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changemens, on l'arrêta définitivement. Le ré glement détermine l'endroit où la commiffion, tiendra fes féances le nombre des commiffaires, leurs pouvoirs & les bornes où ils feron: renfermés, leurs devoirs, leur jurifdic tion, l'ordre que la commiffion fera tenue d'obferver, fes obligations envers la Diete, fes rapports avec le Straz, fa conduite envers les autres magiftratures ou commiffions enfin le ferment à prêter par les commiffaires Après qu'on eut achevé cette délibération, on en vint à celle fur la vente des ftarofties qui ne fe termina point de même. Les débats furent encore très-vifs & foutenus; plufieurs membres réclamerent le droit de propriété, garanti par la nouvelle Conftitution; de ce nombre fut le plus proche parent du roi. Enfin on renvoya le projet aux dépu tés du comité de Conftitution, pour le corriger à plufieurs égards.

Si la vente des ftarofties a lieu, il fera créé des billets de crédit qui circuleront à l'imitation des affignats en France. Le projet qui en a été formé eft prefqu'entienement cal qué fur les décrets de l'Affemblée Nationale Françoife.

Dans les dernieres féances de la Diete, il Fut réfolu de fignifier au fous- général de la Couronne, M. Rzewuski, & au grand-géné ral d'artillerie comte Potocki, abfens fous prétexte de fanté, mais qui ne s'occupent qu'à répandre leur mécontentement fur la nouvelle Conftitution, qu'ils doivent, dans l'efpace de trois mois, rentrer dans le royaume, pour y reprendre les fonctions de leurs charges, & prê fer, en qualité de militaires, le ferment conftitutionnel. Leur refus fera pris pour rebellion, & la peine prononcée en pareil cas jeur fera infligée.

paroft qu'en Pologne on ne fait pas tant de façons qu'en France, pour condamner les fonctionnaires émigrés.

Il vient d'arriver une réponse de la Cour de Saxe à la note du 22 Septembre dernier. L'électeur n'y détermine encore rien de pofitif fur l'acceptation de la couronne; mais il propofe à la Diere d'envoyer des députés à Drefde pour y ouvrir des conférences avec fes miniftres fur quelques articles de la nouvelle Conftitution. On entrera enfuite en négociation fur les Pada conventa.

Plufieurs courriers nous ont apporté la nou velle de la mort de prince Grégoire Potemkin, le Taurien, décédé à 35 werfiles de Jal fy, dans la 52e. année de fon âge.

Ce prince defcendoit d'une famille polonoife. Il étoit feld maréchal & commandant en chef de toute l'armée ruffe, chef de toute la cavalerie, tant réguliere qu'irréguliere, chef des flottes des mers d'Afow, Cafpienne & Noire, fénateur & préfident du college de guerre, gouverneur-général de Catharinoflow de la Tauride, adjudant-général chambellan actuel de S. Maj. Imp., inspecteur général de toute l'armée, colonel des Gardes-du-Corps de Preobafchinki, chef du Corps des cheva liers & d'un régiment de cuiraffiers de fon nom, chef des dragons de Pétersbourg & des grenadiers de Catharinoflow, chef de toutes les manufactures d'armes & des fonderies de canons, grand- herman des Cofaques Ruffes & de ceux de Catharinoflow & des environs de la mer Noire, chevalier de l'Ordre impérial Ruffe de St.-André, de ceux de St.-Alexandre Newski, St. George, St.-Wlodomir de, la P emiere claffe & de Ste.-Anne de l'Ordre Pruffien de l'Aigle Noir des Ordres Pos

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Fonois de l'Aigle Blane & de St.-Staniflas ainfi que de ceux de l'Eléphant & des Séra phins, l'un Danois, l'autre Suédois.

C'est le 16 Octobre, vers le midi, que ce prince mourut des fuites d'une fievre putride dont, quelques femaines auparavant, il avoit été attaqué à Galacz. Croyant que l'air de Jaffy lui étoit mal-fain dans l'état où il fe trouvoit, il quirta cette ville le 15, pour fe rendre à Nikolaefka fur le Bog; mais à peine eut-il fait environ 35 werftes fur le chemin de Bender, qu'il fe plaignit de violentes douleurs dans le bas - ventre caufées apparemment par la gangrene qui avoit attaqué les entrailles; il dit ne pouvoir plus en dures le cahotage de la voiture defcend, & comme il n'y avoit point d'habitation à l'entour, fe couche par terre fur le ventre & expire quelques minutes après entre les bras de fa niece, époufe du grand - général polonois: Branicki. Dès que celui-ci eut reçu cette trifte nouvelle, il partit d'ici pour aller trou ver fon époufe, qui eft fille de la fœur du défunt. On porte fa fucceffion à 30 ou 40) millions de roubles. La feigneurie de Smila en Pologne, qui en fait partie, comprend au delà, de 30,000 payfans.

Lorfque le corps de ce prince fut ramené à Jaffy, les troupes ruffes qui y font en quartier, témoignerent combien elles regrete: toient un chef fous lequel elles étoient ac-coutumées à vaincre, à fupporter fans murmures toutes les fatigues de la campagne, & à affronter tous les dangers. La veille de fa mort, il écrivit encore une affez longue lettre à l'impératrice, de laquelle il venoit de recevoir un cachet très précieux & richement garni. de brillans.

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On dit que ce prince étoit à la fois un grand homme d'Etat & de guerre, dont les Tumieres égaloient la valeur. Il est certain du moins que toutes fes entreprises contre les Turcs, ont été couronnées d'une fuite de victoires.

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Au degré de puiffance & de gloire où il étoit parvenu, nous avons toujours pensé qu'il méditoit de joindre à fes lauriers le fceptre des rois. Comblé d'honneurs & de richeffes adoré des foldats, dont il paroît pouvoirdifpofer, Potemkin, s'il avoit furvécu à sa fouveraine, fe feroit créé un royaume, de la Tauride ou des Géorgie..

ALLEMAGNE.

HAMBOURG (le 10 Novembre ). On eft Turpris de ce que le Corps du général HohenJoe, compofé de trois régimens d'infanterie, d'un bataillon de grenadiers & d'un train d'artillerie, foit encore fur le pied de guerre. Les gazettes affurent que ce n'eft point pour les affaires de France que cette divifion refte toujours prête à marcher : il a donc une autre deftination fecrette. Gare la Pologne.

BERLIN (le 20 Novembre ). Nouveau miniftre des finances, M. Struenfée, qui a auffi le département des fabriques, a formé le plan d'élever des magafins de matériaux qui leur foient propres à la proximité des atteliers & des manufactures. Il y aura un dé. pôt de laines à la portée du plus grand nombre de fabriques qui travaillent en étoffes. Il y aura de même des magasins de lin, Jà où l'on s'occupe le plus de cette filature, & ainfi des autres objets. Par là, les ouvriers auront fous la main les matieres premieres, & pourront même obtenir des avan

ces proportionnées à leur bonne conduite. Un autre projet propofé au roi ne préfente pas moins d'utilité: c'eft de rendre les peines d'arrêts ou d'emprisonnement dans les fortereffes fructueufes au public. On y emploiera les détenus, fuivant leurs talens ou leur intelligence.

Le miniftre d'Etat, comte de Hertzberg, après avoir publié fon dernier difcours aca démique fur les révolutions des Etats (dont nous avons parlé ), vient également de mettre au jour deux pieces académiques non moins intéreffantes. Ce font les deux differtations dont ce miniftre avoit fait lecture dans les féances publiques de l'académie de Berlin, aux jours anniversaires de la naiffance du roi, en 1789 & 1790. Ne pouvant donner une analyfe fuivie de ces deux pieces, nous en annoncerons au moins l'objet. La premiere de ces differtations tendoit à prouver que le Gouvernement Pruffien n'eft pas defpotique, comme on a l'injuftice de le croire dans les pays étrangers. On y trouve le plan ou modele d'une monarchie extrêmement tempérée par des Corps intermédiaires qui bornent l'autorité fupérieure, fans la contrarier > fans lui réfifter avec violence ni la gêner dans fes mouvemens, lorfqu'il est question du bien général. Dans la feconde differtation, fur la nobleffe héréditaire, l'auteur, s'appuyant du principe connu de Montefquieu, prouve qu'un Corps de nobleffe héréditaire eft de l'effence d'un bon gouvernement monarchique. En général, il démontre de la maniere la plus convaincante, ( s'il étoit poffible de révoquer cette vérité en doute) que la monarchie eft la forme de gouvernement la mieux appropriée au bonheur, au repos & à la prof

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