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RUSSIE.

PETERSBOURG ( le 22 Septembre ). La Cour a été informée par un courrier, que le maréchal prince Potemkin attaqué à Galatz d'une fievre dangereufe, s'étoit fait tranfporter dans un village, à 600 werftes de Jafly, où un air plus pur & les foins de l'art l'avoient fait paffer de l'état de maladie à celui de convalefcence. Ce prince ayant été autorifé à nommer les plénipotentiaires, de la part de l'impératrice, pour conclure une paix définitive avec ceux de la Porte Ottomane, il a confié cette commiffion au lieutenant-général Samoïlow, fon neveu, en lui adjoignant le général major Ribas, qui a commandé la flottille fur le Danube, & M. Lafcarow, qui a été employé longtems dans les négociations à Conftantinople. L'endroit où le tiendront les conférences n'eft pas encore défigné.

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D'autres objets fixent encore l'attention de la Cour, qui femble prendre une part trèsactive à la fituation des princes expatriés de France, & de la nombreuse nobleffe qui les environne. M. de Bombelles, auquel Pinpératrice a accordé une penfion de 600 roubles eft parti d'ici pour Coblence, cù il dit-on, exécuter une commiffion très importante. S. Maj. ayant décoré, il y a quelques années, le comte de Saint-Prieft des Or dres de St. André & de St. Alexandre Newski, il a reçu de fa part l'habillement & les or nemens du fecond de ces Ordres. Cet ancien miniftre, qui a paffé quelque tems à Stockholm, paroît devoir faire quelque féjour ici. SUEDE.

STOCKHOLM le 30 Septembre ). Le roi vient de faire préfent de fon bufte en marbre au magiftrat de cette ville il fera déposé

dans la grande falle de l'hôtel-de-ville, ou font déjà ceux du prince royal & du duc de Sudermanie. A l'égard du bufte du duc d'Oftrogothie, autre frere du roi, il n'en eft pas plus queftion que de l'original. It eft fingulier que, durant le cours d'une année, ce prince ne foit pas cité une feule fois dans nos papiers.

C'est le général Platen que le roi a nommé pour fuccéder au prince de Heffenftein dans le gouvernement de la Pomeranie. On fçait que ce prince eft oncle naturel de S. Maj.

La nouvelle que le roi des François a accepté & juré le nouvel acte conftitutionnel de fon royaume, a produit ici la même fenfation que partout ailleurs; elle a tout-à-coup éclipfé les idées des fecours qu'on devoit lui donner pour le rétablir dans l'exercice d'une fouveraineté illimitée. En conféquence, toutes les troupes qui avoient reçu ordre de fe tenir prêtes à marcher, ont reçu celui d'aller jouir du repos dans leurs quartiers d'hiver, & tous les autres préparatifs pour le même objet ont été contremandés.

Le comte de Neni, arrivé depuis peu de Vienne, fe difpofe à partir pour Copenhague. Ce n'est pas une commiffion particuliere, diton, qui l'a amené ici, mais le feul plaifir de voyager. On en croira ce qu'on voudra, mais il eft certain 'que le plaifir des voyages dans ces contrées est bien vif, s'il l'eft a Pégal du froid qu'on y reifent.

La pompe funebre de l'embryon-prince eft tout ce qu'il y a de plus intéreffant dans ce moment à Copenhague; ce n'est pas la peine d'en faire un article.

POLOGNE.

VARSOVIE ( les 30 Septembre ). Dans la féance que tint la Diete le 22 de ce mois,

,

le chancelier Chreptowicz fit la lecture de deux notes de l'électeur de Saxe, l'une du 29 Août l'autre du 10 Septembre, remifes toutes les deux après que ce prince avoit pu, dans les conférences de Pilnitz, s'affurer des intentions de l'empereur & du roi de Pruffe, au fujet de la nouvelle Conftitution Polonoite. L'électeur s'y exprime en termes de la plus haute eftime & d'une vive reconnoiffance pour la Nation & pour fes représentans; mais fans s'expliquer encore fur l'acceptation, il demande. à la prendre en confidération, pour examiner ce que cette démarche peut avoir d'avantageux, ou de préjudiciable, foit pour la Pologne, foit pour la Saxe, particulierement pour pouvoir comparer avec les intérêts de l'un & de l'au◄ tre pays les pada conventa auxquels il devoit fe conformer après fon acceptation, &c.

Dès le 24, un courrier. expédié pour Drefde fut chargé d'y parter la réponse de la Diete. On y prie l'électeur de fe déclarer définitivement fur le parti qu'il juge à propos de pren dre. Il en eft qui penfent que la réponse de S. A. S. fera encore dilatoire, & qu'avant tout il faudra que la Diere donne des éclairciffemens fur certains articles.

Quoique la très grande majorité de la Nation ait manifefté fes fentimens en faveur de la nouvelle Conftitution d'une façon qui n'eft nullement douteufe, il exiite toujours un parti quelconque qui regrette fes anciennes exemptions & fes privileges, & aux yeux duquel un interregne anarchique avec une guerre civile, qui en eft le résultat néceffaire, paroît préférable à un ordre conftant pour fuccéder dans la premiere magiftrature du royaume. Les nonces de Sendomir & de Volhynie ont déclaré que, dans des inftructions don

nées par ces palatinats à leurs repréfentáns; on témoignoit vouloir conferver l'ancienne miniere d'élire un roi à chaque vacance du trône. Le roi n'a pu entendre des fentimens fi contraires au vou des meilleurs citoyens, faos en marquer fa furprife, & fans décia rer que, fi telles étoient les inftructions des deux palatinats, elles différoient bien de la joie avec laquelle la nouvelle Conftitution avoit été reçue dans tout le reste du royaume. Cependant un des nonces de Sendomir a donné dès le même jour l'exemple de por. ter contre cette Conftitution une protestation formelle à la chancellerie du grod de cette capitale. Il pourra être fuivi par quelques autres; mais il n'eft pas à craindre que la trèsgrande majorité de la Nation Polonoife, qui trouve dans cette nouvelle Conftitution la meilleure garantie contre tous les troubles fu. turs, fans nuire à l'effence de fa liberté politique ou civile, s'en laiffe imposer par un parti que conduit l'ambition, ou qu'aveuglent d'anciens préjugés dont déjà depuis trop longtems on faifoit le reproche à la Nation Po lonoise.

Que les Polonois qui ont le coupable defir de perpétuer les anciens abus, lifent & méditent le difcours qu'a prononcé M. Wybicki le 15 de ce mois, à la rentrée de la Diere: ils verront avec quelle vive éloquence ce noble repréfentant du Tiers-Etat trace la peinture des maux auxquels le régime féodal livra la Pologne.

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« L'anarchie féodale, dit M. Wybicki, ce monftre ennemi des fociétés ne permettoit pas au Peuple Bourgeois de réclamer le titre & les droits d'homme & de citoyen; mais fi l'anarchie avoit empêché que l'humanité n'eût

repris fa dignité, une divinité, amie de l'homme, vengea l'oubli où elle le voyoit plongé en nous faifant éprouver toutes fortes de calamités & d'humiliations. Il s'éleva parmi nous un nouveau genre de guerre civile; ce fléau ne paroifloit accompagné ni des combats, ni de l'incendie, ni du pillage, & cependant l'animofité s'emparoit des efprits, nos villes fe réduifoient en cendres, & nos campagnes étoient dévastées. Il s'éleva un nouveau genre de guerre étrangere; nous n'avions pas d'ennemis vifibles; nous fentîmes cependant qu'on avoit violé le droit des gens & notre indépendance; &, fans que nous viflions couler le fang des agreffeurs, ni celui des attaqués, notre pays devint une conquête, & on nous fit prifonniers ».

A ce fombre tableau, le Patriote Polonois oppofe la brillante perfpective que préfente le nouveau régime.

« Des villes floriffantes, s'écrie-t-il, s'éleveront fur des monceaux de ruines & de pouffiere qui révoltent l'œil du voyageur; les contrées que le défefpoir de l'esclavage & l'indolence, qui naît du refus de propriété, ont rendues défertes, fe repeupleront de citoyens laborieux; l'induftrie, les manufactures, le commerce, ameneront cette confommation fi néceflaire pour notre pays; elle deviendra une fource de richeffes d'où découleront celles de chaque propriétaire. Nous ne bornerons pas là notre reconnoiffance envers la patrie qui nous est devenue commune: nous armerons des millions de bras pour la défenfe de la liberté de la Nation, de cette liberté qui fut la propriété des Polonois, & à laquelle vous venez de rappeller le Peuple Bourgeois. Le nouveau gouvernement la Constitution dé

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