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perdu, la charité est venue au secours d'une institution si précieuse; et même dans les circonstances si pénibles et si critiques où nous nous trouvions dernièrement, au milieu des sacrifices nombreux qu'on étoit obligé de faire, quand les supérieurs regardoient le renvoi des élèves comme prochain et inévitable, il leur est arrivé tout à coup des moyens de continuer leur ouvre. Tantôt un curé de cette ville leur apportoit, en une seule fois, vingt-cinq louis; tantôt c'est un particulier modeste autant que charitable qui envoie cent écus. Un curé de Toulon écrit qu'il est chargé de remettre la même somme de la part d'une jeune personne, qui, pour faire ce sacrifice, se condamne à des privations. Le même annonce un autre don de 24 fr. par une fille jardinière. C'est bien là le denier de la veuve. C'est ainsi que Dieu protége un établissement si nécessaire dans la détresse et les besoins actuels de l'Eglise. Le nouvel ordre de choses lui donnera plus de ressources, et surtout plus de stabilité.

NOUVELLES POLITIQUES.

LOUIS, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre,

A tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut; En remontant sur le trône de nos ancêtres, nous avons retrouvé nos droits dans votre amour, et notre cœur s'est ouvert tout entier aux sentimens que Louis XII, le père du peuple, et Henri IV, le bon Roi, ont jadis manifestés. Leur application constante au bonheur de la France marquera aussi notre règne, et nos voeux les plus intimes sont qu'il laisse, à son tour, des souvenirs dignes de s'associer à la mémoire de nos Rois, dont une bonté paternelle fut la première et la plus noble vertu.

Au milieu des acclamations unanimes et si touchantes pour notre cœur, dont nous avons été accompagné des frontières de notre royaume jusqu'au sein de notre capitale, nous n'avons cessé de porter nos regards sur la

situation de nos provinces et de nos braves armées : l'oppression sous laquelle la France étoit accablée a laissé après elle bien des maux, et nous en sommes vivement touché notre peine est profonde; mais leur poids va chaque jour s'alléger : tous nos soins y sont consacrés, et notre plus douce satifaction croîtra avec le bonheur de nos peuples. Déjà un armistice, conclu dans les vues d'une politique sage et modérée, fait sentir ses avantages précurseurs de la paix; et le traité qui le fixera d'une manière durable, est l'objet le plus assidu, comme le plus important, de nos pensées. Dans un court intervalle, l'olivier, gage du repos de l'Europe, paroîtra aux yeux de tous les peuples qui la demandent. La marche des armées alliées commence à s'opérer vers nos frontières, et les augustes souverains, dont les principes ont été si généreux à notre égard, veulent resserrer noblement entre eux et nous, les liens d'une amitié et d'une confiance mutuelle qui ne pourra jamais recevoir d'atteinte.

Nous savons que quelques abus particuliers ont été commis, et que des contributions ont frappé les départemens de notre royaume, depuis la conclusion de l'armistice; mais les déclarations justes et libérales que les souverains alliés nous ont faites à l'égard de ces abus, nous autorisent à défendre à nos sujets d'obtempérer à des réquisitions illégales, et contraires au traité qui a stipulé la suspension générale des hostilités.

Toutefois notre reconnoissance et les usages de la guerre exigent que nous ordonnions à toutes les autorités civiles et militaires de nos Etats, de redoubler de soins et de zèle pour que les vaillantes armées des souverains alliés reçoivent avec exactitude et abondance tout ce qui leur est nécessaire en objets de subsistances et besoins des troupes. Toutes demandes étrangères à ces objets demeureront ainsi de nul effet, et les sacrifices seront adoucis.

François! vous entendez votre Roi, il veut à son tour que votre voix lui parvienne et lui expose vos besoins

et vos vœux la sienne sera toujours celle de l'amour qu'il porte à ses peuples. Les cités les plus vastes et les hameaux les plus ignorés, tous les points de son royaume sont également sous ses yeux, et il rapproche en même temps tous ses sujets de son cœur.

Il ne croit pas qu'il puisse avoir des sentimens trop paternels pour des peuples dont la valeur, la loyauté et le dévouement à ses Rois, ont fait, durant de longs siècles, la gloire et la prospérité.

Signé, LOUIS.

- M. le général de Schwartzenberg a adressé, le 8 de ce mois, la lettre suivante, à M. le général Dupont, commissaire du gouvernement au département de la

guerre :

<«<Monsieur le comte, l'empereur, mon auguste maître, a appris avec peine qu'il est survenu entre ses grenadiers et ceux de la garde royale de France des rixes occasionnées par les branches de verdure que les soldats autrichiens portent sur leurs bonnets. Je dois vous inviter, M. le comte, par ordre de S. M., de faire publier à l'armée françoise, que ces branches de verdure, bien loin d'être une marque de triomphe, ne sont qu'un simple signe de ralliement prescrit, depuis un temps immémorial, par nos réglemens militaires, et que nos soldats portent en temps de paix comme en temps de guerre ».

:

-Mr. le duc d'Angoulême est arrivé de Bordeaux à Toulouse, le 27 avril, à quatre heures après midi. Les Toulousains ont célébré l'arrivée de S. A. R. par une fête des plus augustes et des plus touchantes. Là, comme à Paris, les hommages publics étoient dictés par les seules inspirations du sentiment là, aussi des larmes d'attendrissement se confondoient partout avec les acclamations de la joie. Lorsque le Prince fut arrivé aux portes de la ville, magistrats et citoyens, tous, par un mouvement spontané, prêtèrent, dans ses mains, serment de fidélité, d'amour et de dévouement sans bornes au Roi et à la famille royale. «Nous le jurons, s'écrièrent-ils, » devant Dieu et sur l'honneur».

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A l'exemple de ses pieux ancêtres, le premier soin de S. A. R. fut d'aller solennellement remercier Dieu dans la cathedrale; elle y fut reçue par l'archevêque à la tête du chapitre, et conduite processionnellement, sous un dais, au sanctuaire. Après le Te Deum, le Prince se rendit au Palais-Royal, où tout avoit été disposé pour le recevoir. Le soir la ville fut illuminée.

Mr. le duc d'Angoulême est resté plusieurs jours à Toulouse; S. A. R. y étoit encore, le 30 avril, date des dernièresnouvelles de cette ville.

ORGON, près Avignon, 25 avril. Il s'est passé aujourd'hui, dans notre petite ville, une scène singulière. Sur les huit heures du matin, on a vu arriver trois voitures qui paroissoient s'arrêter à l'auberge pour le déjeûner. A l'instant le bruit se répand que c'est le fameux empereur. La foule se précipite autour des voitures. Quelqu'un reconnoît et signale Bonaparte tous crient aussitôt Mort au tyran; vive le Roi! M. le cardinal Gabrielli, exilé dans notre ville par Bonaparte, paroît à sa fenêtre, excité par le bruit qu'il entendoit; à sa vue, la foule crie: Vive M. le cardinal! vive le Roi! à bas le tyran! On apporte des portraits de Bonaparte, et on les brûle devant lui; on lui en montre un autre dont le sein percé de coups de fusil est tout dégoûtant de sang...... On monte sur sa voiture, et l'on crie encore: Mort au tyran! Des femmes armées de pierres arrivent et le chargent d'imprécations. Bête feroce, lui disent-elles, qu'as-tu fais de nos enfans? D'autres individus demandent qu'il crie vive le Roi! et aus-* sitôt le tremblant Napoléon crie vive le Roi! Les généraux étrangers qui l'accompagnent avoient eu le soin de descendre de leur volture et de se tenir aux portières de celle de Bonaparte, pour le mettre à couvert de plus graves insultes. Que celte scene fait naître de réflexions? Quel contraste entre le passage du ci-devant empereur et celui du pape ou du cardinal Gabrielli? A Sainte-Hippolyte, à Gage, le peuple en foule, les confréries avec leurs bannières, le clergé avec la croix, trois à quatre mille femmes vétues de blanc, accouroient à leur rencontre, chantant des bymnes de paix, de gloire, d'actions de grâces, et demandant pieusement leur bénédiction. L'oppresseur, au contraire, est honni, couvert d'imprécations. Le crime et la vertu sont ainsi mis chacun à leur place. Il est remarquable que les frères même de l'usur

pateur l'abandonnent dans la disgrâce. Il les traitoit avec dureté. Aucun n'a voulu le suivre. Mme. Borghese, à qui il avoit proposé de l'accompagner, a refusé. Tous redoutent ses violences.

que

FREJUS. Bonaparte s'est embarqué, le 28 avril, dans notre port, pour l'île d'Elbe. Par un de ces rapprochemens singuliers fournit la vie de cet homme, il est sorti, pour s'embarquer, de la même maison où il avoit loge en arrivant d'Egypte. Le mauvais état des chemins n'avoit point permis de continuer la route de Luc à Saint-Tropez.

On dit que les Anglois l'ont enlevé et le conduisent à Gibraltar. Ce bruit ne paroît pas fondé.

'MILAN. Les troupes autrichiennes ont fait leur entrée dans cette ville, le 28 avril. Elles ont été reçues avec de grandes acclamations. M. de Sommariva, nommé commissaire impérial, a annoncé les intentions les plus pacifiques. Il a confirmé la régence provisoire. La paix est rétablie dans cette ville. Toute l'Italie respire, et chacun souhaite de retourner à l'ancienne stabilité. Gênes, qui avoit été réunie par violence, a secoué le joug et brisé les statues de Bonaparte. Elle a reçu les Anglois comme ses libérateurs. L'ancienne constitution vient d'être rappelée. En attendant, on a établi un gouvernement provisoire. Livourne reprend son commerce. Florence se félicite d'appartenir à son ancien grand-duc. Venise est aussi occupée par des troupes autrichienres. Les Etats romains sont rendus par les alliés au souverain Pontife. C'est une espèce de restauration générale. Chaque chose est remise à sa place. Chacun rentre dans ses droits. Tant d'Italiens exilés et proscrits par la tyrannie, retournent dans leurs foyers. Cette grande et belle contrée ne sera plus disloquée et bouleversée par l'ambition et le caprice d'un seul homme, et nous jouirons d'un calme et d'une paix après lesquelles nous soupirions comme toute l'Europe, et que nous ne pouvions connoître sous le régime dur, violent, arbitraire, d'un conquérant insatiable.

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