai.

Le maïs, l'orge et le froment concassés, que l'on réunit en pâte avec la mélasse, sont les substances les plus propres à déterminer l'engraissement. Pour le hàter, on prive les oiseaux de lumière et de mouvement, et on leur fait avaler de force des boulettes préparées, comme je viens de le dire, avec du maïs et de l'orge concassés mêlés avec un peu de gravier et pétris avec de la mélasse. On place chaque oiseau dans une case ayant deux ouvertures, l'une pour la sortie de la tête, l'autre pour le derrière. Les cases sont disposées de sorte que les excréments ne tombent pas sur les étages inférieurs.

On engraisse ainsi la volaille en employant les substances les plus nutritives sous le moindre volume, et en recherchant celles qui communiquent à la chair le plus de délicatesse.

On empâte les dindons avec de l'orge bouillie, de la farine d'avoine et de la mélasse, mêlées ensemble.

Aux oies convient un mélange de pommes de terre, de farine d'orge et de lait.

Le régime de l'engraissement occasione souvent la diarrhée chez les oiseaux de basse-cour; on la fait cesser en ajoutant un peu de vin à la nourriture et en y mêlant du charbon de bois pulvérisé.

INCUBATION ARTIFICIELLE. L'homme a rivalisé avec l'incubation naturelle au moyen de procédés ingénieux qui lui ont servi à faire éclore des œufs; ces procédés datent de plusieurs milliers d'années. Les anciens Égyptiens les employèrent avec succès : et de nos jours encore, un village de l'Égypte, nommé Béomé, est remarquable par l'industrie de ses habitants qui, à l'aide d'un fourneau portatif chauffé par une lampe, vont dans les campagnes où ils font éclore des œufs soit pour leur compte, soit pour celui du propriétaire. La température du pays favorise, à ce qu'il paraît, leur procédé qui est très-simple.

Avec ce précédent une fois connu, il n'est pas surprenant que les agronomes de l'Europe aient cherché des procédés et des appareils d'incubation artificielle; mais avant de se livrer à cette spéculation, on doit se rendre compte des débouchés, des frais, du prix du combustible, de la main-d'œuvre; il faut surtout prévoir les épidémies qui frappent si souvent les rassemblements d'animaux appartenant à la même espèce.

L'appareil le plus estimé a été inventé par un physicien français, M. Bonnemain; il se compose de quatre pièces distinctes, 1° un calorifère à circulation d'eau; 2o un régulateur servant à maintenir la même température; 3° une étuve qui doit être chauffée au même degré pendant la durée de l'incubation; 4° une poussinière pour réchauffer les poussins durant les premiers jours de leur existence.

Ainsi cet appareil indique en quelque sorte les moyens de l'appliquer.

Mais, comme me l'écrivait M. le baron Joseph d'Hooghvorst,

agronome distingué qui s'est, depuis six ans, beaucoup occupé d'incubation artificielle, «On peut conserver parfaitement

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l'égalité de la chaleur en entretenant la lampe : car la température se règle avec de gros baromètres qui, par le moyen « du mercure, soulèvent un poids qui fait ouvrir les sou« papes; cependant, malgré cette difficulté vaincue, on n'a pas vingt pour cent de produits. J'en attribue la cause à ce « que les œufs sèchent trop dans les couvoirs. J'ai fait là-des«sus une série d'expériences qui m'ont prouvé que l'oiseau en «couvant dépose par la transpiration un enduit sur les œufs, lequel les empêche de s'évaporer. J'ai employé l'huile, diffé« rentes graisses et même la vapeur dans l'intérieur des cou« voirs; le résultat est resté le même. Mais une expérience m'a toujours réussi ; la voici : J'ai placé des œufs sous des poules « et des dindes pendant quatre à cinq jours, ensuite le reste « du temps dans les couvoirs. Mes poussins sont venus par« faitement dans la même proportion que ceux entièrement « couvés par des poules ou des dindes; les poussins ont eu la « force de scier l'écaille, et sont sortis pleins de vie, au lieu « que ceux pour lesquels je n'avais pas eu cette précaution « ne pratiquaient qu'avec peine un petit trou à l'œuf; l'enveloppe sèche et dure résistait à leurs efforts, et la plupart amouraient. On peut en sauver quelques-uns en les aidant « à briser l'écaille et l'enveloppe qui est attachée à toutes les parties du corps; on l'amollit avec du lait tiède, et au bout « de quelques heures passées dans les couvoirs à une chaleur

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« de 30 degrés ils se portent bien. Mais le plus grand nombre périt dans les œufs. »

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J'ajouterai à ces excellentes observations de M. le baron Joseph d'Hooghvorst que cet accident est le résultat de la sécheresse de l'air du couvoir et de l'uniformité de la tempé rature qui y règne; il faut donc y tenir constamment de l'eau

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