ascitique à la suite d'un brusque arrêt de transpiration. Malheureusement l'état du malade, qui jusqu'alors n'avait fait aucun traitement, était trop désespéré pour qu'on pût compter sur un résultat avantageux: il succomba au bout de quelques jours malgré l'emploi de ce moyen uni à la compression, moyen qui me paraît avoir été avantageux dans les cas suivants. Première observation. Justine B..., réglée à 13 ans, d'une bonne santé jusqu'à 18, fut atteinte à cette époque d'une nécrose du menton qui donna lien à l'extraction de quelques portions osseuses: la cicatrisation du trajet fistuleux eut lieu six mois après. En novembre 1849 (elle avait alors 24 ans), elle fut surprise par la pluie dans la campagne, et garda plusieurs heures ses vêtements mouillés, Le lendemain, apparition d'un érysipèle facial assez intense, de dix jours de durée. (Diète et laxatifs.) Plus tard, anorexie complète, aménorrhée, amaigrissement progressif, augmentation du ventre, diminution notable de la sécrétion urinaire, teinte jaunâtre et bouffissure de la face, alternatives de constipation et de diarrhée, vomissements verdâtres presque tous les jours, épistaxis peu considérables mais fréquentes; aucune hypertrophie des viscères abdominaux; poumons sains. Le cœur parait normal; les deux bruits sont bien distincts et les battements peu sensibles à la main. Le ventre a 37 pouces au niveau de l'ombilic: matité et fluctuation; les intestins sont refoulés au-dessus de l'épanchement; son clair à leur niveau; on déplace la matité à volonté. Dyspnée et douleur assez vive au flanc droit; soif modérée; langue rouge. (Chiendent nitré; quelques doses de calomel, pour combattre la constipation qui date de huit jours; digitale en poudre; frictions avec teinture de scille et de digitale, ter). Ces remèdes, employés pendant 26 jours, ne produisent aucun effet. Le ventre augmente toujours de volume; les urines, toujours rares et colorées, donnent un dépôt blanc, albumineux, par la chaleur et l'acide nitrique. La digitale est suspendue à cause des vomissements, des douleurs abdominales et de la diarrhée qui épuisent la malade, Paracentèse le 11 février 1850, avant que les parois de l'abdomen ne soient trop distendues. Extraction de 12 litres d'une sérosité verdâtre, mousseuse, inodore, précipitant en blanc, comme les urines, par l'acide azotique, (Dérivation sur le tube digestif au moyen du calomel; fomentations avec des compresses trempées dans la décoction de feuilles de digitale, recouvertes de taffetas ciré pour rendre l'évaporation plus difficile: 60 grammes pour un litre d'eau, réduire à un demi-litre; compression méthodique; analeptiques). Le lait est le seul aliment bien supporté. Il se fait un véritable flux d'urines qui dure plusieurs jours, et qui concourt sans doute à assurer la guérison. Il y avait un certain embonpoint dans les premiers jours du mois de juin: avant cette époque l'émaciation était considérable. Le 20 août dernier, j'ai été appelé de nouveau. Cette fille se trouvait dans d'assez bonnes conditions de santé; la menstruation avait reparu depuis huit mois: les fonctions se faisaient très-bien. Le 1er août, ayant accompagné ses sœurs à la rivière, elle était restée quelques heures les jambes dans l'eau. Bientôt après courbature, suppression des règles et de la sueur des pieds; symptômes de péritonite tels que vomissements incessants pendant 40 heures; pouls à 95, petit et serré; sensibilité extrême du ventre s'exaspérant par la pression et les mouvements, etc. (Bains tièdes prolongés; limonade froide par cuillerée). Ces accidents inflammatoires, assez promptement dissipés, firent place à une distension du ventre, à l'infiltration des extrémités inférieures; en un mot, à un épanchement ascitique, analogue sous le rapport étiologique à l'hydropisie dont elle fut atteinte il y a deux ans, La susceptibilité excessive de l'estomac ne permit pas longtemps l'emploi du nitre et de la digitale à l'intérieur, malgré les précautions requises. Les fomentations de cette plante, unies à une compression modérée amenèrent la résorption du liquide dans l'espace d'un mois. J. B... ne conserve aujourd'hui de ses souffrances qu'une sensation de tiraillement abdominal, qui lui fait éprouver une douleur obtuse lorsque, dans la marche, elle néglige d'incliner un peu la moitié supérieure du tronc en avant. Deuxième observation. - H....., 8 ans, assez fort, atteint depuis un mois d'une fièvre tierce, avala un litre d'eau froide dans la période de chaleur, en novembre 1850 (il avait depuis quelques jours le ventre empâté et un léger engorgement de la rate). A la suite de cette imprudence, il éprouva pendant trois jours de vives douleurs abdominales et des vomissements excessifs qui firent craindre pour sa vie (Glace; calomel qui causa une salivation assez forte). 22 jours après il était sur pied. Le 8 octobre, je revis cet enfant. Il n'avait plus d'accès de fièvre, la rate avait diminué de volume; mais il y avait une assez grande quantité de liquide dans le ventre et de l'œdème aux extrémités inférieures. Langue rouge, sèche, pointue et couverte, ainsi que la bouche, de petites ulcérations aphtheuses; soif vive et vomissements fréquents: le lait coupé avec l'orge était seul supporté; le sirop et la poudre de digitale furent rejetés à plusieurs reprises: les fomentations furent employées avec persévérance pendant une vingtaine de jours, et l'épanchement disparut. La transpiration cutanée parut considérablement augmentée ainsi que la diurèse, sous l'influence de ce moyen. Troisième observation. A...., 50 ans, lymphatique, constitution médiocre, dit avoir été malade pendant six mois, à la suite d'une suppression de transpiration, occasionnée par un séjour prolongé dans l'eau, il y a une vingtaine d'années. Quelques mois après, il fut atteint d'une varioloïde intense, qui lui laissa une ophthalmie de trois mois de durée. Ayant assisté à une chasse aux macreuses en novembre 1851, il resta une journée entière les pieds dans l'eau et fit à pied un trajet de quatre lieues pour revenir chez lui. Frissons suivis de douleurs abdominales qui, partant de l'ombilic, ne tardèrent pas à devenir générales; ventre ballonné et douloureux à la pression; décubitus dorsal; pouls faible et condensé, à 98; face exprimant la souffrance; nausées et vomissements jaunâtres; soif vive, langue blanchâtre et assez humide. (20 sangsues au pourtour de l'ombilic; fomentations émollientes; potion de Rivière; limonade froide concentrée, par cuillerée, et plus tard glace à l'intérieur.) Cet état dura huit jours, et ne se dissipa qu'après l'emploi des frictions mercurielles et du calomel, qui produisirent une salivation longue et fatigante. Un mois après, convalescence pénible; peu d'appétit; décoloration des muqueuses; peau sèche, urines rares, affaiblissement considérable, constipation, digestions laborieuses: les aliments et les boissons accrois sent la gêne du ventre, douloureux à la pression; la percussion fait entendre un son mat, sensible surtout à la région hypogastrique et vers les flancs. Le 28 novembre, l'ascite devint considérable et l'infiltration finit par gagner le reste du corps. (Séjour au lit; lait et un peu de bouillon de viande; fomentations avec une forte décoction de feuilles de digitale.) Sous l'influence de ce topique seul (le malade ne pouvant supporter aucune autre administration), les urines augmentent à vue d'œil; la circonférence du ventre, qui était de 40 pouces, diminua de 5 pouces au bout de cinq jours, la transpiration cutanée reparut insensiblement, et dans les premiers jours d'avril 1852 l'épanchement avait complétement disparu. Mon intention n'est pas d'exagérer les effets de la digitale en fomentations dans la guérison des malades dont j'ai rapporté les observations; j'ai crù voir et j'ai voulu faire remarquer la coïncidence qu'il y a entre son application et l'amendement des symptômes. Il me semble possible de tirer de ces faits cette conclusion, que la méthode endermique présente, dans certains cas d'hydropisie, de grands avantages sur l'administration de la digitale par l'esto mac. J'ajouterai que, pour être sûr de l'effet de ces feuilles, on ne doit pas employer celles qui ont été cueillies depuis plus d'un an: après ce laps de temps, elles ont perdu beaucoup de leur efficacité (Trousscau et Pidoux). (Revue thérapeutique du Midi.) EFFETS REMARQUABLES DE L'ARNICA MONTANA DANS L'HÉMÉRALOPIE. - L'arnica montana a été recommandée depuis bien longtemps, surtout en Allemagne, dans le traitement de l'amaurose; peut-être cependant n'avait-on pas signalé les propriétés remarquables qu'elle paraîtrait posséder, suivant M. Escolar, contre l'héméralopie. Comme dans les trois faits publiés par ce médecin l'arnica n'a pas été employée seule, nous croyons devoir rapporter ces faits, afin qu'on puisse faire la part de chacun des agents mis on usage. Le premier fait est relatif à un jeune homme de dix-sept ans, chez lequel, vingt jours avant son entrée à l'hôpital de Madrid, la vision avait commencé à se troubler, l'appétit s'était perdu et des maux de tête, de jour en jour plus intenses, s'étaient montrés, surtout pendant la nuit. Peu à peu la vue s'était tellement affaiblie, qu'il ne pouvait plus se conduire. Sauf le trouble de la vue, la santé générale n'avait pas souffert; mais ce trouble de la vue présentait ceci de particulier, que la vision faiblissait à mesure que la nuit approchait, et que, la nuit venue, il était complétement aveugle; en même la céphalalgie frontale augmentait. Pendant le jour, les yeux n'offraient pas d'altération appréciable, mais, la nuit, la pupille était insensible à la lumière, dilatée et immobile. Infusion d'arnica, frictions avec la pommade mercurielle camphrée et belladonée, d'abord sur le front, puis sur les arcades sourcilières, sur les apophyses mastoïdes et sur les tempes. Dès le troisième jour, la céphalalgie avait disparu; la quatrième nuit, il pouvait distinguer les objets, mais comme à travers une gaze; il avait des picotements intolérables dans le globe de l'œil. Au cinquième jour, il distinguait très-bien les objets, conservant cependant encore, pendant la nuit, un certain degré de trouble de la vue, qui disparut le lendemain. Dans le second fait, chez un journalier âgé de trente-huit ans, homme d'un tempérament nerveux et d'une bonne constitution, il y avait déjà eu, en 1847, une atteinte d'héméralopie accompagnant une fièvre tierce. Le 1er janvier dernier, douleurs dans les muscles, qui s'étendirent à la tête et au cou, et s'accompagnèrent d'une fièvre assez vive. Après quelques jours, il remarqua que la vue commençait à diminuer, à mesure que le soleil se couchait, puis il finit par être complétement aveugle la nuit. Traité à l'hôpital de Tolède, sans succès pendant un mois, il entra le 7 mars à l'hôpital général de Madrid. Alimentation modérée; pour boisson, mélange à parties égales d'une infusion d'arnica et d'une infusion de valériane; trois paquets de poudre contenant chacun 60 grammes de valériane et 0,15 d'oxyde de zinc; onctions sur le front et les tempes, chaque soir, avec la pommade mercurielle belladonée. Le lendemain, il était déjà mieux; le cinquième jour, il quittait l'hôpital parfaitement guéri. Enfin, dans le troisième cas, c'était un honime de soixante ans, avocat, réduit par des vicissitudes politiques à chercher un asile dans un hôpital, le 25 février dernier. Páleur générale, céphalalgie continuelle, tantôt frontale, tantôt sîncipitale, douleur à la région épigastrique, ordinairement trois heures après le repas, s'étendant du côté droit de la poitrine à l'omoplate du même côté, hypocondre droit tuméfié, éructations acides et autres symptômes dyspeptiques; pouls à 75, respiration libre, urines rares et sédimenteuses. Le symptôme le plus saillant était l'héméralopie; à mesure que le jour baissait, la vision devenait de plus en plus faible, et, le soir venu, il n'y voyait plus du tout; pendant la nuit, la pupille était immobile et extrêmement allongée dans le sens transversal. Deux traitements avaient été essayés sans succès. Riz pour aliment et pour boisson, faible décoction de plantain, douze sangsues à l'anus, cataplasmes émollients sur le ventre; le soir, bains d'acide (1) Fleurs d'arnica, racine de valérianc; gomme ammoniaque, de chaque 2,50 gramm. Réduisez nitro-muriatique. Dès le 26, il était infiniment mieux sous le rapport des fonetions digestives, mais la vision restait dans le même état : on lui prescrivit les pilules anti-amaurotiques (1) et on continua les bains nitro-muriatiques, on employa en même temps les onctions mercurielles belladonées. Guérison le quatrième jour. Il est bien évident que le mélange des médications qui a été fait dans les observations précédentes, et surtout dans les deux dernières, ne permet pas d'affirmer que c'est à l'action de l'arnica montana seule que l'on doit rapporter la guérison; néanmoins, l'amélioration a suivi de si près l'emploi de ce moyen, que ce nous est une raison de penser favorablement de ce traitement, et, par conséquent, de le recommander à l'attention des médecins. (Boletin de med. cir. y farm. et Bulletin général de thérapeutique.) CONSIDÉRATIONS NOUVELLES SUR LA MYOPIE ET LA PRESBYTIE; par M. TAVIGNOT. — La myopie et la presbytie sont toutes deux d'origine musculaire dans l'immense majorité des cas. On sait que la myopie peut être produite artificiellement sur des yeux d'une portée ordinaire, par l'usagegraduel et prolongé des verres concaves. On sait que la presbytie peut également survenir, et surtout s'aggraver par l'usage intempestif et irrationnel des verres convexes. On sait enfin que, contrairement à l'assertion toute théorique des auteurs, la myopie ne s'améliore pas par les seuls progrès de l'âge, et à plus forte raison ne se transforme pas en presbytie. Ces trois points fondamentaux forment le trépied sur lequel repose le nouveau système de l'auteur. Si l'exercice inégal des muscles de l'œil agit dans la myopie par excès, dans la presbytie par insuffisance; si d'autre part, nous avons le moyen de provoquer à volonté cet exercice de tels ou tels muscles, ne tenons-nous pas entre nos mains le véritable mode de traitement de l'un et de l'autre vice fonctionnel de l'œil? Traitement de la myopie. L'auteur ne connaît que deux manières de procéder à l'amélioration successive de l'état fonctionnel de la vue chez les myopes, dont l'infirmité n'est point arrivée à un degré trop avancé: la première consiste à exercer leurs yeux à l'aide de verres concaves, que l'on change de temps en temps en prenant des numéros de plus en plus faibles; la seconde à exercer égale en poudre et ajoutez: Tartre stibié, 0,05 cenA prendre dans les 24 heures. tigr. F. pilul. ment leur vue, mais à l'œil nu, sur des objets que l'on éloigne tous les jours de plus en plus. De ces deux manières de procéder, M. Tavignot préfère la première. C'est avec juste raison que l'on a donné aux myopes le conseil de faire usage de verres concaves toutes les fois que la myopie est assez prononcée, et c'est par conséquent tout à fait à tort que, dans ces derniers temps, on a émis l'opinion qu'il fallait, autant que possible, s'abstenir de ces mêmes verres concaves dans la myopie, pour ne pas aggraver l'état fonctionnel de l'œil, et même dans le but de l'améliorer. En effet, les myopes n'exerçant, à l'œil nu, leurs yeux que sur les objets qui sont dans la sphère de leur activité visuelle, le foyer de la rétine ne saurait être adapté à la perception des objets trop éloignés, et dont l'œil n'a pas conscience. Il n'en est plus de même quand une image, même diffuse, tombe sur la rétine : il y a aussitôt effort instinctif d'adaption de l'œil aux distances. C'est cet effort instinctif qu'il faut sans cesse provoquer, soutenir, fortifier. Pour cela, si l'usage des verres concaves est précieux, ce n'est pas, très-certainement, tel qu'il a été compris jusqu'à présent. Les verres concaves sont employés aujourd'hui comme moyen palliatif de la myopie qu'ils aggravent même trop souvent, au licu d'être mis en usage comme moyen curatif. Il suffirait pour cela de faire précisément le contraire de ce qui a été fait. Les myopes ont une tendance à prendre des numéros de lunettes de plus en plus faibles; une gymnastique intelligente des yeux fera le reste, si l'on sait la pousser aussi loin que possible. Mais, pour guérir complétement la myopie, il ne suffit pas de l'emploi des verres concaves: quand le malade est arrivé au numéro le plus faible, au No 60, il faut lui faire porter des verres biconvexes, en commençant par le No 80, puis bientôt le No 72, et un peu plus tard le No 60. Après un exercice suffisant, mais suffisamment coupé par des temps de repos, les myopes ne sont pas encore devenus presbytes, mais ils ne sont plus myopes: ils ont recouvré une bonne vue ordinaire. Il va sans dire qu'il n'est pas toujours nécessaire, tant s'en faut, de pousser aussi loin cette gymnastique, qui ne serait pas, dans quelques cas, sans inconvénients pour l'œil lui-même. Une personne faisant habituellement usage d'un verre No 8 ou 10 bi-concave, et dont on améliore la vue de manière qu'elle se serve volontiers du No 20, par exemple, pour regarder les objets éloignés, est déjà dans des conditions bien meilleures, car elle doit se passer parfaitement de bésicles pour lire et écrire. Traitement de la presbytie. On peut améliorer sensiblement la presbyopie avancée, la guérir lorsqu'elle est commençante, la prévenir quand elle n'est point encore développée, et cela par un moyen très-simple et d'une action certaine : ce moyen, auquel aucun ophthalmologiste n'avait songé, consiste à faire usage de verres bi-concaves pendant quelque temps, de manière à provoquer le développement d'un certain degré de myopie. Vous commencez, je suppose, à devenir presbyte, comme cela a lieu ordinairement vers l'âge de 40 ans: au lieu de choisir des verres bi-convexes, No 48, par exemple, qui amélioreraient sensiblement la vision, mais en entretenant votre presbytie, prenez des verres bi-concaves No 60, et essayez de regarder les objets éloignés. D'abord brouillés, confus, ces objets finiront, après quelques exercices, par se dessiner d'une manière beaucoup plus nette et plus tranchée; continuez ensuite plusieurs jours, en laissant reposer les yeux de temps en temps, et bientôt vous pourrez, sans difficulté sérieuse, changer le No 60 contre le No 30, avec lequel vous répéterez les mêmeş manœuvres; plus tard encore, vous arriverez à prendre des verres du No 20 ou 18, et vous vous arrêterez là pendant un certain temps : dix, douze, quinze jours, par exemple. Selon les cas particuliers, il peut être indiqué d'aller plus loin encore, et de provoquer une accommodation moins limitée de l'œil à l'aide des nos 16, 15, 14, 13 ou même 12. A un instant donné, c'est-à-dire après un mois, six semaines, il est facile de reconnaître les changements survenus dans l'état fonctionnel des yeux. La personne déjà presbyte peut lire à l'œil nu à la distance de huit on dix pouces sans effort, sans fatigue et avec cette précision de la vue qui existe bien plus chez les myopes que chez les presbytes. En effet, sauf son infirmité, le myope (s'il s'agit d'un cas ordinaire) a une bonne vue, en ce sens que tous les objets sont perçus dans tous leurs détails et avec leurs caractères réels; rien ne lui échappe. Il n'en est pas de même du presbyte; il voit les lettres moins noires qu'elles ne le sont réellement, et il lui échappe beaucoup depetits détails dans les objets qu'il regarde. Mais, va-t-on nous dire, vous ne faites ici qu'une substitution d'infirmité. Est-ce me guérir, en réalité, moi presbyte, que de me rendre myope? La question, même posée en ces termes, mériterait encore d'ètre discutée; mais ce n'est pas ainsi que nous la comprenons. Telle personne est presbyte; elle va le devenir de plus en plus avec les progrès de l'âge; elle est désormais condamnée à perpétuité à l'usage des lunettes. Convenablent traitée par les moyens gymnastiques sus-indiqués, cette personne aura des yeux propres à la vision ordinaire, c'est-à-dire, analogue à celle d'une personne qui n'a recours à l'usage de verres bi-concaves No 20, que dans des circonstances exceptionnelles et pour distinguer plus nettement les objets éloignés. Est-ce donc là une mauvaise vue? Ces verres bi concaves No 20, qui correspondront désormais au nouveau degré d'adaptation de l'œil aux distances, ne serviront que de temps en temps et pour fixer en quelque sorte d'une manière irrévocable cet état artificiel de la vue. Il y a plus, la vue qui doit être la plus utile, sinon la plus brillante, est celle qui s'accommode très-bien du secours de verres concaves No 20, pour les distances éloignées; car elle suffit aux besoins les plus ordinaires de la vie, tout en nous mettant à l'abri de la presbyopie. L'auteur termine ces considérations si pleines d'intérêt pratique, en signalant deux points importants qui se rattachent au même sujet. Il faut, dit-il, avant de procéder au traitement de la myopie ou de la presbyopie, s'assurer très-positivement de l'état fonctionnel des deux yeux, qui ont trèssouvent une portée inégale, de manière à traiter chacun d'eux avec des verres de force différente, si cette inégalité visuelle est constatée. Il est nécessaire ensuite de dégager la myopie et la presbyopie des affections concomitantes; car la myopie et la presbyopie, que l'on peut appeler pathologiques, exigent des soins particuliers sur lesquels nous n'avons point à insister maintenant. FAUT-IL EMPLOYER LES COLLYRES IRRITANTS DANS LES CONJONCTIVITES CONSÉCUTIVES A L'OPÉRATION DE LA CATARACTE; par M. le docteur TAVIGNOT. - Cette question se présente trop souvent dans la pratique; elle touche de trop près au sort des malades opérés de la cataracte, pour ne pas mériter un instant l'attention des hommes de l'art. J'ai vu prescrire plusieurs fois, par di-, vers chirurgiens dont il est inutile de citer les noms, des collyres irritants pour combattre des ophthalmies plus ou moins aiguës développées peu de jours après l'opération de la cataracte, et je n'ai malheu-> reusement que trop bien constaté les funestes résultats de cette médication intempestive, irrationnelle, incendiaire. D'abord, les malades, sous l'influence de l'état traumatique dont l'œil est encore le siége, supportent très-mal l'action irritante du nitrate d'argent, que l'on empioie généralement de préférence en pareil cas. Le plus souvent même ce collyre déterminé chez eux des douleurs véritablement atroces. Et quand l'opération vient à échouer, comme cela est de règle après une médication aussi fâcheuse, les malades, par une sorte d'instinct divinatoire, ne manquent pas d'accuser de leur malheur ces collyres prescrits à contre-temps. Sur quoi se fondent-ils ceux qui prescrivent ces collyres irritants dans le cas particulier? Sur l'analogie qu'ils croient trouver entre la conjonctivite spontanée et la conjonctivite d'origine traumatique qui nous occupe? Mais cette analogie n'existe qu'en appa Et vous voulez faire cesser l'effet sans vous attaquer à la cause ? Encore si cette médication n'avait entre autres inconvénients que celui de provoquer une douleur passagère et exempte de dangers! Mais il n'en est pas ainsi très-certainement. Le collyre irritant donne à l'état traumatique de l'œil une sorte de coup de fouet; l'inflammation interne, qui n'attendait sans doute qu'une occasion favo L |