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des opérations aussi graves que la résection des fragments, et même l'introduction de chevilles d'ivoire dans les extrémités osseuses, il faut avoir essayé l'acupuncture, à laquelle M. Lenoir a dû dernièrement un si beau succès dans un cas de fracture non consolidée du fémur, et le séton qui a donné de si brillants résultats entre les mains de tant de chirurgiens depuis Physick. Mais comme l'opération proposée et mise à exécution par Dieffenbach est peu connue en France, nous croyons utile de faire connaître le fait suivant, dans lequel elle a été pratiquée avec un plein succès.

Un jeune homme de vingt-quatre ans, fort et robuste campagnard, s'était fracturé les deux os de la jambe droite vers son tiers inférieur dans une chute de cheval. Telle fut la violence de la chute que le fragment inférieur traversa la botte et vint faire issue à l'extérieur. La réduction fut très-difficile; il fallut plus d'une heure d'efforts persévérants pour y réussir. Pendant deux mois, le membre fut maintenu entouré d'attelles, et pendant quatre mois encore il fut placé dans un appareil spécial. Mais la réunion ne suivit pas plus l'application du second que du premier moyen, bien que la cicatrisation des plaies extérieures se fût faite rapidement. Ennuyé de ne pas guérir, le malade quitta l'hospice pour se rendre dans son pays; il finit quelque temps après par pouvoir se livrer à un léger travail, en entourant son membre d'un appareil qui maintenait la pseudarthrose dans l'immobilité.

Deux années s'étaient écoulées depuis l'accident, lorsque ce jeune malade vint réclamer les soins de M. Stanley à l'hôpi tal Saint-Barthélemy. Les surfaces articulaires pouvaient exécuter les mouvements les plus étendus; une fausse articulation s'était produite; le malade sentait une crépitation à chaque pas qu'il faisait. Après avoir essayé les vésicatoires pendant un mois, puis l'immobilité dans divers appareils, et en particulier dans une boîte où l'on coula un mélange de gomme et de plâtre, le malade, qui était dans le même état, se dégoûta et retourna dans son pays; mais il ne tarda pas à revenir, et M. Stanley, désirant faire quelque chose d'utile pour lui, lui proposa de lui pratiquer l'opération conçue et exécutée par Dieffenbach, qui consiste, comme on sait, à introduire des chevilles d'ivoire dans les extrémités des fragments, de manière à déterminer par la présence de ces corps étrangers l'irritation suffisante pour la formation du cal. Cette opération fut exécutée, de la manière suivante de malade

préalablement endormi avec le chloroforme, M. Stanley tailla un lambeau à base supérieure, de manière à découvrir les surfaces osseuses; puis, l'ayant fait relever par un aide, il pratiqua avec un instrument fait exprès, et semblable à un vilebrequin, deux trous dans le fragment supérieur et deux autres dans le fragment inférieur. Ensuite quatre chevilles d'ivoire furent introduites, ou pour mieux dire vissées dans les quatre trous, en les laissant déborder d'un quart de pouce audessus de la surface de l'os. Le lambeau rabattu, la jambe fut placée dans un appareil à fractures. L'inflammation fut assez vive, la suppuration ne tarda pas à s'établir; néanmoins les symptômes réactionnels furent très-modérés et le malade souffrit très-peu. Trois jours après l'opération, il se forma un petit abcès à la partie supérieure du lambeau, qui fut ouvert, et une quinzaine après on vit sortir par la plaie une des chevilles. Le lambeau ne tarda pas à se cicatriser et, deux mois après l'opération, M. Stanley procéda, à l'aide d'une incision, à l'extraction des chevilles d'ivoire qu'il trouva intactes dans leur portion externe débordant l'os, mais presque entièrement disparues dans leur portion interne, c'est-à-dire dans celle qui avait été logée dans l'épaisseur de l'os. (M. Teale, qui a pratiqué cette même opération quelques années auparavant, avait fait la même remarque pour les chevilles d'ivoire.)

Le 13 mai, trois mois après l'introduction des chevilles, il survint un érysipèle sur la jambe malade, que l'on parvint à arrêter avec un cercle de nitrate d'argent à la partie supérieure du membre. A cette époque, la fracture touchait à sa consolidation; mais M. Stanley voulut que le malade ne se servit pas encore de son membre pendant quelques semaines. Ce fut seulement après quatre mois que, la fracture ayant été trouvée parfaitement réunie et consolidée, on permit an malade l'usage des béquilles. Il quitta l'hôpital, parfaitement guéri, cinq mois après l'opération.

(Bulletin général de thérapeutique.)

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nous ne pouvons qu'accueillir avec empressement deux observations où l'art ne paraît pas avoir été stérile. M. Hamoir a imaginé d'employer contre le farcin un remède depuis longtemps vanté par J.-P. Tessier contre l'inflammation purulente, c'est-à-dire l'extrait d'aconit. Voici un abrégé des deux observations.

OBS. L. Un soldat de vingt-sept ans, qui avait déjà passé par l'hôpital en 1848 pour une diarrhée et une variole, et en 1849 pour une contusion à la jambe, suite d'un coup de pied de cheval, y revint en 1850 pour un abcès situé au niveau de l'omoplate gauche. Cet abcès était volumineux, et la peau qui le recouvrait avait une teinte violette. Le malade n'assignait aucune cause spéciale à sa maladie; mais il raconta qu'il était employé depuis onze mois à l'infirmerie des chevaux farcineux. C'était lui qui lavait les abcès des chevaux; il a eu pendant trèslongtemps des gerçures aux mains, alors qu'il avait deux ou trois chevaux farcineux à soigner. L'abcès fut ouvert. La plaie, loin de diminuer, s'agrandit; ses bords étaient blafards, renversés, irréguliers; son fond grisàtre; la suppuration était fétide. On administra alors l'iodure de potassium; on cautérisa avec le nitrate d'argent; on eut recours aux injections avec la teinture d'iode, avec celle de myrrhe; on lotionna avec le chlorure de chaux liquide. La plaie diminua beaucoup, mais ne se cicatrisa pas complétement; il resta une fistule.

Sur la demande du malade, il sortit de l'hôpital, mais il y revint cinq mois après, le 21 mai 1851.

Depuis sa sortie, il avait été replacé à l'infirmerie des chevaux. Il se plaignait actuellement d'une névralgie frontale trèsviolente, du côté droit seulement. Purgatif; vésicatoire pansé à la morphine; sulfate de quinine uni au carbonate de fer. Aucune amélioration. La douleur fut enlevée par un emplâtre émétisé sur le lieu malade.

Le sujet était en pleine convalescence, lorsqu'il s'aperçut qu'il portait un abcès un peu au-dessus de l'articulation humérocubitale, à la partie externe de chaque bras. Il n'avait jamais eu de coryza et la peau n'avait jamais offert d'éruption. Quelques jours après, nouvelle tumeur au sommet de la tête. Le pus des deux poches fut évacué; il était fétide, semblable à de l'albumine, trouble et sanieux. On revint à l'iodure de potassium; on administra concurremment l'huile de foie de morue; régime tonique,

Le 22 novembre, les deux plaies n'é

taient pas cicatrisées. La plaie de l'épaule suppurait toujours (elle datait de vingtsept mois).

C'est à ce moment (1er décembre) qu'on eut recours à l'extrait d'aconit à dose progressivement croissante; on arriva rapidement à celle de 75 centig. par jour.

Au commencement de janvier, la provision d'aconit étant épuisée à la pharmacie, on fut obligé d'en suspendre l'emploi; une amélioration notable avait été obtenue. On revint à l'aconit à la fin de février, mais seulement pour quelques jours, et le malade sortit de l'hôpital le 1er mars dans l'état suivant :

Embonpoint très-marqué, figure dénotant une bonne santé, caractère très-gai; les abcès du bras et ceux de l'épaule sont complétement cicatrisés; celui de la tête laisse encore suinter tant soit peu d'un liquide séro-purulent. « Depuis cette époque, ajoute l'auteur, le malade, que nous avons été à même de revoir souvent, a repris son service. >>>

OBS. II. Un soldat de vingt-quatre ans entre à l'hôpital de Namur le 22 septembre 1851. Après quelques jours de malaise, une tumeur s'était formée depuis six jours vers le milieu de la jambe droite. Cette tumeur, ouverte, donne issue à du pus mélangé de sang. Le malade accusait également une douleur le long du nerf sciatique. On apprit alors qu'il avait été employé à l'infirmerie des chevaux farcineux pendant un mois; mais il ne peut dire s'il avait eu des écorchures aux mains. L'ulcère présente un aspect tout particulier; le tissu cellulaire ressemble au parenchyme de la rate; les bords de la plaie se sont renversés. Quelques jours après, nouveaux abcès un peu au-dessous du précédent; il en sort un pus d'un blane sale, abondant et fétide. Iodure de potassium et régime tonique (11 novembre.)

Six jours plus tard, une tumeur fluctuante à la partie externe de chaque cuisse; on applique un bandage ouaté; les tumeurs disparaissent d'elles-mêmes, laissant des indurations assez volumi

neuses.

A quelque temps de là, deux nouvelles tumeurs à la partie externe de l'avantbras gauche. Bandage ouaté.

Le 1er décembre, il n'existait plus qu'une tumeur, qui fut ouverte et laissa couler un liquide semblable à de l'albumine.

C'est ce jour-là, 1er décembre, qu'on commença l'emploi de l'extrait d'aconit.

Le lendemain et les jours suivants jusqu'au 18, trois nouvelles collections cu différents points du corps.

A la fin de décembre, une amélioration notable était survenue. Toutes les plaies bourgeonnaient et marchaient à la cicatrisation. La constitution devenait meilleure.

Le 1er janvier, le manque d'aconit oblige à suspendre le traitement.

A partir de ce moment, le mal s'aggrave, les ulcères se renversent, la peau se décolle, une suppuration sanieuse s'éta

blit..

En février, on revient à l'aconit à la dose de 40 centig.

Le 18, on est tout étonné du changement opéré; les ulcères prennent de nouveau un bon aspect et marchent à la cicatrisation. Bientôt le malade peut se lever et se promener dans les corridors. L'extrait d'aconit était toujours continué; on en augmentait progressivement la dose, au point que le 17 mars cette dose était de 2 gr. 25 c. par jour. A cette époque, les ulcères étaient cicatrisés, à l'exception d'un seul. Les forces étaient revenues, ainsi que l'embonpoint; tout allait pour le mieux, quand le malade fut pris d'une fièvre typhoïde qui l'emporta le 8

avril.

A l'autopsie, on constate:

1o Abcès non encore cicatrisé à la cuisse gauche, donnant à l'incision du pus mêlé de sang noir;

2o Plusieurs onces de sérosité claire à la base du cerveau, et une sorte d'infiltration du cerveau par un liquide sem blable;

3o État sain des fosses nasales;

4o Poumons d'une teinte livide et marbrée en noir; cinq petites ulcérations dans la trachée;

5o Corps charnu, ressemblant à un polype, à l'entrée du larynx; luette infiltrée (la voix du malade était devenue rauque dès le début du farcin);

6o Aspect très-noir et fluidité du sang contenu dans les gros vaisseaux;

7o Lésions intestinales propres à la fièvre typhoïde.

Nous ne croyons pas qu'on puisse élever de doutes sur l'existence du farcin, principalement chez le second sujet. Or chez celui-ci, plus encore que chez le premier, l'action de l'aconit a paru bien tranchée. Le premier usage qui en a été fait a été suivi d'une amélioration très-marquée et très-rapide. On le suspend, tous les accidents reprennent une nouvelle intensité; on y revient, et l'amélioration seprononce de nouveau, et presque immédiatement. Sans méconnaître toutes les déceptions qu'amène trop souvent l'expérimentation un peu prolongée des remèdes les plus vantés, il nous semble que ces résultats

sont du moins de nature à fixer sérieusement l'attention.

(Arch. belg. de médec. milit.)

SIGNE NOUVEAU TIRÉ DU BALLOTTEMENT DU PIED POUR DISTINGUER DANS LES CAS DOUTEUX LA FRACTURE DE LA MALLÉOLE EXTERNE DE

L'ENTORSE SIMPLE; par M. NÉLATON.

Une jeune fille de l'Alsace, entrée récemment dans le service de M. Nélaton, a donné à ce professeur l'occasion de signaler un signe diagnostic qui devient précieux dans certaines lésions de l'articulation tibio-tarsienne.

A la suite d'une chute, la malade dont il s'agit portait des traces notables de violence dans la région malléolaire droite. On n'y voyait pas de déformation, mais un peu de gonflement ædémateux, et une ecchymose étendue et prononcée principalement au-dessus et au-dessous de la malléole externe. Il y avait, en outre, dans cette région, une douleur assez vive pour s'opposer à la marche, douleur s'exaspérant sous la pression du doigt, mais dont il était difficile de localiser exactement le siége, en raison de la peine extrême que cette jeune fille avait à s'exprimer en français et à rendre compte de ses impressions d'une manière intelligible. Aussi était-ce là un de ces cas embarrassants dans lesquels le praticien hésite à se prononcer entre une fracture de l'extrémité du péroné et une entorse simple. La douleur et l'ecchymose semblaient bien militer en faveur de la première lésion, mais comme on sait d'autre part que ces deux phénomènes n'ont alors de valeur qu'autant qu'ils ont un siége rigoureusement limité, ce qui n'avait pas lieu ici, et que l'un et l'autre s'observent aussi dans l'entorse, on pouvait pareillement les ratta-cher à l'existence de celle-ci. Pour lever tous les doutes, M. Nélaton a eu recours à une pratique qui lui réussit toujours, et qui mérite d'autant plus d'être vulgarisée, que les circonstances dans lesquelles on peut en faire l'application sont extrêmement communes. Ce moyen consiste à faire jouer latéralement l'astragale dans la mortaise tibio-péronière. Si l'astragale est mobile dans ce sens, il y a fracture du péroné; s'il reste immobile, on peut affirmer à coup sûr qu'il s'agit seulement d'une entorse. Voici, en effet, sur quelles données anatomiques sont basées ces deux conclusions. Dans les conditions normales, l'astragale, pressé latéralement par les deux malléoles qui constituent les montants de la mortaise tibio-péronière, ne peut se mouvoir ni en dehors ni en dedans. Il n'exécute que des mouvements de flexion et d'extension propres aux articulations ginglymoïdales. Mais supposez la malléole externe brisée et portée en dehors, ne fût-ce que très-légèrement, cet écartement laisse dès lors un vide, un espace libre qui permet à l'astragale de se mouvoir latéralement. En même temps, c'est-à-dire pendant que eet os est rejeté en dehors, on voit se former au-dessous de la malléole interne une dépression qui fait paraître celle-ci relativement plus considérable qu'elle ne l'est quand le pied est dans sa situation naturelle. Ainsi donc ballottement possible de l'astragale dans sa mortaise et dépression produite à volonté du côté et au-dessous de la malléole interne, voilà deux signes infaillibles pour reconnaître les fractures les moins apparentes de l'extrémité inférieure du péroné. Il faut seulement, quand on procède à la recherche de ces signes, avoir soin de placer le membre de telle sorte que les museles qui agissent sur le pied soient dans un relâchement complet. Il y a pour cela quelque chose de plus efficace encore que la position, c'est de plonger le malade dans le sommeil chloroformique. C'est ce que M. Nélaton a fait pour la jeune fille dont il s'agit. Aussitôt la résolution des muscles obtenue, ce chirurgien a saisi de la main gauche la région sus-malléolaire; et embrassant le talon de la main droite, en portant les doigts le plus haut possible sur les côtés interne et externe du tarse, il a cherché à faire ballotter le pied, mais en vain: l'astragale est resté immobile. La déduction à tirer de ce résultat négatif était que la mortaise était intacte, et qu'au lieu d'une fracture du péroné, la malade n'avait qu'une entorse. Quant à l'ecchymose, on s'en rendait parfaitement compte avec cette lésion. M. Bonnet, de Lyon, en étudiant les suites des violences exercées sur les articulations, et en particulier sur l'articulation tibio-tarsienne, a vu effectivement que la rupture des ligaments et celle des muscles dont les tendons passent sur ces articulations, déterminent des infiltrations de sang qui, dans ce dernier cas, peuvent remonter aussi haut que les muscles. Or, chez la jeune fille qui fait le sujet de ces remarques, il y a tout lien de croire qu'il en a été ainsi, et que la double ecchymose qu'elle présente au pied et à la jambe s'explique par la rupture du ligament latéral externe, et celle de quelques-unes des fibres des muscles péroniers latéraux.

(Journal de méd. et de chirurgic pratiques.)

SUR LA DÉCHIRURE DE LA FOURCHETTE. La déchirure de la fourchette, si commune chez les primipares, mérite peut-être une plus grande attention que celle qu'on lui prête généralement. Sans doute elle peut se passer, dans beaucoup de cas, des secours de l'art et guérit aisément, mais il en est d'autres aussi où la petite plaie qui la constitue devient le siége d'une sécrétion couenneuse tenant le milieu entre la diphthérite et la pourriture d'hôpital; alors elle s'ulcère et ne se cicatrise plus. Pour éviter cette terminaison fâcheuse, M. Velpeau insiste dès le principe sur les soins de propreté et l'emploi combiné des bains de siége et des lotions faites d'abord avee de l'eau tiède simple et plus tard avec de l'eau miellée. Si ces moyens sont insuffisants, il a recours aux topiques mercuriels qui, comme on sait, sont des cicatrisants de premier ordre. La plaie peut être lavée trois fois par jour avec de l'eau de guimauve tenant en suspension quatre grammes de calomel pour cent vingt grammes de véhicule; ou bien on l'enduit légèrement d'une pommade composée de trentedeux grammes d'axonge et de trois à quatre grammes de précipité blanc. Lorsque enfin on n'a pas été appelé à temps pour s'opposer à la sécrétion couenneuse dont nous avons parlé, il convient de combattre celle-ci comme la pourriture d'hôpital en portant sur la surface ul cérée du suc de citron, du nitrate d'argent, de l'acide chlorhydrique ou du nitrate acide de mercure.

(Ibid.)

SUR LES PROPRIÉTÉS EMMÉNAGOGUES DU CHLOROFORME. - Selon le docteur Gibson, le chloroforme exercerait sur les fonctions menstruelles une action assez prononcée pour qu'on puisse le ranger parmi les médicaments dits emménagogues. Il rapporte cinq cas dans lesquels les règles étaient irrégulières, insuffisantes ou supprimées, et où l'inhalation peu prolongée du chloroforme donna lieu, après 20 à 50 minutes, à l'éruption des menstrues.

Aux faits rapportés par M. Gibson, je puis en joindre un, dit M. R. Van Oye, qui m'est propre. Appelé, il y a quelques mois, chez une fille, laquelle depuis longtemps n'était que fort irrégulièrement réglée et chez qui le flux menstruel avait fait défaut aux deux dernières époques, j'administrai, pour combattre des aceidents hystériques des plus graves, le chloroforme en inhalation et à l'intérieur. L'administration de cet agent eut nonseulement pour effet de rompre les spasmes qui avaient envahi successivement divers organes, mais encore de faire couler les règles; du moins celles-ci se montrèrent, contre toute attente, après un très-court laps de temps. D'ailleurs, j'ai pu me convainere dans plusieurs cas où je

l'ai prescrit à l'intérieur contre la dysménorrhée, que le chloroforme exerce d'une manière rapide une certaine influence sur le système utérin, propriété qui, certes, rendra plus précieuse encore cette subsťance si utile sous d'autres rapports. (Annales médicales de la Flandre occident.)

Chimie médicale et pharmaceutique.

NOUVELLES ÉTUDES CHIMIQUES SUR LE SANG; par M. L.-R. LE CANU. Mémoire lu à l'Académie des sciences, le 5 juillet 1852. (Suite et fin. Voir notre cahier de janvier, p. 51).

TROISIÈME PARTIE.

De la composition chimique des globules

sanguins.

Les très-nombreuses recherches dont les globules sanguins ont été l'objet, tendent à les faire considérer comme formés : D'une matière colorante de nature particulière, hématosine;

De matières extractives;

De matières grasses;

De matières salines;

D'albumine, ou, d'après MM. Gmelin et Mulder, d'une substance analogue que le premier a nommée caséine et le second globuline (1);

Enfin, d'une matière fibrineuse, peutêtre même de véritable fibrine, leur servant d'enveloppe ou de noyau central, ou, tout à la fois, d'enveloppe et de noyau.

Admise par des chimistes, notamment par le docteur Wels et par M. Thenard; niée par d'autres, notamment par Fourcroy et Vauquelin, pour lesquels sa couleur rouge serait due à un oxyde ou à un phosphate de fer (2), l'existence dans le sang d'un principe organique spécial, dont' le fer constituerait l'un des éléments, me semble avoir été mise hors de doute par mes expériences (5).

On se peut au contraire demander :

Et si les matières extractives grasses et salines, l'albumine, qu'on y a rencontrées, ne proviendraient pas du sérum que retenaient, à la manière d'éponges, les globules mis en expérience.

(1) Physiologie de Muller, t. I, pages 105 et 106. (2) Transactions philosophiques pour 1797, page 416; Eléments de chimie de Henri, tome II, page 297; FOUROROY, tome IX, page 152.

On ne saurait oublier, en effet, qu'aucun chimiste n'avait encore pu les étudier complétement privés de sérum interposé.

Et si leur matière fibreuse ne serait pas de simples débris de fibrine appartenant à la partie liquide du sang, que leur extrême division aurait fait passer au travers des tissus, à la suite du battage du sang ou du lavage du caillot?

Aussi n'est-ce qu'après m'être mis à l'abri de cette double cause d'erreur, par l'emploi de l'eau saturée de sulfate de soude (capable, nous l'avons vu, de prévenir le départ de la fibrine et d'entraîner les dernières portions de liquide séreux), que je me suis occupé de déterminer la composition de ces globules.

Il m'a été possible d'en extraire :
1o Des matières extractives;

2o Des matières grasses;

3o Des matières salines;

4o De l'albumine;

5. De la globuline;

6o Une matière fibrineuse particulière,

distincte de la fibrine.

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On pourrait peut-être l'appeler du nom de fibr-albine, afin de rappeler ses analogies d'origine et de propriété avec la fibrine et l'albumine? 7° De l'hématosine.

J'ai pu, en outre, y constater, expérimentalement, la présence de l'eau qu'on n'y avait jusqu'à ce moment admise que par induction; parce qu'elle seule semblait pouvoir, en les amenant à l'état liquide, communiquer aux différents principes des globules les propriétés qui les font se prêter à d'incessantes déformations.

Ce que j'aurai à dire de ces matières suffira, je l'espère, à prouver l'existence de celles qui ne sont pas encore généralement admises au nombre des matériaux des globules sanguins. Je m'empresserai

(3) Journal de pharmacie, année 1830, p. 734, et Thise pour le doctorat, novembre 1857.

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