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RÉVOLUTIONS

DE PARIS,

DÉDIÉES

A LA NATION

Et au District des Petits-Augustins.

Avec gravures analogues aux différens événeniens, et les cartes des départemens.

TROISIEME

ANNE E

DE LA LIBERTÉ FRANÇAISE.

HUITIEME

TRIMESTRE

Les grands ne nous paroissent grands-
Que parce que nous sommes à genoux.

Levons-nous.

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Suite de l'intérieur du chateau des Tuileries. (Voyez le numéro 94, page 105.)

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N reprend dans l'intérieur du ohâteau le train accoutumé, comme si de rien n'étoit ; et l'on conserve toujours l'espoir, sinon d'une No. 104.

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contre révolution, tout au moins d'une nouvelle échappée.

Avant la partie liée du lundi de la sainte semaine, c'étoit chez la baronne de Makau que se tenoit le comité infernal des chevaliers poignardini et des prélats réfractaires. Cette femme, sous gouvernante d'Elisabeth, soeur de Louis XVI, en est aujourd'hui la corruptrice en chef, et en toute liberté. Ses vaiets, le jour du voyage projeté de Saint Cloud, disoient presque tout haut, et à qui vouloit l'entendre: il faut tout emporter; nous ne reviendrons pas de si tôt. L'anecdote du pain bézi de Pâques à Saint-Germain-l'Auxerrois, que nous avons rapportée au n°. 94, n'est rien moins que controuvée. Rien ne doit répugner à croire de la part des gens de cour.

La dame Tourzelle, gouvernante du dauphin, est un véritable démon sous le masque d'une femme. Elle mourra dans l'impénitence de l'aristocratie. Le virus est passé dans son sang. La masse en est totalement imprégnée. La vue d'une cocarde patriotique lui donne des vapeurs convulsives; combien de fois ne l'a t elle pas arrachée à son élève presque aussi tôt qu'on l'en paroit! Voyant passer des députés qui so rendoient à l'assemblée nationale, l'enfant demandoit un jour à sa gouvernante: Qui sont ces messieurs ? Ce sont des loups qui mangent votre papa, et qui ne feront de vous qu'une bouchée.

Ce Cerbère femelle veille à ce qu'aucun écrit patriotique ne tombe entre les mains du dauphin et de ses père et mère. Elle ne laisse entrer au château que des 'journaux aristocrates; mais ses lettres lui parviennent comnie à l'ordinaire. Quoi! dira-t-on, sous les yeux même de l'officier de garde, continuellement fixés sur elle!..... Oui bien! ami lecteur, par l'entremise de sa gardeobe, sous le couvercle des vases de nuit.

es valets en chef du ci-devant roi sont des isiteurs qui interdisent à leurs subalternes

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patriotes la parole et la pensée. Les Révolutions
de Paris sont consignées; et l'uniforme de la
garde nationale est mangé aux vers chez les do-
mestiques du château qui ont eu le courage de
s'enrôler: ils sont regardés de mauvais œil, quand
ils portent cet habit.

Cependant les cinq chefs de la bouche (cuisine),
les douze aides, les apprentis et garçons de force,
ainsi que les gens du gobelet, et une partie des
garçons servans, sont citoyens et prêts à sacrifier
leur fortune, leur place et leur vie à la consti-
tution. S'ils approchoient de leur maître, ils lui
épargneroient bien des balourdises: mais leur pa-
triotisme ne leur sert à rien; on ne les avance pas.
Leurs places sont des cul-de sacs; on n'ose pas
les remercier; voilà tout: toutes les faveurs sont
pour les bas-valets et les hypocrites.

Un certain Ménard de Chousi, jadis commis à 600 livres, aujourd'hui commissaire du roi, et riche de plus de 100,000 liv. de rente, n'en est que plus aristocrate.

David, ci devant cuisinier, devenu contrôleur de la bouche, at nanti de 50,000 liv. de revenu, ose dire à ses inférieurs patriotos, à la plus légère occasion: Je vous ferai chasser. Il s'est fait enrôler dans la garde nationale; mais c'est dans les plus mauvaises intentions: qu'on le surveille de près. Quand il est de service au château, il coûte plus à son maître, à lui tout seul, que la cuisine entière.

Il est bon d'avertir que le nommé Prelle, huissier de la bouche, est l'observateur ( l'espion) de ces deux messieurs.

Toute la chambre du roi pue l'aristocratie la plus invétérée. Gentilshommes de la chambre, garçons de la chambre, premiers valets de chambre, valets de chambre ordinaires, valets de chambre barbiers, huissiers de la chambre, valets de garde-robe, un Marquant, un Gentil, un Blanchard, sont les plus méchans, les plus insolens

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aristocrates de France; et toute cette va'etaille a l'oreille et la confiance des maîtres du château. Ces misérables revêtus tiennent à l'ancien régime, qui les gorgeoit d'or. Marquant soutiroit par année 15 mille livres au bureau des voitures. Il est à l'Abbaye, ainsi que Gentil, valét de garde-robe, Blanchard, huissier de la chambre, et Filleul, garçon de chambre: mais il n'y a pas le quart de ces drôles d'arrêtés.

La correspondance de la reine (vieux style) so tenoit et se tient chez la Chimai, sa dame d'honneur, et la d'Auzun, sa dame d'atour, ainsi que le congrès des Polignac. Les autres dames du palais, telles qu'une madame de Tarente, no valent pas mieux. L'Autrichienne reçoit ses visites dans son lit.

Dagoult, le major des gardes du roi, et les milliers de croix de Saint Louis de nouvelle fabrique, ont leurs entrées, grandes et petites, chez là Tibot, première femme de la reine, laquelle a toujours tenu le dez dans toutes les cabales et intrigues de la cour. Toutes les femmes de la reine conspirent à leur manière contre la révolution ; elles ont toutes pour amans et pour maris des gardes du roi et des ci-devant nobles.

Guerria, piqueur de Marie Antoinette, et Salvert sont deux espions des conspirateurs ; leur emploi est de ménager des terreurs paniques au roi, pour qu'il se déplaise à Paris.

Bonnefoi, dit le måla, noble de la dernière couvée, et concierge du Trianon de la reine, est la cheville ouvrière des trames du château contre la nation. Il est prêt à tout.

Et notez bien que les soubrettes et les valets de ces valets narguent les domestiques honnêtes et patriotes; avant le voyage de Montmédi, ils faisoient déjà présager à ceux-ci qu'ils alloient être renvoyés, malgré la longueur et la fidélité de leurs

-services.

Dans la maison du dauphin, tous les garçons et

valets de la chambre, les porte-faix et valets de pied sont d'excellens citoyens, et plutôt démagogues que démocrates.

Il n'en va pas de même des femmes de chambre, et sur tout de la Neuville, qui étoit du voyage, et qui, en ce moment, est allée faire un tour dansles prisons de l'Abbaye.

Il faut pourtant séparer de ce troupeau immonde la dame le Moine, dite de Marly; elle n'a jamais voulu se mêler dans aucune intrigue. Aussi, comme elle est vexée !

Elisabeth, soeur du roi, est gangrenée d'aristocratie. Dernièrement elle choisit précisément le jour qu'elle communioit pour faire une injustice. Elle nomma à la place de sa première femme celle qui étoit la dernière: il est vrai que celle-ci, la Navarre, soeur d'un certain Lalain, est pétrio de vices; cela lui a valu de passer sur le corps de toutes les autres femmes du berceau de la princesse. Sa première femme, qui vient de mourir, ne valoit guère mieux que celle qui la remplace. Il y a dans cette maison cinq mauvais sujets principaux: la première femme de chambre, un valet de garde robe, et les deux frères, et une certaine Mervet, épouse d'un garde du roi, dame d'honneur, dame d'atour, dame de compagnie; les chevaliers d'honneur, et les écuyers, sont aristocrates renforcés.

La Brunier, première femme de la fille du roi, épouse du médecin des enfans de France, qui étoit du voyage, a été conduite à l'abbaye; mais les autres femmes le méritent autant qu'elle; et pardessus toutes, une certaine demoiselle Clique, laquelle étoit déjà du complot de Saint-Cloud. Son frère, prêtre de son métier, endossa des habits séculiers, et armé de quatre pistolets et d'un poignard, il ne quitta pas la portière du carrosse du roi, lors de son escapade du mardi 21 juin. Cette Clique étoit si bien dans la confidence du grand voyage, qu'elle enjoignit à la malheureuse femme

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