Page images
PDF
EPUB

SUEDE.

STOCKHOLM (le 20 Odobre). Quoique cette Cour fçache, à ne plus en douter, que le roi des François a accepté & folemnellement confirmé la Conftitution décrétée par l'Affemblée Nationale, il paroît qu'elle tient encore à des projets qui continuent de l'occuper fans diftraction, & les apparences indiquent même que l'on agit ici de concert avec la Ruffie.

Ces apparences font les courriers qui font expédiés à Pétersbourg, & qui en reviennent avec des dépêches. C'est une longue conférence que le roi a eue le 17 avec le comte de Stackelberg, ci-devant ambaffadeur de l'im pératrice à Varfovie, & qui continue de réfi der ici de fa part, quoique n'ayant aucun caradere public, & il n'eft pas indifférent de fe rappeller que fon fils a accompagné le prince de Na fau-Siegen à Coblentz.

On remarque furtout qu'à l'iffue de cette conférence qui eut lieu à Drottningholm, des courriers furent expédiés à plufieurs Cours & que le comte de Wachtmifter, fénéchal du royaume, eut une entrevue féparée avec chacun des miniftres étrangers qui réfident ici, pour leur faire, comme on eft fondé à le croire une communication officielle. Tout cela fe combine avec l'arrivée de M. d'Efcars, qui venant de Coblentz par Berlin & Stralfund, eft chargé d'une commiffion de M. le comte d'Artois. On penfe qu'il féjournera ici jufqu'au retour du comte de St. - Prieft, qui, de fon côté, a diplomatiquement manoeuvré à Péterf bourg.

La Cour s'eft délaffée de ces occupations férieufes par des fêtes qui ont été données les jours de l'anniverfaire de la naiffance du duc de Sudermanie, & de la princeffe Ak

bertine. Le roi a faifi cette occafion pour faire préfent du château de Bellevue avec le parc qui en dépend, au prince fon frere & du domaine de Swartio à la princeffe fa foeur.* DANEMARCK.

[ocr errors]
[ocr errors]

en

[ocr errors]

COPENHAGUE ( le 26 Octobre ). La Cour vient de recevoir de Stockholm l'importante nouvelle que les négociations tamées entre la Ruffie & la Suede depuis le retour de S. Maj. Suédoife d'Aix-la-Chapelle viennent de fe terminer par une alliance formelle en faveur des princes, freres de S. Maj. Très-Chrét., pour leur rétabliffement & celui de la nombreuse nobleffe qui les a fuivis dans les pays étrangers. La convention en a été fignée à Stockholm le 19 de ce mois. Les miniftres de ces deux Cours maintenant alliées, & celui d'Espagne ont infifté de tems en tems près du comte de Bernstorff, miniftré des affaires étrangeres, pour que la nôtre s'expliquât pareillement fur fa façon de penfer par rapport à la fitua tion de S. Maj. Très-Chrét., & aux inftances des princes, fes freres ; mais M. de Bernstorffs'eft toujours contenté de leur répondre « qu'on devoit préalablement attendre quels feroient les fentimens de l'empereur à cet égard »; réponse d'où l'on peut conclure que le Danemarck, comme tel, ne fe croit nullement autorisé à intervenir dans les troubles domekiques d'une nation étrangere, & qu'en tant que, pour les poffeffions du Holftein, S. M. Danoife eft membre du Corps Germanique elle a jugé ne pas devoir embraffer d'autre. fyftême que le chef de ce Corps & les membres de l'Empire. Notre Miniftere a donc ac cepté la communication qui lui a été faite ees jours-ci, par le fecrétaire de la légation

de France. Celui-ci a remis à M. de Bernstorff une lettre de S. M.T.ès-Chrét. adreffée au roi 2 & po tant qu'Elle avoit accepté la nouvelle Conftitution dans toutes fes parties, fans réserve, &de fon propre mouvement.

Des lettres de nos ifles aux Indes Occidentales nous apprennent qu'un ver inconnu en, core dans l'infectologie s'eft introduit dans les cannes à fucre, & y a fait de grands ra vages.

POLOGNE.

VARSOVIE (le 20 Octobre ). La réunion propolée des deux commiffaires du tréfor de Pologne & de Lithuanie fut l'objet des délibérations de la Diete aux féances des 14 & 17 de ce mois. Ce projet rencontra de fortes oppofitions de la part de plufieurs députés de Lithuanie, qui voudroit toujours fe confidérer comme un Etat diftin&t de la Pologne. Quoique la majeure partie de la Diete opinât pour cette réunion, le roi prit la parole pour inviter les Etats à ne pas prendre encore une réfolution fur un objet qui trouvoit tant de réfiftance; afin de rapprocher les efprits, il confeilla de faire choix d'un nombre égal de miniftres de la province de Lithuanie & de la Couronne, pour l'adminiftration d'un tréfor réuni. On parut goûter ce projet, & il fut réfolu d'en délibérer plus particulierement dans les feffions provinciales. Sa Majefté, én terminant fon difcours, exhorta les deux partis à l'union & à la concorde dans un tems où la patrie eft menacée d'un orage, & où l'Etat ne peut réfifter aux attaques qu'on peut lui livrer, qu'en réuniffant toutes les forces, & en reffe rant tous les liens de la frarernité.

Il fe forme dans les provinces des fociétés des amis de la Conflitution. Ces foyers de pa

triotisme, fi favorables aux progrès de l'efprit public & à la profpérité commune, prennent de la confiftance malgré les efforts de leurs dé racteurs. Ces établiffemens deviennent d'autant plus néceffaires, qu'une Puiflance voisine s'occupe des moyens d'ébranler la Conftitution. On eft certain que la Ruffie n'approuve point plufieurs articles qu'elle dit être contraires aux conventions faites entr'elle & la Pologne: c'eft déclarer nettement qu'elle n'entend pas fe laiffer limiter dans fes relations avec la république par la nouvelle Conftitution. Mais des Conventions faites par la force des armes & de l'intrigue font-elles donc obligatoires pour une nation qui, afin de jouir de fon indépendance, vient de fe donner de nouvelles loix ? Cette question, toute décidée par le droit naturel des peuples, fera difcutée à coups de fabre par les Ruffes, qui, affez malheureux pour n'avoir aucune notion du doux nom de patrie ne connoiffent & n'exécutent que les volontés fouveraines de la princeffe qui les gouverne. Ces volontés influent également fur la Cour de Drefde, & c'eft là le principal motif qui fufpend l'acceptation de l'électeur de Saxe.

ALLEMAGNE,

HAMBOURG ( le 30 Odobre). On fçait qu'avant le départ de l'empereur pour Prague il fut figné à Vienne, par le chancelier prince de Kaunitz & le général-major de Bifchofswerder, une convention qui devoit fervir, de bafe à un traité d'amitié entre les Cours de Vienne & de Berlin; mais comme, depuis cette - époque, l'opinion s'étoit généralement accréditée en Allemagne, que des liaifons fi peu attendues d'après les événemens des dernieres années fe fcelleroient par un confentement réciproque à certains échanges, notamment à

A $

[ocr errors]

celui de la Bavière, le baron de Jacobi, miniftre de Pruffe, a remis dernierement au prince: de Kauni z une note, « pour propofer, de d: la part de Sa Majefté Pruffienne, que les deux Cours s'eng.geroient mutuellement à prendre la garantie de la Conftirution Germanique & des droits de l'Empire pour une des bafes de leur future alliance ».. Certe propofition a d'abord été agréée par le miniftre autrichien, & une contre note que le prince de Kaunitz a remife à M. de J cobi. en contient la déclaration. Les deux Cours font convenues en même tems, d'informer de ces fentimens toutes les autres Cours de l'Empire, & de faire tomber ainfi les bruits: d'après lefquels on. auroit Pu s'alarmer pour la liberté de l'Allemagne. Le Minifte re Pruffien s'eft empreffé turtout de défa bufer la Baviere à cet égard; & de fa part 1, il a été formellement déclaré à Munich « que Sa Majefté Pruffienne a appris avec un senfible déplaifir que le bruit d'un nouveau pro jet d'écharger la Baviere,, comme le réfultat: de la convention conclue à Pilnitz entre l'em pereur & le roi de Prufe, commençoit fe répandre, dans l'Empire & à y trouver des la croyance, que Sa Majesté devoit faire con: tredire formellement ce bruit malicieufement inventé, puifqu'elle ne fe départiroit jamais: des engagemens de la paix de Tefchen, ni de la Ligue Germanique; enfin qu'elle était convaincue que ce bruit & d'autres faufletés de la même efpece tomberoient d'eux-mêmes; auffi-tôt que le public auroit, appris que les haifons au fujet defquelles on avoit mat à propos conçu des alarmes, avoient, précisés ment pour objet & pour condition le main tien de la Conftitution: Germanique &

« PreviousContinue »