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M. de Lamartine, a disparu; et, à . avons un Bailleul vulgaire, impuissant, Conciergerie, d'où il ne sort, cinq mois après des Girondins, que pour aller passer six autres mo à la prison du Luxembourg.

Que si, par aventure, on voulait imaginer, en un tel désarroi, une nouvelle tradition sur le banquet, et dire que si Bailleul libre n'a pas ordonné le festin du dehors, Bailleul captif a pu l'envoyer chercher de son cachot, il convient d'observer que cette supposition est impossible à admettre.

En effet, nul, pas même les Girondins, n'avait pu prévoir le jour et l'heure de la condamnation. Elle fut précipitée, à l'audience du 9 brumaire-30 octobre-en vertu d'un décret de la Convention rendu le matin même; et, au moment où l'arrêt fut rendu, les plaidoiries n'avaient pas encore commencé.

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et lui ai, en parlant à sa personne, laissé copie tant dudit mandat que du présent.

Signé: FAVERNIER 1.»

Le registre d'écrou de la Conciergerie ne porte pas en marge, comme il le devrait, la mention de la sortie de Bailleul; mais nous avons cherché dans les registres des autres prisons de Paris, et nous avons trouvé qu'il avait été transféré de la Conciergerie au Luxembourg, le 3 ventôse an II-21 février 1794.Voici encore le texte de l'écrou :

<3 ventôse.

« Le nommé Bailleul, membre de la Convention nationale, a été reçu dans cette maison, en exécution de l'arrêté du Comité de sûreté générale, sur mandat de l'administration de police.

« Signé : CORDAS et MASSÉ. »

En marge de cet écrou est écrite la mention suivante :-<«<21 thermidor, mis en liberté2. »

Ainsi, Bailleul, entré à la Conciergerie le 9 octobre 1793, n'en partit, le 21 février suivant, que pour entrer à la prison du Luxembourg, d'où il ne

1 Registre d'écrou de la Conciergerie, T. R. (tribunal révolutionnaire), du 8 novembre 1792 au 13 prairial an II; feuillet 33. (Archives de la Préfecture de police.)

2 Registre d'écrou de la prison du Luxembourg, du 26 juillet 1793 au 30 mai 1794, p. 121. (Archives de la Préfecture de police.)

sortit que onze jours après la mort de Robespierre, le 8 août 1794, et dix mois après la mort des Girondins.

On le voit, ces deux écrous démolissent de fond en comble toute la légende du dernier banquet des Girondins.

Bailleul, sorti de prison, Bailleul échappé à la mort, Bailleul caché dans Paris, Bailleul tenant, au péril de sa liberté et de sa vie, la promesse faite aux Girondins; enfin le Bailleul de la tradition, le Bailleul de Charles Nodier, de l'abbé Lambert et de M. de Lamartine, a disparu; et, à sa place, nous avons un Bailleul vulgaire, impuissant, écroué à la Conciergerie, d'où il ne sort, cinq mois après la mort des Girondins, que pour aller passer six autres mois à la prison du Luxembourg.

Que si, par aventure, on voulait imaginer, en un tel désarroi, une nouvelle tradition sur le banquet, et dire que si Bailleul libre n'a pas ordonné le festin du dehors, Bailleul captif a pu l'envoyer chercher de son cachot, il convient d'observer que cette supposition est impossible à admettre.

pu

En effet, nul, pas même les Girondins, n'avait prévoir le jour et l'heure de la condamnation. Elle fut précipitée, à l'audience du 9 brumaire-30 octobre-en vertu d'un décret de la Convention rendu le matin même; et, au moment où l'arrêt fut rendu, les plaidoiries n'avaient pas encore commencé.

Bailleul, prisonnier lui-même, ne put donc apprendre la condamnation de ses collègues qu'à onze heures et demie du soir, et de la bouche des Girondins, descendus du tribunal révolutionnaire; par conséquent, il ne put pas avoir tenu prêt à leur arrivée un banquet de vingt personnes au moins; à supposer qu'un tel banquet avec des vins rares, des fleurs chères et des bougies nombreuses, fût possible, même en plein jour, pour un prisonnier de la Conciergerie, attendant sa mise en jugement, dans une ville livrée à la terreur et à la famine.

Ainsi, la base fondamentale du banquet est ruinée, et le banquet avec elle. En bonne logique, la discussion pourrait s'arrêter là; mais nous allons montrer que, fabuleux dans sa donnée principale, le banquet est encore fabuleux dans ses détails; car Sillery et Lasource, qui répondent aux provocations bruyantes, à la gaieté feinte et à la fausse indifférence de Mainvielle, d'Antiboul, de Ducos, de Fonfrède et de Duchâtel, n'étaient pas à la Conciergerie, mais au Luxembourg.

VI

Nous l'avons dit en traçant le tableau du séjour des Girondins dans les prisons de Paris, seuls, Sillery et Lasource ne purent pas, en raison de leur élat

de maladie, être transférés à la Conciergerie, le 6 octobre, avec leurs compagnons; ils restèrent l'un et l'autre au Luxembourg.

Voici d'abord l'entrée de Sillery dans cette prison :

<< Du 17 août 1793, 2o de la République.

<< Le citoyen Sillery, député, a été transféré des prisons de l'Abbaye en celle du Luxembourg pour y être tenu en arrestation, tel qu'il était à l'Abbaye, par ordre du Comité de sûreté générale, pour sûreté générale de police, et ordre de lui laisser voir toutes les personnes qui le demanderaient, n'étant point au secret. L'ordre du transférement, envoyé le 11 du présent, n'a pu être mis en exécution, attendu que le malade n'était point en état de soutenir le transférement.

« Signé: DELAVAQUERIE,
< Greffier concierge', a

Voici ensuite l'entrée et l'écrou de Lasource:

<< Du 19 août 1793, 2o de la République.

« Le citoyen Lasource, député à la Convention nationale, a été écroué en prison d'arrêt, en vertu d'un décret de la Convention nationale du 24 juin

1 Registre d'écrou du Luxembourg, du 26 juillet 1793 au 30 mai 1794, p. 3. (Archives de la Préfecture de police.)

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