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Que prétendez-vous faire avec de pareils coquins, dit-il au général? A la bonne heure, fi vous aviez choifi tous braves chevaliers comme vous, vous pourriez peut-être vous promettre quelque fuccès ». « Je fens bien la force de vos obfervations, répond le général; mais on fait ce qu'on peut; au furplus, c'eft tant pis pour le Clergé, c'eft lui qui paie ». M. de Mirabeau a comblé d'honnêtetés le Garde National, dont on tient cette anecdote.

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ROME (le 1 Odobre). Le fouverain pon tife commençoit à reprendre fes exercices accoutumés de dévotion & de promenade; on le croyoit parfaitement rétabli, lorsque toutcoup il a éprouvé une rechûte accompagnée d'une forte fievre & d'accidens qui laiffent fubfifter des craintes fur fa fanté.

On ignore encore ce que le St. Siege fera en faveur des eccléfiaftiques françois réfugiés en cette capitale; mais l'avant-derniere congrégation a témoigné la meilleure volonté pofible, en les admettant en qualité de citoyens

cives romani), au paiement des impofitions, qui néanmoins feront modérées à la moitié de leur portion contributoire. Quel accueil pour des eccléGastiques qui ont abandonné leurs bénéfices & leur patrie! Encore une faveur de ceste efpece, ils feront obligés de tendre la main.

Un courrier venant de Paris eft arrivé ici le 7 de ce mois au fois, avec des dépêches pour les princeffes, tantes de S. M. T. Chrét., & pour le cardinal de Bernis, contenant l'acceptation du roi la nouvelle Conftitution. Le même courrier a pris enfuite la route de Naples.

Quelques gazettes italiennes annoncent que la Cour de Rome a reçu de prefque tous les cabinets de l'Europe des affurances réitérées

qu'on la maintiendra dans la 'poffeffion d'A vignon & du Comtat Venaiffin, qui ont été envahis, ajoutent elles, par un décret de l'Affemblée Nationale de France.

On a conduit dernierement dans les prifons du St. Office le P. Antizza, Bénédictin de Ragufe. On dit qu'il étoit Savoyard, &, qui -pis eft, franc-maçon, & qu'il avoit ofé établir une loge au centre de cette capitale...

La riche médaille de Caglioftro, avec fon portrait entouré de 17 brillans, pefant chacun -7 grains, vient d'être mife en vente; on croit que le duc de Braichi en fera l'acquifition.

Dans les fondemens du palais que ce der nier fait élever, on a trouvé un fragment de colonne antique, très gros & très-long. Les connoiffeurs lui donnent un grand prix,

PORTUGAL.

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LISBONNE le 25 Septembre ). Parmi les perfonnes arrêtées ici pour avoir parlé trop librement des affaires de France, fe trouvoit un perfonnage françois d'un rang diftingue. L'ambafladeur de la nation s'adreffa ces jours derniers à la reine pour obtenir la liberté de ce prifonnier. S. M. fit faire auprès des trides tri bunaux les recherches les plus exactes; mais on affura qu'elles avoient été inutiles, & qu'on n'avoit aucune connoiffance de la perfonne réclamée. L'ambafladeur comprit bien ce que fignifioit. cette réponse,, dont il fut obligé de fe contenter, & il la regarda comme un avertiflement d'avoir lui même la plus grande circonfpection. Notre Gouvernement porte la défance & la févérité jufqu'à défendre, fous. peine des plus grandes punitions, de laiffer aborder aucun navire fans qu'il ait été préaTablement vifité par le commiffaire du quartier chargé d'examiner les paffagers, de leur faire

fubir un interrogatoire dont le modele eft preferit. Les mêmes précautions font prifes aux frontieres avec tant de rigueur, que 18 Capucins François venant, ces jours derniers, de Cadix, ont été obligés de demander & d'attendre la permiffion du roi d'Espagne pour fe rendre dans cette capitale.

FRANCE.

PARIS ( le 2 Novembre).
ASSEMBLÉE NATIONALE LÉGISLATIVE,
Du 21 Odobre.

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Sur des obfervations faites par M. Garran (de Coulon), & avant lui, par d'autres membres on a fupprimé la qualification de Diffidens, donnée aux prêtres réfractaires dans le pro'cès-verbal. Ce mot de Diffidens fuppofoit en effet qu'il y a une religion dominante en Fran

ce,

& la maxime aujourd'hui eft que la vérité feule doit dominer, & qu'elle doit dominer par fes propres forces: elles font fuffifantes chez un Peuple qui a des lumieres.

On eft paffé à l'ordre du jour fur la pétition de plufieurs citoyennes de St.- Sulpice qui ont cru être dans le fens de la Révolution en dénonçant des maifons où les facremens s'adminiftrent clandeftinement. Eh! qu'importe à l'ordre focial comment où & par qui les facremens s'adminiftrent? Ce font des chofes qui 'n'appartiennent point à la législation, & qui n'appartiennent à la police que lorsque l'ordre public en eft troublé.

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La délibération fur les prêtres non affermentés a été ouverte. Le ciel en foit béni ! Le grand nombre des opinans aujourd'hui a voté pour qu'on les laiffat tranquilles, à condition pourtant qu'ils nous laifferont tranquilles auffi, M. Dejorte a conclu à ce qu'ils fuf

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fent tenus de fixer leur réfidence dans le cheflieu du département, & à ce qu'aucun moine ne pût fortir de fon couvent avec l'habit de fon Ordre. Pourquoi ne pas laiffer porter à chacun l'habit qui eft le plus de fon goût & habiter le lieu qui lui plaît davantage ? La force publique doit être partout, & partout elle doit avoir affez de furveillance, de puiffance, pour faire refpe&ter l'ordre public & la loi. M. Baert vouloit plus encore: il vouloit que, fur la pétition d'un nombre déterminé de citoyens, il fûr désigné aux prêtres non affermentés des églifes & des chapelles où ils ferdient le fervice de la religion pour ceux qui ont en eux plus de confiance. Il n'est pas prouvé que cette bienveillance de la Nation ne valût encore mieux que fon indifférence. Du a au foir.

La formation du comité des affignats & monnoies, la lecture des procès-verbaux des nouveaux troubles qui ont agité Avignon dans le cours du mois de Septembre, & quelques motions renvoyées aux comités ont occupé cette féance, qui n'a offert ni débats ni détails intéreffans.

Du 22.

L'Affemblée Nationale a perdu affez de tems dans quelques difcuffions fur l'ordre de la parole. La maniere d'éclaircir les queftions dans une grande affemblée & d'y prendre des réfolutions en eft encore aux premiers élémens; c'est une fcience toute nouvelle qu'il s'agit de créer. El faut maintenir l'entiere égafite, & cependant il faut que la parole appartienne le plus ordinairement à ceux qui fçavent s'en fe vir; il ne faut pas que le tems. fe perde en vaines difputes, & cependant il faut qu'aucune vérité ne puiffe être écartée;

i ne faut pas que les forces fe confùment faire décider comment on pofera une question & cependant il ne faut pas qu'on puiffe arbitrairement la poser de maniere à diriger la décifion.

On fe plaint que la nouvelle Affemblée n'ait rien fait encore. Il faut croire qu'elle a beaucoup fait précisément parce qu'elle exifte. Les nombreuses pétitions que les amis du parti ministériel effaient de rendre ridicules, prouvent qu'il existe une puiflar ce qui furveille toutes les autres, & devant laquelle tout abus d'autorité devient impoffible.

On parle du tumulte qui regne dans l'Af femblée; mais fi elle étoit paisible, on auroit droit de croire qu'elle eft corrompue. La tranquillité fuppofe de la confiance; elle ne peut exifter entre des hommes qui ne se connoiffent pas encore, à moins qu'une intrigue habile n'ait fcu les foumettre à des chefs.

Parmi les pétitions préfentées aujourd'hui, on peut diftinguer la dénonciation d'un petit placard où des diftiques fur les mêmes ri mes que les commandemens de Dieu doivent apprendre aux enfans des petites écoles à dé tefter le culte falarié par la Nation.

Le fanatifme eft-il affez ridicule pour ne pas être dangereux ? Le fanatifme se montreroit-il avec tant d'audace, s'il n'avoit pas de puiffans protecteurs, fi tous les pouvoirs con ftitués montroient un mépris égal pour ces vils efclaves de la fuperftition romaine?

Avant que l'Affemblée reprit la difcuffion de la queftion intéreffante qui étoit à l'ordre du jour, deux députés des départemens du Rhin ont préfenté quelques détails fur les for ses des émigrés.

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« Il n'a jamais exifté, a dit le premier

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