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détails, & de plus amples éclairciffemens ne peuvent être confiés au papier; qu'il vous fuffile dêre fûr qu'il aura fon exécution».

« Arrivez pour en feavoir davantage, ou même pour être tranquille; il eft plus que probable que la France & fa capitale ne le feront pas longtems ».

La lettre dont on vient de préfenter la substance a été publiée avec beaucoup d'autres pieces de la correfpondance interceptée des émigrans, à la tête de quelles nous placerons les lettres des princes, freres du roi, aux officiers & foldats fideles du régiment de Vexin.

<<< La marque de fidélité, Meffieurs, que Vous venez de donner au roi nous a fenfiblement touchés, & nous ne doutons pas que S. Maj. ne le foit autant que nous. Il feFoit difficile que nous reconnussions pour régiment de Vexin d'autres que vous, & ceux de vos camarades & de vos foldats qui fe joindront à vous: auffi c'eft avec un vrai plaifir que nous vous accordons la demande que vous avez formée à cet égard. La devife que l'on lisa déformais fur vos drapeaux ( pro Deo & rege), exprimera en même tems, & les motifs qui vous ont guidés, & l'époque mémorable de votre fortie de France; elle vous fait contracter un grand engagement; mais on peut en contracter fans peine, lorfqu'on eft auffi fûr que vous de le bien remplir. Soyez perfuadés, Meffieurs, de nos bons fentimens >>

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Lettre de Louis-Jofeph de Bourbon aux mêmes.

« Votre conduite, Meffieurs, mérite les plus grands éloges, & l'intérêt que je prends à Pinfanterie françoife me fait voir avec le plus grand plaifir les fentimens d'honneur qui dé

Terminent prefque tous les officiers à réparer, autant qu'il eft en eux, les tort de leurs foldats. Je fuis enchanté, fr j'ai pu contribuer à vous faire obtenir ce que vous defiriez ; affurément rien n'est plus jufte. Vous aurez fürement grande part, Meffieurs, au fuccès d'une entreprise dictée par l'honneur, commandée par l'attachement au roi, & dirigée par la fageffe & la fermeté de Monfieur & Monfeigneur comte d'Artois. J'efpere, Meffieurs, que vous rendrez juftice à tous les fentiens d'eftime & d'intérêt que m'inspirent le Corps actuel du régiment de Vexin, & chacun de vous en particulier.

P. S. « Le foldat a 15 fous par jour, avec un fupplément pour les fous-officiers. On tient compte à tous de leur maffe, & des effets perdus. Le traitement de l'officier eft de 80 livres par mois pour tous les grades; même traitement pour le chirurgien-major

Par une autre lettre on voit un échansillon des finances de fa Nobleffe fugitive. Cette lettre eft de Mme. la comteffe de Valon née comteffe d'Erlach. L'amazone contre-révoJutionnaire écrit de Mons, le 15 Octobre, à 、 un abbé, fon agent, qu'elle eft à fon dernier louis; qu'elle ne peut trouver un fol à emprunter; qu'elle a vendu fes diamans; qu'elle le prie de lui procurer quelqu'un qui veuille bien lui prêter 100 louis ou 1000, écus; qu'elle paiera l'intérêt auffi cher qu'on voudra, que M. Laqueuille lui-même ne peut rien trouver à emprunter. On cite une lettre écrite de Tourmay, le 21 Octobre par M. le marquis de *** * M. l'abbé Gauthier (toujours des abbés, dans laquelle M. le marquis, après avoir expofé à M l'abbé qu'il n'a plus que 7 louis pour lui & pour fon fils, qu'il

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doit mettre en état de fervir dans le Corps héroïque des Gardes-du Corps, le prie de lui faire paffer au plutôt so louis qu'il a fauvés de la voracité nationale. C'est ma feule reffource, écrit-il, après quoi l'honneur feul me nourrira. M. le marquis ajoute qu'ils font toujours entre le defir & l'efpoir.

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On fçaura quelque chofe de plus pofitif fur l'état des affaires, par une lettre datée du 22 Octobre, où se trouve cette phrafe remarquabie a Il eft für qu'on marchoit; il eft für qu'il y a eu contre ordre; il eft für qu'on travaille à lever l'embargo ». On cite une lettre de M. Montbas fils à fon pere, datée du 17 Octobre, où il écrit que T'affluence des émigrés eft fi grande, qu'ils font obligés de le divifer par compagnies dans les villages des environs, & qu'ils font 1200 dans l'endroit où il fe trouve.

Veut-on connoître les principes de nos gentilshommes fur l'émigration? Qu'on life le paffage fuivant de la même lettre; on fera à portée de juger du degré d'inftruction de quelques chevaliers françois : nous tranferirons fidelement & avec l'orthographe originale. « J'aurois été bien aife, dit M. Monbas fils, que mes freres les uffe fuivi, fa neft ferténement pas que la préffe infiniment pour la chofe, mais fait pour lopinion, fa neft pas ferténement que les perfonnes qui vous connéffe & qui, connéfle mes freres doute de votre façon de pencé, mais fait feufe qui ne nous connéffe pas, qui porte quelque foix des jugemens, févére; il y a fependent une chofe bien fure féque fi la chofe à lieu comme il y a parié, il faut que vous renonfié à faire rentré Alexandre aux fervice; voilà la juftice qu'il fera faite pour tout militaire qui ne fic fera pas

trouvé, daprés tout cella, feft à eu devoire ». Ces principes, ce ftyle, cette orthographe, ne rappellent-ils pas les beaux jours de la chevalerie, l'heureux tems des croifades & des ferfs, ce tems où nos chevaliers fignoient avec leur main trempée dans l'encre, les titres qu'ils obrenoient à la pointe de l'épée?

M. Poulain Grandprey, procureur-généralfyndic du département des Vofges, à déposé fur le bureau du directoire une lettre anonyme à fon adreffe, datée de Coblentz, le 25 Octobre. Elle eft conçue en ces termes : « 11 ne vous refte qu'un moyen d'éviter le fort affreux que vous allez fubir bientôt c'eft d'imiter la conduite du fecrétaire du département de Lyon, qui eft venu le jetter aux pieds des princes, avec fa caiffe & correfpondance du club des Jacobins ».

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On fent que la plupart de toutes ces lettres de voyageurs & autres font fouvent fabiiquées fous la cheminée; elles font en général fi contradictoires, qu'il eft difficile d'en rien conclure de fatisfaifant. Il paroît que les récits fi divers qui en arrivent ne prouvent que les efpérances ou les craintes plus ou moins exagérées de ceux qui écrivent. Le feul parti raifonnable paroît être de s'en tenir aux conjectures qu'autorifent les difpofitions connues & les mefures publiques des Puiffances, & ce réfultat doit raffurer fur les inquiétudes qu'on cherche à entretenir encore. Il eft remarqua ble que ce font les écrivailleurs brouillons & factieux qui s'acharnent à propager ainfi des terreurs fans fondement, tandis que, d'un autre côté, ils femblent appeller la guerre par les infultes groffieres & les bravades burlefques qu'ils adreffent à tous les fouverains de l'Eu

rope. On ne peut voir dans ces contradictions: abfurdes qu'un but commun qui les explique :: c'eft de mettre le Peuple en mouvement, afin d'écarter le retour de l'ordre & de la paix,. qui fera rentrer inévitablement dans les ténebres & le mépris un ramas d'inftrumens de: défordre & de fcandale, femblables à ces.fales, vermiffeaux de nos jardins qui ne fortent de: terre que dans les orages.

Tous les jours, & de toutes les parties de l'Empire, une foule de faits viennent invo-, quer la vengeance des loix contre les prêtres, féditieux; c'eft furtout dans les départemens: du Nord & du Pas-de-Calais, que leurs manœuvres ont un fuccès vraiment effrayant; ils; font tourner la tête à un grand nombre de femmes, au point que plufieurs ne veulent plus coucher avec leurs maris patriotes. L'évêque du Pas-de-Calais & plufieurs curés falariés: ont porté plainte à l'accufateur public; mais, néant à la requête, & le miniftre la laiffe: dormir. Les réfractaires du département de l'Ifere ont tranfporté en Savoie le fiege de leur domination facerdota'e, Au Pont-de-Beauvoifin prefque toutes les femmes ont transporté leurs. bancs leurs chaifes & tabourets dans la nou-. velle paroiffe étrangere établie de l'autre côté du pont..

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Les troubles qui viennent de fe manifefterà Caen, ont été excités par un prêtre nommé Bunel. Ce féditieux & fes partifans ont pro fité du départ du régiment d'Aunis pour écla-ter; mais ils ont été vaincus, comme ceux de leur parti le feront toujours. Plufieurs ont été: tués

,, un très grand nombre, qui ont tiré furla Garde Nationale, ont été enveloppés, défarmés & conduits au fort.. Is avorent fait. dans leurs maifons des amas confidérables d'ar

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