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fixé et tendu comme une peau de tambour et que l'aiguille traverse, du côté opposé à son entrée, en même temps que la lèvre membraneuse.

B. Les instruments du second genre sont: 1o les porte-fil de Smidt et de Donigès, qui représentent une espèce d'érigne ou d'aiguille courbe à manche, offrant près de la pointe un chas ou une échancrure d'où le fil doit être dégagé au moyen d'une pince, tandis que l'aiguille est retirée en parcourant en sens inverse le même chemin qu'elle a fait pour pénétrer à travers les chairs; 2° la pinceaiguille à anneaux de Beaumont, agissant de la même manière, mais qui est beaucoup plus facile à manier; 3° les porte-fil de Lesenberg, de Schwerdt et de Guyot, qui agissent aussi de la même manière que les précédents, avec cette différence que le fil est retenu dans l'échancrure au moyen d'une tige ou d'une canule mobile à volonté.

II. A la seconde catégorie se rapportent les instruments qui ont pour but non-seulement de passer l'aiguille ou le fil à travers les tissus, mais aussi de saisir, fixer et ramener le fil, sans le secours d'autre instrument, de manière à réunir, par un mécanisme particulier, deux temps distincts de l'opération.

Les instruments de cette catégorie peuvent aussi se diviser en deux genres. C. Dans ceux du premier genre, le fil est entraîné par une aiguille droite ou courbe, qui, après avoir traversé les chairs, est elle-même saisie du côté opposé à son entrée par une seconde pièce de l'instrument dont le jeu est combiné de telle sorte qu'il se fait pour ainsi dire simultanément avee celui de la pièce porteaiguille.

La première application de ce mécanisme aux porte-aiguille est due à Sotteau, notre compatriote, qui a donné deux formes diverses à son instrument: la forme d'une pince courbe, qu'il appelait pince couturière, et la forme d'un podomètre de cordonnier. Bourgery en a fait une pince à anneaux; Colombat a adapté ce mécanisme à un instrument ayant la forme d'une pince à disséquer. Foraytier a fait construire un porte-aiguille du même genre et ayant également la forme d'in podomètre, mais qui nécessite l'emploi d'une pince pour aller saisir l'aiguillé, et se rapproche de ceux de la première catégorie. MM. Leroy d'Étiolles et Langenbeck ont récemment produit deux nouveaux instruments, portant des aiguilles courbes à dard, qui se rattachent aussi à ce genre.

:

D. Le deuxième genre de la seconde catégorie comprend des instruments d'un mécanisme non moins ingénieux dû à l'invention de M. de Pierris, et qui ont pour usage de porter non plus une aiguille trainant un fil à sa suite, mais bien une tige mobile qui, après avoir traversé les tissus, va accrocher le fil et le ramène à travers ceux-ci par un mouvement rétrograde sur elle-même

Les instruments qui se rapportent à ce genre sont: 1o celui de de Pierris, qui a la forme d'un podomètre, et celui de Bourgougnon, ayant la même forme; 2o celui de Blandin qui a adopté la pince à anneaux; 3o celui de Leroy d'Étiolles, qui, en réunissant au passage simultané de plusieurs fils l'avivement des chairs, créerait une troisième catégorie des instruments qui nous occupent, si une pareille complication pouvait être rationnellement admise en médecine opératoire. Mais c'est là, nous semble-t-il, trop exiger du même instrument, et s'exposer

par trop à sacrifier la bonté et la sûreté du résultat à une célérité mal entendue du manuel opératoire. D'ailleurs un pareil instrument exige, pour son application et à cause de sa complication elle-même, des conditions déterminées qu'il est rare de rencontrer toutes réunies dans une solution de continuité.

1. Comme on vient de le voir, les variétés de porte-aiguille et de porte-fil sont assez nombreuses. Chacun de ces instruments a ses avantages et ses inconvénients, selon qu'on le considère au point de vue spécial d'un cas particulier, ou selon qu'on l'envisage au point de vue d'une application plus ou moins générale. Dans tous les cas, il faut bien que toutes ces variétés laissent encore à désirer, puisque les chirurgiens, non satisfaits du choix qu'ils peuvent faire parmi elles, sont encore à la recherche de quelque chose de mieux. Les derniers instruments de MM. Sédillot, Langenbeck et Leroy d'Étiolles, dont l'apparition est encore récente, ne sont pas plus que les autres à l'abri de ce reproche.

Sans entrer dans les détails d'une critique spéciale pour chacun des instru*ments précités, je dirai d'une manière générale que :

1o Les uns sont d'un maniement difficile et compliqué; -2° La plupart réclament l'usage des deux mains pour leur emploi;

5o Il en est qui, sous forme de pinces, ne supportent qu'un léger degré d'écartement de leurs branches, ce qui rend l'interposition de la lèvre membraneuse entre celles-ci très-difficile et l'opération des plus laborieuses, surtout lorsqu'on a affaire à des tissus fortement contractiles, comme au voile du palais. C'est ce que j'ai éprouvé notamment avec la pince de Sotteau;

4o Presque tous ayant une forme et une direction déterminées, immuables, ne peuvent agir que dans un seul sens, et ne sont applicables que dans une cavité et pour des solutions de continuité également déterminées (longitudinale pour les uns, transversale pour les autres).

La pince porte-aiguille que je vais décrire, est exempte de tous ces inconvénients. Elle est applicable, par les variétés de forme et de direction qu'on peut lui donner, à toute espèce de solution de continuité: longitudinale, transversale ou oblique, large ou étroite; et dans toutes les cavités où la suture peut être indiquée: bouche, pharynx, vagin, rectum. Son maniement et son jeu sont en outre des plus faciles et des plus simplester O

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La forme que j'ai adoptée pour cet instrument, envisagé dans son ensemble, est celle d'une pince à anneaux (fig. 1). Par son mécanisme, il appartient au premier genre de la seconde catégorie que j'ai établie plus haut. De même que les instruments de Sotteau, de Bourgery, ét de Colombat, il est destiné à porter une petite aiguille droite à dard, qui, après avoir traversé les tissus, se trouve saisie et ramenée en dehors de la cavité dans laquelle on opère.

Les branches de cette pince sont divisées en deux portions qu'il est nécessaire de distinguer par des noms particuliers: la portion A B (fig. 1) peut s'appeler branche-mère, et la portion BC, branche terminale. Ces deux parties sont réunies entre elles par une articulation analogue à celle d'un compas,

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ces branches. L'une des courburés située entre les anneaux et l'articulation, tout près de celle-ci, a la forme coudée à angle obtus d'environ 150°, et l'autre représentant une courbe régulière, de l'étendue d'environ un sixième de cercle de 48 millimètres de diamètre, se trouve à l'extrémité opposée aux anneaux. En ce point, les branches-mères se termi

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nent par un renflement lenticulaire bi

furqué pour recevoir un prolongement de

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Fig. 4.

meme forme de la branche terminale (fig. 4, b.)

La longueur des branches-mères telles que je viens de les indiquer, est de 20 centimètres. D'une épaisseur un peu moindre vers les extrémités, chaque branche mesure, vers son milieu, de 5 à 6 millimètres de diamètre. Elle a une forme à peu près prismatique à base interne et àsommet externe arrondi. Fermé, l'instrument représente, dans son épaisseur, un ellipsoïde.

III Branches terminales (fig. 5.) — Les branches

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terminales, qui jouent le principal rôle dans l'action de l'instru- Fig. 5, ment, ont 23 millimètres de longueur y compris le prolongement articulaire, et 16 millimètres dans leur portion libre. Leur épaisseur, à la partie moyenne, est de 2 millimètres seulement. Ces dimensions peuvent néanmoins varier. Elles sont courbes à convexité externe, de sorte que quand l'instrument est fermé, elles représentent deux arcs d'ellipse se regardant par leur concavité, se touchant à leur extrémité articulaire et étant séparées à leur extrémité terminale par un écartement de 2 millimètres. Cette disposition a pour but d'éviter que les chairs, en s'interposant entre ces branches, n'arrêtent ou ne gènent le jeu de l'aiguille.

Vues sur leurs faces interne et externe (fig. 6), elles laissent aper- Fig. 6. cevoir une fente qui existe sur presque toute leur longueur et ne s'arrête qu'à un millimètre de la lentille articulaire. Chacune des branches terminales est ainsi divisée en deux lames contiguës et susceptibles d'un certain écartement par leur élasticité. Chaque lame se termine par un demi-anneau qui lui-même présente un prolongement externe de deux millimètres pour l'une des branches (branche porteaiguille), de trois millimètres pour l'autre (branche de réception ou de préhension), et qui, par sa réunion avec une partie identique de la lame correspondante, forme une gouttière transversale (fig. 4, c.) de quatre millimètres de longueur pour la branche porte-aiguille, et de cinq millimètres pour la branche de préhension. Cette dernière, disposée pour recevoir la tête de l'aiguille, présente intérieurement une arète circulaire qui y retient le dard dès qu'il l'a franchie.

Vues sur leurs faces antérieure et postérieure, les mêmes branches terminales sont concaves ou envoilées des deux côtés, et plus épaisses par conséquent aux deux extrémités dans le but d'augmenter leur force d'élasticité.

Aiguille. - L'aiguille est droite, longue de onze à douze millimètres. Fig. 7. Elle présente sur sa longueur deux arêtes circulaires (fig. 7) qui la divisent en trois parties: la tête ou dard, longue de cinq millimètres, a la forme d'une pyramide triangulaire dont les arêtes sont effacées près de sa base comme dans le trocart, et dont la plus grande épaisseur ne compte qu'un millimètre et demi de diamètre. La partie moyenne ou corps, longue de quatre millimètres, est cylindrique et d'un calibre un peu moindre

A

que la tête. La troisième partie, ou la queue, longue de trois à quatre millimetres et de l'épaisseur d'un millimètre, est cylindrique dans sa partie contiguë au corps et aplatie à son extrémité où se trouve le chas. Celui-ci, long d'un millimètre et demi à deux millimètres et large d'un demi-millimètre, peut recevoir un fil double d'un calibre plus qu'ordinaire.

Des deux arêtes circulaires, l'une, celle qui sépare la queue du corps de l'aiguille, est destinée à empêcher celle-ci de reculer lorsque, étant engagée par son extrémité caudale entre les mors ou les deux demi-anneaux élastiques de la branche porte-aiguille, elle est d'autre part pressée à sa pointe contre les chairs qu'elle doit traverser. L'autre arête, celle qui sépare la tête du corps de l'aiguille, sert à retenir celle-ci lorsque son dard ayant traversé les chairs a franchi l'arête intérieure de l'anneau de préhension, ainsi qu'il a été dit plus haut.

MANIÈRE DE SE SERVIR DE L'INSTRUMENT.

PRECAUTIONS A PRENDRE AVANT ET

PENDANT L'OPÉRATION.

Pour se servir de l'instrument que je viens de décrire, il faut d'abord disposer les branches mobiles terminales selon l'inclinaison qu'on veut leur donner, et de telle sorte que les deux anneaux ou gouttières porte-aiguille soient exactement en rapport. A cet effet, la vis qui fixe entre elles les branches-mères et les branches terminales étant suffisamment desserrée de chaque côté, on commence par placer l'aiguille armée d'un fil simple ou double dans la gouttière qui doit la porter. Ce temps réclame une description particulière. Je suppose que la branche porte-aiguille à armer corresponde à la droite de l'opérateur. Celui-ci saisit l'aiguille entre le pouce et l'indicateur de la main gauche, la place entre les branches terminales écartées, la queue tournée du côté et à la hauteur de l'ouverture qui doit la recevoir, tandis que de la main droite il tient à un centimètre de l'aiguille les deux chefs du fil tendus au-dessus de l'échancrure de la gouttière porte-aiguille correspondante et les y engage; il les tire alors de dedans en dehors pour entraîner à leur suite l'aiguille dont l'extrémité caudale pénètre entre les deux portions élastiques de la gouttière qui la pince et la retient (fig. 1 et 4). Cela étant fait, la pointe de l'aiguille est mise en rapport avec l'ouverture de l'anneau de préhension dans laquelle on la pousse en fermant l'instrument. En ce moment l'aiguille est logée dans les deux gouttières à la fois et leur sert de point d'union. On peut alors les incliner simultanément sur les branches-mères au degré désiré, et on les fixe dans cette position comme il a été dit.

Pour une plaie longitudinale, les branches terminales sont dirigées en travers, ou à peu près à angle droit sur les branches-mères (fig. 8 et 10).

Pour une plaie transversale, on les met dans l'axe des branches-mères (fig. 1) s'il s'agit de traverser la lèvre supérieure, c'est-à-dire la lèvre la plus éloignée de l'opérateur; et on les incline à angle aigu (fig. 9), si l'on opère sur la lèvre opposée. La tête de l'aiguille se trouvant alors retenue dans la gouttière de préhension, il faut, pour la dégager, ouvrir l'instrument en écartant ses branches, pousser l'aiguille hors de cette gouttière et puis la réappliquer comme précédemment

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