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Mais elle doit s'en rapporter aux assemblées de département, du soin de convertir, selon leur convenance, toute la partie des impôts indirects qu'il n'est pas nécessaire de soumettre à un régime uniforme.

J'ai traité ces diverses questions et le remplacement des impôts en général, dans plusieurs de mes Mémoires; ainsi je ne rentrerai pas dans les mêmes discussions.

On ne doit point omettre d'observer qu'il est sage de ne pas appliquer à un royaume, sous le régime encore d'une administration naissante et contrariée, le système d'impôts qui n'essuiera peut-être aucune difficulté dans un autre temps.

L'imprévoyance des contribuables suffit pour leur ôter le moyen de payer exactement les impositions territoriales, et l'on ne peut employer que des voies rigoureuses pour les y forcer. Les droits sur les consommations ne sont exposés à aucun de ces inconvéniens; on les paye sans contrainte, et toujours au moment précis de ses moyens. Cette différence est grande dans un pays devenu libre; aussi, dans un tel pays, la philosophie des impositions doit-elle s'arrêter encore plus aux idées morales, qu'aux résultats donnés par les abstractions de l'économie politique.

L'ordre, messieurs, combien de fois ne l'ai

je pas dit au nom du bien public? l'ordre et le pouvoir nécessaire pour le maintenir, voilà sans contredit la première condition du salut des finances.

. Il y a du remède à tout, même aux grandes fautes, lorsque les commandemens de la loi sont respectés, lorsque les intérêts particuliers obéissent à l'intérêt public; mais ce n'est pas une œuvre simple dans un grand royaume que le maintien de cette subordination. Il faut souvent en défendre les principes, et contre les bons, et contre les méchans: les premiers, par un sentiment aimable, croient long-temps les hommes capables de jouir de la liberté sans exces; les autres prennent l'étendard de la passion favorite, pour substituer à cette liberté le relâchement le plus absolu. Le temps immanquablement ramènera par force aux principes sans lesquels un royaume le plus favorisé par la nature, ne pourroit échapper à sa perdition; mais c'est aux lumières des sages à raccourcir le dangereux intervalle de la théorie à l'expérience, afin que des maux sans nombre ne soient pas le prix de notre éducation. Hâtez-vous surtout, messieurs, d'arrêter efficacement le cours de ces dangereux écrits dont la multiplication progressive fait le scandale de l'Europe. Que cette pensée de toutes les nations vous donne 31

VII.

de la défiance sur la politique qui semble encore vous tenir en suspens. Ne permettez pas que, dans le même temps où vous cherchez à remettre ensemble toutes les parties, la morale, ce ciment si précieux de l'ordre politique, devienne le jouet de tous les discours qu'on adresse au peuple. On le perdra ce peuple, bon dans sa nature, si chaque jour, chaque heure, on cherche à le tromper; car son imagination flexible ne sauroit résister aux efforts des hommes d'un caractère ardent et prononcé.

C'est uniquement, je le proteste, pour le repos et le bonheur de la France que je prends la liberté de vous ramener à des réflexions dont une expérience journalière et l'étude constante du bien public m'ont fait sentir toute l'importance. J'ai été, j'en conviens, des premiers en butte aux poursuites injurieuses des ennemis de la paix, de l'ordre et de la justice, car ils m'ont compris de bonne heure dans leur système général de destruction; mais bientôt, au sein de ma retraite éloignée, la voix douce et tranquille d'une conscience sans reproche se fera plus entendre de moi que les bruits de Paris et les clameurs de la calomnie. Je n'ai jamais voulu qu'on répondît à ces insultes continuelles, comme on me l'a souvent proposé. Je me fie à la vérité ;

elle seroit pour moi les cheveux de Samson, si je voulois en faire usage; mais pour une âme sensible, il y a quelque douceur dans l'injustice et même dans l'ingratitude. On est ainsi conduit, comme vers un refuge, à ces hautes idées indépendantes des hommes et de leurs passions, à ces idées qui ont fait ma consolation à d'autres époques de ma vie, et que j'espère retrouver encore je n'en eus jamais tant de besoin.

DE L'ÉTAT GÉNÉRAL DES FINANCES

Pendant les huit derniers mois de l'année 1790, tant pour l'ordinaire que pour l'extraordinaire.

RECETTES.

TOTALITÉ des fonds en caisse au 30 d'avril 1790, tant en argent qu'en billets de la caisse d'escompte, 14,860,000 1. A déduire pour quel

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EFFETS DU COMMERCE, échéant dans divers mois de l'année....

IMPOSITIONS DIRECTES déduction faite

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12,610,000 1.

2,755,000

24,000,000

des charges assignées sur leur produit.. 100,530,000 FERMES GÉNÉRALES, déduction faite des charges assignées sur leur produit, dans lesquelles n'est compris aucun versement de deniers entre les mains des payeurs des rentes, parce que les rentes sont portées en totalité dans la colonne des dépenses... FERME DES POSTES, y compris l'abandon fait par les fermiers de leurs bénéfices, et déduction faite des charges assignées sur ses produits; dans lesquelles charges est comprise l'indemnité accordée aux maîtres des postes pour la suppression de leurs priviléges, conformément au décret de l'assemblée nationale....

6,240,000

146,135,000

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