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niens de toutes ces municipalités qui, par leur multitude, ne font qu'entraver les rouages de l'adminiftration fans rien ajouter

aux droits ni au bonheur du Peuple; mais l'Affemblée a jugé que le moment d'opérer cette réforme, de détruire cet échafaudage fur lequel nos premiers représentans avoient cru devoir élever l'édifice de la Conftitution, n'étoit pas celui où le ciment de diverses parties de ce même édifice n'a pas pris encore toute fa confiftance.

Le dey d'Alger auffi veut fe montrer l'ennemi de la Conftitution Françoife; mais comment l'aimeroit-il ? Corfaire par métier, & defpote par des loix fondamentales, il paroît cependant que c'eft moins de fon propre mouvement que par les infinuations de notre bon ami le Gouvernement Espagnol, qu'il s'eft déterminé à rompre la treve qu'il a menacé le conful françois de le faire mettre à la chaîne & les négocians françois de les chaffer de fes Etats. Le miniftre, en portant ces nouvelles, a fait part des mesures qu'avoit prifes le pou voir exécutif afin de mettre nos vaiifeaux & notre commerce à couver: des pirateries de ce magnifique Seigneur.

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Ces mefures font d'envoyer dans le Levant 4 frégates, 4 navires, & 7 corvettes; armement pour lequel le miniftre a demandé un million 36 mille 918 livres.

On a entendu un rapport du comité di plomatique, & des pétitions fur les troubles d'Avignon & du Comtat, ainfi que fur les dénonciations dirigées contre M. l'abbé Mulot. Après de bruyans débats, il a été décrété que M. Mulot comparoîtroit à la barre dans la quinzaine, & que le miniftre de l'intérieur rendroit compte dans trois jours à l'Affemblée de l'état où le trouve Avignon.

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Du 5.

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Un membre a demandé qu'on accordât aux employés fupprimés des différentes régies un fecours provifoire, en attendant qu'on fic le rapport relatif aux indemnités à leur accorder. Un laboureur du Finiftere a combattu cette demande, « Il y a dans nos campagnes, dit le bon cultivateur, tant de pauvres gens qui perdent davantage, & à qui on ne donne rien du tout! Je demande qu'on paffe à l'or dre du jour».Quoique cette motion fût appuyée, on a demande & obtenu le renvoi du provifoire au comité de liquidation.

M. Etienne Claviere a paru à la barre, & il a juftifié la réputation que fes ouvrages fur les finances lui ont acquife. Son difcours dont l'impreffion a été ordonnée, contenoit un grand nombre d'obfervations fur le fyftême de liquidation adopté par l'Affemblée Nationale Con ftituante. Il a blâmé l'empreflement avec lequel on avoit rembourfé, fans fçavoir à quelle fomme fe portoit la maffe des rembourfemens à faire, fans fçavoir la valeur exacte des domaines nationaux. Il a blâmé la confufion qui a regné jufqu'à préfent dans la liquidation; il a blâmé le peu de difcernement avec lequel on rembourfoit des créances fondées fur des titres très-anciens & très-incertains. I en a cité un trait bien extraordinaire : c'eft le remboursement d'une créance de 80 ans, dont le principal montoit à quatre cens mille francs, & les intêrêts à onze cens mille. Il a demandé, en conféquence, qu'on fursît aux rembourfemens, jufqu'à ce qu'on eût la connoiffance exacte du montant de la dette exigible & de la valeur des biens nationaux; qu'on fixât une époque rétrograde au delà de laquelle le rem boursement ne montât pas; qu'on fixât aufli un terme, paffé lequel les créanciers qui ne

fe feroient pas préfentés à la liquidation ne fuffent pas admiffibles; que les acquéreurs des biens nationaux ne puffent payer qu'en argent ou en affignats, & non pas en reconnoiffance de liquidation.

Il a invité l'Affemblée à ne jamais confulter dans fes opérations, le thermometre de la Bourse, à ne jamais fe fonder für le fable mouvant de la rue Vivienne. Il l'a louée d'a◄ voir décrété une nouvelle fabrication d'affignats de cent fous; il l'a exhortée à en émettre de dix fous, pour chaffer de la circulation ces billets de confiance dont la plupart en méritent fi peu. Après avoir payé à M. Claviere un jufte tribut d'applaudiffemens, L'ALfemblée l'a admis à sa séance. Elle a invité fes comités des finances à profiter des lumieres répandues à grands traits dans le difcours du profond financier.

L'Affemblée a applaudi enfuite au défintéreffement de MM. Mangin & Drouet, qui ont fait part à l'Affemblée de l'intention où ils font de diftribuer aux pauvres de leurs villes les fommes que l'Affemblée Nationale Conftituante leur a votées pour prix du service qu'ils ont rendu à l'Etat en arrêtant le roi.

M. Monneron, de Nantes, a offert à la patrie, pour le tranfport des troupes à SaintDomingue, un grand vaiffeau neuf dont il est propriétaire, & qui peut contenir 400 hommes.

Il a été fait lecture d'une lettre de M. Montmorin, relative aux Suiffes de Châteauvieux condamnés aux galeres par un Confeil de guerre. Cette lettre porte en substance, que le miniftre n'a pu demander encore au Confeil Helvétique la délivrance de ces foldats. attendu que le Gouvernement n'avoit encore pris aucun parti fur l'acceptation que le roi

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venoit de faire de la Conftitution..

On a appris, par une lettre du gouverneur de la Jamaïque adreffée à l'ambaffadeur d'Angleterre , que ce gouverneur étant inftruit des dangers que couroit la colonie françoife de Saint-Domingue, lui a fait paffer des fecours en fufils en munitions ou en vivres. Le fentiment toujours prompt & quelquefois irréfléchi de la reconnoiffance, que cette lettre a produite, a déterminé l'Affemblée à voter des remercimens au gouverneur & à la Nation Angloife.

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Du 6.

Les inquiétudes caufées par les prêtres nonaffermentés n'exifteroient pas, fi le libre exerciee de leur culte étoit leur feule prétention: en effet, rien n'empêcheroit alors les anciens évêques qui conduifent cette fainte confpiration, de déclarer que, foumis à la loi, ils reconnoiffent dans les repréfentans du Peuple le droit de payer le culte qu'ils croient utile de fondoyer; qu'ils n'exigent point de la Nation FranCoife ce que les premiers fucceffeurs des apôtres n'exigeoient pas des Céfars; que, puifque ceux-ci laiffoient à Rome, aux fouverains pontifes & aux colleges de prêtres le foin de régler la religion de l'Empire, puifqu'ils fe gardoient bien de dire que le fouverain pontife étoit un Schifmatique ou un intrus, ils auront la même indulgence pour ceux de leurs anciens confreres qui ont adopté la religion de 1'Affemblée-Nationale Conftituante; mais ce langage n'eft pas le leur. C'eft toujours un privilege exclufif qu'ils réclament; & lorfque, dans leurs démarches-publiques auprès des pouvoirs conftitués, ils ont l'air de ne demander que la liberté, ils démentent impudemment & leurs écrits & leur conduite: ce n'eft donc pas l'in

tolérance des Patriotes qu'il faut accufer de ces défordres; c'eft l'intrigue de ceux mêmes qui fe vantent d'être perfécutés & qui font bien moins des fanatiques égarés par leur zele que des confpirateurs hypocrites.

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Ajoutons encore que l'audace de ces prêtres feroit depuis longtems réprimée, fi les chefs du Gouvernement avoient eu la bonne foi & le courage de montrer pour ces infâmes manœuvres l'indignation & le mépris qu'elles méritent; mais tant que leur conduite donnera aux ennemis de la liberté, quels qu'ils foient, le droit d'efpérer de trouver en eux des protecteurs, il eft impoffible & que ces factieux renoncent à leurs projets, & que la Nation prenne confiance en fon Gouvernement.

Une adreffe du département de Mayenne & Loir annonce que les nianœuvres des prêtres fanatiques menacent d'embrafer le département - entier des flammes de la guerre civile. Sous prétexte de pélerinages & de proceffions, il s'eft formé des attroupemens. Un grand nom :bre d'habitans des campagnes s'eft rendu à une chapelle de la Vierge: tant que ces pélerins n'ont été munis que de chapelets, ils n'ont point excité d'inquiétude; mais bientôt leur nombre s'eft accru d'une maniere effrayante. Quatre mille malheureux, égarés par de perfides ins finuations, fe font armés de fufits, de piques & de faux, & fe eroyant autant d'anges exterminateurs, ils fe préparent à égorger, au nom du ciel, leurs administrateurs, leurs juges & les prêtres affermentés. Déjà, fous la conduite des fcélérats qui les abufent, ils ont attaqué les Gardes Nationales, infulté les prêtres conftitutionnels jufques fur les marches des autels, & porté la hache dans les édifices que • l'Etat a consacrés au culte. L'effroi s'est répandu

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