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marche très-prudente et très-circonspecte. Cependant il faut prendre un parti, et promptement; car le pis de tout seroit le dépérissement graduel d'un revenu par le seul effet du désordre et de l'impunité. Le roi, fixant son attention sur toutes ces difficultés, vous invite, messieurs, à considérer s'il ne conviendroit pas, s'il ne seroit pas nécessaire de fixer dès à présent la vente du sel à six sous la livre dans tous les greniers de gabelle où il se distribue à plus haut prix; cette disposition occasionneroit une diminution de revenus de trente millions, mais l'accroissement de la consommation, effet de la réduction du prix, atténueroit cette perte. L'on trouveroit encore un dédommagement dans la diminution de la contrebande, qui seroit infiniment moins excitée, si le prix du sel étoit réduit à six sous. Une partie même de cette contrebande, à la vérité la moindre de toutes, celle entre les pays de grandes et petites gabelles, n'existeroit plus du tout, et il résulteroit de ces dispositions une économie importante sur les frais de garde. Le prix du sel une fois réduit à six sous par un décret de l'assemblée nationale, sanctionné par S. M., les réclamations quí pourroient s'élever, même contre ce prix, seroient si peu nombreuses et si révoltantes, qu'il deviendroit facile de les réprimer. Enfin,

convalescent, je n'ai pu lui exprimer qu'imparfaitement mes idées. Je les soumets à ses lumières, et j'aspire principalement à lui présenter un hommage constant et respectueux de mon dévouement sans réserve au bien de l'état et au service du roi.

LETTRE DU ROI aux archevêques et évéques de son royaume. A Versailles, ce 2 septembre 1789.

MONSIEUR, Vous connoissez les troubles qui désolent mon royaume, vous savez que, dans plusieurs provinces, des brigands et des gens sans aveu se sont répandus, et que, non contens de se livrer eux-mêmes à toutes sortes d'excès, ils sont parvenus à soulever l'esprit des habitans des campagnes, et, portant l'audace jusqu'à contrefaire mes ordres, jusqu'à répandre de faux arrêts de mon conseil, ils ont persuadé qu'on exécuteroit ma volonté, ou qu'on répondroit à mes intentions en attaquant les châteaux, et en y détruisant les archives et les divers titres de propriétés. C'est ainsi qu'au nom du souverain, le protecteur né de la justice et au nom d'un monarque qui, je puis le dire, s'en est montré le constant défenseur pendant son règne, on n'a pas craint d'exciter le peuple à des excès que les plus tyranniques oppresseurs auroient craint d'avouer. Enfin, pour augmenter la confusion et

biens qu'on leur permet pour l'avenir. Ainsi, dans le temps même où vous ne paroîtriez occupés que des finances, vous seconderiez d'avance toutes les vues générales qui sont aujourd'hui le principal objet de vos délibé rations. Les ministres du roi, sûrs des intentions de S. M., prennent au succès de vos travaux le plus juste et le plus véritable intérêt. Ainsi, lorsque vous croirez utile de vous concerter avec eux, lorsque vous trouverez de la convenance à vous concerter en particulier avec le ministre des finances, ils montreront l'empressement le plus grand pour correspondre à vos vues : ce n'est pas trop aujourd'hui de la plus forte ligue en faveur du bien public. Ne rejetez donc, messieurs, ne rejetez aucun secours, mais surtout soyez unis pour atteindre au rétablissement de l'ordre dans les finances: ce que vous voudrez, animés par un même sentiment, par un même intérêt, par un même esprit, vous l'obtiendrez; le public, témoin de l'accord et de la sincérité de vos efforts, dès ce moment en prévoira le succès, l'on y croira d'avance, et la tranquillité prendra la place de la défiance et de l'inquiétude.

Je prie l'assemblée nationale de me pardonner, si, pressé par l'instance des affaires, et affoibli par une maladie dont je suis à peine

convalescent, je n'ai pu lui exprimer qu'imparfaitement mes idées. Je les soumets à ses lumières, et j'aspire principalement à lui présenter un hommage constant et respectueux de mon dévouement sans réserve au bien de l'état et au service du roi.

LETTRE DU ROI aux archevêques et évéques de son royaume. A Versailles, ce 2 septembre 1789.

MONSIEUR, Vous connoissez les troubles qui désolent mon royaume, vous savez que, dans plusieurs provinces, des brigands et des gens sans aveu se sont répandus, et que, non contens de se livrer eux-mêmes à toutes sortes d'excès, ils sont parvenus à soulever l'esprit des habitans des campagnes, et, portant l'audace jusqu'à contrefaire mes ordres, jusqu'à répandre de faux arrêts de mon conseil, ils ont persuadé qu'on exécuteroit ma volonté, ou qu'on répondroit à mes intentions en attaquant les châteaux, et en y détruisant les archives et les divers titres de propriétés. C'est ainsi qu'au nom du souverain, le protecteur né de la justice et au nom d'un monarque qui, je puis le dire, s'en est montré le constant défenseur pendant son règne, on n'a pas craint d'exciter le peuple à des excès que les plus tyranniques oppresseurs auroient craint d'a vouer. Enfin, pour augmenter la confusion et

réunir tous les malheurs, une contrebande soutenue à main armée détruit avec un progrès effrayant les revenus de l'état, et tarit les ressources destinées ou au payement des dettes les plus légitimes, ou à la solde des troupes de terre et de mer, ou aux diverses dépenses qu'exige la sûreté publique.

Ce n'est pas tout encore; un nouveau genre de calamité a pénétré mon âme de la plus sensible affliction: mon peuple, renommé par la douceur de ses mœurs et de son caractère, mon peuple, dans quelques endroits, heureusément en petit nombre, s'est permis d'être l'arbitre et l'exécuteur de condamnations que les dépositaires des lois, après s'être livrés au plus mûr examen, ne déterminent jamais sans une secrète émotion.

Tant de maux, tant d'afflictions, ont oppressé mon âme, et après avoir employé, de concert avec l'assemblée nationale, tous les moyens qui restent en mon pouvoir pour arrêter le cours de ces désordres; averti par l'expérience des bornes de la sagesse humaine, je veux implorer publiquement le secours de la divine providence, espérant que les voeux de tout un peuple toucheront un Dieu de bonté, et attireront sur ce royaume les bénédictions dont il a tant de besoin. La beauté des moissons dans la plus grande partie du royaume, ce

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