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allée lui porter cette nouvelle, a déclaré que perfonne ne pouvoit être plus touché de cette marque d'eftime & de confiance, & n'attachoit un plus grand prix aux places conférées par les fuffrages du Peuple; mais il a prié fes concitoyens de le difpenfer d'accepter cette place, dont les fonctions ne pouvoient s'accorder avec la réfolution qu'il avoit prise de vivre en fimple citoyen, & de ne s'occuper que de les affaires domeftiques. Il y a lieu de croire que le même motif ne lui permettra pas d'accepter la place de chef de légion à laquelle il a été élu dans l'armée parifienne.

Par une relation publiée au nom de l'Affemblée Coloniale de la Gadeloupe, on voit que la compagnie de grenadiers du deuxieme bataillon du quatorzieme régiment d'infanterie y a été en infurrection, & que la' tranquillité a été rétablie par le courage de 150 habitans qui, fans armes ont ofé attaquer ces grenadiers dans la caferne du Morne, & les ont fait prifonniers.

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Une lettre de Saint-Vincent annonce que les gens de couleur de Sainte Lucie, après avoir combattu les Blancs avec quelque fuccès, fe fond retranchés dans le Morne Fortuné; & que M. de Béhague, parti de la Martinique pour aller les réduire, n'y étoit pas encore arrivé au bout de trois femaines, quoiqu'il ne faille pas ordinairement un jour pour s'y rendre.

La frégate l'Embufcade vient d'arriver des illes du Vent, parce que l'équipage a, dit-on, forcé le capitaine de s'en revenir,

GRANDE-BRETAGNE.

LONDRES (le 22 Novembre). Leurs Majeftés & les fix princelles revinrent le 16 de ce mois de Windfor au palais de la reine.

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Le 19, le duc & la ducheffe d'Yorck arri verent en cette capitale à 5 heures après midi, où ils furent reçus par le prince de Galles, qui les préfenta le même foir à Leurs Ma. ainsi qu'aux princeffes.

Le 23, vers les 9 heures du foir, l'archevêque de Cantorbery, affifté de l'évêque de Londres, célébra de nouveau la cérémonie du mariage du duc & de la ducheffe d'Yorck, conformément à l'acte relatif aux mariages de la famille royale, paffé dans la 10e, année de George III.

PAYS-BAS.

BRUXELLES (le 30 Novembre). Le Gouver nement a déclaré que ce n'eft pas par fon autorité que les quatre députés des Etats de Brabant ont été arrêtés; mais en vertu d'un décret du Confeil fouverain de Brabant; & que la force militaire n'a été employée dans cette circonftance, que pour foutenir le décret.

Ces quatre députés ont été conduits, le 25 au foir, dans la prifon appellé Treurenberg. Le 27 au matin, ils ont été remis aux arrêts; & enfin ils jouiffent aujourd'hui d'une entiere liberté.

Le lieutenant-feld maréchal baron de Beau lieu, s'eft rendu d'ici à Liege pour y prendre le commandement des troupes impériales réparties dans cette principauté.

On affure que tous les François émigrés ort reçu ordre de M. le comte d'Artois de e rendre fans délai à Coblence. En effet, il en eft déjà parti beaucoup; mais on croit qu'ils n'iront pas plus loin que dans la principauté de Liege, dont la fituation limitrophe de la France, & les difpofitions du prince - évêque cffrent plus de chance à leurs projets d'invafion.

On a arrêté ici un des affaffips du courrier

de Dunkerque à Calais; il a été faifi la nuiz à l'auberge appellée le GROENENDAEL. On a trouvé fur lui beaucoup d'e peces en or, & un grand nombre de billets. Son camarade a eu l'adrefe de fe fauver, & rien ne confirmie le bruit qui s'étoit répandu de fon arreftation entre cette ville & Louvain. Celui qui fe trouve ici a é capitaine dans l'armée Belgique.

BOUILLON (le 5 Décembre). Il y a environ fix fema nes, qu'à la page 56 & fuivantes du No, 31, nous avons prélenté nos voes fur les moyens de diffiper les reifemblemens d'émigrés qui nienacent la Fiance d'une prochaine invafion. L'Affemblée Nationale Lég flative vient enfin de s'occuper de cette affaire majeure, qui, nous le penions, auroit dû fixer toute fon attention, même avant le prononcé du fameux décret qui a été frappé du veto. Si, en indiquant cette mefure falutaire, nous avions négligé la fauce diplomatique dont elie vient d'être affaifonnée, c'eft que le droit naturel, ce droit imprefcriptible de tous les peuples, nous étoit mieux connu que le droit germanique. A la bonne heure, que la Diete de Ratisbonne, les colleges des princes & des villes impériales foient prévenus d'une réfolution qui honore les légiflateurs de la France; mais qu'elle ne foit pas rendue vaine, cette réfolution, par l'enchevêtrement de nouvelles formes; tout ce qui pourroit retarder l'exécu tion du projet qu'elle annonce, deviendroit funefte à la liberté. En effet, le Peuple François fe laffe de vivre dans une incertitude cruelle; il s'agite en voyant les ennemis jurés de fa Conftitution, devant, derriere, & tout autour de lui; il voudroit pouvoir se con vaincre que la Révolution eft finie, & qu'i

va vivre tranquillement fous le regne de la loi. Ce defir fi nature! d'une nation vive, belliqueufe, impatiente de jouir du fruit de fes efforts, eft le fignal des combats ;il amene, il fait jetter un cri général; & l'on entend dite de toutes parts: Pourquoi prolonger des inquiétudes, dont nous pouvons nous délivrer? Pourquoi fouffrir plus longtems des menaces & des complots qui fans ceffe troublent la paix de nos cœurs? Aux armes, François ! Repouffons loin de nos frontieres, les fuperbes émigrés qui veulent faire un vaste charnier de notre patrie. Marchons, & combattons, puifqu'il le faut, au dehors & au dedans. Allons, en ver fant des larmes de regret, vaincre la résistance de ceux de nos freres, qui s'obtinent à méconnoître les loix que nous chériffons; donnons la mort aux uns & imprimons fur les autres le fceau du mépris & de la réprobation; & s'il étoit poffible que la vidoire abandonnát la fainte caufe de la liberté, qu'aucun de nous ne furvive à fa perte.

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D'après ce vœu général & fortement prononcé, on peut donc fe livrer à l'efpérance, de voir diffiper inceffamment cès raflemblemens criminels d'hommes trompeurs & trompés, qui, fouriant de loin à nos maux actuels, travailJent à nous caufer de nouveaux malheurs. Les moyens d'exécution font dans les mains du chef fupiême de la Nation; il fuffit qu'il le veuille & tout nous dit qu'il le veut dé bonne foi. Mais il eft tems, il eft inftant d'agir. Il ne faut pas fe laiffer amufer par des formes lentes & pufillanimes; il ne faut pas Jaifier aux émigrés le coupable loifir de s'ar mer, de fe fortifier, de mûrir leurs projets & de les combiner avec l'arrivée des foldats mercenaires que le Nord va vomir fur nos frontieres. Détournons loin de nous les mal

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heurs incalculables de cette atroce conspiration; couvrons de boucliers impénétrables notre chere patrie, en prévenant nos ennemis partout, & en quelque nombre qu'ils foient.

Après la fommation faite aux princes de la Rue des prêtres, d'éloigner de leurs Etats ces raffemblemens plus que fufpects; s'ils ne s'exécutent pas avec la plus grande promptitude que nos Gardes Nationales & nos troupes de ligne fe portent dans leur pays pour s'y faire juftice de l'infraction des traités fubfiftans & des procédés fi contraires à la garantie réciproque de fûreté, qui doit être respectée entre des Etats limitrophes, & furtout de la part de ces fouverains fecondaires qu'une puiffante ation peut écrafer en un inftant.

Mais, fuivant le difcours adreffé au roi fe 29 Novembre, par M. Vaublanc, pourquoi les troupes françoifes entreroient-elles dans les pays de Mayence, de Treves, &c., поп comme il le dit, pour y porter le fer & la flamme, mais pour y répandre l'efprit de liberté. Eh! que nous importe que les Germains croupiffent dans la fange de la fuperftition, qu'ils foient courbés fous le poids des fers & des corvées? Que nous importe qu'ils jouiffent d'une liberté dont ils ne fçavent pas encore apprécier les douceurs, pourvu qu'ils ne troublent point la nôtre? Ce qui nous importe infiniment dans les circonftances actuelles, c'eft d'éloigner, de difperfer les ennemis de la Conftitution. Une grande nation doit montrer de la magnanimité, mais auffi de la fierté & une grande énergie; fon défintéreffement deviendroit coupable s'il étoit porté un point de fe ruiner à force de générofité. Il en eft de même du caractere de la grandeur nationale, qui doit avoir des bornes; un peu moins de dignité, & plus d'ordre dans les finances;

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