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que M. Charles Loménie (de Brienne) a faire à fa dignité de cardinal. I et déclaré privé. de tous les honneurs & privileges attachés à cette dignité. S. S. a annoncé qu'elle réservoit d'autres peines au coupable, au cas qu'il perfiftâ: dans fon erreur. Ce fait eft d'un trèsmince intérêt pour la France, où, comme on s'y attend ici la dignité de cardinal fera fans doute abolie. Le roi de France lui-même avoit montré cette intention avant qu'une Affemblée Nationale eut repris dans ce royaume les droits politiques, & eut manifefté si hautement les principes de la liberté, que les parlemens & les rois françois profefferent de tems immémorial envers la Cour de Rome.

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Dans le même confiftoire, le fouverain pontif a nommé un autre cardinal qu'elle s'eft. réfervé in petto. Il en eft qui penfent que c'eft l'abbé Maury, ci-devant membre de l'Affemblée Nationale, lequel, fe rapprochant de la fource des graces, eft actuellement à Chambery; d'autres pensent que ce chapeau est réservé à M. Caprara, nonce apoftolique de Vienne.

L'abbé Paul Mancieri, qui paffoit pour un faint, vient de mourir âgé de 70 ans. Il entretenoit à fes frais 112 pauvres, au nombre defquels étoit infcrit feu Benoît-Jofeph Labre, mort également en odeur de fainteté.

ESPAGNE.

MADRID ( le 29 Septembre ). La nou velle de l'acceptation que le roi de France a faite de la charte conftitutionnelle, préfentée par l'Affemblée Nationale, a été apportée ici le 21 de ce mois, & elle n'a pas moins excité l'attention du Ministere que la communication faite par le ministre prussien que le roi fon maître de concert avec l'empereur, avoit donné aux princes expa

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une déclaration relative

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triés de France
aux affaires de leur patrie, & pris cnfem-
ble des engagemens dont il a fait connoître
en même tems les motifs & l'intention. Si
le vœu de la Nobleffe qui s'eft exilée de Fran-
ce étoit écouté, la confedération générale
des fouverains de l'Europe contre la Confti-
tution Françoife n'exifteroit pas feulement dans
leurs projets, mais dans le fait & en réalité ;
notre Cour furtout y prendroit une part acti-
ve, & y engagerait le Portugal; mais, fans
nier le vif intérêt que notre Cour prend
aux circonstances actuelles nous ofons atr-
mer qu'il eft hors de toute apparence que
la Nation Françoise ait quelque chofe à crain-
dre de ce côté ci, pour peu qu'elle fcache el-
le même ménager notre gouvernement & rem-
plir les devoirs du bon voifinage. Il n'eft pas
befoin d'alléguer d'autre motif de notre opinion
que la fituation des finances efpagnoles. Le
tréfor royal, bien loin de s'attirer une dépense
dont il feroit difficile de calculer le dernier
a befoin de fecours dès ce mo-
ment : l'argent manque ; & pour remédier
à la pénurie qui fe fait fentir, le Gouver
nement a eu recours à l'économie, en fuppri-
mant le traitement de plufieurs fonctionnaires
publics. Cette épargne ne fuffifant pas, il
faudra y fuppléer par une reffource momen-
tanée, mais onéreuse pour l'avenir, celle des
emprunts. I eft donc vraifemblable que l'Ef
pagne s'en tiendra à des mefures de précaution,
pour empêcher que l'efprit de réforme ou d'inno
vation qui a embrafé la nation fa voifine
ne fe communique chez elle heureuse, fi ces
mefures, même en trahiffant par leur rigueur des
craintes extrêmes, ne provoquent comme il
arrive affez souvent) le mal même, qu'on veut
écarter.

terme,

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FRANCE.

PARIS le 22 Oobre ).

ASSEMBLÉE Nationale LÉGISLATIVE.

Du Odobre.

Plufieurs membres ont porté la parole re lativement à la police intérieure de l'Affemblée, qui étoit l'ordre du jour; ceux qui ont le plus attiré l'attention font MM. Quatremere & Girardin.

M. Quatremere a d'abord un peu étonné : il a demandé la queftion préalable fur tous les projets de réglemens propofés & à propofer. Il ne faut pas croire que cet orateur ait vou lu que l'Afemblée n'eû point de police & d'ordre il penfe que des législateurs doivent trouver la regle dans leur propre fageffe, dans le respect profond de leurs devoirs les plus facrés, de tous ceux que l'homme peut remplir fur la terre, dans l'ambition qu'ils doivent avoir de donner des exemples à l'imitation des peuples en même tems que des loix à leur obéiffance. M. Quatremere a cité Fexemple de la chambre des Communes de l'Angleterre, où une police admirable s'exerce fans loix & fans réglemens, par le feul effet du caractère des députés & de l'autorité du préfident. (On l'appelle Orateur en Angleterre.)

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Il y a fi peu de rapport entre les Anglois, peuple taciturne & grave, & les François fi impétueux & fi amoureux de la parole, qu'il ne faut rien conclure de l'un de ces peuples à l'autre, furtout lorfqu'il s'agit du réglement de police d'une affemblée parlante & delibéran te. L'Anglois, qui calcule & mesure tout, eft en quelque forte, un réglement lui-même : le François, que tout agite, a befoin qu'on lui met

te fans ceffe fous les yeux la regle & la foi. M. Quatremere, perfuadé que c'eft la fagef fe, la décence des membres d'une affemblée qui doit maintenir l'ordre, a fenti que la difpofition de la falle doit puiflamment influer fur des difpoficions que chaque membre doit avoir, foit en parlant, foit en écoutant; il a donc demandé qu'on donnât une autre forme à la falle, & que des commiffaires fuffent nommés pour déterminer les changemens à faire avec l'architecte & l'Affemblée Nationale.

Il y a lieu de croire que l'Affemblée Nationale fe propofe de prendre cet objet en confidération, puifqu'elle l'a ajourné.

M. Girardin a demandé pourquoi on cher-' choit des projets de réglement de police intérieure lorsqu'on avoit fous les yeux le réglement adopté par l'Affemblée Conftituante. S'il· a des défauts, a-t-il dit, on peut les corriger; s'il y a des chofes à fupprimer ou à ajouter, nous ferons ces fuppreffions & ces addi tions. Commençons donc par mettre ce réglement aux voix, article par article. C'eft ce qui a été adopté & exécuté en partie.

Deux articles nouveaux ont été décrétés, & tous les deux favoriferont fans doute la marche réguliere & majeftucufe des délibérations du Corps Légiflatif.

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Toutes marques d'approbation & d'improbation ont été féverement profcrites. Il femble que ce foit brifer, & l'aiguillon des talens & le frein de l'audace; mais l'Affemblée Légiflative doit être un fanctuaire de vertu & non un théatre de gloire. D'ailleurs ce n'eft point par la voix de que ques tribunes qui obéisfent à tant d'impreffons différentes, c'eft par la voix des peuples & des fiecies que la vraie gloire eft diftribute.

Sur la motion de M. Girardin, il a été statué que toutes les motions ajournées feroient infcrites fur un regiftre. C'eft un moyen de con'erver & leur fouvenir & l'ordre de leur date.

Des députés extraordinaires de la ville de Nantes font venus présenter à l'Affemblée les proteftations de cette obéiffance fans bornes à la loi qui conftitue à la fois & la liberté & le bonheur des citoyens d'un Empire.

Les commiffaires nommés pour prendre connoiffance de l'état de fituation du tréfor public & de la caiffe de l'extraordinaire en ont rendu compte fur leur propofition, l'Affemblée a ordonné le versement de 18 millions de la caiffe de l'extraordinaire dans le tréfor public.

On a appris de la bouche des mêmes commiffaires que, dans le plus grand nombre des dépa temens, le recouvrement des contributions commence à fe faire avec la plus grande activité. Les ennemis de la Révolution avoient une autre espérance; mais on trouveroit difficilement l'exemple d'un peuple libre qui refufe de contribuer à une dépense dont il est für d'être l'objet ; & ce n'étoit pas aux François à donner l'exemple d'un fi déplorable aveuglement.

Le miniftre de la guerre a répondu à toutes les questions qui lui étoient faites, par un décret dont nous avons rapporté les difpofitions: l'Affemblée Nationale a paru fatisfaite de fes réponses. Il en résulte en effet, qu'en fortifications, en foldats, en armes & en vivres, la France a tous les moyens de repouffer toutes les attaques qu'on peut vouloir lui faire. Du 12.

M. van Vaker a dénoncé à l'Affemblée que l'empereur a mis en fequeftre & fous l'admi

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