dans tous les environs de la ville d'Angers. Plufieurs membres fe font levés à la fois ; ils ont dévoilé fucceffivement des trames plus ou moins fcélérates, des horreurs plus ou moins révoltantes, des dangers plus ou moins menaçans. Partout le fanatifme diftribue fes poignards, & dirige la fuperftition vers le crime en lui montrant le ciel ouvert. L'un a raconté que dans le même département de Mayenne & Loir, on faifoit, depuis quelque tems

des proceffions nocturnes ; que le curé conftitutionnel de Jalay, à 8 lieues d'Angers, avoit été affaffiné: l'autre, que dans le département du Nord, les prêtres non-affermentés s'agitoient comme des fous: l'un, que dans le département de la Vendée, ils prêchoient que ceux qui combattroient pour la religion, feroient invulnérables: celui-ci, que dans le département de Mayenne, des prêtres conftitutionnels avoient été bloqués dans une églife, par des non-affermentés qui n'avoient laché prife qu'à la vue de 200 Gardes Nationales: celui-là, que dans le département de la Loire Inférieure, un curé conftitutionnel étoit mort avec tous les fymptômes du poifon un dernier, enfin, prétendoit que dans le diftrict de Laffay, les prêtres non affermentés engageoient le Peuple à refufer les contribu tions publiques, &c., &c.

« Voilà, s'eft écrié M. Ifnard, voilà le plan concerté entre les ennemis du dehors & ceux du dedans! Voilà le fignal de la déforganifation fociale! Quoi! nous terions tolérans envers ceux qui ne veulent rien tolérer, & qui, armés des torches du fanatifme, incendient tout 'Empire! Et nous en refterions tranquilles pectateurs? Et nous attendrions pour déploye la févérité des loix, que les cadavres de

nos freres nous crient vengeance! If eft tems que l'orgueil de l'encenfoir s'abaifle & tombe aux pieds de la fouveraineté du Peuple; il faut que les individus qui ofent élever contre la loi leurs volontés criminelles, foient accablés à l'inftant par la force de tous ».

Preffée par l'éloquence de l'orateur_patriote & plus encore par le danger, l'Affemblée a décrété que le comité de légiflation lui fera, le 8, le rapport définitif des mesures à prendre contre les prêtres turbulens non-affermentés, & qu'elle prononcera fur ce point toutes autres affaires ceffantes. Quant aux troubles du département de Mayenne & Loir, l'Affemblée a chargé le pouvoir exécutif de prendre les mefures urgentes qu'ils follicitent.

M. Duportail a envoyé fa correfpondance avec M. Rochambeau : elle porte que les bataillons nationaux font tous armés fur la frontiere.

Le miniftre de la marine a annoncé le départ des premieres troupes destinées pour SaintDomingue: on en portera le nombre jufqu'à 6 mille.

Du 7.

On annonce que des troubles religieux fe font élevés dans le département du Calvados. Il paroît qu'une fauffe interprétation de l'article conftitutionnel qui reconnoît dans chacun le droit de choifir les miniftres de fon culte, eft une des caufes de ces nouveaux mouvemens. On a persuadé aux hommes peu inftruits que cet article leur donnoit le droit de choisir de nouveaux curés, & non pas feulement des miniftres particuliers, n'appartenant qu'à ceux qui veulent bien les payer. C'est une petite fourberie à joindre aux cent mille autres dont le Clergé Romain eft, depuis douze ou treize fiecles, en poffeffion de scandalifer l'Europe.

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On a fait le rapport des défordres occafionnés à Marseille par le régiment d'Erneft. II feroit difficile d'avoir une opinion arrêtée fur un événement dont les détails ne font encore connus qu'à demi. On ne peut expliquer comment les officiers-généraux ont fucceffivement accordé l'ordre de faire partir ce régiment, comme la tranquilité publique l'exigeoit, & donné enfuite un contre-ordre; mais il est conftant que le lieutenant-colonel a eu la témérité d'écrire à la municipalité que fi l'on attaquoit un foldat du régiment, & qu'il fût poursuivi par un attroupement, il enverroit affez de monde pour le délivrer, quelles que puffent en être les conféquences. On a lu la réponse de la municipalité : elle eft pleine de raifon & de fermeté. Il paroît que le lieute nant-colonel a confenti à retenir des foldats dans le fort, & à ne plus tenter ni la patience déjà fatiguée des Marfeillois, ni la fageffe de leur municipalité.

On a demandé la fufpenfion de l'arrêté de la municipalité de Paris qui ordonne la nouvelle organisation des compagnies du centre de la Garde Nationale Parifienne. On fçait que ces compagnies, formées en grande partie des anciennes Gardes Françoifes & des foldats qui fe font réunis sous l'étendard de la liberté, doivent former quelques régimens de troupes de ligne. Plufieurs fections de Paris regrettoient qu'on les féparât de leurs freres d'armes. Des citoyens voyoient avec peine que des foldats de la Nation alloient repaffer fous l'autorité du pouvoir exécutif. Cependant l'AGfemblée Nationale, fur le rapport de fon comité militaire, a décidé que la fufpenfion propofée n'auroit pas lieu; elle a décrété en même tems, que ces nouveaux régimens fe

toient provifoirement confervés à Paris, & en cela elle a fait ufage du droit que lui accorde la Constitution de pouvoir feule ap peller ou laiffer des troupes de ligne à vingt lieues de la ville où elle tient fes féances.

Le comité militaire a propófé un projet de décret fur le mode de remplacement provifoire des officiers. M. Le Montey a fait fur ce projet des réflexions dont la jufteffe a mérité l'attention de l'Assemblée. On a remis la difcuffion à un autre jour.

Sur l'observation de M. Garran (de Coulon), que le comité de légiflation ne feroit pas en état de préfenter demain fon rapport relatif aux prêtres non affermentés, l'ajournement en a été fixé au 10.

Pour fubvenir à la subsistance des Invalides, il a été décrété que le tréfor public verferoit dans la caiffe de l'hôtel une fomme de soo mille livres, à la charge par l'administrateur d'en rendre compte dans les formes prefcrites. Sur la motion de M. Grangeneuve, il a été décrété, que le comité de liquidation préfenteroit à l'Affemblée la lifte des penfionnai res du Gouvernement abfens du royaume.

On a annoncé que M. Blanchelande n'a encore donné aucune nouvelle de Saint-Domingue, ni M. Groflag aucun détail fur l'état actuel du raffemblement de la même isle.

La féance s'eft terminée par la vérification des pouvoirs de M. Lacretelle, qui remplace feu M. Godard, député de Paris.

Du 8..

Différens moyens ont été proposés pour accélérer la répartition des contributions; mais la difficulté principale n'étant pas la répartition de l'impôt, on s'eft bientôt occupé du recouvrement. Nous ne rapporterons pas ie

les différens projets préfentés pour remédier à la mauvaise volonté des contribuables : ils ont été renvoyés au comité des contributions, dont le rapport fixera la décision de l'Affemblée.

Une lettre du miniftre de la marine, dont on a fait la lecture, annonçoit qu'il venoit de recevoir, par la voie de l'Angleterre, des dépêches de M. Blanchelande, gouverneur de Saint Domingue, qui confirmoient les nouvelles déjà reçues fur la fituation affreuse de cette colonie. Le miniftre ajoutoit que, conformément aux ordres du roi, il a envoyé un courrier extraordinaire à Breft pour faire partir deux vaiffeaux de ligne, fur lesquels feront embarqués des troupes, des chevaux & des vivres. Le furplus fera transporté fur trois frégates & cinq flûtes, & s'il eft encore, dit le minif, tre, des mesures extraordinaires à prendre on les fera parvenir par les navires marchands qui fe trouvén: dans les différens ports. Le miniftre finit par informer l'Assemblée qu'il s'eft concerté avec celui de la guerre pour que cet armement n'affoibliffe pas nos moyens de défense fur les frontieres.

Quant à la lettre de M. Blanchelande, elle porte en fubftance, que les ateliers des Negres font dans un état complet de révolte ; que les habitations de la plaine étoient dévaftées ou incendiées en grande partie; que la ville du Cap étoit elle-même en danger par un foyer de fédition qu'y entretenoient les ennemis fecrets des colons en correspondance avec les Negres, & qui favorifoient leur révolte; que c'étoient des craintes de voir une infurrection fe manifefter dans cette ville qui l'avoient empêché de marcher contre les Noirs avec des forces fuffifantes pour les réduire ;