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tiplier l'espèce; et l'on soumet à la castration ceux dont on veut augmenter le volume et la délicatesse. Le mâle devient alors chapon, et la femelle, poularde. Cette opération très-délicate ne peut être confiée qu'à des personnes qui en font leur état. Il y a parmi les coqs et les poules d'innombrables variétés de races, qui présentent des différences notables sous le rapport de la taille, des formes, du plumage, de la fécondité. Par exemple, la poule du Gange, d'une dimension plus forte, plus élevée sur ses pattes, peut pondre toute l'année.

Les combats de coqs suffisent seuls à prouver toutes les améliorations que les Anglais ont introduites dans cette branche de l'économie rurale. Ces améliorations ont porté d'abord sur les races elles-mêmes, ensuite sur les dispositions relatives à la basse-cour, sur l'intérieur du poulailler, enfin sur les soins dont ces animaux sont l'objet, et sur la nourriture qu'ils reçoivent. Rien n'a été épargné par les Anglais, ni peine, ni argent, ni recherches. Ils se sont adressés à tous les climats, à l'Hindoustan, à Malacca, à la Pologne, etc. Ils sont parvenus à créer leur admirable race de Dorking, dans le comté de Surrey, qui se distingue par son volume considérable, ses plumes blanches, sa fécondité et ses cinq doigts à chaque pied.

Il est vrai qu'en Angleterre un œuf provenant d'auteurs estimés se vend jusqu'à deux cents francs, et tel coq est payé vingt fois plus.

La poule russe est originaire de l'Hindoustan, on la désigne également par les noms de poule américaine, de poule de Padoue. De haute taille, à jambes élevées et musculeuses, elle a la queue dégarnie; ses œufs sont d'un jaune rosé; elle acquiert beaucoup de développement : car elle fournit autant de chair qu'un dindonneau; et sa fécondité répond à son mérite de couveuse.

Nous avons en Belgique quelques races remarquables, parmi lesquelles je signalerai celles de Bruges, d'Ypres et de Liége.

russe;

La poule de Bruges offre beaucoup d'analogie avec la poule elle est plus basse sur jambes, mieux emplumée et aussi grosse. On peut l'employer cinq fois par an à l'incubation; et ses poussins sont moins sensibles au froid que ceux de la poule

russe.

Les coqs de la race d'Ypres sont très-recherchés pour le combat.

Basse-cour. Beaucoup de propriétaires laissent à la volaille la liberté d'errer dans les champs; mais lorsqu'on veut se rendre compte des produits que l'on peut obtenir, lorsque les débouchés sont faciles, et que l'on se livre à ce genre de spéculation sur une assez grande échelle, il faut avoir une bassecour séparée des autres bâtiments de la ferme. Cette bassecour doit être plantée de sureaux qui fournissent à la fois de l'ombre, de la nourriture et un abri à la volaille. On y apportera du sable ou des cendres où les poules puissent se rouler afin de se délivrer de la vermine qui les inquiète. De distance en distance, des baquets couverts offriront une eau l'impide pour étancher leur soif; et un carré de gazon, au centre de la basse-cour, favorisera leurs jeux.

Poulailler. On en règle les dimensions sur le nombre des hôtes qu'il doit contenir. Autant que possible, il importe de le construire dans une bonne exposition, au levant ou au midi, pour que les premiers rayons du soleil y fassent sentir leur influence. On le fermera de manière à ce que la volaille soit à l'abri des attaques nocturnes des renards et des fouines. On en garnira l'intérieur de juchoirs et de nids.

La poule dort perchée sur une patte, et l'autre repliée sous le ventre; elle garde très-bien l'équilibre, mais il faut que la

barre du juchoir soit presque carrée et non polie, parce que la poule ne plie pas ses ongles.

La propreté est une mesure de rigueur, dont on ne peut se départir sans compromettre la santé de la volaille; pour l'entretenir, il faut une personne spéciale.

PINTADE.

Poule originaire d'Afrique, appelée poule peinte, gallina picta, à cause de son plumage tacheté de noir et de blanc.

A l'époque où florissait Aristote, la pintade était déjà introduite en Europe, où les gourmands la recherchaient à cause de la saveur de sa chair; mais durant le moyen âge, cette race se perdit jusqu'au temps des premières navigations des Portugais sur les côtes d'Afrique, d'où ils rapportèrent des individus qui se sont propagés en Europe, et qui ont été acclimatés au Mexique ainsi que dans les Antilles.

Le coq et la poule pintade sont très-beaux : ils ont le cou mince et flexible, garni de plumes légères et surmonté d'une petite tête élégante et gracieuse; rouge à l'origine, le bec est noir à l'extrémité; près de sa base retombent en arrière des excroissances charnues d'un rouge ardent; le mâle a les joues bleues; elles sont rouges chez la femelle; sur le haut de la tête s'élève une corne recourbée en arrière, dure et bleuȧtre; la masse de plumes que portent ces oiseaux donne à leur corps une forme ovale, et la queue se recourbe en dessous du croupion.

Le cri des pintades a de l'analogie avec celui de la perdrix; mais il est plus fort, et fatigue, entendu de trop près. Ces oiseaux ont beaucoup de turbulence; ils exercent une espèce de despotisme dans la basse-cour, mais ces inconvénients

sont compensés par la délicatesse de leur chair que l'on compare à celle du faisan.

Une pintade peut pondre cent cinquante œufs dans l'année. Elle n'est pas bonne couveuse, et l'on donne ses œufs à couver à des poules; ils éclosent au bout de vingt-huit, vingt-neuf ou trente jours.

Les pintadeaux n'exigent pas plus de précautions que les petits dindons; leur éducation est très-facile; ils aiment beaucoup les œufs de fourmis; mais on peut leur donner des œufs durs hachés avec du pain, ou du chènevis et du millet écrasés, également mêlés avec de la mie de pain.

Un coq pintade suffit à vingt femelles. Pour nourriture, on leur donnera des vermisseaux, et de la viande cuite ou crue, mais hachée, du chènevis pur, de l'avoine, du sarrasin, du blé, du son, des pommes de terre cuites et toutes sortes d'herbes.

On aura soin de planter dans la basse-cour quelques arbustes qui serviront d'abri aux pintades, lesquelles sont généralement d'un caractère sauvage.

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Les dindons, ordre des gallinacés, sont originaires de l'Amérique; ils furent apportés en Espagne par les jésuites dans le courant du xvi° siècle; de là, on les introduisit en Angleterre en 1552, et en France en 1570, où on en servit dans les banquets célébrés à Mézières à l'occasion du mariage de Charles IX avec la princesse Élisabeth fille de l'empereur

Maximilien II.

Le dindon domestique a beaucoup dégénéré sous le rapport de la taille, de la force, du volume et de la beauté. C'est dans sa patrie, sous les ombrages des forêts qui viennent se

mirer dans les caux du Saint-Laurent, du Mississipi, de la Delaware, c'est là que cet oiseau sauvage se révèle à l'observateur avec tous ses avantages natifs. Il pèse jusqu'à soixante livres; des reflets d'améthyste, et des nuances d'or bruni relèvent le noir d'ébène de son plumage, sur lequel tranche une cravate de pourpre avec la couleur éclatante de ses caroncules semées de rubis.

Le plus beau est le dindon argus ou ocellé, récemment découvert près de la baie d'Honduras; son plumage bronzé a d'admirables reflets, et rivalise avec la queue du paon à cause des taches en forme d'yeux dont il est parsemé,

Les dindons sauvages mènent une vie nomade selon les ressources des pays où ils se trouvent; ils mangent des baies et des fruits. Les måles voyagent par petites bandes composées de dix à cent individus, tandis que les femelles dirigent leur jeune famille, et se réunissent entre elles pour protéger leurs petits contre les attaques des måles. Ils voyagent ainsi à pied tendant au même but, mais séparément. Une rivière leur oppose-t-elle la barrière de ses flots, ils s'assemblent sur la rive, examinent l'obstacle, semblent se consulter, puis après un jour ou deux de réflexion, ils montent sur les arbres voisins, le chef de la migration donne le signal, et toute la bande prend son essor; les plus jeunes et les plus faibles tombent quelquefois dans la rivière, et nagent jusqu'à l'autre rive.

C'est au mois d'octobre qu'ont lieu ces migrations; en février commencent la saison des amours et des combats meurtriers entre les måles auxquels les femelles ont soin de dérober leurs œufs.

Souvent ces dindons sauvages se mêlent en Amérique avec leurs frères dégénérés, élevés dans les basses-cours; ils leur enlèvent leur nourriture et même leurs femelles, et de ces

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