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bray pendant plus de quatre années. C'est alors que l'on reconnut qu'on s'étoit trompé en bien des chofes & que l'on ne pouvoit prendre trop de mefure pour detourner les influences Ecclefiaftiques puisqu'il étoit impoffible de chaffer l'Aftre, dont elles partent, du Tourbillon qui entraine les affaires generales de l'Europe, de là de nouvelles mefures, de nouvelles maximes, un nouveau fifteme.

Auffitot que le fuccès des Negociations fecrètes de Vienne eut éclaté, on s'aperçut que les choses alloient d'un train à en faire craindre les fuites. Le Ministère Britannique toûjours alerte fut bien-tôt inftruit de tout, & peut-être fut-il instruit de ce qui étoit & de ce qui n'étoit pas. I prit de fages précautions, & il conduifit la Barque avec tant de dexterité, que quelques mois après les Traitez de Vienne, on vit éclore l'Alliance d'Hanovre entre les Rois de France, de la Grande-Bretagne & de Pruffe, dans laquelle on ftipula expreffement que l'on inviteroit accéder les Etats Généraux des Provinces-Unies, cette Republique puiffante, qui avoit pris fi généreufement tant de part à la derniere Guerre & qui n'avoit pas moins d'interêt aux chofes conclues à Vienne qu'à la confervation generale de la

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tranquillité de l'Europe, ce qui étoit le principal but de l'Alliance de Hanovre. Ainfi la France fe trouva allié avec trois Puiflances Proteftantes contre deux Catholiques, dont les intérêts paroiffoient chers au Chef de l'Eglife Romaine; & les autres Puiflances que l'on invitoit à entrer dans la même Alliance étoient encore d'une Religion contraire à celle de Rome. N'étoit - ce point là un beau Champ pour les intrigues des Ecclefiaftiques? d'un côté ils avoient la plus belle occafion de fe faire un merite auprès des Princes de leur Communion de toutes les demarches de la Cour de France, qui pouvoient être susceptibles d'une interpretation favorable, & de l'autre côté les apparences ne pouvoient manquer de favoriser leurs infinuations & d'apuïer les foupçons qu'ils avoient intérêt de femer parmi les Alliez de la France. Au refte toute la conduite du St. Siége envers la France, & du Clergé de France ou de la Cour envers le St. Siége, depuis la mort du Regent, a quelque chofe de fi fingulier, & de fi marqué qu'elle merite qu'on y faffe attention pour en demêler s'il eft poffible,les refforts extraordinaires.

Quoiqu'il en foit, le Roi de France ayant pris lui même les Rênes de fon Etat,

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fuivit les fages maximes du Duc Regent, un des plus grands Politiques que la France ait admiré depuis les Richelieux & Mazarins. Le jeune Monarque comprit combien il lui importoit de refter constant dans l'Alliance, puifqu'autrement il perdroit pour jamais la Confiance des Potentats qu'il avoit un intérêt très-réel de fe tenir attachez; outre qu'il n'étoit pas poffible qu'il s'alliât avec la Maison d'Autriche; trop de raisons tiennent leurs interêts feparez, pour ne pas dire opofez. Que d'intrigues depuis que l'on fut perfuadé de la conftance inébranlable, & de l'équitable bonne foi de Louis XV.! Que de demarches, que de faux bruits repandus avec affectation, que d'infinuations trompeufes ! Enfin on vit en mouvement les Machines de la politique la plus adroite, qui se sent aux abois. Ce ne fut alors que Négociations, que Traitez, que Conventions qu'Alliances, qu'acceffions. Et en même tems toute l'Europe qui n'attendoit de tous ces Traitez que le maintien de la Paix. & de la tranquillité publique, fut étonnée d'entendre de tous cotez battre l'Allarme, & fonner pour ainfi dire le Boute-Selle. Afreux incendie en apparence, dont il ne fortit neanmoins, graces au Ciel, qu'une groffe fumée qu'abatit bien-tôt la menue

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pluie des Préliminaires qui doivent être fuivis de la paix générale, qui ramenera un tems ferain fur toute la face de l'Europe. Voilà en abregé les circonftances où ont été conclus la plupart des Traitez que contient ce Recueil; je dis la plûpart, par ce que je n'ai point voulu toucher aux motifs des Traitez faits dans le Nord, ce qui nous auroit mené trop loin; puifqu'il auroit fallu remonter aux caufes de la Guerre entre la Pologne & la Suède qui intereffa insensiblement le Dannemarck, la Ruffie, le Roi de Pruffe & les Electorats de Saxe & de Hanovre, en forte que cet incendie manqua de gagner toute l'Allemagne. Ce font des Evenemens trop importans pour n'être pas confervez à la pofterité & nous en renvoyons l'Hiftoire à quelque ouvrage plus étendue que celui-ci & à un tems où nous puiffions dire librement la vérité, qui nous eft auffi chere qu'elle eft fouvent redoutable aux Grands.

RECUEIL

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CUEIL

HISTORIQUE

D'ACTES, NEGOCIATIONS,
MEMOIRES ET TRAITEZ.

TRAITÉ de Paix générale entre
l'Empereur, l'Empire & le Roi de
France, conclu à Bade le 7. Sep-
tembre 1714.

AU NOM DE LA TRES SAINTE TRI-
NITE' PERE, FILS ET ST. ESPRIT.

Oit notoire à tous que par la bonté
de Dieu la Paix aiant été heureu
fement retablie à Radstadt le 6. du
mois de Mars de la prefente année

entre le Sereniffime & Très-Puiffant Prince & Seigneur, le Seigneur Charles VI. élû Empereur des Romains, toûjours Augufte, Roi de Germanie, de Caftille, d'Arragon, de Leon, des deux Siciles, de Jerufalem, de Hongrie, de Bohême, de Dalmatie, de Croacie, d'Efclavonie, de Navarre, de Grenade, de Tolede, de Valence, de Gallice, de Majorque, de Seville, de Sardaigne, de Cordoue, de Corfe, de Murcie, des Algarbes, d'Alger, de Gibraltar, des IfTome I.

A

les

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