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et de nos opinions, qu'animés du même amour du bien, nous parviendrons au but qui nous intéresse également. Le bonheur de mes peuples, si constamment cher à mon cœur, et la protection que je dois aux principes de justice, détermineront toujours mes démarches; et puisque des motifs semblables doivent servir de guides à l'assemblée nationale, il est impossible qu'en nous éclairant mutuellement, nous ne nous approchions pas en toutes choses: c'est l'objet de mes voeux, c'est celui de mon espérance.

Signé Louis.

RÉPONSE DU ROI à l'assemblée nationale.

Le 20 septembre au soir.

Vous m'avez demandé, le 15 de ce mois, de revêtir de ma sanction vos arrêtés du 4 août et des jours suivans. Je vous ai communiqué les observations dont ces arrêtés m'ont paru susceptibles; vous m'annoncez que vous les prendrez dans la plus grande considération, lorsque vous vous occuperez de la confection des lois de détail, qui seront la suite de vos arrêtés; et vous me demandez, en même temps, de promulguer ces mêmes arrêtés : la promulgation appartient à des lois rédigées et revêtues de toutes les formes qui doivent en pro

curer immédiatement l'exécution; mais comme je vous ai déjà témoigné que j'approuvois l'esprit général de vos arrêtés, et le plus grand nombre des articles en leur entier; comme je me plais également à rendre justice aux sentimens généreux et patriotiques qui les ont dictés, je vais en ordonner la publication dans tout mon royaume; la nation y verra, comme dans ma dernière lettre, l'intérêt dont nous sommes animés pour son bonheur ; et je ne doute point, d'après les dispositions que vous manifestez, que je ne puisse, avec une parfaite justice, revêtir de ma sanction toutes les lois que vous décréterez sur les divers objets contenus dans vos arrêtés.

Signé Louis.

J'accorde ma sanction à votre nouveau dé

cret sur les grains.

Signé Louis.

Sur la demande formée séparément, concernant la sanction du dernier décret de l'assemblée nationale, en faveur de la libre circulation des grains, et de la défense d'en exporter au dehors.

A Versailles, le 18 septembre 1789.

Ce décret est absolument conforme aux diverses dispositions que j'ai constamment renouvelées depuis un an. Je le revêtirai de ma

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sanction; mais je dois prévenir l'assemblée nationale, que dans la situation présente des esprits, avec l'état de fermentation produit par la disette et la cherté des grains l'année dernière, avec la résistance qu'on oppose en beaucoup d'endroits à leur circulation, ce seroit manquer de sagesse que de vouloir faire exécuter avec trop de rigueur le décret de l'assemblée. Elle doit connoître d'ailleurs les entraves actuelles du pouvoir exécutif, surtout quand les municipalités, appelées à invoquer l'appui des troupes, ont une opinion contraire au vou de l'assemblée nationale, et refusent de le prendre pour guide. Ces considérations de la plus grande importance, méritent de fixer l'attention de l'assemblée nationale, puisqu'elles intéressent essentiellement l'ordre public. J'apporte tous mes soins à empêcher la sortie des grains du royaume, et j'ai donné dans cette intention les instructions les plus positives aux diverses personnes chargées de l'exécution de mes ordres dans les provinces; mais les commis des fermes qui veillent aux frontières, ont été mis en fuite dans plusieurs lieux par les contrebandiers qui apportent à force ouverte dans le royaume, du sel, du tabac et d'autres marchandises prohibées.

Le premier ministre de mes finances vous a

fait connoître de ma part, à plusieurs reprises, de quelle importance il étoit pour le secours de la chose publique, que l'assemblée manifestât de nouveau et de la manière la plus explicite, qu'elle souhaite, qu'elle exige la conservation des droits établis, et le payement régulier des impositions; elle n'a pas encore satisfait à cette représentation, et cependant chaque jour sa nécessité devient plus urgente. Je vais incessamment vous appeler, par les motifs les plus forts et les raisons les plus persuasives,

à concourir avec moi au secours des finances et de l'état, et à relever la confiance par des mesures grandes et efficaces.

Les circonstances, par leur difficulté, sont dignes de nos efforts communs, et je compte que vous m'égalerez en courage et en volonté. Signé Louis.

DISCOURS prononcé par M. Necker, premier ministre des finances, à l'assemblée nationale, le 24 septembre 1789.

ÉTAT DES FINANCES.

MESSIEURS, les affaires de finances dont on vous a entretenus plusieurs fois, sont arrivées graduellement au dernier terme de l'embarras, et vous ne vous en étonnerez point, si vous réfléchissez d'abord qu'au mois d'août de l'année dernière, elles paroissoient à un tel

degré de trouble, qu'on se crut dans la nécessité de proposer à S. M. les mesures les plus alarmantes, et que toute espèce de confiance fut arrêtée. Depuis cette époque, sont survenues toutes les difficultés qui naissent du soutien long et pénible d'un édifice chancelant; il s'y est joint, par extraordinaire, des besoins immenses de blés, qui ont occasionné ou des dépenses proportionnées à ces besoins, ou l'emploi d'un crédit équivalent. Les achats faits par le gouvernement, réunis aux opérations du commerce, ont dérangé peut-être la balance avec l'étranger de plus de cinquante millions, ce qui n'a pu se faire sans une révolution dans les changes; révolution qui influe sur la quantité du numéraire en circulation. Le public attendoit avec impatience que l'assemblée nationale s'occupât des finances; mais la marche nécessairement lente d'un corps législatif très-nombreux, a tellement prolongé ses discussions, qu'après cinq mois révolus, les affaires essentielles de la finance ne sont point encore traitées. Il est résulté de ce retard et des divisions qui ont régné dans votre assemblée, un discrédit qui s'est accru insensiblement, et chacun sait que des événemens extraordinaires ont mis le comble à la défiance et au resserrement de l'argent. Nos troubles intérieurs ont éloigné de la France, et de la

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