Page images
PDF
EPUB

« C'est votre roi qui vous demande de refter inviolablement attachés à des devoirs que vous avez toujours fi bien remplis. Vous auriez regardé comme un crime de réfifter à. fes ordres; vous ne vous refuferez pas à fes inftances >>.

« Je ne vous parlerai pas des dangers, des fuites fâcheufes qu'une autre conduite pourroit avoir; je ne croirai jamais qu'aucun de vous puiffe oublier qu'il eft François ».

« Je vous charge, Monfieur, d'adreffer de ma part un exemplaire de cette lettre à cous les officiers attachés à votre département, & particulierement à ceux qui font en congé ». Signé, LOUIS.

Et plus bas DE BERTRAND. Cette lettre étoit à peine publiée, qu'elle a été suivie d'une proclamation du roi, dont voici la teneur.

Du 14 Odobre 1792.

<< Le roi, inftruit qu'un grand nombre de: François quittent leur patrie & fe retirent fur les terres étrangeres, n'a pu voir fans en être vivement affecté une émigration auffi confidérable; & quoique la loi permette à tous les François la libre fortie du royaume, le roi, dont la tendreffe paternelle veille fans ceffe pour l'intérêt général, & pour tous les inté rêts particuliers, doit éclairer ceux qui s'éloi gnent de leur patrie fur leurs véritables de voirs, & fur les regrets qu'ils fe préparent. S'il en étoit parmi eux qui fuffent féduits par l'idée qu'ils donnent peut-être au roi une preuve de leur attachement, qu'ils foient dé trompés, & qu'ils fcachent que le roi regar dera comme fes vrais fes feuls amis, ceux qui fe réuniffent à lui pour maintenir & faire refpe Aer les loix, pour rétablir l'ordre & la

[ocr errors]

Premier Novembre, 1791. No, XXXI. C

[ocr errors]

paix dans le royaume, & pour fixer tous les genres de profpérité auxquels la nature femble l'avoir destiné ».

« Lorsque le roi a accepté la Conftitution, il a voulu faire ceffer les difcordes civiles, rétablir l'autorité des loix, & affurer avec elles tous les droits de la liberté & de la propriété. Il devoit fe flatter que tous les François feconderoient fes deffeins. Cependant c'cft à cette même époque que les émigrations ont femblé fe multiplier; une foule de citoyens abandonnent leur pays & leur roi, & vont porter chez des nations voifines des richeffes que follicitent les befoins de leurs concitoyens. Ainfi, lorsque le roi cherche à rappeller la paix & le bonheur qui la fuit, c'eft alors qu'on croit pouvoir l'abandonner, & lui refufer les fecours qu'il a droit d'attendre de tous ».

« Le roi n'ignore pas que plufieurs citoyens, des propriétaires furtout, n'ont quitté leur pays que parce qu'ils n'ont pas trouvé dans l'autorité des loix la protection qui leur étoit due ; fon cœur a gémi de ces défordres; mais ne doit-on rien pardonner aux circonstances? Le roi lui-même n'a-t-il pas eu fes chagrins ? Et lorfqu'il les oublie pour ne s'occuper que du bonheur commun, n'a-t-il pas le droit d'attendre qu'on fuive fon exemple ? Comment l'empire des loix s'établira-t-il, fi tous les citoyens ne fe réuniffent pas auprès du chef de l'Etat.. Comment un ordre ftable & per. manent peut-il s'établir, & le calme renaître, fi, par un rapprochement fincere, chacun ne contribue pas à faire ceffer l'inquiétude générale? Comment enfin l'intérêt commun prendra-t-il la place des intérêts particuliers, fi, au lieu d'étouffer l'efprit de parti, chacun tient à fa propre opinion, & préfère de s'exiles à céder l'opinion commune » ?

« Quel fentiment vertueux, quel intérêt bien entendu peut donc motiver des émigrations? L'efprit de parti, qui a caufé tous nos malheurs, n'eft propre qu'à les prolonger. François, qui avez abandonné votre patrie revenez dans fon fein; c'est-là qu'eft le pofte d'honneur, parce qu'il n'y a de véritable honneur qu'à fervir fon pays & à défendre les loix. Venez leur donner l'appui que tous les bons citoyens leur doivent elles vous rendront, à leur tour, ce calme & ce bonheur que Vous chercheriez en vain fur une terre étrangere. Revenez donc, & que le cœur du roi ceffe d'être déchiré entre fes fentimens qui font les mêmes pour tous, & les devoirs de la royauté qui l'attachent principalement à ceux qui fuivent la loi. Tous doivent le feconder lorfqu'il travaille pour le bonheur du Peuple. Le roi demande cette réunion pour foutenir fes efforts, pour être fa confolation la plus chere; il la demande pour le bonheur de tous. Penfez aux chagrins qu'une conduite opposée prépareroit à votre roi; mettez quelque prix à les lui épargner; ils feroient pour lui les plus pénibles de tous ».

« Fait à Paris, au Confeil d'Etat, le 14 0&obre 1791».

Signé, LOUI S.
Et plus bas, par le roi, DElEssart.

Une troifieme lettre du roi aux officiers-généraux & aux commandans des troupes de terre eft datée auffi du 14, & ainfi conçue:

[ocr errors]

«En acceptant, Monfieur, la Conftitution j'ai promis de la maintenir au dedans, & de Ja défendre contre les ennemis du dehors. Cet acte folemnel de ma part doit bannir des efprits toute incertitude; il détermine en même tems, de la maniere la plus précife & la

plus claire, la regle; de vos devoirs & les notifs de votre fidélité. Mon intention eft que vous annonciez aux troupes qui font fous vos ordres, que ma détermination, que je crois ellentielle au bonheur des François, est invariable comme mon amour pour eux »>.

« La loi & le roi déformais confondus > l'ennemi de la loi devient celui du roi. De quelque prérexre maintenant dont on veuille colorer la défobéiflance & l'indifcipline, j'annonce que je regarderai comme un délit contre la Nation & contre moi tout attentat, toute infraction à la loi ».

« Il a pu être un tems où les officiers par attachement à ma perfonne, & dans le doute de mes véritables fentimens, ont cru devoir hésiter fur des obligations qui leur fembloient en oppofition avec leurs premiers engagemens; mais après tout ce que j'ai fait, ceite erreur ne doit plus fubfifter ».

« Je ne puis regarder comme m'étant fincérement dévoués ceux qui abandonnent leur patrie au moment où elle réclame fortement leurs fervices. Ceux-là ftuls me font fmcerement attachés, qui fuivent les mêmes voies que moi, qui reftem fermes à leur pofte, qui, loin de défefpérer du falut public; fe confé derent avec moi pour l'opérer, & font réfolus de s'attacher inféparablement à la deftinée de l'Empire »>.

a Dites donc à tous ceux qui font fous vos ordres, officiers & foldats, que le bonheur de leur pays dépend de leur union, de leur confiance réciproque, de leur entiere foumiffion aux loix, & de leur zele actif pour les faire exécuter. La patrie exige cette harmonie, qui fait fa force & fa puillance. Les déterdres paffés, & les circonstances où nous for

més, donnant à ces vertus du guerrier, pendant la paix, une valeur fans prix, c'est à elles que feront dues les diftinations, les récompenfes, & tous les témoignages de la reconnoiffance publique ».

Signé, LOUIS.

Et plus bas, DUPORTAIL. MUNICIPALITÉ.

Le Confeil-Général de la Commune a arrêté, le 13 de ce mois, qu'il feroit frappé en l'honneur de M. La Fayette une médaille dont l'académie des infcriptions feroit priée de donner les emblèmes & les infcriptions françoifes; qu'une de ces médailles en or feroit envoyée à M. La Fayette, au nom de la Commune de Paris; que la ftatue de M. Washington, en marbre, faite par le Sr. Houdon, feroit donnée à M. La Fayette pour être placée dans celui de fes domaines qu'il habite le plus, afin qu'il ait toujours, devant les yeux fon ami, & celui qui lui a appris à fervir fi glorieufement la liberté de fa patrie; enfin, que l'arrêté contenant ces difpofitions feroit inferit fur un marbre placé fous le buite de M. La Fayette, donné, il y a 12 ans, à la municipalité de Paris, par les Etats-Unis de l'Amérique.

Pour réunir fous le même point de vue ce qui concerne M. La Fayette, nous ferons mention ici d'une lettre par laquelle ce général a fait à la Garde Nationale Parifienne les adieux les plus touchans.

Toutes les compagnies qui forment les 60 bataillons, ont député chacune un membre à l'hôtel de ville, pour fe concerter fur une réponse à faire à cette lettre. Il a été arrêté dans cette affemblée, 1°. qu'il feroit fait une réponse dans laquelle l'armée parifienne témoi

« PreviousContinue »