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dit : « Je ne suis pas inculpé dans cette affaire et je ne prendrais pas la parole si Gardien n'avait pas cherché à se défendre en inculpant ses collègues. Gardien fut celui qui interrogea le citoyen Dobsen. Je me plaignis de la manière dure dont ils s'acquittèrent de ce ministère. Ils lui demandèrent quelle avait été son opinion dans sa section, sur plusieurs arrêtés qu'elle avait pris. Le témoin lui répondit en homme libre et qui ne doit compte à personne de sa manière de voir. Alors, je m'approchai de Gardien et je lui dis : Tu l'interroges d'une manière indécente. J'entrai ensuite au comité, où je demandai la liberté du citoyen Dobsen 1. »

VI

Ainsi, on le voit, les Girondins viennent de se renier et de s'accuser. Ce n'est pas tout encore, car ils vont se diffamer.

Ils avaient formé dans la rue d'Argenteuil, où demeurait Dufriche-Valazé, une sorte de cercle, où ils dînaient et se concertaient. Brissot y invita Chabot, qui refusa de s'y rendre.

<< Tu as bien fait, lui dit Grangeneuve, ce sont des intrigants. Je ne connais pas Condorcet, j'ai de la

1 Bulletin du Tribunal révolutionnaire, 2° partie, p. 178.

vénération pour ses talents; mais Brissot a une mauvaise figure et une mauvaise réputation, et quant à mes trois collègues de la députation de la Gironde, je les connais pour des ambitieux et des intrigants.

<< Gensonné est le plus hypocrite de tous. C'était un aristocrate qui n'a fait le patriote que pour avoir des places. Il ne fut pas plus tôt procureur de la Commune à Bordeaux, que, pour faire la cour au ci-devant duc de Duras, il fit tout son possible pour dissoudre le club national.

<< Vergniaud est encore l'ami et le protecteur des aristocrates, comme il l'était en 1789.

<«< Guadet aspirait à une place de commissaire du roi; son titre était un grand dévouement à la cour. Il vint la solliciter à Paris; le ministre la lui refusa, et, depuis cette époque, il est devenu l'ennemi de la cour. Jugez quelle confiance méritent ces hommes parmi les patriotes 1. » ››

Ducos n'avait pas de ses collègues une meilleure opinion que Grangeneuve; car il les donnait tous, et Gensonné à leur tête, pour des scélérats. Voici à quelle occasion et en quels termes Fabre-d'Églantine rapporte l'opinion de Ducos :

<«< En sortant un jour de la Convention nationale, nous nous rassemblâmes sept patriotes pour aller diner ensemble. Ducos nous aborda, et nous de

Bulletin du Tribunal révolutionnaire, 2e partie, p. 195.

dit: « Je ne suis pas inculpé dans cette affaire et je ne prendrais pas la parole si Gardien n'avait pas cherché à se défendre en inculpant ses collègues. Gardien fut celui qui interrogea le citoyen Dobsen. Je me plaignis de la manière dure dont ils s'acquittèrent de ce ministère. Ils lui demandèrent quelle avait été son opinion dans sa section, sur plusieurs arrêtés qu'elle avait pris. Le témoin lui répondit en homme libre et qui ne doit compte à personne de sa manière de voir. Alors, je m'approchai de Gardien et je lui dis Tu l'interroges d'une manière indécente. J'entrai ensuite au comité, où je demandai la liberté du citoyen Dobsen '. »

:

VI

Ainsi, on le voit, les Girondins viennent de se renier et de s'accuser. Ce n'est pas tout encore, car ils vont se diffamer.

Ils avaient formé dans la rue d'Argenteuil, où demeurait Dufriche-Valazé, une sorte de cercle, où ils dinaient et se concertaient. Brissot y invita Chabot, qui refusa de s'y rendre.

<«< Tu as bien fait, lui dit Grangeneuve, ce sont des intrigants. Je ne connais pas Condorcet, j'ai de la

1 Bulletin du Tribunal révolutionnaire, 2a partie, p. 178.

vénération pour ses talents; mais Brissot a une mauvaise figure et une mauvaise réputation, et quant à mes trois collègues de la députation de la Gironde, je les connais pour des ambitieux et des intrigants.

« Gensonné est le plus hypocrite de tous. C'était un aristocrate qui n'a fait le patriote que pour avoir des places. Il ne fut pas plus tôt procureur de la Commune à Bordeaux, que, pour faire la cour au ci-devant duc de Duras, il fit tout son possible pour dissoudre le club national.

<«< Vergniaud est encore l'ami et le protecteur des aristocrates, comme il l'était en 1789.

<«< Guadet aspirait à une place de commissaire du roi; son titre était un grand dévouement à la cour. Il vint la solliciter à Paris; le ministre la lui refusa, et, depuis cette époque, il est devenu l'ennemi de la cour. Jugez quelle confiance méritent ces hommes parmi les patriotes 1. >>>

Ducos n'avait pas de ses collègues une meilleure opinion que Grangeneuve; car il les donnait tous, et Gensonné à leur tête, pour des scélérats. Voici à quelle occasion et en quels termes Fabre-d'Églantine rapporte l'opinion de Ducos :

<«< En sortant un jour de la Convention nationale, nous nous rassemblâmes sept patriotes pour aller dîner ensemble. Ducos nous aborda, et nous de

Bulletin du Tribunal révolutionnaire, 2e partie, p. 195.

manda s'il pouvait venir avec nous. Nous lui dimes que oui. Pendant le diner, la conversation se passa, de notre part, en peintures du caractère des membres de la faction et de leur marche, et de celle de Ducos en atténuations. A la fin du diner, Ducos nous dit : « Vous les jugez très-bien; ce que vous dites est vrai; mais vous avez oublié de parler du plus scélérat d'entre eux, c'est Gensonné. » Honteux d'une telle révélation, faite en présence de ses amis qu'elle outrageait, Ducos voulut en atténuer la portée: « Il est vrai, dit-il, que l'indépendance de mon caractère et de mon opinion me permettait de fréquenter les députés des deux partis. » J'assistais au diner dont a parlé Fabre. La conversation tomba sur les personnes avec lesquelles j'étais lié dans l'Assemblée législative. La partialité n'entrait point dans le portrait qu'on faisait d'eux. Alors je dis : « Vous jugez vos adversaires sans prévention; mais il en est qui mettent de la haine dans leur jugement. Quant aux propos que le témoin me prête sur Gensonné, je dédéclare qu'il avait des opinions politiques qui ne me plaisaient pas, qu'il avait des liaisons dont je voulais éclaircir le motif; mais je n'ai jamais dit qu'il fût un scélérat. »

Persistant dans sa déclaration, Fabre ajouta : « Danton, Camille Desmoulins et Tallien pourront attester le fait. »-Et Ducos se tut1.

1 Bulletin du Tribunal révolutionnaire, 2e partie, n. 58, p. 231.

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