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CHAPITRE SIXIÈME.

VI

Ma biographie.

- Casimir Périer.

Commencement de nos liai

Mon re

sons; création d'une maison de commerce au Havre. tour à Paris. Mon association avec Scipion et Casimir Périer. Création d'une maison de banque en mon nom à Paris.

Avant de raconter tout ce qui me semble présenter quelque intérêt dans ma carrière administrative et politique, je dois donner quelques détails sur ma carrière commerciale. L'observateur n'ignore pas que tout se lie dans l'existence humaine, et que, pour bien juger le caractère, les actes de celui qui a tenu dans sa main une fraction du pouvoir, il est utile de jeter un coup d'œil sur ses précédens, de le prendre à son point de départ. Je ne veux pas me soustraire à un examen qui s'étendra sur les diverses phases de ma vie, et je dirai tout ce qui peut contribuer à me faire connaître.

Je suis né à Vezin (Moselle), le 14 juillet 1792, d'une famille obscure et pauvre. Mon père était à

cette époque lieutenant de douanes; il ne put me donner qu'une éducation restreinte; mais j'appris de lui à aimer mon pays, à ne jamais manquer aux lois de l'honneur et de la probité. Ces traditions, quoi que mes détracteurs aient pu dire, je les ai conservées religieusement dans mon cœur, et je prouverai, par ces Mémoires, que je les ai toujours mises en pratiques.

J'avais un peu plus de seize ans lorsque je vins à Paris occuper un emploi de copiste dans les bureaux de la maison de banque de MM. Périer frères; j'y entrai sur la recommandation d'un ami de mon père et de M. Matthieu de Montmorency, le 7 novembre 1808.

Le désir d'aider ma famille excita mon ardeur naturelle pour le travail; il me fut promptement tenu compte de mon zèle; au bout de trois mois je reçus, avec une gratification, un traitement annuel de 600 francs, qui fut doublé avant l'expiration de la première année.

Quand il ne serait pas entré dans mes goûts de vivre avec la plus stricte économie, mes devoirs envers mon père m'en auraient fait l'obligation.

Dès que ma position le permit, la plus vive de mes jouissances fut de l'associer au fruit de mes travaux, et, je puis le dire, il s'est ressenti progressivement des améliorations survenues dans ma situation: toujours il eut sa part dans mon bien-être,

et je m'estime heureux de pouvoir encore adoucir les souffrances de sa vieillesse.

Notre famille était nombreuse : j'avais deux frères et quatre sœurs; mon appui ne leur manqua jamais; j'ai fait donner de l'instruction à plusieurs d'entre eux; et, par des sacrifices pécuniaires, j'ai assuré l'établissement de plusieurs autres, avant même l'époque où j'ai commencé à me former un petit capital. Qu'on me pardonne ces détails; j'aime ma famille; les hommes qui s'honorent d'être bons parens ne les trouveront pas oiseux.

Dès l'année 1810, les connaissances que j'avais acquises dans le commerce et mon assiduité rendirent mon travail réellement utile à la maison Périer. C'est à cette époque que remontent la bienveillance toute particulière et la confiance dont m'honora toujours l'illustre chef de cette maison.

Casimir Périer, doué d'une rare pénétration, d'un jugement sûr et rapide, embrassait d'un coup d'œil et avec une admirable précision l'ensemble des affaires les plus délicates, les plus compliquées; un tact parfait lui en faisait à l'instant même saisir le côté faible et le point essentiel. Son intelligence supérieure négligeait habituellement les détails s'attacher aux choses principales. On comprendra qu'une telle organisation le rendait difficile, exigeant avec ceux de ses employés qui ne réponà sa promptitude, à sa présence d'esprit.

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pour

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