1 On est assez en usage de couper la tête des arbres qu'on plante à demeure, et d'en rabattre les tiges à 5 ou 6 pieds. Il faut user de cette mesure si vos arbres ont souffert à la déplantation; mais si les racines sont en bon état, il ne faut pas étêter. Pour aider la végétation de la branche conductrice ou de celle qu'on destine à former la tête de l'arbre, il faut couper les branches fortes qui sont sur la tige, et conserver les petites en les rabattant à deux ou trois yeux. Lorsque les feuilles commencent à tomber, c'est le moment de planter; car les plantations du printemps ne valent jamais celles de l'automne, et ont absolument besoin d'être arrosées une ou deux fois la première année. Il faut planter par un beau temps, quand la terre n'est ni sèche ni humide; il est nécessaire de combler la fosse jusqu'aux deux tiers, en observant de réserver la terre qui étoit à la superficie pour en couvrir immédiatement les racines. Pour placer les arbres, le planteur entre dans la fosse si elle a été trop comblée, écarte la terre et place l'arbre de manière qu'il ne soit ni plus ni moins enfoncé qu'il ne l'étoit dans la pépinière, après l'affaissement qui a toujours lieu, et qui est d'environ un pouce par pied. Il faut l'arbre un peu élevé, et amonceler 4 à 5 pouces de terre de trop autour de sa tige: par ces précautions, quand les terres sont tassées, l'arbre se trouve à son véritable point. Quand il est placé, on doit arranger la terre avec une grande attention, afin que tous les vuides se trou vent garnis, et achever de combler com la fosse sans pié tiner la terre. Il faut laisser végéter en toute liberté les arbres que l'on a récemment plantés pendant l'espace de la première année. Ce n'est que peu avant la seconde mise qu'on doit faire tomber les bourgeons qui ont poussé sur la tige, afin de donner plus de force à ceux qui doivent former la tête de l'arbre. Il faut être circonspect dans cette opération, car les arbres se nourrissent autant de feuilles que de racines, et ménager leur sève de manière qu'ils grossissent toujours en proportion de leur grosseur. (Extrait de la bibliothéque phisyco-économique.) §. II. Découvertes. Dans le précédent numéro nous avons annoncé. (p45) que nous donnerions connoissance du rapport fait à l'Institut par les commissaires que ce premier corps savant a nommés, pour l'examen des produits que M. Mollerat obtient en distillant le bois; voici le texte même de ce rapport: Extrait du procès-verbal de l'Institut de France, classe des sciences physique et mathématiques, séance du Lundi 26 Septembre 1808. La Classe nous a chargé de lui proposer une réponse aux trois questions qui lui ont été adressées par S. E. le Ministre de l'Intérieur, rélativement à l'acide pyroligneux, preparé par M. Mollerat. Après avoir soigneusement examiné ces trois questions, voici comment nous pensons que la classe doit y répondre. Première Question.-Sous les rapports de défini tion de l'acide pyroligneux peut-il être désigné, par la dénomination de vinaigre de bois? Réponse. D'après la stricte étymologie du mot vinaigre, l'acide acétique qu'on retire du bois, ne devoit pas être appelé vinaigre, parce qu'il n'est pas fait avec le vin, et puisqu'il n'est pas entièrement semblable au vinaigre de vin. Cependant on a étendu cette dénomination à l'acide que l'on tire du cidre, du poiré, de la bière, etc quoiqu'il ne ressemble pas non plus au vinaigre de vin. Tous les vinaigres doivent la plus grande partie de leur force, à l'acide acétique; mais le vinaigre de vin contient, en outre du tartre, un peu d'acide malique d'alcool, et de matière colorante. Ceux du cidre et de poiré ne contiennent que de l'acide malique, peu ou point d'acool, et une matière colorante jaune; il n'y a dans celui de bière qu'une matière végéto-animale, dissoute par l'acide acétique. L'acide du bois est entièrement formé d'acide acétique, le même qui fait la base du vinaigre de vin; et si ce dernier tenoit son nom de la présence de son acide le plus abondant, assurément l'acide du bois mériteroit plus que tous les autres, le nom de vinaigre. Le vinaigre de vin n'est donc lui-même que l'acide acétique auquel sont mêlées différentes matières étrangères, qui ne font qu'émousser son acidité, et c'est pour cette raison que l'acide du bois est à force égale, plus piquant que lui; les vinaigres de cidre et de bière ne sont non plus que de l'acide acétique, mêlé à une petite quantité d'acide malique, d'alcool, et de matière végéto-animale. Une liqueur sucrée ou spiritueuse qui ne contiendroit ni acide malique, ni matière colorante, et qui pourroit être convertie en vinaigre, par la fermentation, seroit sans doute appelée vinaigre; cependant elle ressembleroit beaucoup plus à l'acide du bois qu'au vinaigre du vin. Le vinaigre de vin dont on a séparé le tartre, la matière colorante et l'acide malique, par la distillation, est dans le même état que l'acide du bois purifié, et cependant on l'appelle vinaigre distillé, ou acide acétique. Plusieurs vinaigriers de Paris le vendent même sous le nom simple de vinaigre. i Deuxième question. - Sous le point de vue de la salubrité, cet acide partage-t-il les avantages du vinaigre de vin ? est-t-il, comme le vinaigre, sans inconvénient? son usage n'offre-t-il rien de nuisible à l'économie animale ? Réponse. - L'acide du bois étant de l'acide acétique pur, ne présente rien que de salubre pour l'économie animale, et, s'il est toujours préparé avec le même soin que celui qui a été présenté à l'Institut, par MM. Mollerat, l'on pourra avec sûreté l'employer à tous les usages auxquels sert le vinaigre de vin. Troisième question. - Peut-on, dès lors, sans conséquence, permettre que, sous le nom de vinaigre, cet acide soit mis dans la consommation en concurrence avec le vinaigre de vin, et pour l'usage de la table? Réponse. - Puisque l'acide acétique du bois ne peut-être en aucune manière nuisible à la santé, l'on peut permettre sans conséquence, qu'il soit mis dans la consommation; quant à la dénomination de vinaigre de bois, on n'est point dans l'usage de distinguer les vinaigres par les noms des substances d'où ils tirent leur origine; ainsi l'on ne distingue point; pár des noms différens les vinaigres fabriqués avec le cidre, le poiré, la bière, l'alcool, la gomme, l'amidon, etc. quoiqu'ils soient employés aux mêmesusage que le vinaigre de vin. Signé, FOUCROY, BERTHOLLET, VAUQUELIN. La classe approuve le rapport, et en adopte les conclusions. Certifié conforme à l'original. esecrétaire perpétuel pour les sciences naturelles, Signé, CUVIER. §. III. Ouvrages nouveaux. No. 1. Nouveau Manuel forestier, traduit de l'allemand de M. DE BURGSDORFF, et adapté à nos localités, par M. BAUDRILLART, premier commis d l'Administration des forêts, et membre de plusieurs sociétés savantes (1). Cet ouvrage est déjà connu de la plupart des fo restiers; nour n'en parlerons donc que comme d'un livre qui a pris son rang dans les bibliothéques forestières, et sur lequel l'opinion est formée; cette opinion est telle qu'elle a dû être conçue en voyant paroître l'ouvrage sous les auspices du gouvernement. On a dû s'attendre à y trouver de l'exactitude dans les descriptions qui tiennent à la science; de la clarté dans l'exposition des principes; une distribution régulière et naturelle dans l'ordre des matières; de bonnes méthodes de culture, d'exploitation et d'aménagement; des préceptes à cet égard, appuyés sur la raison et l'expérience; enfin, un travail qui fût utile à toutes les classes d'employés, et aux propriétaires forestiers. Quelque étendue que fût cette espérance, elle s'est réalisée, et l'on a trouvé dans le nouveau Manuel tous les avantages qu'il promettoit; avantages que le traducteur a su faire ressortir, et auxquels il a ajouté par des notes instructives et un grand nombre d'articles qui lui appartiennent. Il a senti que si les traductions qu'il avoit (1) Deux forts volumes in-8., avec 29 figures et beaucoup de tableaux, dont un sur grand-aigle. Prix, pour Paris, 15 fr.; et 19 fr. par la poste. A Paris, chez ARTHUS-BERTRAND, libraire , rue Hautefonille, 1 |