pär s'entre-détruire eux-mêmes. Que ces philanthropes, ces amis fi zélés des Noirs, viennent maintenant contempler leur ouvrage ! Car, n'en doutez pas, ces malheurs ne font que le fruit des intrigues & des prédications de leurs émiffaires.... Nous vous offrons plufeurs frégates & navires qui peuvent, en 15 jours, être prêts à partir pour les colo

nies »

L'Affemblée a ordonné que ces offres feroient honorablement mentionnées au procèsverbal, & elle a renvoyé l'adreffe au comité colonial pour en faire le rapport. Si le comité juge qu'on doive employer des fecours particuliers, il ne doit pas oublier que les citoyens de Bordeaux & de Breft ont fait bien antérieurement les mêmes offres.

On avoit formé des doutes fur la formule de l'acceptation à faire par le roi, des décrets non fujets à la fanction, & fur le mode de promulgation de ces décrets. On propofoit pour le premier cas de retrancher de la formule ordinaire: Le roi confent & fera exé, cuter, on propofoit d'en retrancher ces mots ; Le roi confent. Pour le fecond cas, on propofoit de changer la formule ordinaire: L'AG Jemblé Nationale a décrété, & nous voulons & ordonnons ce qui fuit, en celle-ci : L'AG Semblée, &c,,& nous ordonnons ce qui fuit, La queftion avoit été renvoyée au comité de légiflation,

Un membre de ce comité a fait fur ce point un rapport très-fage & très-lumineux. Sur le Premier cas, il a obfervé que l'acte conftitu tionnel n'avoit point établi de formule; qu'au cune formule n'étoit néceffaire, puifque les décrets dont il étoit question avoient force de loi par eux-mêmes; qu'en légiflation tout ce

qui n'étoit pas néceffaire étoit inutile & mê me dangereux. Sur le fecond cas, il a remarqué que l'acte conftitutionnel avoit établi la. même forme de promulgation pour les décrets fujets & non fujets à la fanction; que l'innovation propofée s'écartoit de la lettre & même de l'efprit de la Conftitution. D'après ces motifs, auxquels l'opinant a joint des obfervations très-judicieufes, il a demandé que l'Affemblée déclarât par un décret motivé, qu'il n'y avoit pas lieu à délibérer. Cette propofition a été adoptée.

Après ce rapport, l'ordre du jour appelloit la fuite de la difcuffion fur les moyens de réprimer les prêtres féditieux. On a lu la lifte de la parole. Un certain nombre de membres placés à la droite de M. le préfident, craignant apparemment les lumieres que pouvoient répandre fur cette queftion quelques uns de ceux qui avoient la parole, ont demandé que la difcuffion fût fermée. La propofition mife aux voix, la premiere épreuve a été douteufe, à la faveur du tumulte; la feconde ne l'a pas été, & la difcuffion a été continuée, quoique plufieurs membres de la droite réclamaffent Tappel nominal.

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M. l'abbé Audrin a donc pris la parole, & a prononcé un difcours dont les formes ont femblé déplaire aux efprits frivoles, & où les bons efprits ont trouvé quelques obfervations affez fages. M. l'abbé Audrin a préfenté la queftion fous fon véritable point de vue; il a prouvé qu'il ne s'agiffoit point de querelles religieufes, mais de défordres & de manoeuvres qui peuvent être funeftes au fuccès de la Révolution. Bien perfuadé que les meilleures me. fures feroient infuffifantes, fi ceux à qui l'exécution en doit être confiée ne veulent pas les

exécuter, il vouloit que le roi fût prié de s'affurer du zele de fes agens. Au refte M. l'abbé Audrin propofoit contre les prêtres turbulens, de toutes les fectes, des privations graduées de traitemens & de penfions.

M. l'évêque Fauchet a prononcé, avee fon éloquence ordinaire, un difcours dont l'objet étoit de répondre aux objections faites contre fon opinion, & aux inculpations lancées contre fa perfonne. Il s'eft élevé avec la même énergie, & contre ces endormeurs benins, ces demi-philofophes qui ne voient le danger que dans les précautions prifes contre le danger,, & contre ces prêtres fanatiques qui s'empreffent de tuer les hommes pour les damner plus vite. Il a cité un nouveau trait des excès qu'ils commettent par les mains de leurs dévots & de leurs dévotes. Un grand nombre de ces femmes pieufes ont pourfuivi, maltraité, lapidé le curé de la paroiffe Saint-Gilles de Caen. Elles ont defcendu le réverbere du chœur de l'églife, & auroient pendu ce prêtre paario:e à l'autel, fi la Garde Nationale ne fût furvenue. M. Fauchet a enfuite préfenté les argumens les plus preffans à l'appui de la mefure qu'il propofe, de priver de leurs penfions les prêtres féditieux. Il a été très-fouvent & très-vivement applaudi.

Ce que l'on a entendu du difcours de M. Vincent, qui a fuccédé à M. Faucher, n'a pas infpire de regret fur ce que la foibleffe de fon organe a empêché d'en entendre. M. Vincent demandoit la queftion préalable fur toute mefure répreffive contre les prêtres fé ditieux.

M. Genfenné, qui, dans fa miffion dans le département de la Vendée, avoit été plus à portée qu'aucun autre de remonter à la fource

du mal, a présenté une opinion un peu longue, mais pleine de fageffe & de raifonnement. Il a propofé un projet de décret contenant une vingtaine d'articles, dont un grand nombre méritent de fixer l'attention de l'Af femblée Nationale. M. Genfonné veut que les miniftres de tous les cultes foient tenus de prêter le ferment civique, & de contracter l'obligation de refpecter la liberté des opinions religieufes; ceux qui font penfionnaires de l'Etat feroient foumis aux mêmes formes pour toucher leurs penfions. L'opinant a propofé de nommer une commiffion pour revoir les décrets rendus fur les matieres eccléfiaftiques.

Après avoir ordonné l'impreffion du difcours & du projet de décret de M. Genfonné, l'AÇfemblé a fermé la difcuffion, & renvoyé tous les projets de décret au comité de légiflation. M. Vaublanc eft vice-préfident. Les nouveaux fecrétaires font MM. Le Montey, Torné, Ifnard & Courthon. Ces quatre excellens choix font honneur aux Patriotes.

Du 4.

On a entendu diverfes obfervations du miniftre de la guerre relatives aux Gardes Nationales. L'organisation de ces troupes, demeurée imparfaite, a dû néceffairement livrer beaucoup de détails à l'arbitraire du pouvoir exécutif. Les démiffions & les remplacemens des officiers, l'équipement & la marche des foldats, tous objets fur lefquels la Conftitution n'a rien fatué, retombent dans cet incon.vénient.

Mais jufqu'à quel point peut-on, à l'égard de ces troupes, ftatcer fur un mode de difcipline? Jufqu'à quel point peut-on retenic les officiers & les foldats ? Ön fent que la forme de cette inftitution ne fe prêteroit que

difficilement à des loix militaires dans fe genre de celles qui lient les troupes de ligne à leurs drapeaux. Ce qui paroît imparfait dans l'organifation des Gardes Nationales, c'eft peut-être ce qui conftitue la force. Liés par des engagemens plus formels, leurs officiers feroient moins fenfibles peut-être à la voix de Phonneur, les foldats moins difpofés à quitter leurs foyers domeftiques pour aller braver les rigueurs d'une campagne & le feu de l'ennemi. On a été effrayé dans le principe, de voir cette partie effentielle de la force publique à la difpofition du pouvoir exécutif; terreur exagérée fans doute : à moins que la Nation ne fe corrompe elle-même, l'efpric de patriorifme des Gardes Nationales reftera hors des atteintes de toute efpece de corrup tion, & il eft même à préfumer qu'à mefure que l'Europe s'éclairera fur les vrais intérêts, cette belle & fimple inftitution prévaúdra fur celle des troupes de lignes, ne fût-ce qu'à caufe des avantages de l'économie. (*)

On a occupé quelques inftans l'Affemblée des municipalités, dont les renouvellemens vont fe faire fous peu de jours. M. Gadé a observé au fujet de ce renouvellement, que les officiers municipaux ayant étudié & poffédant à eux feuls dans les campagnes la queftion de l'impôt, les renouveller en ce moment par moitié, ce feroit fe mettre dans le cas de n'obtenir aucun recouvrement cette année.

Cette courte difcuffion a amené une motion tendante à réfoudre cette partie, en quelque forte, élémentaire d'une Conftitution repréfentative. Partout' on a déjà fenti les inconvé

(*) Que de chofes à répondre là-deffus à M, Condorcet qui a rédige cet article 1