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Il a propofé, en même tems, de faire fentir au roi que la négligence de fes envoyés auprès des princes allemands, avoit été une des principales caufes, & de ces raffemblemens, & de la lenteur des négociations.

M. Rulh a propofé de fe plaindre nominativement au roi de la conduite de ces mêmes miniftres.

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M. Ifnard, député du Var eft enfuite monté à la tribune, & il a parlé avec ce ton qui affura tant de triomphes à Mirabeau, avec ce ton de perfuafion intime fi néceffaire pour perfuader les autres.

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« Le Peuple, difoit-il, veut le calme, non celui d'un entr'acte, mais celui qu'amene le dénouement & le dénouement eft de combattre & de vaincre, ou de faire difperfer les émigrés. Les François qui fe montrerent grands & magnanimes dans l'esclavage feront .ils foibles & pufillanimes fous les drapeaux de la liberté ? Non, ils font prêts à difparoître de ce globe, plutôt que de fe laiffer enchalner. Ne capitulons point, armons-nous; souf. frirons-nous le retour de la nobleffe, des par. lemens &c.? No; nous nous engloutirons plutôt fous les décombres de cette enceinte. Parlons le langage qui nous convient; difons aux miniftres que nous ne fommes pas fatisfaits de chacun d'eux. Difons-leur qu'ils ont à choifir entre la reconnoiffance & la vengeance des loix. Disons au roi qu'il ne regne que pour le Peuple, que le Peuple eft fon fouverain, & qu'il eft fujet de la loi. Difons à l'Europe, que fi les cabinets des Puiffances yeulent fufciter une guerre des rois contre les Peuples, nous leur fufciterons une guerre des Peuples contre les rois. Les combats des Peuples font comme les coups que deux amis

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Te portent dans l'obfcurité: fi le jour de la philofophie vient à luire, les Peuples s'embrafferont, les defpotes feront perdus, & la terre fera confolée »,

M. Ifmard a imputé à la négligence, à la foibleffe des miniftres, la durée de ces raffemblemens qui n'ont pu fe groffir, fe perpétuer que par l'effet de cet inexplicable fommeil. « Il eft tems, a-t-il dit, qu'ils apprennent à connoître ce que c'eft que cette refponlabilité dont ils fe font joués trop longtems, & qu'ils fçachent enfin que, par cette refponfabilité nous entendons la mort ». Ces mots prononcés avec énergie du haut d'une tribune, fous laquelle un miniftre étoit placé, devoient produire, & ont produit un de ces grands effets réservés à l'éloquence qui fçait profiter des avantages de la circonftance & du moment. On croyoit voir le glaive fufpendu fur la tête de Damoclès.

M. Vaublanc a lu le projet d'un discours au roi destiné à être prononcé par l'orateur de la députation. Ce difcours écrit avec nobleffe & avec fierté a mérité les applaudificmens de l'Affemblée. On y a furtout remarqué ce mot, ou en parlant des armées françoifes qui feroient chargées de venger des outrages trop longtems foufferts, l'orateur ajoute: Apprenez à ces princes qu'ils porteront fur leur territoire, non le fer & la flamme, mais la liberté.

L'Affemblée a décrété la députation au roi, en adoptant le projet de décret, & le difcours rédigé par M. Vaublanc.

Du 29 au foir.

Sur le rapport du comité militaire, il a été décrété que M. Moreton-Chabrillant, cidevant colonel du régiment de la Fere, ilLégalement deftitué, rentreroit dans tous fes

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droits, & reprendroit fon rang pour les pro motions militairės.

Le même comité a fait renvoyer au pouvoir exécutif une pétition de la ville de Lyon qui manifefte le defir de ne pas avoir une garni fon de troupes de ligne.

Les citoyens de Verfailles joignent leurs voix à celles de la majeure partie des déparremens, pour féliciter l'Affemblée de fon décre fur les émigrés. Le but de ces adreffes eft de perfuader que le roi n'a pas bien connu l'opinion publique, quand il lui a refufé fa fanction.

M. Vaublanc, préfident de la députation envoyée au roi, a rendu compte de fa miffion. Le roi a paru répondre avec joie au vœu de Affemblée Nationale pour la difperfion des attroupemens qui fe font depuis longtems au delà du Rhin. Il a dit « que l'Affemblée pouvoit compter fur tous les foins pour faire refpecter la France au dehors, & pour maintenir l'ordre au dedans.

Dr 30.

Le nouveau miniftre de l'intérieur, M. Cahier (de Gerville) a écrit à l'Affemblée pour l'affurer, qu'honoré de la confiance du roi, il porteroit dans fes fonctions le même zele le même courage qu'il a développés depuis le 12 Juillet 1780, qu'il eft attaché à la Commune de Paris. Il finit par dire qu'il ne gar dera fa place qu'autant qu'il pourra s'y livrer à fon zele pour la Conftitution.

La féance n'a rien préfenté que les lectures de décrets dont la difcuffion a été ajournée & l'introduction à la barre des colons, dé putés de Saint Domingue.

Leurs premiers mois ont été des affurances de fidélité, d'attachement, d'inviolablé à la métropole.

Quant aux faits, ils font atroces : les Negres révoltés ont commis d'affreufes barbaries. Le cadavre d'un enfant blanc, porté au bout d'une pique, étoit l'étendart auquel il fe rallioient. Is ont égorgé, fait périr dans les fupplices un grand nombre de Blancs; ils ont fcié entre deux planches le procureur de l'habitation Galiffet; ils brûlent leurs bleffés mettent les femmes & les vieillards en tête de leur armée. Ils ont pris & violé un grand nombre de femme blanches que M. Blanchelande a délivrées, & par lesquelles on a fçu que les rebelles, au nombre d'environ 100 mille avoient une difcipline févere, & qui puniffant de mort la défobéiffance, a fait périr autant de Negres que les armes des colons.

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Un fait a furtout révolté l'Affemblé Nationale a excité un fiémiffement, & fi nous pou◄ vons nous fervir de ce mot, un trepignement d'indignation, c'eft la lâche atrocité, la barbare cupidité des Espagnols, qui pour trois portugaifes, c'eft-à-dire environ 132 liv. de notre monnoie, livroient aux Noirs les Blancs qui fe réfugioient dans la partie Espagnole.

Deux cents fucreries & 1200 caffeteries environ font incendiées. La perte est évaluée à 600 millions, & les Blancs qui ont péri font au nombre de 1000.

L'orateur a accufé de ces malheurs une philofophie qu'il a appellé fauffe, & qui, pour faire un nom à fes fectateurs, & fos le prétexte de l'humanité, a caufé, dit-il, tous les maux de Saint Domingue. Il a parlé de l'effet d'un difcours de M. Monneron, de l'adreffe de M. l'abbé Grégoire qui difoit qu bientôt le foleil n'éclaireroit plus que hommes libres. Il a rappellé la phrase c.

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M. Robespierre, périffent les colonies plutôt que de confacrer la violation d'un principe!

Il a justifié la colonie du reproche de voutoir fe livrer à l'Angleterre, & rappellé le ferment fait au fein de leurs maux par les colons de tourner vers la France leurs derniers regards. Il a fini par dire qu'il étoit aujourd'hui prouvé que les amis des Noirs avoient eu une grande influence fur les troubles de la colonie, & par demander fûreté, protection & fecours.

M. le préfident les leur a promis au nom de la loi, & leur a annoncé qu'on s'étoit déjà occupé avec empreffement de voler à leur aide.

On a demandé l'impreffion du difcours, que M. Bazire traitoit de libelle, en s'oppofant à la motion. M. Briffot a repris en difant : Je demande l'impreffion, moi.

M. Le Montey, élu vice-préfident, a pris le fautenil, & l'impreffion a été ordonnée avec le renvoi au comité colonial.

POUVOIR

EXÉCUTIF.

Le roi a difpofé du département des affaires étrangeres en faveur de M. Deleffart, qui eft remplacé dans le miniftere de l'intérieur par M. Cahier de Gerville. Lorsqu'il fut presenté Fe 27 au roi: Vous vous chargez, Monfieur, lui a dit le monarque, d'une táche bien difficile. On af fure que M. Cahier de Gerville a répondu : Sire, il n'eft rien d'impoffible à un miniftre populaire auprès d'un roi patriote.

Sa Maj. s'occupant de la formation de fa maifon, les officiers fupérieurs dont elle a fait choix font les futvins.

Commandant en chef. M. Briffac.
INFANTERIE.

Commandant M. Pont-l'abbé.
Adjudant général. M. d'Attily.

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