& de la leur. Il st vrai qu'on peut mettre dans le rang des dépenses extraordinaires celles qui étoient propofées par le miniftre de la marine. Cete iftinction a été l'objet d'une lettre du roi, où il fe plaint affez amérement de ce que c'eft l'Affemblée Nationale elle même, & non. pas lui, qui ne fuit pas les formes conftitutionnelles. It entre dans d'affez longs raifonnemens pour le lui prouver. L'Arfemblée a renvoyé la lettre au comité de légiflation, & en a ordonné l'impreffion. Ce fcrupule avec lequel le roi paroît s'attacher à la lettre de la Conftitution, eft une nouvelle preuve de la fincérité de fon adhéfion qui doit excufer, aux yeux des plus zélés patriotes cette teinte d'humeur contre le pouvoir législatif, dont la lettre paroît empreinte. On a fait la lecture d'une adreffe du département de Loire & Cher. Il paroît que le veto royal du décret fur les émigrés n'a pas fait illufion à ce département. Un veto appliqué à une loi de circonftances, & qui perd fon effet par cela feul que fon exécution fouffre des retar demens, eft au jugement de l'adminiftration de Loire & Cher, une terrible responsabilité morale dont le roi s'eft chargé. Cette premiere mesure du pouvoir exécutif femble en faire redouter une femblable au sujer du décret concernant les prêtres infermen tés, & les troubles religieux qu'ils fufcitent. L'adreffe rappelle une vérité, & paraphrafe les termes de M. Condorcet, qui a dit que le royaume fera paifible lorsque le roi & fes miniftres le voudront. Perfidie, ignorance, impéritie, voilà jufqu'ici, ajoute l'adminiftration de Loire & Cher, le caradere des miniftres. Sans fe permettre de réflexions fur cette maniere de fi obferve que ce gnaler les miniftres, département de Loire & Cher tient un el vigilant & févere fur ce qui fe paffe. Trois jours de la femaine font confacrés à Ja difcuffion fur les finances, dont l'Assemblée regarde le bon ordre comme le palladium de notre liberté, & la bafe fur laquelle repose le falut de l'Empire. M. Cambon a préfenté le tableau de l'état actuel de l'émiffion des affigrats, de celui des liquidations ou déjà pavées. Ou fulement décrétées des beloins de l'Etat pendant l'année 1792, des refsources extraor di aires qu'il falloit le ré erver. Il en a conclu la néceffité de porter à cent millions de plus la maffe des affignats circulans, de ne plus les employer qu'aux liquidations dont le peu d'aifance des propriétaires ne permet pas de retarder le paiement, de donner aux autres des referiptions portant 4 pour 100 d'intéêt, dont les remboursemens ne commenceront qu'au 1er. Janvier 1792, & de prendre des mesures pour qu'un état exact de la dere & des refources fût mis fous les yeux de la Nation avant le 1er. Mai 1792. * M. Brillot, en faisant paroître fur la fcere, avec un nouvel éclat & cette force de logique qui caractérisent les difcours, les vues de M. Claviere fur la fufpenfion des liquidations de la dette contentieuse, a montré à PAffemblée l'abyme où iroient s'engloutis & les affignats & les domaines nationaux, fi, à l'exemple du comité de l'Affemblée Nationale Conftruante, elle continuoit de s'abandonner à des liquidations incertaines & ténébreufes en faveur de ceux qui ont été les fang-fues du Peuple ou fes tyrans. C'est ainsi que plus de 80 millions, pour des paiemens de brevets de retenue, ont déjà paflé à Cablence, à Bruxel les ou à Worms, entre les mains des contrerévolutionnaires. N'eft-il pas jufte, en effet, de continuer les rembourfemens des créances populaires, plutôt que des créances patriciennes? S'i l'Etat à des dettes qu'il doive regar der comme facrées, n'est-ce pas envers cette claffe indigente du Peuple que la fuppreffion des jurandes & des maîtrifes a jette dans un extrême befoin? Sufpendre les liquidations pour les riches les accélérer pour les pauvres & en attendant qu'on ait rétabli l'ordre dans les liquidations, laiffer courir les intérêts pour tes créanciers dont la dette eft conftatée: tel les font les mesures propofées par M. Briffor, Pourroit-on vouloir défigurer fous le nom de banqueroute une opération que réclame la juftice & que commande le falut du Peu ple, comme le difoit cet orateur? Pour être loyal, un peuple a besoin d'être sévere, & du moment où il ceffe de l'être, le brigandage dans les finances devient plus odieux encore que fous le defpotifme. Ceux qui fe plaindroient des mefures propres à porter le flam beau dans le labyrinthe des créances contrac tées fous le régime miniftériel, font des voleurs qui fe plaindroient de ce qu'on perce les fo rêts & de ce qu'on les éclaire. Chez un peu ple libre, le Gouvernement doit être pauvre & les citoyens aifés. Chez nous, c'eft préci fément l'inverfe. Ces idées, développées par M. Briffor, fe feront mieux fentir à melure qu'on connoîtra mieux la fauffété & le danger du principe trop longtems confacré par les écrivains voués aux Cours, que la fplendeur d'un Etat doit fe mefarer fur celle du trône. Certainement ce ne peut être un moyen de rétablir des finances ruinées par le fafte & les paffions d'une Cour corrompue, que de differ B $ toujours une difproportion choquante entre la fortune du Peuple & la fomptuofité du Gou vernement. M. Briffot a ajouté à la difcuffion divers épisodes fur les finances. Une mefure digne de fixer l'attention de l'Affemblée, c'est de décréter une monnoie courante de petit affignats de 10 & de 20 fols. Il faut bien, en effet, fe mettre dans l'idée que le numéraire réel, foir qu'il ait paffé dans les pays étrangers avec les émigrés, foit que la crainte le tienne caché, ne reparoîtra pas de quelque tems. Il faut donc le remplacer par un numéraire fictif, capable de remplir les mêmes befoins, & de fatisfaire au cours journalier des affaires. On n'a pas à craindre le défaut de crédit pour ces petits affignats, puifque ce même crédit fe foutient pour des affignats bien plus confidéra, bles qui abforbent une plus grande hypothéque de biens nationaux. On a vu nos manufactures fe ranimer par les affignats de cent fols: on verra de même renaître la facilité des échanges dans les plus petits détails du commerce par la fabrication d'affignats qui correfpondront à ces mê mes détails. Qui ne fent d'ailleurs, que c'eft le ( moyen le plus fimple de faire rentrer dans leurs caies refpectives cette multitude de billets pa Briotiques auxquels le befoin, plus impérieux que la crainte , a donné cours, & qu'il ac crédite encore. On ne verra plus des particu liers s'arroger le droit de battre monnoie lorf que le Gouvernement aura pourvu aux befoins du Peuple par une monnoie, fictive à laquelle il aura imprimé un type qui en affurera la validité, & en préviendra la contrefaction. Telles font les idées de M. Briffot, autant du moins qu'une lecture rapide a permis de les faifir. La néceffité de mettre un ordre nouveau dans les paiemens de la caiffe de l'extraordinaire, & de perfectionner la diftribution de notre numéraire eft généralement fentie, & on doit espérer que l'Affemblée Nationale prendra inceffamment des mefures fages fur ces deux objets, d'où dépend le falut public. M. Poupart Beaubourg écrit aujourd'hui à l'Affemblée pour défavouer la lettre quï a été lue hier comme émanée de lui. II convient en effet avoir écrit à M. le préfident; mais fi la lettre qu'il a écrite eft celle qu'on a lue hier, elle a été, dit-il, étrangement altérée. Il repouffe toute complicité dans l'affaire de M. Varnier. Celui-ci écrit auffi à l'Af femblée pour demander qu'on lui permette au moins de lire les papiers publics, & d'écrire à fa mere. Sur ces lettres, l'Affemblée eft paffée à l'or dre du jour. M. Péricot a été proclamé second procura teur national. Du 24 au foir. M. Merlin a' lu à l'Affemblée une lettre trouvée par un marinier dans un bateau qui paffoit fur le Rhin pour aller à Treves; elle étoit adreffée à M. de Calonne, à Coblence, Par cette lettre, M. Delattre, profeffeur en Droit de la faculté de Paris, annonce à M, Calonne que, fon âge ne lui permettant plus de fervir fes projets pour la délivrance du roi, il lui envoie fon fils unique, qui fe`confacrera tout entier à la bonne caufe. M. Delattre, mandé fur le champ, comparoît à la barre. Interrogé par M. le préfident, il répond avez beaucoup de fang froid & de calme. Il convient d'avoir écrit, figné & adreffé à M. Calonne la lettre qu'on lui repréfente. |