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au moins son vou d'une manière plus précise: mais quelquefois, sans se l'avouer, on est fâché contre soi-même de ne pouvoir pas retenir à sa volonté les matières de finance, et au lieu de s'obstiner à les entendre, on demande sous le nom de plan général, un système hardi qui, au moment même de sa conception, paroisse aplanir les difficultés du présent et de l'avenir; mais la nature des choses est trop indocile pour se prêter à ce vœu d'une manière effective. Il est un ordre successif imposé par les circonstances réelles et par les considérations morales qui les accompagnent, ordre peu senti quand on n'est pas au centre du mouvement général, à cette place où le génie devroit lui-même être soumis aux lois de la sagesse, sous peine de ne pas faire longue route, surtout en des temps pareils à ceux où

nous nous trouvons.

Je dois faire observer encore combien il est extraordinaire de se plaindre que l'administration des finances ait demandé d'époque en époque une augmentation de secours. Tout s'explique par la suite des événemens survenus depuis l'ouverture de l'assemblée nationale. Le crédit qui permettoit de renouveler les anticipations, s'est graduellement affoibli; une partie des revenus qui existoient s'est perdue; les besoins en subsistances ont pris

un accroissement successif; d'autres événemens malheureux ont donné naissance à des dépenses inattendues; certaines ressources enfin n'ont pas donné les secours qu'on devoit naturellement attendre. Qu'y a-t-il donc d'étonnant aux dérangemens survenus dans les premières spéculations? Les simples auditeurs du compte qu'il a fallu rendre de ces contrariétés peuvent prendre leur parti, ce me semble, d'une pareille importunité, s'ils comparent cette fatigue avec celle de l'administration, obligée de supporter tout le poids non-seulement des obstacles dont elle donne connoissance, mais de ceux encore mille fois plus nombreux qu'elle combat en silence. Au reste, comme dans l'état chancelant de ma santé, je suis bien éloigné de pouvoir promettre qu'à l'avenir je ferai mieux que par le passé, je suis heureux de pouvoir répondre à tous ceux qui désireroient de moi plus de renseignemens, plus de travaux, plus de dévouement, plus d'idées; je suis heureux, dis-je, de pouvoir leur répondre en rappelant que je demande avec instance l'établissement d'un bureau de trésorerie, principalement composé de députés à l'assemblée nationale, et qui, en remplissant des vues essentielles au bien public, suppléeroit en même temps à l'insuffisance de mes forces et de mes talens.

OBSERVATIONS de M. Necker, sur l'avant-propos du Livre rouge.

Article de l'avant-propos du comité des pensions, en publiant le Livre rouge.

« On avertira à cette occasion, que le Livre « rouge n'est pas le seul registre qui contienne « les preuves de l'avidité des gens en faveur. << Les travaux continuels auxquels le comité <«< se livre, lui découvrent une multitude de << preuves d'autres déprédations qu'il fera suc« cessivement connoître. Dans un moment où << la nation travaille à mettre l'ordre et l'éco« nomie dans les finances, pour soulager le peuple; dans un moment où le peuple porte « avec confiance'une partie de son nécessaire « au trésor public, il ne faut pas lui laisser ignorer comment les ordonnances de comp« tant, imaginées pour voiler une infinité de « dépenses qu'on auroit eu honte d'avouer, se « portèrent, etc. »

Vient ensuite le détail du montant par année, de la dépense de ces ordonnances de comptant. On commence par l'année 1779, qui est de mon précédent ministère, et qui s'est montée à 116,176,562 liv. 14 sous 7 de

niers.

On dit n'avoir pas sous les yeux, dans le moment, l'année 1780, également relative à

mon administration, et qui se montoit à 73,935,717 liv. 5 sous 2 deniers.

On cite ensuite d'autres années, et qui se montent, savoir :

En 1781, à......

En 1782, à.......
En 1783, à.......

91,971,413 1. 17 s. 6 d. 87,143,428 29 145,438,115 19 9

En 1784, à ... 111,714,986 49

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La plus grande partie du public de Paris, guidée par l'avant-propos du comité des pensions que je viens de citer, ne doute pas en ce moment que les ordonnances de comptant ne soient autant de profusions que l'administration avoit intérêt de cacher; toutes les provinces partageront peut-être cette opinion pendant quelque temps: et qui sait s'il dépendra de moi de l'effacer entièrement? car il est vraisemblable que ce Mémoire, bien moins piquant que la brochure intitulée le Livre rouge, ne circulera pas dans autant de mains.

Le comité des pensions a, je le crois, un reproche à se faire; car ayant demandé qu'on mit sous ses yeux toutes les ordonnances dont il est question, ayant lu les motifs de chacune, et en ayant conservé l'état, il auroit dû, loin d'égarer l'opinion comme il l'a fait,

:

l'éclairer au contraire par une explication. simple et conforme à la vérité. Il n'a pas suivi cette route c'est donc à moi de détromper le public, et je dois commencer par une définition des ordonnances de comptant; je prie seulement qu'on me permette de la renvoyer à la suite de cet avertissement préliminaire. J'ai chargé un premier commis des finances. de cette tâche pour économiser mon temps, et je me suis borné à revoir son travail. On apprendra que ces ordonnances de comptant, imaginées peut-être dans les anciens temps, uniquement pour se dispenser de mettre sous les yeux de la chambre des comptes, les dépenses qu'on vouloit tenir secrètes, ont été successivement appliquées aux dépenses dont la comptabilité seroit devenue trop minutieuse ou trop compliquée, et de plus aux intérêts des emprunts, dont la connoissance première n'avoit pas été donnée aux chambres des comptes; enfin par l'effet d'une longue habitude, il est arrivé que le premier commis aux comptes dans le trésor royal, déterminoit seul, et d'après un ancien usage, les dépenses qui devoient être autorisées par des ordonnances délivrables à la chambre des comptes, et celles qui étoient fixées par des ordonnances appelées de comptant, lesquelles, après leur acquit et leur vérification au con

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