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mes de toute efpece, & de munitions. La ville eft maintenant tranquille.

Le bruit te répand & s'accrédite, qu'il fe fait des exportations de bled en pays étranger; qu'il fe fait des aceapart mens dans quelques départemens, furtout dans le Soiffonnois. On impute ct acc parement aux contre révolutionnaires, ainfi qu'il eft d'uf ge; mais un de nos correfpondans penfe qu'on leur impute plus de mal qu'ils n'en peuvent faire. Il lui femble que cet accaparement ne peut être attribué qu'à l'avidité du gain. En voici la fource à laquelle on ne prend pas la peine de remonter. Une foule de compagnies font l'échange des affignats contre des billers de confiance. On ne doit pas croire qu'elles fort gratuitement des frais de bureau & d'impression de billets. Ne pouvant fe dédommager qu'en faifant valoir les affignats, leurs fpeculations. fe portent fur le bied, le vin, le fucre, le café, dont elles achetent pour plufieurs millions. Voilà ce qui donne lieu au renchériffement de ces denrées. Il y a une autre caufe dans l'abondance du papier qui tient la place du numéraire car, dans tous les pays du monde, plus le numéraire eft abondant, plus les vivres font chers..

Ee plus grand tort de la municipalité de Paris eft de n'avoir pas empêché cette mutitude de papiers de toutes couleurs, en émettant elle mêine des billets de confiance. Elle auroit paré à deux inconvéniens au mono pole que l'on vient d'expliquer, & à la crainte fondée que plufieurs: fociétés ne faffent banqueroute. A ces deux inconvéniens près, on ne peut difconvenir de la grande utilité des billets de différens prix qui facilitent l'échange & la circulation can depuis plus de trois

mois, perfonne n'eft obligé d'acheter de l'ar gent. Si l'argent eft toujours cher, c'eft que le Gouvernement en fait acheter, c'eft que les émigrans convertiffent leur papier en efpeces fonnantes c'eft que des efprits craintifs aiment mieux enfouir de l'or & de l'argent que du papier. Quelque minutieufes que paroiffent ces raifons ce font cependant elles qui ralentiffent la confiance & l'affermiffement de la Constitution.

Les commiffaires civils envoyés pour opérer enfin la réunion d'Avignon & du Comtat font arrivés à Sorgues le 16 Octobre. De là ils ont notifié officiellement le décret du 14 Sep. tembre à toutes les Communes des deux Etats. Cette nouvelle a caufé la plus grande joie à Avignon, & la loi de réunion a été folemnellement proclamée par les adminiftrateurs provifoires. Cependant le fouvenir de la mort de Lefcuyer mêloit un peu d'amertume à l'alégreffe univerfelle. On fe rappelloit que ce brave patriote avoit été un des premiers auteurs de la Révolution; qu'il avoit voté le premier pour la réunion; qu'il avoit tout fait pour l'accélérer. On fe rappelloit fes facrifices pécuniaires, facrifices qui avoient ruiné fa fortune: car Lefcuyer eft mort pauvre. Ce fait eft la meilleure réponse aux calomnies des Pa piftes & des Modérés.

Il perce aujourd'hui de tous côtés qu'aucun meurtre n'a été commis dans Avignon depuis celui de Lefcuyer. Les chefs du parti popu laire, pour fauver les prévenus & les prifonniers de la fureur du Peuple, ont exprès réPandu le bruit qu'ils étoient tous égorgés, & l'abri de cette heureufe impofture ils les ont tous fait heureusement évader."

Aujourd'hui que le Peuple doit être plus cal

me, il fera aifé de lui faire approuver da parti dicté par l'humanité, & néceffaire à fon repos. Celui qui eut cette belle idée, qui fit enfoncer les portes des prifons, qui fit répandre du fang, comme fi véritablement il étoit celui des victimes dont on exigeoit le facrifice, celui-là, quels que foient les torts, les a tous expiés par une conduite à la fois fi profonde, fi politique &, fi heureufe.

Pour que cet éloge foit placé, il faut que le fait foit avéré; mais tel eft l'acharnement des deux partis, qu'il n'eft pas poffible de connoître la vérité que nous cherchons. On voit aujourd'hui dans le Mercure de France & autres papiers une lifte nominative de plus de 60 perfonnes qui ont été maffacrées après le meurtre de Lefcuyer. C'eft cette cruelle incertitude qui nous a fouvent empêchés d'entretenir nos lecteurs des troubles d'Avignon & du Comtat.

Il en eft de même de l'infurrection de Saint Domingue, fur laquelle on ne peut rien affirmer de pofitif. La lettre la plus récente de cette colonie eft datée du Cap, le 25 Septembre, & contient les détails fuivans.

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......« Tous les atteliers font en insurrection depuis le 20 Août, du port Margot jufqu'au Rocou. Les Negres ont tué les Blancs qui font restés par trop de confiance dans leurs habitations; ils ont brûlé les cafes à Blancs, à bagaffe, à fucre, moulins, cafes à Negres, & prefque toutes les cannes; ils ont pénétré dans les mornes des Ecreviffes, Sre-Sufanne, Moka, Grande-Riviere, Dondon, Limbé & Margot, où ils ont brûlé les caféteries. Les fucreries du port Margot, du Limbé de l'Acul du camp de Louife, de la plaine du Nord, du Morne- Rouge, du Haut-du-Cap 2

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du Troll, font toutes plus ou moins incendiées, d'abord par les brigands, & enfuite par les Blancs qui ont été au premier moment effrayés & qui fe font défendus en tuant beaucoup de Negres qui avoient formé des camps dans prefque tous les quartiers, avec des canons ramatlés partout. Les camps du quartier Morin & de Limonade font détruits. On attaque demain celui du Galifet, qui eft le plus fort, & qui menace même notre ville : auffi l'avons nous entourée de paliffades».

« Le Trou-Jacques, le Fort Dauphin, n'ont encore rien fouffert, non plus que la Marmelade, Plaifance, les Gonaïves, Saint-Marc & Atribonite. Les mornes du Port-au-Prince & de Léogane font incendiés; leur plaine a peu de chofe; mais ces deux villes font menacées ».

« Les Mulâtres font caufe de cette révolte; ceux du Nord l'ont préparée fourdement ; mais la voyant trop forte, its fe font joints aux Blancs. Ceux du Port au Prince l'ont alJumée ouvertement; ils veulent non feulement le décret du 15 Mai, mais encore beaucoup au delà »

«La peur a forcé les Blancs à figner un concordat très-humiliant. Il y a aufft de mauvais Blancs dans le complot ».

«Il nous faut 12,000 hommes. L'Efpagne nous refufe des fecours. La Jamaïque ne peut nous en donner étant elle-même menacée ». Nous fommes, &c. Signés STANISLAS FOACH, MORANGE ET HARDI VILLIERS.

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On écrit de la Jamaïque que plufieurs familles de Saint-Domingue s'y font déjà réfugiées, & qu'on y en attend beaucoup d'autres. HOLLANDE.

LA HAYE (le & Novembre Le prince

héréditaire d'Orange & la princeffe de Pruffe, fon époule, firent, le 2 de ce mois, leur entrée publique en cette résidence, avec beaucoup de pompe. Ces illuftres époux recurent, le même jour, les complimens de félicitations des différens Corps du gouvernement, dont les députés furent invités à dîner à la Cour. Le 3, il y eut illumination générale.

Sur une propofition du prince ftadhouder, & en conféquence des ouvertures faites par le Gouvernement des Pays-Bas Autrichiens à M. de Hop, miniftre des Etats-Généraux à Bruxelles, L. H. P. ont pris, le 22 du mois dernier une réfolution « pour charger le baron de Haeften, miniftre à la Cour de Vienne, d'affurer cette Cour que L. H. P. donneront avec la plus grande fatisfaction des preuves de leur defir fincere pour concourir efficacement à refferrer les liens d'amitié qui fubfiftent fi heureufement entre S. M. Imp. & cet Etat, ainsi qu'au maintien de l'ordre & de la tranquillité publique dans les Pays-Bas voifins, fous la fouveraineté de S. Majefté & le Gouvernement de Bruxelles ; & qu'au cas que S. M. Imp. jugeât convenable de prendre de concert quelques mesures communes pour remplir ce but, L. H. P. font difpofées, de leur côté, à entrer en né gociation à ce fujer en tel endroit que S. M. Imp. choifiroit à cet effet s'affurant que le voifinage des deux Etats & la parité des circonftances où ils pourroient fe trouver tous les deux, demandent des mefures réciproques ». Il a été arrêté en même tems « d'envoyer copie de cette réfolution aux miniftres de L. H. P. à Bruxelles, à Londres &

Berlin, pour en communiquer le contenu de la manière la plus confidentielle aux minif

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