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Nous maréchal duc de Richelieu, pair de France, premier gentilhomme de la chambre du Roi ;

Nous duc de Duras, pair de France, premier gentilhomme de la chambre du Roi ;

Voulant récompenfer le zèle qu'a témoigné la dame Billioni, comédienne italienne, dans le cours de l'année dernière en effayant de chanter dans les opéras-comiques et défirant qu'elle puiffe fe rendre de plus en plus utile dans la fociété, lui avons accordé une gratification extraordinaire de 1,000 livres à prendre fur le féquestre.

Paris, le 10 avril 1772.

Signé : Le Maréchal duc DE RICHELIEU; le Duc DE Duras. (Archives nationales, O1, 846.)

VI

1773.9 avril.

Mme Billioni obtient part entière.

Nous maréchal de Richelieu, pair de France, premier gentilhomme de la chambre du Roi;

Nous duc de Duras, pair de France, premier gentilhomme de la chambre du Roi ;

Avons accordé à la dame Billioni, comédienne italienne du Roi, un quart de part d'augmentation pour compléter fa part entière, à la charge par elle de jouer tous les rôles de fon emploi ainsi que ceux qui feront jugés néceffaires pour le bien du service.

Fait à Paris, le 9 avril 1773.

Signé Le Maréchal duc DE RICHELIEU; le Duc DE DURAS.

(Archives nationales, O1, 846.)

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Michel-Rieul Billion, dit Billioni, est accusé de tentative d'escroquerie
par son jardinier.

L'an 1775, le mardi 12 décembre, dix heures et demie du foir, en notre hôtel, par-devant nous Charles Convers-Deformeaux, etc., eft comparu Jean-François Rogeret, jardinier, demeurant actuellement chemin de Ménilmontant, barrière de la Roulette, chez le nommé Rogeret, maître jardinier, fon frère: Lequel nous a dit qu'il eft entré en qualité de jardinier au service du fieur de Billioni, comédien italien, demeurant rue Sainte-Avoye, au mois de février 1772; qu'il se trouve lui redevoir pour reste de fes gages une fomme de 806 livres; que le 25 du mois dernier il a prévenu ledit fieur de Billioni qu'il avoit trouvé une place plus avantageufe et défiroit quitter fon service et, à la réquifition du fieur de Billioni, lui a procuré un autre jardinier qui eft actuellement chez lui. Il a été fort furpris que depuis quelques jours ledit fieur de Billioni fe refusoit à le payer et lui difoit que, s'il le faifoit affigner, il affirmeroit qu'il ne lui devoit rien; qu'enfin lui, comparant, étant obligé de partir avec fa femme demain matin pour aller occuper fa nouvelle place à Sézanne en Brie, a preffé ledit fieur de Billioni de faire fon compte ; qu'il n'en a pu tirer aucun argent et que tout ce que ledit fieur de Billioni lui a offert a été un billet de 350 livres 10 fols en lui difant que s'il n'en vouloit pas il n'auroit rien du tout ; que, dans la crainte qu'il n'effectue les menaces qu'il faifoit d'affirmer qu'il ne devoit rien, lui plaignant s'eft vu forcé d'accepter ledit billet qu'il nous a à l'instant représenté et conçu en ces termes : « Au premier juin prochain je payerai au fieur Rogeret ou à fon ordre la fomme de 353 livres 10 fols valeur reçue. A Paris, le 10 décembre 1775, figné de Billioni. B. p. 353 livres 10 fols. » Mais comme d'un côté la fomme contenue dans ce billet n'eft pas à beaucoup près celle due au plaignant; que, d'un autre côté, il n'a jamais consenti ni eu l'intention d'accorder le délai pour lequel il eft payable et qu'il n'a reçu ce billet que le fieur de Billioni lui a fait cejourd'hui à 8 heures du foir, quoiqu'il l'ait antidaté du 10 de ce mois, que pour s'affurer de fa dette dont lui comparant entend exiger le payement actuellement, étant pour gages à lui dus, et que c'eft de la part dudit

de Billioni une surprise répréhensible, lui comparant eft venu nous rendre

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Voy. BERTINAZZI (CHARLES-ANTOINE); FAVART (MARIE-JUSTINE-BENOITE Cabaret du RoONCERAY, femme de).

URETTE (MARIE BABIN DE GRANDMAISON, dite).

Be

Née vers 1767, à Blois, de parents aisés qui lui firent donner une bonne éducation musicale, Mlle Burette se fit entendre pour la première fois à Paris au Concert spirituel. La jeune artiste sut conquérir les suffrages de son auditoire, et, peu après, elle obtint un ordre de réception à la Comédie-Italienne, où elle débuta le 2 décembre 1782, par le rôle de Marine, dans la Colonie, comédie en deux actes, traduite de l'italien par Framery, musique de Sacchini. Mlle Burette retrouva au théâtre le succès qu'elle avait obtenu au Concert spirituel. Elle parut aux connaisseurs bonne musicienne et ayant une voix agréable, quoique de peu d'étendue. Son jeu fut moins favorablement jugé que son chant et on lui reprocha de remplacer la finesse par des minauderies. En résumé, pourtant, elle fut jugée intelligente et capable de devenir un excellent sujet.

COM. DU ROI.

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Les principaux rôles que joua Mlle Burette à la Comédie-Italienne sont les suivants: Colombine dans le Tableau parlant, paroles d'Anseaume, musique de Grétry; Lucette dans la Fausse Magie, paroles de Marmontel, musique de Grétry; Agathe dans l'Ami de la Maison, ouvrage des mêmes auteurs; Rosette dans la Bonne Fille, paroles de Cailhava, musique de Piccini, etc.

Un chroniqueur contemporain a transmis jusqu'à nous une anecdote relative à Mile Burette, qui prouve péremptoirement qu'elle était fort agréable au public. Le 9 décembre 1784, on devait jouer la Colonie et Mile Colombe l'aînée, chargée de remplir le principal rôle dans cette comédie, se trouvant indisposée, un acteur vint faire une annonce et proposer en remplacement de la malade M1le Lescot. Une tempête formidable accueillit cette communication et le parterre déclara qu'il voulait que le rôle fût joué par Mile Burette; malheureusement, cette dernière n'était pas au théâtre et les comédiens voulurent passer outre avec Mile Lescot; mais il fut bientôt impossible de continuer à cause du tumulte, qui ne cessa qu'à l'arrivée de la garde et lorsque sept des plus turbulents spectateurs eurent été emmenés au poste.

Au reste, l'administration de la Comédie-Italienne faisait également cas des talents de Mlle Burette; car, dans une note manuscrite qui date de l'année 1787 et où se trouve consignée l'opinion du comité du théâtre sur chacun des artistes qui composaient la compagnie, on lit: « Mlle Burette, en travaillant davantage fa mémoire, qui eft fouvent en défaut dans la mufique, elle peut réussir beaucoup. »

Cette jeune actrice eut une fin tragique. En 1793, elle fut arrêtée à cause de sa liaison intime avec le baron de Batz, dont elle partageait, dit-on, les idées, et par jugement du tribunal révolutionnaire, en date du 29 prairial an II, elle fut condamnée à mort comme convaincue « de s'être rendue l'ennemie du

peuple en participant à la conjuration de l'étranger et tentant par l'affaffinat, la famine, la fabrication et l'introduction de faux affignats et fauffe monnoie, la dépravation de la morale et de l'efprit public, le foulèvement des prisons, de faire éclater la guerre civile, diffoudre la représentation nationale, rétablir la royauté ou toute domination tyrannique. »

Mile Burette fut exécutée le même jour, et sur le même échafaud qu'elle, monta et périt également sa suivante, Marie-Nicole Bouchard, âgée de 18 ans.

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Mile Marie Babin de Grandmaison, dite Burette, est reçue aux appointements, à la Comédie-Italienne, avec promesse de quart de part.

Nous maréchal duc de Richelieu, pair de France, premier gentilhomme de la chambre du Roi ;

Avons reçu fous le bon plaifir de Sa Majefté la demoiselle Burette au nombre de fes comédiens italiens ordinaires du Roi, aux appointemens de quart de part avec promeffe de réception lorfqu'il y aura des portions de part vacantes au théâtre.

Paris, le 29 octobre 1782.

(Archives nationales, O1, 846.)

Signé Le Maréchal duc DE RICHELIEU.

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