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Thémistocle, avant d'aller triompher des Perses, signalait à ses guerriers le coq comme un modèle de courage et de beauté au milieu des périls des batailles.

Les païens sacrifiaient souvent des coqs à leurs dieux; Socrate lui-même, pour montrer une déférence politique au culte de son pays, dont il mourait victime, s'écria après avoir bu la ciguë: « Maintenant, Criton, tu peux sacrifier un coq à Esculape. Le vertueux philosophe venait, en effet, de conquérir la santé, il échappait aux misères de la vie.

Le coq a joué aussi un rôle dans le grand drame de la Passion du Christ, dans ce drame qui eut pour dénouement le salut du monde.

Pendant que le Christ avait été conduit dans la maison du grand-prêtre Caïphe, où il était en butte aux injures et aux mauvais traitements d'une foule avide du sang du Juste, Pierre, celui qui allait devenir le chef des apôtres et le fondateur de l'Église, s'assit dans la cour. Une servante s'approcha, et lui dit Vous étiez aussi avec Jésus de Galilée?

Pierre nia devant tout le monde, et répondit : Je ne sais ce que vous dites.

Au moment où il sortait pour aller dans le vestibule, une autre servante l'ayant aperçu, dit à ceux qui se trouvaient là: Celui-ci était aussi avec Jésus de Nazareth.

Pierre nia une seconde fois en affirmant avec serment: Je ne connais point cet homme.

Peu après, ceux qui étaient là, s'avançant, dirent à Pierre : Certainement vous êtes aussi de ces gens-là; car votre langage vous fait assez connaître.

Il se mit alors à faire des serments exécrables, et à dire en jurant qu'il n'avait aucune connaissance de cet homme. Aussitôt le coq chanta.

Et Pierre se ressouvint de la parole que Jésus lui avait

dite: Avant que le coq chante, vous me renoncerez trois fois.

Étant sorti, il pleura amèrement.

La poule n'a pas les mêmes titres historiques; elle mérite cependant d'être signalée comme le modèle de la tendresse maternelle.

Le courage du coq, sa fierté, sa beauté, ses habitudes de sultan au milieu du sérail qui l'environne, mais de sultan toujours prêt à s'oublier pour ses compagnes, son chant belliqueux et rustique, tout se réunit pour appeler l'attention sur le coq, dont les combats ont, en Angleterre, une grande célébrité.

Il y a longtemps que les Anglais se plaisent à contempler ces jeux sanglants que l'on a vainement essayé de naturaliser à Paris. Comme pour les courses de chevaux, les combats de coqs, les noms des champions, leur pays natal, les gageures dont ils sont l'objet, les mérites respectifs qui les distinguent sont annoncés par les feuilles publiques, dans une langue spéciale bien connue des amateurs et des parieurs.

A Londres, ces combats ont lieu, dans le quartier de Westminster, au Royal Cock-pit, dans une rotonde autour de laquelle s'élèvent en amphithéâtre quatre rangs de gradins. Au centre une estrade de vingt pieds de diamètre, recouverte d'un paillasson, et garnie d'un rebord, est la lice où combattront les champions. On les pèse, on les appareille, on les numérote, puis on les sort de leur cage respective. Les deux maîtres du combat prennent chacun un coq; ils lui caressent la tête et le cou, ils humectent les bandages destinés à consolider les éperons d'acier dont leurs ergots sont armés, puis ils mettent en présence les deux adversaires, sans les lâcher, mais en les animant l'un contre l'autre. Quand leur colère est suffisamment excitéc, on les làche; ils s'élancent tête contre

tête, leurs ailes s'enlacent, leurs éperons frappent; le sang coule.

De tous les points de l'amphithéâtre partent des cris: Deux guinées pour tel coq; Quatre guinées contre une pour l'autre. Les paris redoublent; et souvent les deux champions tombent frappés d'un coup mortel.

Quelquefois un seul reste immobile sur l'estrade, le maître compte jusqu'à quarante, et l'adversaire est proclamé vainqueur s'il continue à harceler son ennemi du bec et de l'éperon.

Il arrive que la ruse supplée à la force; ainsi, on a vu des coqs de combat s'attacher à crever les yeux d'un adversaire redoutable, pour le tuer ensuite plus facilement.

On retrouve ces cruels spectacles dans diverses contrées; mais nulle part ils n'excitent autant d'engouement que chez les Anglais cela tient à la manie de gageures particulière à cette nation; et ces combats ont amené l'amélioration de la race, comme les courses pour les chevaux.

Le coq est couvert de longues plumes veloutées qui brillent de nuances éclatantes et variées; sa queue ondoie en panache; il porte sur la partie antérieure de la tête une crête rouge et dentelée ; des membranes charnues lui garnissent le dessous du bec; ses pattes larges et fortes sont armées d'ongles robustes et d'ergots qui se développent avec l'âge; il a l'œil ardent et la démarche altière.

Il annonce le lever de l'aurore par son chant qui retentit semblable à l'appel du clairon, et le fait regarder comme l'horloge du laboureur. A peine éveillé, il s'occupe de ses compagnes, il veille à leurs besoins, ne les perd pas de vue, les guide, les défend, les appelle pour prendre la proie qu'il leur abandonne; il a pour chacune d'elles un langage spécial. C'est une abnégation de tous les jours, de tous les instants qui ne

se dément jamais. Sa jalousie ne s'adresse pas aux poules, mais seulement au rival que l'on introduit dans la basse-cour où il veut rester seul. Aussitôt s'engage un combat qui n'a pour dénouement que la fuite ou la mort d'un des champions.

Un coq peut très-bien suffire à trente et même quarante poules; dés l'âge de trois mois il manifeste l'ardeur de ses désirs, mais, dans l'intérêt de sa conservation et pour l'amélioration de la race, on ne le mettra avec les poules qu'à l'âge de dix mois. Sa vigueur se prolonge jusqu'à quatre ans ; et sa vie dure quelquefois huit à dix années. Son dévouement et son amour inspirent peu de reconnaissance aux poules qui, bien souvent, lorsqu'il est devenu vieux et incapable de se défendre, l'achèvent à coups de bec.

La poule est plus petite que le coq; sa crête et ses membranes sont beaucoup moins développées; ses plumes sont plus courtes, et celles de la queue, au lieu de s'arrondir en panache, sont droites et peu flexibles. La plupart des poules manquent d'ergots remplacés chez elles par un bouton peu saillant.

Leur principal mérite consiste dans leur régularité et leur continuité à pondre. La jeune poule fait très-bien des œufs sans l'intervention du coq, seulement ces œufs, quoique plus délicats, sont infécondés, et ne conviennent pas à l'incubation. La fécondité de la poule a quatre ans de durée, et commence à l'âge de dix mois.

Une bonne poule peut pondre chaque année cent vingt à cent cinquante œufs; elles cessent ordinairement pour couver ou au temps de la mue. Des gloussements continuels et une inquiétude qui se trahit dans tous leurs mouvements, enfin l'obstination avec laquelle elles restent sur les œufs révèlent chez les poules le besoin de couver. On leur préparera alors dans un endroit sombre et tranquille un nid garni de paille,

et l'on proportionnera le nombre d'œufs au volume de la couveuse afin qu'elle puisse en les recouvrant communiquer à tous une égale chaleur.

On aura soin de lui porter à manger et à boire; car dans sa fièvre maternelle, elle reste souvent deux jours sans quitter ses œufs.

Les poussins éclosent après vingt, vingt et un et vingt-deux jours; ils ont déjà fait entendre quelques cris dans la coque de l'œuf qu'ils finissent par percer; si elle résiste à leurs efforts, on la frappe sur le gros bout, et on détache avec une épingle les fragments de la coquille. Il est bien d'humecter de temps en temps les œufs avec de l'eau tiède afin de faciliter l'éclosion.

On transporte la mère et sa jeune famille dans un endroit chaud où les poussins se promènent sans danger, et reçoivent pour nourriture de la mie de pain trempée dans du lait. Si la saison le permet, il convient de les laisser errer dans la basse-cour où ils cherchent et trouvent les aliments qu'ils préfèrent et qui leur sont le plus profitables.

L'amour que lui inspire sa jeune famille rend la poule, de timide qu'elle était, plus courageuse que le coq lui-même. Il est impossible de reproduire toute l'étendue de sa sollicitude; il faut la voir attaquant le chien, le cochon, l'homme luimême, et bravant la serre de l'épervier, pour défendre ses poussins que ses gloussements réitérés rassemblent sous son aile protectrice. L'adoption de la poule a tous les caractères de la maternité. Ainsi quand on lui donne à couver des œufs de canard, elle prend les canetons pour des poussins, et se livre à un désespoir inexprimable lorsqu'elle ne peut les suivre dans l'étang où leur instinct les entraîne.

Le poussin devenu poulet est un mets fin et recherché; c'est à cette époque que l'on choisit ceux qui sont destinés à mul

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