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» fit inquisitio, habent fundamentum erroneum, repugnant » nedum rationi theologica et morali, sed etiam observa» tioni primitivæ ecclesiæ, quæ scribitur Actor. 4... D

Le pape et le concile approuvèrent la sentence des cardinaux, et Grabon fut obligé d'abjurer solennellement ses

erreurs.

C'est ainsi que cette Église du moyen âge, encore si peu connue, conservait les vérités sociales en même temps que les vérités religieuses. J'espère qu'un économiste distingué sondera bientôt cette mine encore inexplorée. Ce serait pour l'Église une œuvre de réhabilitation pour tous un grand enseignement, pour l'auteur lui-même un titre de gloire durable (1).

(1) Cet épisode du Concile de Constance m'a été signalé par M. le Chanoine de Ram, recteur de l'Université catholique. Plus d'une fois son érudition aussi vaste que solide m'est venue en aide dans mes recherches. Je saisis avec empressement l'occasion de lui témoigner publiquement ma reconnaissance.

V. sur les erreurs de Grabon, Mansi, Sanctorum Conciliorum amplissima collectio, T. XXVIII, p. 386-394 Venetiis, 1785.

B.

PROFESSION DE FOI DES THABORITES (1).

(V. p. 154.)

Voici le résumé de cette profession de foi, qui fut présentée au synode de Kuttemberg, réuni en 1442, pour apaiser les troubles religieux de la Bohême. Elle ne traite que de questions purement théologiques, et prouve que les doctrines des thaborites n'avaient aucun rapport avec le communisme et le socialisme modernes. Le texte des articles les plus importants est conservé.

I. Il faut traduire l'Écriture en langue vulgaire et la suivre avec une souveraine vénération.

II. Il n'y a qu'un seul Dieu en trois personnes.

III. L'homme est devenu sujet au péché par la chute de son premier père. Il ajoute des péchés actuels à cette faute originelle. Il est soumis à une peine éternelle, dont il ne peut s'affranchir par ses propres forces.

IV. L'homme qui reconnaît ses fautes, s'en repent et évite d'y retomber, en obtient le pardon par le mérite de J.-C. (Cet article repousse implicitement la confession auriculaire).

V. La foi est inséparable des bonnes œuvres.

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VI. Cet article insiste sur la nécessité de réunir les

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bonnes œuvres à la foi pour être sauvé.

(1) J'emprunte ce fragment à M. Sudre, Hist. du communisme, p. 491.

«

VII. << Partout où s'enseigne cette doctrine, là est l'Église chrétienne, dont J.-C. est le chef; hors d'elle il » n'y a point de salut. C'est à sa doctrine et à sa disci» pline qu'on doit obéissance, et non à l'Antechrist qui, » bien qu'il ait toujours l'Église dans la bouche, ne cesse › de la persécuter cruellement (l'Antechrist est le pape); > car la succession apostolique des ministres de l'Église » n'est pas attachée à certaines personnes et à un certain >> lieu, mais elle est fondée sur la pureté de la doctrine › salutaire enseignée dans l'Écriture sainte. >>

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VIII. La parole de Dieu surpasse en excellence les sacrements.

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IX. Il y a deux sacrements, le baptême et la sainte cène.

X.-Le baptême est le signe de l'ablution interne du péché, les enfants y peuvent aussi être initiés, à condition que, parvenus à un âge plus avancé, ils feront une confession publique de leur foi.

XI. Le sacrement de la sainte cène, qui consiste dans le simple pain et dans le simple vin, sans nul changement, est le signe du corps et du sang de J.-C.

XII. Cet article réitère la négation de la présence réelle.

XIII. - « Comme le sacrement n'est que du pain et du > vin, il faut manger l'un et boire l'autre, selon l'insti» tution de J.-C., mais il n'est pas permis de l'offrir pour » les vivants et pour les morts, ni de l'enfermer dans une > chasse, comme s'il était un Dieu, ni de le porter de » lieu en lieu, et d'en abuser à plusieurs blasphèmes, > contre la défense expresse de Dieu au premier com> mandement de la loi. Il serait bien à souhaiter que » l'Antechrist, au lieu de cette idolâtrie, nous eût laissé » le véritable sacrement sous les deux espèces, selon les > commandements de J.-C. »

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-

XIV. Protestation contre l'adoration des images et l'invocation des saints.

XV. -- Exhortation aux chrétiens d'adopter cette doctrine, négation du purgatoire (1).

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Cette profession de foi condamne la présence réelle, la multiplicité des sacrements; elle fulmine contre le pape et l'Église de Rome désignés sous le nom d'Antechrist. Elle est muette sur le chapitre de la propriété, cet Antechrist des socialistes modernes.

(1) Lenfant, Histoire de la guerre des Hussites et du concile de Bâle, in-4°, Amsterdam, 1731, t. II, p. 152.

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A toutes les époques de notre histoire, les idées anarchiques répandues en France ont trouvé des sectateurs en Belgique. Il en fut ainsi au moyen âge.

Dans la première moitié du xive siècle, Bruxelles vit apparaître la secte des Libres-Esprits (liberorum spirituum).

Les doctrines religieuses et morales de ces hérésiarques étaient, sous plusieurs rapports, la reproduction des erreurs que le concile général de Vienne avait condamnées en 1311 (1).

Une femme, que les historiens désignent sous le nom de Bloemardine, avait donné le signal du désordre. « Il y avait » à Bruxelles, dit un ancien chroniqueur, une femme hé» rétique, communément appelée Bloemardine; elle jouis» sait d'une réputation de sainteté tellement extraordinaire » qu'on croyait que deux séraphins l'escortaient et la sou>> tenaient lorsqu'elle s'approchait de la sainte-table. Cette

(1) Voir ci-dessus, p. 161.

T. I.

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