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rien l'ordre public, arrête que les églifes des Carmélites, de l'Inftitution, du Val-de-Grace & de Sainte-Marie feront ouvertes au public & que, fous la diredion & furveillance du curé de St. Jacques-du-Haut-Pas, ou autres curés dans la paroiffe defquels lefdites églifes fe trouveront le fervice divin, fera célébré ».

Le directoire a cru que cette reftriction n'étoit pas conforme aux vrais principes de la liberté d'exercice du culte religieux. Il a pris, le 19, l'arrêté suivant.

« Arrêté que tous citoyens, toutes fociétés, agrégations & communautés religieufes ou féculieres pourront ouvrir leurs églifes, chipelles, temples & autres lieux qu'ils entendent definer à l'exercice d'un culte religieux quelconque, fans être foumis à autre furveillance qu'à celle des officiers de police, auxquels il eft enjoint de veiller à ce qu'il ne fe paffe dans ces lieux rien de contraire à l'ordre public ». TRAITS

ET

RÉCITS VARIÉS. Suivant quelques feuilles périodiques, on confeille au roi de ne pas fanctionner le dé. cret pour la réunion d'Avignon à la France; car ce décret eft fujet à la fanction, ayant été rendu par l'Affemblée lorsqu'elle n'étoit plus conftituante. De ce refus ceux avantages réfulteront, celui de prouver que l'acceptation. de Sa Majefté a été libre par l'ufage qu'elle fera de fon veto, & l'autre avantage d'oter aux Puiffances étrangeres un prétexte de faire la guerre.

I y a encore des paris que la France fera attaquée avant la fin de Novembre. Les contrerévolutionnaires comptent, difent-ils, fur l'iaexpérience des Gardes Nationales, & fur la trabifon de quelques commandans de places.

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D'autres prétendent qu'on ne s'amufera pas à attaquer les places, & nous croyons qu'ils ont raifon, puifque quand la faifon de faire des heges ne feroit pas paffée, les contre-révolutionnaires manquent des principaux moyens, pour de femblables opérations; ils difent qu'on ira droit à Paris. Rien n'eft plus aifé à dire peut-être même à faire; mais malheur aux acteurs de certe courfe audacieufe & vagabonde ! Jamais ils ne reverroient le point des frontieres d'où ils feroient partis. Par des nuits longues. & obfcures, il eft très-poffible de franchir ces frontieres, même de pénétrer jufqu'à Reims Laon, Scifions, &c.; mais des légions de Patriotes armés rendroient infurmontables les obftacles du retour. Il faudroit, pour qu'une pareille entreprise ne fût ni vaine ni ridicule, qu'elle fût préparée & foutenue dans l'inté rieur du royaume, par un parti puiffant dans Paris & dans les départemens, ce qu'il feroit abfurde de fuppofer.

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Nous aimerions mieux avec bien des gens, même des Ariftocrates penfer que tout fe terminera par une conciliation dont Louis XVI fera le médiateur. Cette espérance feroit bientôt évanouie, fi l'on continuoit à arguer fuțilement fur les prérogatives du monarque; & il femble que M. Lacroix, profeffeur du Droit public au Lycée, ait eu le preffentiment que des novateurs attenteroient à la dignité du trône. Peu de jours avant la réunion des nou-. veaux députés il avoit publié le tome III des Conftitutions des principaux Etats de l'Europe. & des Etats Unis de l'Amérique. Voici com ment cer aureur prévient l'Affemblée Légiflative contre la démangeaifon d'attenter à la prérogative royale.

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Légiflateurs, dit-il, qui allez fuccéder à

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La plus impofante des Affemblées qui ait paru depuis la création de la monarchie gardez. vous de vouloir ébranler cette autorité épurée, confolidée par la loi; elle vous écraferoit de tout le refpec que lui porte la Nation. Vos prédécefleurs avoient le Peuple pour eux; vous l'auriez contre vous, fi vous ofiez changer les limites qui féparent vos pouvoirs de ceux du monarque. Tant qu'il fera dans la loi, il fera plus puiffant que vous; mais s'il avoir le malheur de s'en écarter, vous feriez plus puiffans que lui. Repréfentans paffagers du Peuple, ne vous faites point illufion; & ne Vous croyez pas au deffus de fon représentant perpétuel ».

Lorique, le 14 Octobre, l'évêque de Paris, & plufieurs évêques conftitutionnels députés à l'Affemblée Nationale Conftituante ont été admis chez le roi, l'évêque de Paris a dit à S. M.:

SIRE,

a Après l'acceptation faite par V. M. de l'acte conftitutionnel de France, il ne manque au bonheur des François que la paix que donne la tranquillité d'efprit & de confcience en matiere de religion, fur lesquelles malheureusement à Poccafion de l'organisation civile du Clergé, il existe encore des divifions entre les miniftres des autels & les citoyens qui leur donnent leur confiance »>.

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« D'une part, on affure que cette organifation altere la doctrine de l'Eglife; de l'au tre, l'on n'y voir qu'un changement dans la difcipline extérieure. Il importe, pour le bien même de l'Etat » que cette difficulté fort éclaircie. C'eft dans cette vue que les évêques des départemens du royaume, membres de l'Affemblée Nationale Conftituante ont cru d'anim

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ner au public un ouvrage intitulé: Accord des vrais principes de l'Eglife, de la morale & de la raifon, fur la Conftitution civile du Clergé de France ».

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« Nous avons l'honneur d'en présenter un exemplaire à V. M., & nous ofons la prier de permet re que fon miniftre des affaires étrangeres fe charge de celui que nous enverrons à Rome, avec une lettre que nous écrirons au chef de l'Eglife ».

M. Volney, député à l'Allemblée Nationale Conftituante, eft auteur d'un ouvrage intitulé : Les Ruines, ou Méditations fur les révolutions des empires. Le chapitre XV nous a paru fi fingulierement intéreffant, que nous n'héfitons pas à le mettre fous les yeux de nos lecteurs.

« A peine le génie eut-il achevé ces mots, qu'un bruit immenfe s'éleva du côté de l'Occident; &, y tournant mes regards, j'appereus à l'extrémité de la Méditerranée, dans le domaine de l'une des nations de l'Europe un mouvement prodigieux, tel qu'au fein d'une vafte cité, lorfqu'une fédition violente éclate de toutes parts, on voit un peuple innombrable s'agiter & fe répandre à flots dans les rues & les places publiques, & mon oreille frappée de cris pouffés jufqu'aux cieux diftingua par intervalles ces phrases » :

«Quel eft donc ce prodige nouveau ? Quel eft ce fléau cruel & myftérieux ? Nous fommes une nation nombreu e, & nous manquons de bras! Nous avons un fol excellent, & nous manquons de denrées! Nous fommes actifs & laborieux, & nous vivons dans l'indigence! Nous payons des tributs énormes, & l'on dit qu'ils ne fuffifent pas! Nous fommes en paix au dehors, & nos perfonnes & nos biens ne font pas en fûreté au dedans ! Quel est donc l'ennemi caché qui nous dévore » ?

• Er des voix parties du fein de la multitude répondirent: Elevez un étendard diftinatif, autour duquel fe taffemblent tous ceux qui, par d'utiles travaux, entretiennent & nourriffent la fociété, & vous connoîtrez l'ennemi qui vous ronge ».

« Et l'étendard ayant été levé, cette nation fe trouva tout-à-coup partagée en deux Corps inégaux, & d'un afpect contraftant. L'un, innombrable & prefque total, offroit, dans la pauvreté générale des vêtemens & l'air maigre & halé des vifages, les indices de la mifere & du travail; l'autre, petit grouppe, fraction infenfible, préfentoit, dans la richeffe des habits chamarrés d'or & d'argent, & dans l'embonpoint des vifages, les fymptômes du loifir & de l'abondance »

« Et considérant ces hommes plus attentivement, je reconnus que le grand Corps étoit compofé de laboureurs, d'artifans, de marchands, de toutes les profeffions utiles à la fociété & que dans le petit grouppe il ne fe trouvoit que des prêtres, des miniftres du culte de tout grade, que des gens de finances, d'armoirie, de livrée, des commandans; enfin, que des agens civils, militaires ou religieux du Gouvernement ».

« Et ces deux Corps en présence, front à front, s'étant confidérés avec étonnement, je vis d'un côté naître la colere & l'indignation, de l'autre, une espece d'effroi. Et le grand Corps dit au plus petit »:

Pourquoi êtes-vous féparés de nous ? N'êtesVous donc pas de notre nombre?

Non, répondit le grouppe : vous êtes le Peuple: nous fommes une claffe diftinguée qui avons nos loix, nos ufages, nos droits particuliers »..

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