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foient les eccléfiaftiques de cette fondation, & qui le montoit à une fomme confidérable feront convertis en inftitutions publiques & utiles. Ce ne fera donc point à bâtir un couvent de Capucins.

La Cour avoit fait arrêter fucceffivement plufieurs François fufpectés d'avoir fait traduire en portugais des écrits relatifs aux droits de l'homme & du citoyen, qu'on n'eft pas empreffé de connoître ici. Ils ont été relâchés dernierement & embarqués fur un bâtiment françois, pour être renvoyés, aux frais du Gouvernement, dans leur patrie.

FRANCE.

PARIS ( le 12 Novembre ).
ASSEMBLÉE NATIONALE LÉGISLATIVE,
Préfidence de M. Vergniaud.
Du zer. Novembre.

L'Affemblée a décrété, fur la motion de M. Cambon :

« 1°. Que la fomme de papier - monnole, à tenir en circulation, fixée par l'Affemblée Nationale Conftituante, à 1,300,000, 000, fera portée à 1, 400, 000, 000 »:

« 2°. Qu'il fera fabriqué de fuite du papier pour 300,000, coo d'affignats de 5 liv., par les forns & fous la refponfabilité du miniftré des contributions, lefquels affignats de liv. feront dépofés aux archives nationales, & n'en pourront fortir, pour être remis à la caiffe de l'extraordinaire, qu'en vertu de décrets poftérieurs »:

« 3°. Que les 100 millions d'affignats de liv., dont la fabrication a été ordonnée par Affemte Conftituante, & qui font actuel*lement fabriqués, feront donnés en échange aux porteurs d'affignats de 2000, de 1000 &

de soo liv.; lés à fur &

que ces gros affignats feront bra mefure qu'ils rentreront » : « 4°. Que l'Affemblée ordonne l'impreffion du projet du comité, & fon ajournement à la huitaine pour premiere lecture ».

On a accueilli enfuite & renvoyé au comité colonial les réclamations de deux étrangers qui, fe trouvant à la Martinique' pendant les derniers troubles, ont éprouvé le plus cruel traitement de la part de M. Damas.

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Le miniftre de l'intérieur a commencé fon rapport fur la motion intérieure de la France. Il a annoncé que ce travail feroit extrêmement long, à raifon des détails dans lef quels il étoit obligé d'entrer; qu'il feroit divifé en plufieurs parties, à raifon des diverfes branches de fon adminiftration & que, pour moins fatiguer l'attention de l'Affemblée il le liroit en plufieurs féances. Il s'eft étendu aujourd'hui fur l'état des fubfiftances dans le royaume; il a expofé que les récoltes du nord avoient été auffi abon 'antes que celles du midi l'avoient été peu. Il faudra donc que les contrées feptentrionales aillent au fecours de celles du midi. Quant au Gouvernement, il répartira 2, 400, 000 livres entre les départemens dont les befoins fe trouvent les plus preflans; de ce nombre eft celui de Paris. Au refte, le miniftre a affuré que la municipalité de cette ville travailloit avec le plus grand zele à fon approvisionnement.

L'Aflemblée a ordonné l'impreffion de ce mémoire.

Voici le fecond décret rendu contre LouisJofeph-Staniflas-Xavier.

« L'Affemblée Nationale décrete qu'en exécution du décret du 28 de ce mois, la pro lamation dont la teneur fuit fera imprimée

affichée & publiée fous trois jours dans la ville de Paris, & que le pouvoir exécutif fera rendre compte à l'Affmblée Nationale dans les trois jours fuivans des mesures qu'il aura prifes pour l'exécution du préfent décret ».

Proclamation. « Louis-Jofeph-Stanislas Xavier, prince françois, l'Affemblée Nationale, vous requiert, en vertu de la Conftitution Françoife, titre III, chapitre II, fection III, article II, de rentrer dans le royaume dans le délai de deux mois, à compter de ce jour; faute de quoi, & après l'expiration dudit délai, vous ferez cenfé avoir abdiqué votre droit éventuel à la régence ».

Du 2.

On a lu différens détails relatifs aux émigrés. En ne s'arrêtant qu'aux chofes férieufes, il paroît qu'ils ont le projet & l'efpérance de s'emparer d'une petite place d'où ils pourroient faire perfonnellement du mal aux cultivateurs pour fe confoler de celui que leurs cerfs & leurs lievres ne font plus, & où ils fe flatteroient de réunir tout ce qui exifte en France d'aventuriers ayant la vanité de paffer pour gentilshommes.

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Il n'eft pas même impoffible qu'ils n'aient des intelligences dans nos grandes places à l'aide de quelques officiers qui, par honneur, fe chargent, à ce qu'on dit, de faire le métier de traîtres; mais les Patriotes des troupes de ligne & les Gardes Nationales de ces villes fuffifent pour raflurer contre ce danger.

Nos chevaliers françois comptent auffi fur les faux affignats de leur fabrique, qu'ils appellent des canons pour la contre- revolution. On voit que la nobleffe des moyens répond à la nobleffe des perfonnes comme à celle de

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leur caufe. Tous ces renfeignemens ont été renvoyés au comité diplomatique, parce qu'en effet ces raffemblemens d'émigrés n'exifteroient pas dans les Cercles, fi nos envoyés, au lieu de faire lâchement leur Cour à des gens qu'ils prennent encore pour de grands feigneurs, avoient daigné remplir leur devoir auprès des directoires de ces Cercles, & leur avoient fait fentir qu'il étoit contre les égards dus à la Nation Françoife, & contre leur propre dignité, de fouffrir que leur territoire refac le théatre de ces ridicules & infolentes facéties.

De là on a paffé aux prêtres. Plufieurs curés du département du Pas-de-Calais abandonnent leurs paroiffes, fatigués des tracafferies que leur devanciers leur fufcitent au nom de Dieu & de fon vicaire.

L'évêque métropolitain de Rouen ( M. Chatrier) a fait un voyage à Lyon, fa patrie. Là, on lui a perfuadé que s'il abandonnoit fon département, où cependant tout est paisible, & fitous fes confreres en faifoient autant, feroit poffible que les évêques de la vieille Eglife ayant donné auffi leur démiffion entre les mains du pape ) on trouvât en Italie un mezzo termine qui arrangeroit toutes les affaires. En conféquence, il a donné fa démiffion & a cru faire un facrifice à la paix de l'Eglife.

M. l'évêque de Rouen s'eft trompé la Nation Francoife ne fo fira plus que des charlatans d'Italie lui impofent des loix; elle fe fouviendra que dans les guerres des Albigeois, & dans celles des Proteftans, ils ont inondé fes campagnes d. fag d'un million d'hommes. Dans toutes nos villes, on reconnoit encore la place des échafauds & des bûchers élevés par l'hypocrifie ultramon

raine. Les biens qui acquittent aujourd'hui nos dettes font les dépouilles des malheureux qu'elle y a traînés. Et nous baifferions encore la tête devant le joug honteux que nous avons brifé ! · Non, il faut fans doute laiffer nos dévotes de la Cour & de nos villages, & les hommes qui leur reffemblent, s'abandonner à leurs imbécilles fuperftitions; mais il faut fçavoir garder la dignité qui convient à des hommes: dont la raison a recouvré tous fes droits ».

M. Saver, Liégeois, a préfenté un moyen de fabriquer de la monnoie frappée au balancier avec le métal des cloches allié d'un fixieme de cuivre; il fe plaignoit des manœuvres qui avoient fait repouffer jufqu'ici une invention fr utile. L'Affemblée a renvoyé à fon comité des affignats & monnoies l'examen des réclamations de M. Saver, celui du métal qu'il préfente, & des autres procédés du même genre qui ont été préfentés.

Du 3.

Si l'on en croit une adreffe des armateurs négocians du Havre, tous les malheurs que l'on avoit prévus à l'égard des colonies font enfin arrivés, & Saint-Domingue, cette riche & fuperbe colonie, n'eft plus. « L'infurrection, difent les négocians, eft générale dans l'ifle; une multitude effrayante de Negres porte partout le fer & la flamme; plus de 200 habi- . tations ont été détruites & incendiées dans le feul quartier du Havre. Les Blancs défertent leurs foyers, abandonnent leur fortune pour fe retirer dans les villes où ils efperent échapper à la mort. Les barbares inftrumens de tant de cruautés, dans leur aveugle imprévoyance, ravagent & détruisent tout dans les campagnes bientôt la famine viendra mettré le comble à tant de malheurs, & ils finiront Vingt Novembre. 1791, No. XXXIII, B

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