el ef 4 On a délibéré quelque tems sur le parti a prendre relativement à l'arrestation de meubles, de selles & de housses faite près de Thionville par la municipalité de Sierck. Trois avis très-différens se sont prononcés sur cette affaire : les uns pensoient que cette munici palité, en arrêtant des effets avoit commis un attentat contre la Constitution, qui a permis la libre sortie & des choses & des personnes; ils vouloient qu'elle fût improuvée : d'autres opinoient pour lui faire décerner des remercimens pour avoir déployé, en faveur de la liberté & de la Constitution, autant de courage & d'activité que leurs ennemis en déploient pour ramener le despotisme : tel étoit furtout l'avis de M. Couton. La majorité s'est décidée à écarter toute cette affaire par la question préalable. On a paru perfuadé que les effets arrêtés seroient redemandés par ceux à qui ils appartiennent, & que la municipalité de Sierck alors s'empresseroit de les rendre. Un décret a été rendu, sur la motion de M. Garran (de Coulon), qui honore l'Assemblée. Nationale Législative, & qui peut concourir à apporter dans ses plus importans travaux un haut degré de perfection: M. Garran (de Coulon) a demandé que tout ce qu'il y a d'hommes célebres en Europe par leurs lumieres & par leur philosophie, fût invité par une adresse des représentans de la France à leur communiquer leurs vues sur la grande réforme de la législation civile: M. Broufsonnet a dit : « Pourquoi ne demander des secours aux hommes de génie que sur un seul objet? Demandons-en sur tous ». La motion & l'amendement ont été décrétés. En demandant des lumieres à tous ceux qui peuvent B3 ... ! en avoiry on a voté aussi des remercimens à. Jérôme Bintham, Anglois, qui a déjà publié d'excellentes vues sur la maniere de faire un nouveau code. (*) 2 (En 1764, après la réforme, j'adressai au Miniftere des mémoires militaires, ayant pour objet l'amélioration du fort du soldat, qui étoit alors, l'être le plus avili, le plus abandonné de toute la création. Par la comparaison de la folde ancienne & du prix des denrées, je prouvois la nécessité d'augmenter la folde de deux fous. Un de ces sous devoit se délivrer par chaque prêt; l'autre, mis en maffe, auroit fervi à l'établissement d'une bourse commune, d'une fuccession militaire & de quantité d'encouragemens. J'y expofois l'inhumanité de la loi qui ordonnoit à des foldats, à des grenadiers, d'affaffiner leur camarade à coups de fufil, & je demandois la commutation de la peine de mort en faveur des déserteurs, même leur réhabilitation après avoir subi un châtiment proportionné au délit, & qui n'étoit pas l'infame boulet. Je propofois au Miniftere d'appeller, de recueillir fur ces grands objets les lumieres des militaires inftruits, & de les encourager pår des prix. Mais les miniftres d'alors en sçavoient plus à eux feuls qu'une armée entiere de guerriers expérimentés. J'eus quelques lettres de zemercimens; mes idées furent déclarées confifquées au profit des donneurs de projets qui dénaturerent les miens. La folde fut un peu augmentée, les congés militaires abfolus furent donnés avec plus d'exactitude, les plaques de vétérance établies, & la peine de mort fut commuée. A l'égard de l'encouragement que méritoit mon travail, rempli de recherches pénibles, pér il fut accordé à ceux qui avoient pris la peine de découdre mes projets, & de les préfenter suivant les vues de leur chétive conception. la ré Cherchant toujours à m'occuper utilement, en attendant un remplacement, je je présentai préf à M. le duc de Choifeul, en 1767, un profpectus vectus d dont ponse suivante de ce ministre indiquera le sujet. A Versailles, le 24 Février 2,767. avec votre lettre du 34 J'ai reçu, Monfieur, Dans une lettre adreffée au président de l'Affemblée, le ministre de la guerre a donné la liste des emplois vacans dans l'armée, & de ceux remplis depuis le rer. Août dernier. Dans l'infanterie, le nombre des emplois vacans eft de 1468, les remplacemens font de 508. Dans la cavalerie, les emplois vacans font au nombre de 464; les remplacemens font de 256, en forte que le total des emplois vacans eft de 1932, & celui des remplacemens de 764. Il refte donc dans l'armée environ 1200 emplois à remplir, en supposant que les émigrations ne continuent pas. Le ministre de la guerre a énoncé ainfi fon opinion fur la proposition du département du Nord, qui a defiré, pour rendre les remplace mens plus rapides, de les faire faire par les officiers-généraux: M. Duportail ne croit pas cette propofition bonne; il y trouve deux grands inconvéniens: l'un certain, la violation des nouvelles loix militaires; l'autre presqu'impossible à éviter: c'est de voir donner pref Janvier dernier, votre profpetus de Journal Militaire. Sa Majesté, à laquelle j'ai rendu compte de ce projet, n'en approuve point l'exécution ». Signé, LE DUC DE CHOISEUL. Pendant que le style sec & décourageant du miniftre paralyfoit mon zele & mes projets, la burocratie s'étoit emparée de mon prospectus, pour s'appliquer l'avantage qui pourroit en résulter. Elle fir inférer dans les papiers publics qu'une fociété d'officiers inftruits alloit établir un Journal Militaire Francfort-fur-le-Mein. Il ne fut pas difficile de perfuader au ministre qu'il falloit attirer cet ouvrage en France. Les prétendus officiers de Francfort n'éroient pas forris de Paris, & le Journal Militaire y fut rédigé fous les aufpices des frippons qui m'en avoit volé l'idée. Ceft ainsi que, fous l'ancien régime on, diftribuoit les places, les graces & les privileges. (Note du rédateur.) neon 4 que toutes les places aux créatures des officiersgénéraux. Un membre a ouvert un avis terrible; it a demandé qu'on imprimât les noms de tous les officiers qui ont déserté la patrie, & qu'on en répandit la liste dans tous les départemens. « Gardons-nous, s'est écrié M. Girardin, qui a été foutenu par un grand nombre de voix, gardons-nous d'adopter cette motion : ce sont des tables de proscription qu'on nous propose : laiffons-les aux tyrans : défendons la liberté en hommes libres ». Ce mouvement noble & généreux a facilement entraîné l'Assemblée, & l'idée de la liste a été rejettée à une grande majorité. Du 17. Il paroît que les premiers momens des féances feront toujours consacrés aux pétitions: plusieurs pétitions ont été entendues ce matin l'ouverture de la féance. Un fous-officier de la Garde Nationale foldée de Paris demande que les trois régimens de ligne qui vont être formés des gardes soldées puissent porter fur leurs drapeaux une tour renversée, emblême de la Bastille qu'ils ont prise & de la puifsance arbitraire qu'ils ont concouru à détruire. On a fait la lecture d'une adresse de la Commune de Bordeaux, qui reproche au ministre de la guerre & d'avoir longtems fait attendre les armes qu'il devoit fournir aux Gardes Nationales qui devoient se rendre aux frontieres, & de n'avoir envoyé à la fin que de mauvais fusils qu'un régiment de ligne auquel ils avoient appartenus, avoit réformés. M. Lafond-Ladebat, député de la Gironde, s'est plaint, au nom de son département, de ce que le ministre de l'intérieur n'y a fait parvenir qu'une très-petite partie des fonds de A stinés au service du culte, ce qui expose l'Afsemblée Conftituante aux plus graves reproches, & de la part des fanatiques & des hypocrites, au soupçon d'avoir voulu détruire tout culte & toute religion. : Il a été statué que le ministre de l'intérieur seroit entendu demain fur cet objet. , Une adresse de la municipalité de Montpellier a été lue, qui contient les détails de quelques querelles excitées par le fanatisme & dans lesquelles le sang a coulé dans les rues ou dans les places. Quelques hommes, & surtout un grand nombre de femmes, étoient rassemblés pour entendre une messe dite par un prêtre non affermenté. Ils ont été apperçus par des gens perfuadés que la messe est meilleure par des prêtres révolutionnaires & patriotes. Des deux côtés, on a fait l'éloge de sa messe & de son prêtre; des deux côtés, on en est venu d'abord aux injures, ensuite aux coups; ceux qui étoient attirés par le bruit de cette scene, de spectateurs devenoient bientôt combattans. Les Corps Administratifs ont tout étouffé en déployant les forces d'un affez grand nombre de jeunes Gardes Nationales rassemblés de toutes les parties du dé. partement de Montpellier pour marcher aux frontieres. Ces jeunes gens, patriotes ardens, comme on peut le croire, n'ont pas tenu une balance très-égale entre les deux partis auxquels ils en ont imposé : les prêtres réfractaires ont eu à les redouter davantage, & ces Gardes Nationales eux-mêmes aujourd'hui excitent la sollicitude de la municipalité, qui demande que le ministre les fasse partir incessamment pour les frontieres. L'Assemblée Légiflative a renvoyé cette adrefse au comité chargé de faire, le 21, le rapport BS |