Page images
PDF
EPUB

CHAPITRE NEUVIÈME.

IX

Situation des partis à l'issue de la grande semaine. - Motifs qui dis posèrent la population à désirer l'avénement au trône du duc d'Orléans. Lettre de MM. Flocon et Lhéritier sur les scènes des 3 et 4 août. Labbey de Pompières, Benjamin Constant, le général Lafayette. Pourquoi le parti républicain m'a paru dès lors dangereux pour l'ordre social et pour les libertés publiques. - Les volontaires de la Charte. - Buchoz-Hilton.

-

[ocr errors]

Avant d'aller plus loin, arrêtons nos regards sur la situation des partis à l'issue de la grande semaine de juillet.

Quelle que fût cette situation pendant la lutte, aucune distinction d'opinions, d'intérêts politiques, ne présidait à l'action des combattans; tous avaient un but commun: la résistance à l'illégalité imposée par la force, la ruine de la restauration.

Les citoyens armés appartenaient à toutes les nuances de l'opinion libérale, à toutes les classes de la société, unissant leur courage dans la seule

vue de défendre la Charte indignement violée, de renverser un trône qui voulait se poser sur les débris de nos institutions.

Depuis 1830, de nombreux écrits, rédigés sous l'influence de préoccupations opposées, et destinés à raconter les événemens, ont été publiés; les uns prétendaient que le parti républicain avait seul décidé le succès aux journées de juillet; les autres allaient jusqu'à nier l'existence de ce parti à cette époque.

Ces deux assertions sont également erronées : l'explication suivante ne s'écarte en rien de la vérité.

Pendant la grande collision des trois jours, il pouvait exister des projets, des espérances; mais il n'y a eu qu'un seul cri de ralliement, celui de Vive la Charte ! dans lequel se confondaient les voeux de tous.

La lutte terminée, les partis commencèrent à se dessiner; et dès qu'il fut question de la nomination du lientenant-général, un certain mécontentement se fit remarquer parmi quelques-uns des hommes qui avaient combattu. Alors se révélérent quelques sympathies en faveur de la république.

Quant à la cause bonapartiste, ses partisans étaient alors trop peu nombreux pour mettre de la persistance dans leurs prétentions. Quoi qu'il en soit, ces deux partis politiques ne formaient qu'une

minorité en présence du grand nombre de citoyens qui désiraient voir le terme prochain de l'interrègne gouvernemental, et préféraient à toute autre forme de gouvernement une monarchie renfermée dans des limites tracées par des institutions popu

laires.

C'était là le vœu de la nation représentée par une majorité imposante, dans laquelle je comprendrai la presque généralité des commerçans et fabricans, des hommes exerçant des professions libérales, des membres de la magistrature, des propriétaires, des rentiers, des artistes', en un mot, ce qu'on désigne vulgairement par la classe bourgeoise.

Tous ces hommes qui possèdent, dont les intérêts sont plus particulièrement liés au maintien du bon ordre, et qui cependant avaient pris part à la lutte, soit par leur influence, soit par le secours de leurs bras, constituaient évidemment la force numérique, et, non moins positivement, la puissance morale qui devaient assurer le résultat.

Ces mêmes hommes, aujourd'hui, font partie de la garde nationale; ils composent le corps électoral; en eux se résume la plus grande somme de propriété et d'intelligence, élémens naturels de tout esprit de conservation.

J'ai constaté, au lieu de la révoquer en doute, l'existence du parti républicain; je témoignerai aussi de sa coopération, par individualités, à la vic

« PreviousContinue »