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Il n'y a pas d'époque spéciale pour l'accouplement du taureau et de la vache; mais on trouve un avantage réel à les accoupler en mars, avril ou mai, de sorte que les veaux naissent l'année suivante en janvier, février ou mars, quand on peut maintenir dans l'étable une température élevée, aussi utile à la mère qu'à son produit.

L'intervention de l'homme est tout à fait inutile pour cet acte que ces animaux accomplissent très-bien en liberté.

Aucun signe positif ne révèle, dans les premiers temps, l'état de gestation; mais la facilité de la fécondation de la vache, la cessation des chaleurs, l'indifférence du taureau, tout se réunit pour donner une demi-certitude, bientôt confirmée par le développement du ventre, par la diminution de la sécrétion du lait, enfin par le gonflement et la dureté des glandes mammaires.

La gestation dure environ neuf mois (1). Pendant ce temps, la vache a besoin d'un exercice modéré, il faut exhausser légèrement la partie de l'étable où repose le train de derrière, car la pente du sol pourrait causer l'avortement et même la chute de la matrice. On empêchera les vaches de courir, de franchir des fossés, de se battre entre elles; on les traitera avec la plus grande douceur; et au lieu de foin et de paille, on les nourrira avec des soupes de racines ou de tubercules; car il est essentiel de pourvoir par une excellente nourriture, aux besoins d'une double existence. Vers la moitié du temps de la gestation, en cessera de traire la vache; et on n'exercera de traction sur les mamelles qu'en cas d'engorgement douloureux; on se gardera bien aussi de l'atteler deux mois avant le part, dont il est facile de connaître l'époque par la date de

la saillie.

(1) Voir, page 503, le tableau de la gestation des principales femelles domestiques.

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Parvenue au terme de la gestation qui dure ordinairement deux cent soixante et dix jours, la vache donne naissance à un ou plusieurs veaux, ce qui caractérise la parturition qui, de même que chez la jument, est naturelle ou artificielle (1). Les signes révélateurs du part ne sont pas aussi apparents chez la vache que chez la jument; le ventre descend beaucoup moins; les mamelles sont toujours volumineuses à une seconde parturition; l'écoulement qui a lieu par la vulve est quelquefois très-abondant; mais souvent il manque.

Il convient de laisser la vache dans un état de tranquillité parfaite, de lui faire une abondante litière, de diminuer les aliments, de lui donner des boissons d'eau blanchie avec de la farine, enfin de lui administrer un lavement émollient et d'oindre les parties génitales avec un corps gras.

Du reste, les développements dans lesquels je suis entré au sujet du part de la jument s'appliquent à la vache; les manœuvres pour corriger les mauvaises positions du veau sont absolument identiques (2).

L'expulsion du placenta après le part n'a pas lieu aussi promptement que chez la jument; la conformation anatomique de la matrice de la vache, parsemée, à la surface interne, de nombreux cotylédons, explique le plus long séjour du placenta.

Si la délivrance se faisait attendre trop longtemps, il fau

(1) Page 304.

(2) Pages 504 et suivantes.

drait recourir à l'extraction du placenta, opération qui réclame le médecin vétérinaire, et qu'il importe de pratiquer sans délai; car il y a danger réel à laisser séjourner dans la matrice un corps susceptible de putréfaction (1).

Après le part, on aura soin de soumettre la vache à la diète, et de l'envelopper dans une couverture; ce n'est que quelques jours plus tard qu'on augmentera progressivement la ration d'aliments. Cependant si la mère était débile et épuisée par la longueur du travail, on devrait relever ses forces au moyen d'un breuvage stimulant, composé de bière chauffée ou de vin, également chaud, avec addition de miel; une température assez élevée est aussi utile à la mère qu'au nouveau-né.

Les vaches, comme je l'ai déjà dit, sont beaucoup plus que les juments exposées à l'avortement. Tous les auteurs ont donné des raisons plus ou moins plausibles de cette fàcheuse prédisposition que j'attribue le plus souvent à la réplétion d'aliments secs et peu nutritifs qui dilatent le tube digestif, et compriment la matrice (2).

Les mois de janvier, février ou mars sont les époques les plus favorables à la naissance des veaux, qu'il faut séparer de leur mère immédiatement après leur sortie du sein maternel.

Les exigences domestiques obligent souvent les cultivateurs à faire saillir leurs vaches à différentes époques de l'année dans le but de pouvoir fournir des veaux aux bouchers dans toutes les saisons; je conçois très-bien cette exigence, mais je recommande de préférer autant que possible pour la saillie les mois de mars, avril, mai et juin.

(1) Pages 308 et 309.

(2) Voir pour l'avortement les principes généraux applicables à la vache, page 304 et pages 309, 310, 311.

On empêchera la vache de lécher et de caresser son veau, parce que, douée comme toutes les femelles des animaux domestiques d'un vif sentiment d'amour maternel, elle s'y attacherait, et leur séparation nuirait plus tard à la santé de la mère ainsi qu'à la sécrétion laiteuse.

La nourriture la plus légère sera donnée à la vache après le part; on se servira de buvées chaudes avec de la graine de lin; des tourteaux dont on a extrait l'huile, des betteraves cuites conviennent également à son état. La plupart des maladies qui atteignent les vaches dans cette position, proviennent d'une nourriture stimulante, donnée en trop grande quantité, dans l'espoir de leur rendre des forces et d'accroître la sécrétion laiteuse.

Le veau naît débile, chétif; pour prospérer, il a besoin de soins, de chaleur, de propreté et d'une bonne nourriture. En Belgique, on ne lui laisse pas téter le lait maternel, que l'on utilise; mais il est essentiel qu'il prenne le premier lait qui conserve pendant sept ou huit jours des propriétés laxatives, nécessaires à l'évacuation du méconium (1) et à l'établissement normal des fonctions digestives.

On doit donc pendant huit à dix jours donner au veau dans un baquet tout le lait maternel.

Après ce terme, les aliments seront répartis avec intelligence en suivant une progression méthodique, et en les distribuant à des intervalles réguliers.

Il y a une très-mauvaise économie, dans l'habitude généralement répandue de donner du lait écrèmé aux veaux pendant les premières semaines qui suivent leur naissance, Cette faute est d'autant plus grande qu'on la commet à l'égard des

(1) Excréments que le nouveau-né apporte en naissant, et qui sont le résultat de sa digestion fœtale.

veaux qu'on se propose de conserver pour la reproduction de l'espèce. La chétivité des produits, la dégénérescence des races résultent presque toujours de la parcimonie avec laquelle les animaux sont nourris pendant les premiers temps de leur vie. Je ne saurais trop m'élever contre cet abus, et j'y reviens si souvent, parce que j'en regarderais la réforme comme un véritable service rendu à mon pays. Le but de ce livre serait atteint en grande partie.

Insensiblement on ajoute au lait nécessaire à la nourriture du veau quelques substances nutritives, telles que de la farine, des racines cuites, de l'eau de lin, des décoctions de foin ou de trèfle séchés. Ensuite, on diminue la quantité de bon lait, et on le remplace par du petit-lait écrèmé, en y ajoutant de l'eau chaude. Les aliments tièdes conviennent fort bien à l'espèce bovine. Petit à petit on retranche le lait de la nourriture du veau pour lequel on adopte le régime alimentaire employé avec sa mère.

Pour la reproduction de l'espèce, le propriétaire choisira les veaux et les velles les mieux conformés, les plus vigoureux ; il livrera les autres au boucher, après les avoir engraissés; ou il les vendra maigres; car il n'y a pas de profit pour les petits cultivateurs à engraisser des veaux; il vaut mieux utiliser d'une autre manière les aliments qu'ils consommeraient.

Quant aux veaux que l'on conserve, l'essentiel est de les bien nourrir; cette dépense faite dans leur premier âge, se retrouve avec bénéfice dans tout le cours de leur carrière.

Pendant leur éducation, les veaux sont sujets à une diarrhée qui les fait maigrir considérablement; c'est le résultat d'une inflammation gastro-intestinale occasionée par une alimentation trop riche en principes alibiles ou par une nourriture de mauvaise qualité.

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