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tres de ces Cours refpectives, ainfi que d'en faire donner ici par leur greffier connoiffance à Mylord Spencer, miniftre plénipotentiaire d'Angle erre, à M. de Blifinger; chargé dès affaires de Pruffe, & à M. de Buol, chargé des affaires de l'empereur.

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PAYS-BAS.

BRUXELLES (le vo Novembre). Les Etats de Brabant paroiffent être dans une entiere apathie. L'acte de juftice qui a été exercé contr'eux par le Con ei fouverain de cette province, n'a pu leur deffiller les yeux, nt les porter à l'aplaniflement du différend qui s'eft élevé, & auquel on avoit fi peu lieu de s'atter ire. La mantere lente & légale avec laquelle on procede à cette affaire montre autant de modération & de fagefie d'une part, qu'il y a de préfomp ion & de hardieffe de Tautre. Le fubftitut procureur général de S. M., procureur-général de Leenheer, qui s'étoit mis en devoir de biffer fur les regiftres de l'hôtel-de-ville en vertu de la fene ce du Confeil fouverain de Brabant, les proteftations des Etats de cette province contre la légalité de ce tribunal fupérieur, n'a pu encore le faire. Cette obftination des Etats & les fuites qui en peuvent réfulter, excitent généralement l'at tention.

Il n'eft pas aifé de prévoir quelle fera lif fue de cette réfiftance des Ecats qui ont, dit-on, un parti plus formé & peut-être plus nombreux qu'on ne le penfoit. On en cite pour preuve que, dans le Gouvernement même on trouve des gens fufpects, & qu'on vient de priver de leurs places plufieurs membres de la chambre des comptes, quoiqu'ils les euffent obtenues depuis la contre-révolu

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tion, à la recommandation des chefs mêmes du Gouvernement, leurs protecteurs. Aufli les Etats paroiffent-ils difpofés à tenir ferme.

Dans ces circoftances, on répand différens bruits. On dit que les dragons de la Tour, trop familiariés avec les bourgeois de cette ville vont aller à Tournay, & feront remplacés ici par des Allemands; que chez un menuifier de nos environs, on a déterré un canon de gros calibre, très enfoncé fous terre; que dans un Couvent d'Anvers on a découvert des canons, d'autres armes, & des drapeaux patriotiques qui y étoient cachés.

Ces jours derniers, à Wavre, à quelques lieues d'ici, un Carme s'eft avifé de prêcher à fes auditeurs l'obéiffance au fouverain, principe bien opposé au fyftême monacal belgique. Ce religieux, à peine rentré dans fon couvent, a été prefque affommé par les confreres, qui fe font répandus en propos à cette occafion. On a fait partir un détachement chargé de rétablir l'ordre dans ce monaftere. Un ordre dont on et bien certain qu'il s'acquittera celui de vivre à difcrétion

exactement,mel. Le foldat qui n'ai

aux frais du

me que plaies & boffes, regarde les détachemens de ce genre comme des aubaines.

BOUILLON (le 15 Novembre). La province de Luxembourg eft, depuis un tems imm morial, vexée, déchirée par une multitude de procès éternifés par les formes, & ruineux par les frais exceflifs qu'ils entraînent. C'est dans la vue de remédier aux abus nombreux qui entravent l'adminiftration de la justice, que M. J. F. Guillaume, avocat réfidant à Tintigny vient de faire imprimer à Bouillon un 04yrage fous ce titre Effai fur l'adminiftration

me,

de la juftice dans la province de Luxembourg, adreffé à S. M. l'empereur & roi. L'auteur guidé par fa confcience & par les lumieres de l'expérience, expofe d'abord tous les abus qui dégradent la dignité du pouvoir judiciaire, & font perdre tous les fruits que l'on eft en droit d'en attendre. Il n'oublie pas ces juges du platpays, nommés par la faveur ou par l'intrigue. « Quelle juftice, dit-il, peut-on efpérer d'un juge qui ne connoît pas la juftice? Quelle idée Concevoir de la probité d'un homme, qui se mêle de ce qu'il ne connoît pas, d'une matiere auffi importante que celle où il s'agit de déci der du fort, de la fortune & de l'honneur de fes femblables»? Ces queftions le conduifent à la propofition de balayer les campagnes de tous les juges ineptes qui font le malheur des plaideurs & la honte du barreau. M. Guillauen adoptant une partie du plan de l'empereur Jofeph II, en écarte tous les inconvéniens. Il demande pour les gens de la campagne les droits justement réclamés par quantité de Communautés ; & après avoir propofé un expédient fûr pour prévenir une bonne partie des procès, il s'attache à démontrer par des tableaux comparatifs qu'une cause inftruite fuivant fon plan ne confommeroit pas la moitié du tems & des frais d'une procédure conduite fuivant les formes actuelles, & que cependant cette caufe feroit mieux plaidée & jugée qu'elle ne l'eft à préfent. Il établit enfuite les changemens qu'il propofe, par les principes mêmes, les titres & les moyens dont il fembloit qu'on auroit pu fe prévaloir pour les empêcher. Enfin il a grand foin de former lui-même les objections que l'on pourroit faire contre fon projet, & il nous paroît qu'il les réfute victorieulement. Le zele & le talent de M.

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Guillaume font d'autant plus dignes d'éloge qu'il arraque lui-même les abus de fa profeffion, dont il demande la réforme, & que partout il respecte les loix de fon pavs, les mœurs & la religion. On peut en juger par la lecture de fon ouvrage, que nous regardons comme la production d'un bon citoyen.

Quel peuple a plus de fujet d'efpérer l'extirpation des abus qui nuifent à fon bonheur, que celui qui vit fous la domination de Léopold, de ce prince dont les loix adminiftratives de la Tofcane ont fait l'admiration de l'Europe? Le pays de Luxembourg a donc le droit de s'attendre à une réintégration qui s'opérera fans fecouffes, fans commotions, & par la feule volonté d'un fouver.in qui, chériffant tous les principes de la juftice, tous les droits de l'humanité, doit identifier la profpérité de fon regne avec la félicité de fon peuple.

La frégate la Cybele, commandée par M. Saint-Félix, & partie de Breft le 26 Avril dernier fe trouvoit le 14 Juillet en rade de l'Ile de France. M. Littré, caporal de la marine, qui, dans une lettre rrès-bien faire, rend compte de la maniere dont l'anniverfaire de la fédération a été célébré fur ce vaifleau, dit que le vent qu'ils avoient debout depuis 15 jours, ayant changé l'après-midi, il a conçu l'idée d'une chanson qui a été dansée le soir autour du cabeftan.

En offrant à nos lecteurs cette chanson plus riche en patriotifme qu'en times, nous croyons pouvoir les égayer conftitutionnellement. Elle fe chante fur l'air Allons donc, Dame Francoife.

Voici la nuit qui s'avance.
Elle couvre l'horizon;

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Freres, vite ouvrons la danfe
Par des coup ets de chanfon.
Voici la nuit, &c.

Le vent nous étoit contraire,
Le voilà devenu bon;

Aujourd'hui tout nous profpere.
Heureufe fédération!

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Jadis fur de vieilles vltres
Un noble fondoit fes droits;
Un caillou caffe les titres :
Voilà le noble aux abois.
Aufli fur de vieilles vitres
Pourquoi donc fonder fes droits?

Un comte avoit fa nobleffe
Bien roulée en parchemin;
Un maudit rat, piece à piece
A rongé tout le vélin.
Pourquoi, Diable! fa nobleffe
Eft-elle de parchemin ?

Qu'un même efprit nous anime,
Nous anime pour le bien;
C'eft à la haine du crime

Qu'on connoît le citoyen.

Qu'un même efprit nous anime, &c.

Nos droits font dans la nature,
La raifon les recouvra;

Ils ne craignent pas l'injure
D'un coup de vent ni d'un rat;
Mais auffi c'est la nature
Qui dans nos cœurs les grava.

Si, par hazard, fur la terre

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