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a publié l'Histoire des chats; et l'illustre Benjamin Consiant a dû à un chat les belles pages qu'il a écrites sur le fétichisme.

Les Bruxellois sont allés plus loin: le dimanche de l'oclave de l'Ascension, en 1549, lors des fêtes qui eurent lieu pour célébrer l'arrivée de l'infant d'Espagne, plus tard Philippe II, qui était venu rejoindre à Bruxelles son père, l'empereur Charles-Quint, à la suite de la procession de Notre-Dame du Sablon, on avait placé sur un char un ours qui touchait un orgue composé d'une vingtaine de chats, enfermés chacun dans une petite caisse; leurs queues, sortant par en haut, étaient attachées au registre de l'orgue, de sorte que l'ours en frappant les touches forçait les chats à miauler en cadence sous l'impression de douleur qu'ils éprouvaient à leur queue.

Quoi qu'il en soit, le chat ne mérite de figurer ici qu'à cause des services qu'il nous rend dans l'intérieur de nos fermes et de nos maisons, où la guerre acharnée qu'il fait, dans son intérêt, aux rats et aux souris, le transforme en sentinelle vigilante préposée à la sécurité des caves, des magasins et des greniers.

Mais la domesticité a fort peu modifié le naturel sauvage de la plupart de ces animaux qui ont toujours l'instinct du vol, comme le savent les cuisinières peu attentives; et qui, au moment où ils semblent le mieux apprivoisés, retournent avec plaisir à leur primitive indépendance.

Tête ronde, yeux ronds dont la pupille se dilate et se resserre selon le faisceau de rayons lumineux qui pénètre cet organe; mufle peu étendu, fortes moustaches, mâchoire puissante, langue revêtue de papilles cornées en forme de crochets, servant à râper leur proie; cou épais; corps étroit et alongé; pattes fortes et peu élevées; cinq doigts aux pieds

antérieurs, et quatre aux pieds de derrière; ongles rétractiles cachés dans une gaine d'où ils sortent au besoin, toujours aiguisés et tranchants; plante des pieds protégée par des coussinets élastiques qui amortissent le bruit de la marche; queue longue, mobile, annonçant leurs sensations. La construction énergique de leurs muscles leur permet de bondir de très-loin sur leur proie qu'ils déchirent des dents et des griffes. Avec cela une patience infatigable pour la guetter, et des ruses toujours nouvelles à employer.

Parmi les chats domestiques, on distingue trois variétés principales :

1o Le chat d'Espagne, à la couleur rousse, vive et foncée, quelquefois avec des taches blanches et noires. Les femelles réunissent ces trois nuances, ce qui donne plus de prix à leur fourrure;

2o Le chat chartreux, d'un gris cendré, mêlé d'une nuance bleuâtre;

3o Le chat d'Angora (Asie Mineure) plus grand, plus gros que les deux autres variétés, et même que le chat sauvage. Ainsi que les chèvres et les lapins d'Angora, ces chats ont de longs poils très-soyeux, ordinairement blancs, et quelquefois fauves avec des raies brunes.

Mais, malgré sa beauté, le chat d'Angora ne vaut pas les deux premières variétés; il ne fait la guerre ni aux rats ni aux souris; on ne le recherche qu'à cause de sa douceur, de son élégance, de sa riche fourrure; c'est pour rester dans les salons et les boudoirs.

La chatte, beaucoup plus passionnée que le mâle, entre en chaleur deux fois par année, au commencement du printemps et en automne; ses miaulements prolongés appellent le matou sur les toits, théâtre ordinaire de leurs amours. La chatte porte pendant quarante-huit, cinquante ou cinquante-six

jours; elle met bas cinq à six petits qu'elle cache avec soin de peur que le père ne les dévore. Elle les allaite en bonne mère, et les initie de très-bonne heure aux ruses à l'aide desquelles ils surprendront plus tard leur proie. Rien n'égale la grace et la gentillesse des jeunes chats dont les mouvements ont un charme indicible et quelquefois un comique grotesque qui déride la figure la plus sérieuse.

Il convient surtout de multiplier le chat d'Espagne et le chat chartreux.

Du reste, les innombrables croisements qui ont eu lieu entre ces deux races, ont beaucoup changé les formes et surtout la nuance des robes qui sont de toutes les couleurs.

Les produits du chat consistent dans ses services; à Paris on le fait souvent manger en guise de lapin; et la délicatesse de sa chair justifie la fraude.

La fourrure de cet animal a quelque valeur. Dans le commerce de pelleterie, on lui donne le nom de peau de chat de feux; les dépouilles des femelles sont les plus estimées.

La fourrure du chat d'Angora remplace fort bien celle du renard blanc, et sert à border les pelisses.

LAPIN.

Le lapin, classe des mammifères, est herbivore; il fait partie de l'ordre des rongeurs. Des débris fossiles de lapins, trouvés dans des brèches osseuses, prouvent que cet animal appartient à la plus haute antiquité; on le rencontre en Asie et dans les autres parties du globe, où le lapin vit également à l'état sau vage et à l'état de domesticité. Mais la chair du lapin sauvage l'emporte en saveur sur celle du lapin domestique, inégalité que l'on peut rétablir au profit de celui-ci moyennant quelques préparations faites sur l'animal mort. Du reste, il y a compensation dans le volume du lapin domestique qui devient beaucoup plus gros que le lapin sauvage.

Les lapins sont redoutés des cultivateurs à cause des ravages qu'ils font dans la campagne; mais l'activité des chasseurs y remédie en grande partie à l'égard de ces animaux vivant en état de liberté; quant aux lapins domestiques, ils peuvent devenir une source de revenus pour le propriétaire qui les élève, sans qu'ils nuisent à ses récoltes. Comme produits, ils offrent leur chair qui est délicate, dont on peut faire un excellent bouillon, après quoi on l'utilise encore; leurs poils s'emploient avec succès pour la chapellerie, la bonneterie, la draperie; leur peau sert à faire une bonne colle; enfin, leur fumier convient parfaitement aux terres glaiseuses.

Il y a trois manières de les élever : 1° les garennes libres; 2o les garennes forcées; 3° les clapiers.

Garennes libres. Elles exigent une vaste étendue de terrain, et des contrées presque étrangères à la culture, comme les dunes de l'Irlande et du Danemark. Là vivent des bandes nombreuses de lapins sauvages qui se multiplient avec une

rapidité étonnante. C'est dans leurs dépouilles que consiste le produit de ce genre d'exploitation; on cite un évêque irlan dais qui retire de sa garenne jusqu'à douze mille peaux par année.

Garennes forcées. Ces garennes reçoivent leur nom des murs ou des palissades de pieux qui les environnent. Plus l'espace est étendu, plus il y a de chances de réussite pour l'éleveur; et si des essais tentés dans divers pays n'ont pas réussi, c'est qu'ils n'avaient pas été entrepris sur une assez grande échelle.

A l'intérieur des garennes, bien fermées de murs recouverts de joncs, ou entourées d'une palissade de pieux étroitement serrés, on formera des champs et des prairies artificielles produisant des turneps, afin de pourvoir aux besoins des animaux pendant l'hiver. On élève aussi des meules de foin de distance en distance, et l'on adosse des hangars aux murs de clôture, sous ces hangars les provisions se trouvent à l'abri de la pluie; enfin, on creuse des terriers artificiels, que les lapins se chargent de continuer.

Il convient d'établir la garenne sur un coteau situé à l'est ou au sud, dans un terrain sablonneux où l'on plante des arbres verts qui résistent à la dent du lapin; on plantera aussi des arbres fruitiers, des ormes, des acacias, des genévriers, dont la coupe sert à nourrir ces animaux; mais il faut entourer d'épines les troncs de ces arbres pour les protéger dans leur jeunesse. On multipliera surtout dans la garenne les plantes aromatiques: thym, serpolet, lavande, qui communiquent à la viande une partie de leur arome et de leur fumet; on y joindra des graminées, des légumes et des racines.

Les murs auront des fondations assez profondes pour que les lapins ne puissent pas s'évader en creusant au-dessous; la

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