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SCENE V I.

CHLOE, FLORISE,

LISETTE.

FLORISE, à Chloé, qui lui baise la main.

VOUS

ous êtes aujourd'hui coîffée à faire horreur!
(Elle sort. )

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Qu'on vous dit, en passant, par humeur, par envie ; Le tout pour vous punir d'oser être jolic. N'importe, là-dessus allez votre chemin !

CHLOE.

Du chagrin qui me suit quand verrai-je la fin?

Je cherche à mériter l'amitié de ma mere,

Je veux la contenter, je fais tout pour lui plaire a

Je me sacrifierois; et tout ce que je fais

De son aversion augmente les effets....

Je suis bien malheureuse!

LISETTE.

Ah! quittez ce langage.

Les lamentations ne sont d'aucun usage,

Il faut de la vigueur. Nous en viendrons à bout,
Si vous me secondez. Vous ne savez pas tout!

CHLOÉ.

Est-il quelque malheur au-delà de ma peine?

LISETTE.

D'abord, parlez-moi vrai, sans que rien vous retienne.
Voyons; qu'aimez-vous mieux du cloître, ou d'un

époux ?

CHLOÉ.

A quoi bon ce propos?

LISETTE.

C'est que j'ai près de vous

Des pouvoirs pour les deux. Votre oncle m'a chargée
De vous dire que c'est une affaire arrangée
Que votre mariage; et, d'un autre côté,
Votre mere m'a dit, avec même clarté,
De vous notifier qu'il falloit, sans remise,
Partir pour le couvent. Jugez de ma surprise!
CHLOE.

Ma mere est la maîtresse; il lui faut obéir.
Puisse-t-elle, à ce prix, cesser de me hair!

LISETTE.

Doucement, s'il vous plaît! L'affaire n'est pas faite,
Et ma décision n'est pas pour la retraite.

Je ne suis pas d'humeur d'aller périr d'ennui;
Frontin veut m'épouser, et j'ai du goût pour lui.

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Je ne souffrirai pas l'exil qu'on nous ordonne.... Mais, vous, n'aimez-vous plus Valere, qu'on vous

donne ?

CHLOÉ.

Tu le vois bien, Lisette, il n'y faut plus songer.
D'ailleurs, long-tems absent, Valere a pu changer.
La dissipation, l'ivresse de son âge,

Une ville où tout plaît, un monde où tout engage,
Tant d'objets séduisans, tant de divers plaisirs
Ont, loin de moi, sans doute, emporté ses desirs.
Si Valere m'aimoit, s'il songeoit que je l'aime,
J'aurois dû quelquefois l'apprendre de lui-même....
Qu'il soit heureux, du moins! Pour moi, j'obéirai:
Aux ennuis de l'exil mon cœur est préparé ;
Et j'y dois expier le crime involontaire
D'avoir pû mériter la haine de ma mere....
A quoi rêves-tu donc? Tu ne mécoutes pas !

LISETTE.

Fort bien !... Voilà de quoi nous tirer d'embarras ;
Et sûrement Florise....

CHLOÉ.

Eh bien?

LISETTE.

Mademoiselle,

Soyez tranquille; allez, fiez-vous à mon zele :
Nous verrons, sans pleurer, la fin de tout ceci.
C'est Cléon qui nous perd et brouille tout ici;
Mais, malgré son crédit, je vous donne Valere.
J'imagine un moyen d'éclairer votre mere
Sur le fourbe insolent qui la mene aujourd'hui,

C

Et nous la guérirons du goût qu'elle a pour lui.

Vous verrez !

CHLOÉ.

Ne fais rien que ce qu'elle souhaite;

Que ses vœux soient remplis, et je suis satisfaite!

(Elle sort. )

SCENE

VIII.

seule.

LISETTE,

Pour faire son bonheur je n'épargnerai rien....
Hélas! on ne fait plus de cœurs comme le sien!

Fin du premier Acte.

ACTE I I.

SCENE PREMIERE.

CLÉON,

FRONT IN.

CLÉON.

QU'EST-CE

U'EST-CE donc que cet air d'ennui, d'impatience?

Tu fais tout de travers; tu gardes le silence.

Je ne t'ai jamais vû de si mauvaise humeur !

FRONTIN.

Chacun a ses chagrins!

CLÉON.

Ah!... Tu me fais l'honneur

De me parler enfin? Je parviendrai peut-être

A voir de quel sujet tes chagrins peuvent naître....
Mais, à propos, Valere?

FRONTIN.

Un de vos gens viendra

M'avertir, en secret, dès qu'il arrivera.

Mais, pourrois-je savoir d'où vient tout ce mystere?
Je ne comprends pas trop le projet de Valere?
Pourquoi, lui, qu'on attend, qui doit bientôt, dit-on,
Se voir avec Chloé l'enfant de la maison,
Prétend-t-il vous parler, sans se faire connoître?

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