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gneroit au général fon affection & fes regrets; 2o. qu'en reconnoiffance de fon bon & loyal commanden.ent depuis la Révolution, on lui offriroit en préfen: une épée à garde d'or, fur laquelle feroit gravée cette infcription:

A LA FAYETTE

L'ARMÉE PARISIENNE RECONNOISSANTE, L'AN IIIe. DE LA LIBERTÉ ;

3°. qu'il feroit fait une pétition à l'Affemblée pour la fupplier de prendre en confidération les facrifices de tout genre, faits par M. La Fayette, & de lui accorder, en conféquence, une indemnité; 4°. que chaque chef de divifion nommeroit un commiflaire pour la rédaction de la réponse à faire à M. La Fayette, & de la pétition à l'Affemblée Légiflative.

Quelques jours auparavant, il avoit paru imprimée une Pétition d'un folitaire à l'ASfemblée Nationale Législative.

Après avoir donné des éloges vrais & mérités à fon jeune héros, le pétitionnaire rappelle les facrifices que M La Fayette a faits, les dangers qu'il a courus, & par quelle fuite d'actions il a fait confifter toute fa gloire à conferver, à achever la Révolution, autant qu'il a été poffible, fans verfer de fang; c'étoit tout fon defir, le vœu de fon cœur. n engage les François à n'être pas inférieurs en générosité aux Ang'ois, fi fouvent cités, & il rappe le que M. La Fayette a rendu plus de fervices à notre nation que le vainqueur de Blenheim, fi magnifiquement récompensé par les Anglois, n'en rendit à la fienne.

Cette pétition fe termine ainsi :

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« Le commandant général de la Garde Nationale Parifienne, dont la fortune eft trèsbornée, a conftamment refufé toute efpece

d'honoraires; il a traité journellement fes cămarades de fervice; il a vendu fes terres pour remplir ce que lui dictoit fon grand cœur. Je demande donc qu'il lui foit voté des remercimens publics; qu'il lui foit accordé une récompenfe, au nom de la Nation, qu'un terrein confidérable lui foit concédé avec un château bâti aux frais du tréfor public, & qu'en mémoire des fervices de M. La Fayette, ce terrein & ce château portent le nom de la Révolution. Ce n'est point le cas de dire que la Nation n'eft pas riche: elle aura toujours le moyen de récompenfer le mérite. Le crime & la vengeance veillent ne laiffons pas endormir la reconnoiffance »>. A. P. L***

M. La Fayette eft parti pour une de fes terres fituée dans la ci-devant province d'Auvergne.

TRAITS ET RÉCITS VARIÉ S. Quelques perfonnes prétendent avoir obfervé que le roi eft d'une trifteffe & d'un abattement qui augmentent chaque jour, & que la reine, au contraire, annonce extérieurement beaucoup de calme & de fatisfaction. Quoi qu'il en foit de la remarque de ces phyfionomistes, on fe fait ici deux queftions. D'où vient que Louis XVI n'organife pas fa garde particuliere? Pourquoi vient il de faire couper dans fes forêts pour cinq millions de bis propre à faire des planches? On porte ́même l'évaluation de ces coupes extraordinaires jufqu'à huit millions.

D'autres obfervateurs trouvent la marche du Corps Législatif embarraffée & lente. Ils craignent que fon organifation intérieure, la formation de fes nombreux comités & l'établiffement de l'ordre de fes travaux, qui jufqu'à préfent n'a rien de fyftématique, n'abforbent un

tems précieux, dont les circonftances paroiffent réclamer un plus jufte emploi. Pourquoi, dit-on, l'Affemblée n'accélère-t-elle pas l'achevement de ce qui doit conftituer le mécanifme de fon travail par des féances du foir? Pourquoi ne arche-t-elle point à grands pas, dans un moment qui paroît être celui d'une crife politique, aux objets importans qui appellent toute fon attention ?

Ces objets font les difpofitions menaçan tes qui fe font près de nos frontieres, & qui font foutenues, protégées, même encouragées par des princes étrangers, féculiers ou eccléfiaftiques. Un feul mor de Louis XIV auroit impofé filence & fait rentrer dans le néant tous ces ennemis de la Conftitution Françoife, ce monarque qui n'avoit que de braves efclaves pour foldats, & qui longtems fur obligé de les vêtir en farraux, de les chauffer en fabots, & de les payer en papier. Que feroit ce donc, fi aujourd'hui, à la fuite d'un décret du Corps Législatif qui anmoncât la fierté & la puiffance de la Nation, Louis XVI publioit une proclamation par laquelle il notifieroit aux princes allemands qu'il regarderoit comme ennemis de l'Empire François tous ceux d'entr'eux qui permettroient des raffemblemens de fugitifs armés dans leurs Etats? Qu'arriveroit-il, A le chef & le roi des François déclaroit qu'il envifage comme une agreffion préparée, comme un foyer de trabifon & de félonie, qui communique & entretient les troubles dans nos départemens, le féjour de tant de milliers d'émigrans qui veulent élever dans une terre étangere tiône contre trône, autel contre autel, s'il ajoutoit enfin que dans le cas où les princes allemands n'éloigneroient pas de leurs Etats tous les fu

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gitifs qui confpirent contre leur patrie, cent mille François fe chargeroient de cette pédition? On verroit bientôt la rive droite du Rhin balayée ; & les émigrés, portant plus loin leurs pas & leurs projets, Ou rentrant dans le fein de leur pays, n'auroient d'autre moyen que cette alternative, pour fe fouftraire au jufte reffentiment du roi & de la Nation.

Quatre cent mille hommes répartis fur nos frontieres hériffées d'artillerie ne font pas trop pour appuyer la proclamation royale, & l'on y ajoutera trois Corps de réserve, chacun de 60 miile Gardes Nationaux, dans trois points différens du royaume. Les ingénieurs, artiftes, machiniftes, artificiers, feront invités (& cela devroit déjà être fait ) à inventer des moyens de défenfe extraordinaires: car dans une guerre dugenre de celle dont nous fommes menacés, les mines fous des grands chemins, les feux dévorans, les machines les plus meurtrieres, doivent être imaginés; tout eft permis pour repouffer une agreffion barbare & dénaturée, tout eft permis pour répandre la terreur & la mort dans les rangs des foldats mercenaires qui nous menacent des chaînes de l'efclavage, tout eft permis pour défendre la liberté conquife & pour fauver la patrie en danger.

Ce n'eft point par des préparatifs foibles & mefquins, interrompus, & repris qu'on peut en impofer à la ligue de tous les potentats. Rien de grand pe fe fait avec des moyens petits ou parcimonieux; c'est le cas de répéter ce vieux adage. Aux grands maux les grands remedes; c'eft ie cas ou jamais d'agir en conféquence. On fe confume autant & même plus en frais & en dépenfes, en faifant en dix fois

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ce qu'il faudroit établir en une fois. Que les ennemis de nos loix tentent une invafion : fi nos lignes font défendues dans un ordre foible & mince, ils feront une trouée ; ils s'empareront de quelque ville dont ils formeront une place d'a mes; les Cofaques, les Tartares, ou Hongrois poufferont des pointes de 1520 eues par jour, & porteront la dévaftation dans nos campagnes. Mais fi la masse de nos forces permet que l'on établiffe une duble, une triple ligne, fi des Corps refans & gers, formant des divifions de réferve en éHons, fe fuccedent, fe poufflent & s'en

ident, la rétiftance fe montrera partout & des troupes fans ceffe renaiffantes fortifieront Pune des lignes, ou couvriront un département, ou tombe ont de toutes parts fur les brigands plus jaloux de pillage que de gloire.

Ces difpolitions vigoureu es érant faites des commiffaires feront nommés, foit du Corps Lég flatif, foit des départemens, n'importe où on es prendra, pourvu qu'ils foient animés de zee & de patriotifme. Ils feront envoyés fur les frontieres pour y prendre une connoiffance pofitive des préparatifs de défenfe & d'approvisionnemens en tout genre. Pour remplir leur miffion d'une maniere qui rể. ponde à l'importance de l'objet, ils ne fe borneront pas à voir les chofes fuperficiellement, leurs diners furtou feront courts, & les vifites & infpections fort lo gues. A leur arrivée dans une place forte, ils feront publier qu'ils font difpofés à entendre les citoyens, les officiers ou foldats qui auront des obfervations unites & e fentielles à leur communiquer. Après avoir orné leur mémoire & leurs porte-feuilles de fouvenirs intéreffans & de notes de la plus grande exactitude, les commilaires front faire à l'Affemblé Nationale Légiflative, non de

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