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Les patriotes furent choqués de lire sur plusieurs drapeaux le mot roi, avec ceux de la nation et de la loi.

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Le commandant général, qui est toujours de toutes les fêtes où l'on reste, ne manqua pas de se trouver à celle-ci. Madame Vilette lui jeta une couronne, qu'il passa aussitôt à l'un de ses aidesde-camp, en rougissant avec modestie. Dans les foules, il y a des gens à qui rien n'échappe. Ces gens-là battirent des mains en l'honneur de M. la Fayette. Le plus grand nombre des citoyens étoit trop occupé du héros de la fête pour remarquer ce petit incident.

Nous n'avons rien dit da la pétition signée Quatremaire l'innocent, accompagné de plusieurs autres. L'innocent rapporteur de Favras, qu'on vit palir devant le condamné, ne paroît pas mieux instruit dans l'histoire que dans la jurisprudence criminelle. Ayant de jeter l'alarme dans les ames timorées, en leur peignant la religion compromise dans la fête civique consacrée à Voltaire, il auroit dù s'informer d'un nommé Pétrarque, à qui l'on décerna les honneurs du triomphe, à Rome, dans la basilique de Saint-Pierre, accompagné de Pégaze, Mercure, Apollon et les Muses. Le profane et le sacré, confondus ensemble, ne scandalisèrent pas même le pape, acteur lui même dans la cérémonie. Nous sumes mieux observer les convenances, et la religion ne fut pour rien dans l'apothéose nationale de Voltaire.

On parle déjà de décerner l'an prochain un pareil triomphe à J. J. Rousseau. Sans doute qu'on se contentera de sa statue décrétés par l'assemblée nationale. On pourroit l'aller chercher dans l'atelier du sculpteur, la placer sur un char d'un style sévère, et après l'avoir promenée dans les plus beaux quartiers de Paris, et sur tout aux endroits honorés le plus souvent de la présence du sage, la conduire au sénat français, et en faire l'inauguration. Nous supposons les membres de la nouvelle

législature meilleurs patriotes, et moins esclaves que les représentans qui siégent encore au grand scandale de la justice et de la raison.

Du projet de loi concernant les outrages à la

DIGNITÉ ROYALE.

«Les outrages faits à la dignité royale par des » discours ou des écrits publics, soit qu'ils atta»quent la personne du roi, soit qu'ils attaquent » celle du régent ou de l'héritier présomptif do » l'épouse, de la mère, de la fille ou de la sœur » du roi, seront punis par un emprisonnement » de deux années et en cas de récidive, par la déportation »>.

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Mais qu'entend-on par des outrages faits A LA DIGNITÉ ROYALE? La royauté est une sorte de gouvernement, et à coup sûr le législateur n'a pas eu en vue de défendre les discussions sur les différentes manières d'organiser un grand empire. Fatiguée des sectes et disputes de religion, l'helvétie défendit de parler de la divinité; mais notre assemblée nationale ne nous prescrit pas absolument le silence sur la royauté quel est donc l'esprit de cette loi? Le comité de constitution qui l'a présentée, ne peut avoir eu que des intentions pures; il est si bien compo é, ce comité, si aneccessible à la corruption de la cour, si fort dévoué aux intérêts du peuple, que raisonnablement on ne peut le soupçonner de trahison. Tremblez donc, Amis du Roi, Mercure de France, Gazette de Paris, tremblez; jusqu'à cette époque, l'assemblée nationale, les tribunaux ne sembloient indisposés que contre les écrivains patriotes: aujourd'hui, c'est vous que le comité de constitution soumet à la repression de la loi. Les outrages faits à la dignité royale seront punis, etc. Qu'est-ce qu'un outrage? c'est une offense. Qu'est ce qu'une offense? c'est une imputation fausse, un mensonge. Ainsi, tous ceux qui diroat du mal, qui calomnieront la royauté,

Les patriotes furent choqués de lire sur plu sieurs drapeaux le mot roi, avec ceux de la nation et de la loi.

Le commandant général, qui est toujours de toutes les fêtes où l'on reste, ne manqua pas de se trouver à celle-ci. Madame Vilette lui jeta une couronne, qu'il passa aussitôt à l'un de ses aidesde-camp, en rougissant avec modestie. Dans les foules, il y a des gens à qui rien n'échappe. Ces gens-là battirent des mains en l'honneur de M. la Fayette. Le plus grand nombre des citoyens étoit trop occupé du héros de la fête pour remarquer ce petit incident.

Nous n'avons rien dit da la pétition signée Qua tremaire l'innocent, accompagné de plusieurs autres. L'innocent rapporteur de Favras, qu'on vit palir devant le condamné, ne paroît pas mieux instruit dans l'histoire que dans la jurisprudence criminelle. Avant de jeter l'alarme dans les ames timorées, en leur peignant la religion compromise dans la fête civique consacrée à Voltaire, il auroit dù s'informer d'un nommé Pétrarque, à qui l'on décerna les honneurs du triomphe, à Rome, dans la basilique de Saint-Pierre, accompagné de Pégaze, Mercure, Apollon et les Muses. Le profane et le sacré, confondus ensemble, ne scandalisèrent pas même le pape, acteur lui même dans la cérémonie. Nous sûmes mieux observer les convenances, et la religion ne fut pour rien dans l'apothéose nationale de Voltaire.

On parle déjà de décerner l'an prochain un pareil triomphe à J. J. Rousseau. Sans doute qu'on se contentera de sa statue décrétés par l'assemblée nationale. On pourroit l'aller chercher dans l'atelier du sculpteur, la placer sur un char d'un style sévère, et après l'avoir promenée dans les plus beaux quartiers de Paris, et sur tout aux endroits honorés le plus souvent de la présence du sage, la conduire au sér.at français, et en faire l'inauguration. Nous supposons les membres de la nouvelle

législature meilleurs patriotes, et moins esclaves que les représentans qui siégent encore au grand scandale de la justice et de la raison.

Du projet de loi concernant les outrages à la DIGNITÉ ROYale.

«Les outrages faits à la dignité royale par des >> discours ou des écrits publics, soit qu'ils attaquent la personne du roi, soit qu'ils attaquent » celle du régent ou de l'héritier présomptif do l'épouse, de la mère, de la fille ou de la sœur » du roi, seront punis par un emprisonnement » de deux années et en cas de récidive, par la dé»portation >>.

Mais qu'entend-on par des outrages faits ▲ LA DIGNITÉ ROYALE? La royauté est une sorte de gouvernement, et à coup sûr le législateur n'a pas eu en vue de défendre les discussions sur les différentes manières d'organiser un grand empire. Fatiguée des sectes et disputes de religion, l'helvétie défend t de parler de la divinité; mais notre assemblée nationale ne nous prescrit pas absolument le silence sur la royauté quel est donc l'esprit de cette loi? Le comité de constitution qui l'a présentée, ne peut avoir eu que des intentions pures; il est si bien compo é, ce comité, si aneccessible à la corruption de la cour, si fort dévoué aux intérêts du peuple, que raisonnablement on ne peut le soupçonner de trahison. Tremblez donc, Amis du Roi, Mercure de France, Gazette de Paris, tremblez; jusqu'à cette époque, l'assemblée nationale, les tribunaux ne sembloient indisposés que contre les écrivains patriotes: aujourd'hui,c'est vous que le comité de constitution soumet à la repression de la loi. Les outrages faits à la dignité royale seront punis, etc. Qu'est-ce qu'un outrage? c'est une offense. Qu'est ce qu'une offense? c'est une imputation fausse, un mensonge. Ainsi, tous ceux qui diroat du mal, qui calomnieront la royauté,

le roi, le régent, l'héritier présomptif, son épouse, sa mère, sa file, sa sœur, seront strictement responsables envers la loi l'intention du comité est de éprimer tous les actes qui portent le caractère de la ca omie et du mensonge; or, ce principe ét bii, les tribunaux auront à juger une foule de coupables; tels ceux qui oseront encore dire que la royauté est de droit divin; qu'elle est une institution favorable à l'humanité, tandis qu'il est avéré que ce mode de gouvernement est le plus détestable de tous; qu'il n'est que l'ouvrage des hommes, et des homines pervers. L'assemblée rationale est elle même au cas du décrèt pour avoir permis à Louis le traitre de mentir à la nation française, au point de dire qu'il régnoit par la grace de Dieu." Louis, par la grace de Dieu! Ainsi, tout éorivains, tout législateur, tout homme public, tout homme privé qui vantera désormais les rois et la royauté, sera emprisonné pendant deux ans ; l'outrage le plus amer qu'il soit possible de faire à cette institution, c'est de la vanter. Le comité de constitution défend cette ironie, comme l'ancienne jurisprudence défendoit de donner à un voleur la qualification d'honnête homme.

Mais, saga et profond en ses vues, le comité ne borne pas-là ses précautions contre les libellistes et les calomniateurs : il défend encore de dire mal du roi, de sa femme, de ses enfans, de sa sœur, du régent. Quant à la personne de Louis, tous ceux là seront punis, qui désormais auront l'impudence de dire et publier qu'il est un homme de bien; qu'il est le plus honnéte homme de son royaume; qu'il n'a pas cerné Paris de troupes et de baïounettes; qu'il n'a pas ordonné le siége et le massacre de cette superbe cité; que le 23 juin 1789, il n'a pas voulu dissoudre l'assemblée nationale; que le 5 octobre de la même année, il· ne vouloit pas fuir à Metz; que le 4 février 1790, il n'a pas été s'unir étroitement et avec solennité à la nouvelle constitution de l'état; que le 14 juillet

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