Page images
PDF
EPUB

Néanmoins, avant d'en faire l'application, je crus devoir instruire la mère de l'enfant de ma résolution. Mais cette jeune femme, devenue furieuse à la lecture de ma lettre, vint dans le village pour s'opposer au traitement dont je démontrais l'utilité. Mme.... dit assez vivement que je me trompais, et que ses médecins avaient constaté l'existence des mêmes boutons (pustules) sur la peau de son mari et la sienne, mais que tout cela provenait uniquement de l'âcreté de son lait, puisque aujourd'hui elle était bien portante, ainsi que son mari, qui l'avait tétée après le départ de son enfant.

Malgré sa colère et ses raisonnements, j'insistai; je l'engageai à se laisser visiter par moi séance tenante, etenfin, de guerre lasse, elle m'avoua qu'elle conservait depuis quelque temps une irritation à la gorge provenant de l'âcreté dont elle venait de parler. J'examinai avec soin cette partie, où je vis un ulcère de même nature que celui dont la nourrice était atteinte. Alors la généalogie de ces accidents consécutifs ne fut pour moi l'objet d'aucun doute; il est inutile d'ajouter que le succès complet du traitement mercuriel a confirmé mon diagnostic. (Ces deux observations sont renvoyées à la Commission du mémoire Cullerier.)

SYPHILIS. L'ordre du jour appelle la suite de la discussion sur la transmission des accidents syphilitiques secondaires. M. GERDY. L'histoire de la syphilis est pleine de mystères et d'ignorance. Mystères dans la manière dont elle se propage, ignorance des lois qui doivent servir de base à une bonne doctrine. Il est d'autres motifs encore qui concourent à augmenter notre ignorance sur ce sujet, c'est la pudeur ou la crainte des malades toujours plus ou moins intéressés à dissimuler la vérité; c'est enfin, de la part des praticiens eux-mêmes, l'amour de la renommée, la cupidité ou l'esprit de système. Telles sont les circonstances nom

reuses qui ajoutent à l'obscurité naturelle de la syphilis.

Quel est le remède? Le jugement et la critique; mais une critique sérieuse, sévère, et non pas cette critique complimenteuse et congratulatoire, que nous avons entendue dans ces dernières séances.

Cette sévérité est plus nécessaire aujourd'hui que jamais en présence des deux doctrines opposées que nous avons vues se produire à cette tribune.

De ces deux doctrines, l'une croit à la multicontagion, et s'intitule elle-même la doctrine multicontagioniste. Comme les

partisans de cette doctrine croient à la nature syphilitique et contagieuse de la blennorrhagie, nous les appellerons encore les blennorrhagiens. L'autre doctrine, au contraire, ne voit de lumière que dans le chancre. Le chancre est pour eux le point de départ de tous les autres accidents; c'est toute la vérole. Ceux-ci, nous les appellerons les chancriers. Il y a encore d'autres dénominations que se donnent ces messieurs. Ainsi ils disent : la doctrine de l'hôpital du Midi. Mais cette expression n'est pas juste. Il n'y a pas un seul service à l'hôpital du Midi, il y en a trois; de sorte que chacun des chefs de service pourrait prendre ce titre pour sa part. Il faudrait donc dire: l'Ecole du tiers de l'hôpital du Midi.

Mais examinons la doctrine des chancriers; c'est de l'un d'entre eux que je tiens ce que je vais dire. Je ne fais que rapporter le résultat d'une conversation que j'eus avec un partisan de la nouvelle doctrine.

Les chancriers se mettent sous le patronage du plus grand nom scientifique des temps modernes; ils invoquent la méthode expérimentale, la méthode baconienne. C'est par la méthode des inoculations expérimentales qu'ils prétendent éclairer l'histoire de la syphilis.

Pourquoi ces inoculations? Pour apprendre à distinguer le chancre. On ne connaissait donc pas le chancre? Mais non, disent-ils. De sorte que Hunter luimême, qui a donné son nom au chancre type, ne le connaissait pas. Nous ne connaissons rien de la maladie vénérienne. Soit, je l'accepte. Mais l'inoculation, du moins, est-elle un moyen infaillible pour reconnaître le chancre? Suivant ces messieurs, ce moyen ne manque jamais. Làdessus je me permis quelques objections. Je rappelai, entre autres, une expérience d'inoculations qui fut faite avec la matière recueillie sur une plaque muqueuse, avec le pus d'un ulcère au col utérin et les mucosités recueillies dans la cavité même du col. Deux inoculations furent pratiquées avec chacun de ces produits, et pour chacun il y eut un succès et un insuccès. Où est done dès lors la certitude? Mais à cela il me fut répondu: C'est impossible.

Alors je changeai de question. N'y a-t-il pas de danger dans la pratique des inoculations? Rien de plus innocent, me dit mon interlocuteur. Mais j'ai lu quelque part que chez deux jeunes gens, un élève en médecine et un ouvrier, ces inoculations ont eu des conséquences funestes. J'ai vu aussi que souvent il en résultait des ulcècères rongeants très-difficiles à guérir.

Mais j'aime mieux vous raconter l'histoire de ce malheureux élève en médecine qui, ne pouvant parvenir à se guérir d'un chancre d'inoculation, mit un terme à ses chagrins en s'enfonçant un couteau dans le cœur; et celle plus grave encore, parce qu'il n'y avait point eu volonté de se prêter à une expérience, de cet autre jeune homme qui, pour le même motif, se vit réduit à se jeter à l'eau pour échapper aux conséquences fatales de l'inoculation. Lorsque Hunter faisait ses expériences, e'était sur lui-même. Cela est noble, cela est beau. Mais pratiquer de pareilles expériences sur autrui, voilà ce qu'on ne saurait trop blâmer.

[blocks in formation]

inoculation ne peuvent être mises sur la même ligne.

M. RICORD monte à la tribune et déclare qu'il est bien déterminé à ne plus prendre la parole dans cette discussion; s'il la prend encore, c'est uniquement pour protester contre l'argumentation toute personnelle de M. Gerdy. Si M. Gerdy, ajoute-t-il, ainsi qu'il l'a déclaré, ne connaît pas la syphilis; s'il a besoin de tiers pour lui fournir des arguments mille fois réfutés, qu'il aille l'étudier d'abord, je lui répondrai après.

Société des Sciences médicales et naturelles de Bruxelles.

Bulletin de la séance du 6 décembre.

M. DAUMERIE, président honoraire, occupe le fauteuil.

M. CROCQ, secrétaire.

Sont présents: MM. Rieken, Dieudonné, Gripekoven, Puttaert, Martin, Henriette, Joly, Crocq, Bougard, Daumeric, Leroy, Perkins et Van den Corput.

M. CROCQ lit le procès-verbal de la dernière séance.

M. PERKINS demande la parole sur le procès-verbal. La Société, dit-il, a en effet décidé que mon rapport sur le travail de M. Otterbourg ne serait pas inséré. Mais cela veut dire uniquement qu'il ne sera pas inséré comme rapport. Je crois qu'il me reste le droit de demander l'insertion de mon travail comme rompte-rendu bibliographique.

M. Gerdy, poursuivant sur le même ton l'examen des divers points de la doctrine de M. Ricord, conteste successivement l'exactitude des diverses propositions relatives au chancre spécifique en progrès ou en statu quo, considéré comme la seule source du virus syphilitique, ou chancre de l'urèthre, comme expliquant le développement des symptômes constitutionnels à la suite de la blennorrhagie, à la généralisation de l'emploi du spéculum comme moyen de diagnosticdes chancres profonds. Puis, passant en revue quelques-unes des observations invoquées par les partisans de la doctrine nouvelle et celle de ses adversaires, il signale la légèreté des premières et s'eforce de faire ressortir ce que les observations de MM. Baumès, Wallace, Waller, Vidal, Bouley, Cazenave, Gibert, etc., ont au contraire de ri-Perkins assume la responsabilité de cet

goureux et de concluant contre elle.

En définitive, dit M. Gerdy en terminant, ténèbres et mystères, obscurité et incertitude, voilà ce que l'on trouve dans la syphilis. La doctrine syphilitique n'est pas plus avancée aujourd'hui qu'avant la propagation du nouveau système. Il est possible que plus tard il sorte quelque lumière de ces discussions; mais cela n'empéchera pas que l'on ne doive juger, dès à présent, l'inoculation comme une licence, une sorte de débauche d'expérimentation condamnable quand on la pratique sans utilité. Il restera enfin cette vérité démontrée : c'est que contagion et

M. DIEUDONNÉ appuie la demande de M. Perkins. Il croit qu'on ne peut pas l'empêcher de publier dans le Journal un article bibliographique qui n'a rien d'offensant pour M. Otterbourg, surtout si M.

article, en le signant de son nom.

M. BOUGARD. Le mémoire de M. Otterbourg a été envoyé à la Société; la Société est donc chargée de le juger, elle est respousable du rapport qui sera fait sur cet ouvrage.

M. HENRIETTE. Nous ne pouvons pas laisser insérer ce compte-rendu, parce qu'il critique d'une manière trop acerbe et avee trop peu de ménagement l'ouvrage qu'il analyse. Les idées de Rademacher, dont M. Otterbourg n'a fait que donner une notion succincte et raisonnée, sont trèsrépandues et très-populaires en Allemagne. Il ne nous est donc pas permis de

les repousser avec dédain, ní de les critiquer sans examen. Pour les rejeter, il faudrait avoir devers soi des expériences contradictoires; et il est prudent pour la Société de ne pas engager une polémique qu'elle ne pourrait pas soutenir, aucun de ses membres n'ayant expérimenté la méthode de Rademacher.

M. PERKINS. S'il s'agissait de l'homœopathie, aucun de vous ne trouverait ma critique déplacée, pourtant nous n'avons pas expérimenté l'homœopathie plus que la méthode de Rademacher. Je ne trouve du reste dans mon rapport rien d'acerbe ni d'inconvenant, rien qui s'adresse à la personne de l'auteur, que j'honore beaucoup.

M. HENRIETTE. Il ne s'agit pas ici de l'homœopathie. Rademacher ne donne pas des infiniment petits; il emploie des médicaments actifs à des doses souvent trèsfortes, et l'on comprend qu'ils doivent avoir de l'action sur l'organisme.

M. MARTIN. La Société ne peut nullement accepter la responsabilité des critiques de M. Perkins. Elle le peut d'autant moins que M. Otterbourg est membre correspon dant, et que du reste tous les membres ne sont peut-être pas d'accord sur la valeur des idées exposées dans son livre. Cependant il me semble que M. Perkins a le droit de faire insérer son travail dans le Journal, pourvu qu'il ne soit fait aucune mention de la Société.

Le premier objet à l'ordre du jour est la discussion du rapport de M. Pigeolet sur le mémoire de M. Puttaert intitulé : Réflexions médicales.

Le rapporteur étant absent, cette discussion est remise à la prochaine séance. Le second objet à l'ordre du jour est la réorganisation du comité de rédaction du Journal.

M. CROCQ fait un rapport sur cette question, au nom de MM. Dieudonné, Bougard, Henriette, Van den Corput et au sien. La Commission a décidé à l'unanimité que le mieux était d'en revenir à l'art. 33 du règlement de la Société. En" conséquence, le comité de rédaction serait composé de cinq membres: le rédacteur principal; le secrétaire de la Société, élu pour trois ans; et trois membres élus tous les ans. Parmi ceux-ci, il faudrait au moins un membre appartenant à la section des sciences naturelles et pharmaceutiques.

La Société adopte ces bases posées par la Commission. Elle décide que l'élection aura lieu tous les ans dans la séance du mois de novembre, et que le nouveau comité entrera en fonctions le 1er janvier.

-Conformément à cette résolution, il est procédé à l'élection de trois membres du comité de rédaction pour l'année 1853.

Les trois membres élus sont MM. Rieken, Leroy et Joly.

M. JOLY, en son nom et en celui de M. Bougard, lit le rapport suivant sur un mémoire envoyé par M. Putegnat, membre correspondant à Lunéville, et relatif à la contagiosité des accidents secondaires de

M. CROCO. Comme M. Martin, je pense que nous ne pouvons pas empêcher M. Perkins de demander l'insertion de son compte-rendu dans le Journal de la So-la syphilis. ciété. Seulement, s'il est libre de l'insérer, nous sommes libres aussi de ne pas être de son avis, et de ne pas en accepter la responsabilité. Il faut donc que M. Perkins, s'il veut l'insérer, le donne comme un travail à lui seul appartenant, en le signant, et sans faire mention de la So ciété. De cette façon, tous les droits seront sauvegardés.

M. HENRIETTE demande que son opposition soit mentionnée au procès-verbal de la séance.

La Société décide, à une grande majorité, que M. Perkins pourra faire insérer son compte-rendu dans le Journal, mais comme article à lui seul appartenant, signé de lui, et sans faire mention de la Société.

M. HENRIETTE demande que cette discussion soit publiée dans le Bulletin de la

séance.

La Société adopte le procès-verbal de la séance précédente, et passe à l'ordre du jour.

D'où ont découlé les principes sur lesquels on se fonde aujourd'hui ? D'une poignée de petites expériences, d'un fort petit nombre de faits très-familiers, d'observations triviales; et comme ces principes sont, pour ainsi dire, taillés à la mesure de ces faits, il n'est pas étonnant qu'ils ne puissent conduire à de nouveaux faits. Que si, par hasard, quelque fait contradictoire qu'on n'avait pas d'abord aperçu, se présente tout à coup, on sauve le principe à l'aide de quelque frivole distinction, au lieu qu'il aurait fallu corriger d'abord le principe même. (BACON, Novum organum, livre 1, $ XXV.)

Nous sommes encore sous le charme de la brillante joute oratoire qui vient de se passer à l'Académie de médecine de Parisi Que de lances ont été rompues pour ou contre la syphilisation, qui, toutefois, mal gré ses preux chevaliers, y a trouvé son Saltzbach et a succombé dans la lice!

Mais ce tournoi ne devait pas être le dernier: au nom de la syphilis, M. Velpeau a voulu vider la question de la con

1

"

1"

tagion des accidents syphilitiques consécutifs ou secondaires, et de nouveaux cartels ont été envoyés pour le 7 septembre dernier.

Nous avons sous les yeux les arguments échangés dans l'arène académique entre MM. Velpeau, Bégin, Lagneau et Ricord. Cette question, si importante à tant de titres, a fixé l'attention des médecins de tous les pays; mais bien des esprits sont encore indécis, flottants entre la belle et séduisante théorie de M. Ricord, les expériences contradictoires de MM. Velpeau, Cazenave, Vidal, etc., et les faits observés de toute part.

II importe cependant de dissiper loyalement le vague et l'incertitude dont cette question est entourée, et, pour atteindre un pareil résultat, nous pensons qu'il faut invoquer les faits, mais les faits sincerement observés, sans esprit préconçu, sans système, et les interpréter avec la sincérité et la bonne foi qui doivent caractériser le médecin.

C'est dans ce but, et en adressant un, appel chaleureux à ses collègues, que notre honorable correspondant, M. Putegnat, de Lunéville, nous a fait parvenir un travail intitulé: Les sympiómes secondaires de la syphilis sont-ils contagieux?

C'est avee, raison que notre collègue fait un appel aux médecins qui ont pu voir ct observer des exemples de transmission de symptômes secondaires, afin d'élucider une question des plus importantes pour la société, l'hygiène, la thérapeutique et la médecine légale; c'est pour contribuer à établir la doctrine syphilitique sur des bases certaines et solides, qu'il apporte sa part de matériaux; espérons qu'il trouvera des imitateurs parmi nos confrères laborieux.

L'auteur divise son travail en deux sections: dans la première, il rapporte une observation où les symptômes secondaires ne furent pas suivis de contagion; dans la deuxième, il rapporte des faits favorables à la communication de ces mêmes symptô

mes.

chronique, conjonctive oculaire injectée, légère ulcération sur la lèvre inférieure, non loin de la commissure droite, trois onyxis chroniques, quelques pustules ecthymateuses sur les membres abdominaux et de très-nombreux tubercules muqueux, dont beaucoup étaient ulcérés, aux fesses et sur le scrotum.

D'après ces caractères non équivoques, on s'empressa de visiter la nourrice pour s'assurer de sa santé; l'examen le plus minutieux de toute sa personne n'offrit ni symptôme ni trace de syphilis.

L'enfant fut soumis à un traitement mercuriel et l'allaitement fut continuć. Trois semaines de ce traitement suffirent pour assurer la guérison. La santé de la nourrice continue à être bonne.

M. Putegnat se livre à quelques réflexions concernant ce fait, et recherche la source de l'infection syphilitique constitutionnelle de l'enfant. Qui donc, se demande-t-il, lui a donné son affection? Ce n'est ni la nourrice, ni un étranger; il faut donc qu'il ait apporté en naissant le germe de son mal, et cependant les parents ne lui ont jamais rien accusé et jouissent d'une santé florissante. Ici nous sommes tenté de sourire de la conßance bénévole de l'auteur. Quoi, les parents ne vous ont jamais consulté pour une affection vénérienne, ils se portent bien, et vous en concluez généreusement qu'ils ne sont pas la cause première de l'infection de leur enfant! Pour découvrir cette cause, il ne nous parait pas nécessaire de recourir à une seconde édition de l'historiette de M. Ricord. Je serais moins indulgent que vous, M. Putegnat, et mes soupçons accusateurs se porteraient bien plutôt sur le père, dont la jeune femme chlorotique accoucha d'un enfant infecté. Ainsi done, quant à l'origine de cette infection, votre observation reste incomplète, puisque vous n'avez pas... cherché à soulever le voile qui couvrait ce mystère. Vos conclusions ne sauraient dès lors être péremptoires, puisqu'elles manquent de base et que, sans chercher à découvrir l'origine de l'infection de l'enfant, vous admettez sur l'apparence des parents qu'ils sont sains. Or, la vérole ne s'engendre pas spontanément.

La première observation de l'auteur trace le triste tableaud'un enfant nouveauné et constitutionnellement infecté de vérole. Né d'une mère chlorotique, il était malingre et fut immédiatement confié à une nourrice; celle-ci, préalablement examinée par un docteur, fut reconnue saine. A six semaines de sa naissance, on remarque, chez l'enfant, des excoriations aux fesses, et, quinze jours plus tard, il présentait: figure de vieillard, amaigris-de faire observer que l'auteur ne nous

Reste la seconde conclusion, relative à la non-infection de la nourrice allaitant un enfant vérolé. Ici, le fait est patent etdonne un nouvel exemple de cette rare immunité que l'on rencontre chez quel ques personnes. Je me permettraicependant

sement excessif, cris plaintifs et fréquents, faiblesse très-grande; à peine s'il pout prendre, le, mamelon,,,, diarrhée conyza

parle que d'une légère ulcération sur la lèvre inférieure de l'enfant, non loin de la commissure droite. Quelques détails carac

téristiques sur cette légère ulcération eussent été très-opportuns dans son observation.

Mais nous voici arrivé à la partie la plus importante du travail de M. Putegnat, à celle qui intéresse si vivement le médecin, P'homme du monde, les familles et les magistrats. C'est ici qu'il faut apporter dans les faits observés toute l'impartialité de l'honnête homme, dégagé de toute idée préconçue, et ne désirant, avant tout, que la vérité.

Laissons donc parler les faits; ils sont assez éloquents par eux-mêmes et n'ont pas besoin d'avocat.

2a ORDRE.

Les symptômes secondaires de

la syphilis sont contagieux.

La plupart des exemples de cette contagiosité sont empruntés à l'histoire des nourrices infectées par leurs nourrissons; c'est encore dans cette catégorie que M. Putegnat a puisé les faits qui font l'objet de ses observations.

Le premier fait de cet ordre est relatif à l'enfant d'une cantinière, lequel enfant infecta sa nourrice, saine antérieurement ainsi que son mari.

Cette femme eut un chancre au mamelon gauche avec adénite dans l'aisselle du même côté; son enfant, qu'elle a sevré pour son nourrisson, est gras, frais et bien portant.

A l'âge de six semaines, le nourrisson portait aux fesses des plaques muqueuses cuivrées, au moment où il fut présenté au docteur Putegnat, il avait onze semaines; il était très-maigre, ridé, chétif, atteint de diarrhée, de coryza, et couvert, dans les régions ano-génitales, de plaques muqueuses cuivrées et de nombreuses ulcérations; enfin, il était près de succomber. Des recherches ultérieures lui apprirent que cette cantinière avait perdu, 18 mois auparavant, un tout jeune enfant couvert de croûtes et de plaies, et que la nourrice de cet enfant avait eu aussi une plaie au mamelon et des boutons sur le corps.

Voici donc incontestablement un enfant atteint de symptômes secondaires, qui a infecté sa nourrice.

Le second fait, rapporté par notre collègue, concerne une belle jeune femme de la campagne, qui vint le consulter avec son mari; elle est enceinte de huit mois, et porte un vaste chancre induré sur l'amygdale gauche et un autre sur le voile du palais, lequel est tuméfié et d'un rouge

cuivreux.

Soupçonnant cette fille d'Ève d'avoir succombé au serpent tentateur, notre confrère se servit habilement d'un stratagème

pour sauvegarder la paix du ménage; et une innocente petite verrue, accidentellement placée sur le gland du mari, fut condamnée et exécutée incontinent, comme cause probable du mal de sa femme. II n'y eut que celle-ci qui comprit la ruse.

Un traitement antisyphilitique fut institué ensuite, et la jeune épouse, sans doute un peu adultérine, accoucha à huit mois et demi.

Le produit de cette grossesse fut un enfant couvert de boutons violacés, ou tout pourri, selon l'expression pittoresque et énergique des voisines qui le virent. II succomba.

Le résumé de ce fait est un chancre induré ou une syphilis secondaire, infectant l'enfant que la mère porte dans son sein.

Autre fait. - Une jeune femme, primipare, E. F., sèvre son enfant et, quarante-huit heures après, à la prière d'une dame V., elle donne à téter à l'enfant de celle-ci pendant douze à quinze jours. Cinq semaines après, elle est affectée d'un chancre induré au mamelon droit, d'un engorgement glandulaire dans l'aisselle du même côté; sa poitrine, son cou et ses membres sont couverts de nombreuses syphilides lenticulaires; elle éprouve des douleurs ostéocopes.

Voilà un acte de complaisance bien chèrement payé, et un nouvel exemple de syphilis constitutionnelle transmis à la nourrice.

Mais ce foyer d'infection n'a pas borné là ses ravages; une seconde complaisance, accordée dans l'ignorance de la nature du mal, devait recevoir la même récompense.

La belle-sœur de la femme E. T., après avoir donné à boire plusieurs fois dans la même semaine à l'enfant de la dame V.... tout en continuant à allaiter le sien, vit apparaître, quinze jours après cette complaisance, une plaie au sein, qu'elle considéra comme une gerçure ordinaire. Elle continua néanmoins à donner à téter à son enfant jusqu'à ce que la douleur y mit obstacle. M. Putegnat constata, lors de sa visite, un vaste chanere induré au mamelon gauche, avec adénite axillaire correspondante. L'examen qu'il fit du mari et de son enfant, ne démontra chez ceux-ci aucun symptôme syphilitique.

Ici encore, nous voyons les symptômes secondaires, chez un enfant, infecter la nourrice qui lui prête son sein; et d'un autre côté, cette même nourrice, atteinte d'un chancre au mamelon, ne pas infecter son propre enfant, malgré l'allaitement continué depuis l'apparition du chanere. Que faut-il en conclure? Voici de quelle manière M. Putegnat en infére.

« PreviousContinue »