Il parle aussi de la malpropreté de l'habitation et de la malpropreté du corps. L'auteur range encore au nombre des causes d'insalubrité, l'aumône, telle qu'elle est faite généralement. Car on donne ordinairement, dit-il, non à celui qui en a le plus besoin, mais à celui dont l'aspect est le plus sale et le plus dégoûtant. Les secours que les Sociétés philanthropiques font distribuer à domicile sont souvent répartis en prenant pour base du besoin le degré de malpropreté qui règne à l'intérieur. L'auteur condamne l'aumône. Ce raisonnement se trouve contredit par l'institution des prix de propreté établie dans la plupart des villes importantes. Enfin il place encore parmi les causes d'insalubrité: la paresse et l'ivrognerie, le défaut d'ordre et d'économie domestique, l'ignorance des principes de l'hygiène. Dans le troisième chapitre, l'auteur examine l'influence de l'insalubrité sur le développement physique et moral de la population ouvrière. Il la considère comme produisant le rachitisme, la scrofulose, la tuberculose, les fièvres typhoïde, intermittente, les altérations du sang, les maladies contagieuses et épidémiques et, par suite, une grande mortalité. Il cherche à établir que l'insalubrité est la source d'une foule de vices. Le quatrième chapitre comprend les moyens propres à combattre les conditions d'insalubrité. L'auteur suppose d'abord du mauvais vouloir, de l'opposition de la part du prolétaire aux améliorations qu'on voudrait faire subir à son habitation. S'il parle en général, c'est une erreur. Qu'il propose à l'ouvrier une chambre vaste, commode, bien aérée, à la place de son réduit sombre et malsain, et sans nul doute, ce prolétaire l'acceptera avec empressement. Nous avons vu, à l'époque du choléra, toute la population ouvrière et pauvre de Bruxelles suivre à la lettre les prescriptions hygiéniques des médecins qui la visitaient. Il reproche ensuite aux administrations locales de négliger l'assainissement des quartiers populeux. Quant à ce qu'il dit du Gouvernement, qu'il a plus d'égards, de sollicitude pour les conditions d'existence du malfaiteur que pour celles de l'ouvrier, c'est, selon nous, très-inexact; comment, quand le Gouvernement cherche par tous les moyens possibles à procurer à l'ouvrier du travail et un salaire convenable; quand il encourage, dans la mesure de ses ressources, le commerce, l'industrie, l'agriculture, etc.; quand il établit des ateliers d'apprentissage de toute espèce, quand il cherche à améliorer les logements de la classe ouvrière, qu'il veille à l'instruction de ses enfants; quand il établit des hôpitaux pour les malades, des dépôts de mendicité pour y recueillir l'indigent, et des refuges, des hospices pour les invalides du travail, comme on les appelle aujourd'hui, etc., etc.; peuton prétendre que le Gouvernement reste inactif et ne s'occupe pas des classes nécessiteuses? L'auteur fait un reproche au Gouvernement de chercher à améliorer le sort des prisonniers. Nous nous bornerons à lui opposer l'observation suivante : Si la société, dans l'intérêt de sa sécurité et de son repos, ôte la liberté à l'ua de ses membres et le renferme dans un cachot, c'est au moins un devoir pour elle de le placer dans des conditions hygiéniques convenables, et puis il faut considérer qu'il se rencontre parfois aussi des innocents parmi ces malheureux. Du reste nous ne voyons pas, pour notre part, où se trouve ce confortable dont on a l'air de supposer l'existence pour le prisonnier. Que l'on se donne la peine de visiter une prison dans ses détails et l'on nous dira si le séjour y est enchanteur. L'auteur énumère ensuite les moyens d'assainir les rues; il recommande l'érection de fontaines publiques, d'urinoirs et l'éloignement des fabriques, etc. Pour les habitations, il passe en revue les principales améliorations qui sont déjà en grande partie mises en pratique. Les dimensions des chambres à coucher seront calculées, dit-il, de manière qu'il y ait pour chaque individu six mètres cubes d'air par heure. On remédiera au défaut de capacité par une bonne ventilation. Il propose, comme moyen de ventilation pour la nuit, de rendre mobile le carreau supérieur de la fenètre, ou bien d'établir un entonnoir muni d'un tube qui s'ouvre dans la cheminée. Pendant le jour il se contente d'ouvrir de temps en temps la fenêtre et la porte. Il conseille de faire abattre tous les chiens dont on n'aurait pas fait la déclaration, en exceptant celui de l'aveugle; il propose enfin, outre les moyens ordi naires d'assainissement, de séparer les sexes et de régler le nombre de personnes que peut admettre un logement d'ouvrier. Dans l'appendice, l'auteur parle de la charité, il trouve qu'elle est mal faite et propose des moyens de la faire convenablement. Il est d'avis qu'une commission centrale, composée des délégués de toutes les associations philanthropiques, devrait être exclusivement chargée de la distribution des secours. Il voudrait voir l'union de tous les membres de la société pour secourir les malheureux et éteindre le paupérisme. Ce mémoire, Messieurs, laisse à désirer sous le rapport de la rédaction, il présente en outre une foule de détails oiseux qui le déparent. C'est un résumé des moyens mis en pratique pour améliorer les conditions hygiéniques des classes ouvrières et indigentes, mais ces moyens ne sont pas convenablement discutés. Les points les plus importants de l'hygiène de l'ouvrier y sont souvent traités très-légèrement, et même négligés, en faveur de détails insignifiants qui auraient pu être omis: par exemple, il néglige la question de la ventilation, qui est certes la question capitale de l'hygiène de la classe ouvrière, car dans l'impossibilité où la famille de l'ouvrier se trouvera toujours de se procurer un appartement assez vaste pour continuer à y respirer un air pur, il faut nécessairement suppléer à l'espace qui lui manque par une ventilation efficace; or l'auteur a passé très-rapidement sur ce point, et il ne paraît pas même étre au courant de l'état de la science sur cette question. Enfin, Messieurs, il passe sous silence divers moyens très-essentiels à la salubrité d'une grande cité. C'est ainsi qu'il ne fait pas mention de l'approvisionnement d'eau de bonne qualité; il doit savoir cependant que la plupart des quartiers populeux des grandes villes en sont privés et que fournir de l'eau en abondance à ces localités constituerait non-seulement un bienfait immense, mais encore un très-puissant moyen d'assainissement. L'eau ne coûte rien, dit-il; qu'il se donne la peine d'examiner ce qui se passe à Londres, à Paris, à New-York, etc., le projet mis actuellement à l'étude à Bruxelles, et il verra si l'eau ne coûte rien! Quand tout un quartier est insalubre et constitue un véritable foyer d'infection pour le reste de la cité, il n'y a qu'un moyen efficace d'y remédier, c'est de l'abattre et de le remplacer par des constructions bien conditionnées. C'est aux administrations locales qu'il appartient de prendre l'initiative de ces réformes capitales. Nous aurions voulu que, dans les mémoires de concours, on se fut attaché à développer longuement et énergiquement cette question, de façon à agir puissamment sur l'esprit des administrations des cités populeuses. Toutefois, Messieurs, nous reconnaissons que l'auteur du mémoire no 3 a donné des preuves de connaissances étendues en hygiène, qu'il a fait un travail consciencieux, et qu'à ces titres il mérite une récompense. En conséquence, nous avons l'honneur de vous proposer d'accorder une mention honorable au mémoire no 3 (1). LA MÉTHODE AMOVO-INAMOVIBLE ET LE BANDAGE OUATÉ; par le docteur J. CROCQ. Qui, fiers de faire nombre en un troupeau dormant, I. M. le professeur Burggraeve a publié dans le Bulletin de l'Académie, tome XI, no 11, un travail intitulé: Nouveau système de pansements inamovibles. Ce travail renferme des erreurs de fait et des erreurs de doctrine que je ne puis laisser passer sans protestation, parce que les adversaires de la méthode amovoinamovible pourraient les lui attribuer et y chercher contre elle des objections dont elle doit d'avance récuser la responsabilité. Ancien élève de l'inventeur de la méthode, l'un de ceux qui s'honorent de suivre sans mélange, sans modification, sans adultération les préceptes posés par lui, je ne puis accepter des assertions et des exagérations qui pourraient la compromettre. Que veut M. Burggraeve? Je ne puis mieux le faire comprendre qu'en le laissant parler lui-même ? • D'après ce que nous venons de dire, on voit sur quoi a dû porter le nouveau › système de déligation que nous venons proposer à l'Académie. Les change> ments consistent : 1o Dans la restitution de l'inamovibilité pour le plus grand nombre des cas; 2o Dans la suppression de la bande roulée et, par conséquent, du compres> simètre; 5o Dans l'application directe de l'ouate; (1) Les conclusions de ce Rapport ont été adoptées en séance du 20 décembre 1852 > 4o Dans la formation d'une coque imperméable ou emplastique pour les › plaies ou les ulcères qui suppurent. > Ainsi, M. Burggraeve pose en principe le dogme de l'inamovibilité; il prétend venir le restituer. Il n'y a là rien de bien neuf: ce dogme « appartient à la mé D decine d'instinct, » il est « aussi vieux que le monde. » L'auteur résume en quelques mots l'histoire bien connue de l'inamovibilité. Cette histoire renferme quelques passages que je ne puis m'empêcher de relever. Les voici : « Nous arrivons maintenant aux bandages amidonnés et dextrinés, dont > MM. Seutin et Velpeau se sont disputé l'initiative. › Les premiers essais de notre compatriote remontent à 1854. En 1835, M. le ▸ docteur Marinus en exposait les principes dans le Bulletin médical belge. Les premiers appareils de M. Seutin ne furent que la reproduction des appa> reils ordinaires. Seulement, aux attelles de bois, il substitua le carton, et au › liquide résolutif de Larrey, la colle d'amidon. M. Velpeau, au contraire, fit › emploi de la dextrine. Jusqu'ici, il n'y avait rien de neuf, et nous ne conce> vons pas la polémique assez ardente qui s'éleva entre ees deux chirurgiens. Le carton mouillé avait été employé par Assalini, et l'amidon, sur lequel sembla surtout porter le débat, par Ledran. Il n'y avait pas lieu également à › revendiquer le principe de l'inamovibilité, car, comme nous l'avons dit, il est aussi vieux que le monde. D Il est évident que ce sont là des moyens renouvelés des Grecs, des Brésiliens, des Arabes, etc. Si M. Seutin n'avait inventé que ses appareils amidonnés, il n'aurait rien à revendiquer. » Il y a dans cette appréciation un certain ton de légèreté, d'ingratitude, de dépréciation envers l'homme qui a porté le plus haut l'honneur de la chirurgie belge; on dirait que M. Burggraeve, ne pouvant se hisser à son niveau, cherche à le rapetisser pour le faire descendre au sien. Cette boutade serait excusable si elle était exacte; elle ne l'est pas. « Les premiers appareils de M. Seutin, dit › M. Burggraeve, ne furent que la reproduction des appareils ordinaires. Seu lement, aux attelles de bois, il substitua le carton, et au liquide résolutif de ➤ Larrey, la colle d'amidon. » Ces lignes reportent involontairement notre pensée vers le couteau de Jeannot, qui avait d'abord changé de lame, puis de manche, mais qui n'en était pas moins resté le même couteau. En substituant le carton aux attelles en bois, M. Seutin rendait l'appareil susceptible de s'adapter à tous les contours des membres, de se mouler sur tous leurs creux, sur toutes leurs anfractuosités, sur toutes leurs saillies, sur toutes leurs dépressions, de prendre exactement leur forme. Il substituait la compression circulaire à la compression latérale. Et cela n'est rien aux yeux de M. Burggraeve, cela est renouvelé des nègres et des bédouins! Si M. Seutin n'avait fait que cela, il n'aurait rien, absolument rien à revendiquer! La colle d'amidon constituait un agglutinatif bien supérieur à celui de Larrey, bien moins coûteux, bien plus usuel. Du reste, elle ne constituait qu'un accessoire, et M. Seutin permettait d'y substituer, selon les circonstances, la pâte à cataplasmes, la farine, la gomme, la colle de charpentier, le plâtre, etc. Aussi i je m'étonne que M. Burggraeve vienne répéter que le débat sembla surtout porter sur l'amidon. Ceci est une des nombreuses inepties imaginées par les adversaires de M. Seutin et tombées depuis longtemps sous le poids du ridicule et de l'invraisemblable; je ne sais comment M. Burggraeve ose encore venir s'en faire le patron. II. M. Burggraeve prétend que le carton a été employé par Assalini, et l'amidon par Ledran. J'irai plus loin que lui, et je dirai: le bandage roulé a été employé par Hippocrate, Galien, Celse, A. Paré, J. L. Petit, etc.; le carton l'a été par A. Paré, Belloste, Duverney, J. L. Petit, Heister, etc.; les agglutinatifs, la gomme, l'albumine, etc., par Rhazès et Avicenne, Ainsi, M. Seutin n'a inventé ni le bandage roulé, ni le carton, ni l'amidon. Ce qu'il a inventé, c'est son appareil. L'appareil de M. Seutin se compose de trois choses également essentielles : la bande qui comprime méthodiquement le membre; le carton qui se moule sur ses formes et les conserve, et un agglutinatif facile à trouver et à employer. C'est cet ensemble qui le constitue et non le carton ou l'amidon considéré à part. Or, cet ensemble formait un appareil tout à fait neuf, tout différent de celui de Larrey; différent par son application, différent par sa composition, différent par ses effets, différent par ses résultats. Il était léger et peu gênant; il était aussi applicable à la cuisse et au bras qu'à la jambe; enfin, dans les fractures de la jambe, il permettait la déambulation: tous avantages que ne possédait pas l'appareil de Larrey. Ainsi, sans sortir de la méthode inamovible, l'appareil de M. Seutin a réalisé un grand progrès. Ne disons donc pas que, si M. Seutin n'avait inventé que ses appareils amidonnés, il n'aurait rien à revendiquer. Disons-le d'autant moins qu'en l'admettant, M. Burggraeve aurait moins que rien à revendiquer, lui qui n'a pas même ajouté une couche d'ouate à cet appareil. Comment M. Burggraeve peut-il croire qu'un homme comme M. Velpeau se serait donné tant de peine pour réclamer la priorité de l'invention de cet appareil, s'il n'avait présenté aucun mérite, s'il n'avait offert rien de neuf, s'il n'y avait pas eu d'invention? Du reste, il trouvera des données très-positives sur ce point dans un mémoire inséré, en 1836, dans le Bulletin médical belge, par M. De Roubaix. Je l'engage beaucoup à lire ce mémoire, dans lequel il trouvera l'exposé des idées qui ont guidé M. Seutin. III. Pourtant, selon le professeur de Gand, là n'est pas le mérite de M. Seutin: sa gloire, c'est d'avoir créé une méthode, c'est d'avoir permis la déambulation et inventé le compressimètre et l'amovo-inamovibilité. Toutefois, la déambulation résulte immédiatement de l'emploi de l'appareil de M. Seutin; toutes les fois qu'on a voulu l'essayer avec ceux qui l'ont précédé, on a échoué. Le sien seul, par sa légèreté, par la manière exacte dont il contient le membre, par Ja compression circulaire qu'il exerce, par l'extension et la contre-extension qui |