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leurs familles, pour repaître l'insatiable avidité de la seule classe d'hommes qui se croyait des drois aux bienfaits du souverain. De petits collets encombraient les administrations; des émigrés qui savaient à peine lire étaient nommés souspréfets, préfets, gouverneurs, et le plus souvent envoyés dans les provinces, dans l'administration où la position diffi. cile exigeait le plus de lumières et le moins de préjugés. Gens de robe, d'église, d'épée, tous s'agitaient, tous voulaient être satisfaits: semblables à ces meutes carnassières, dressées pour les plaisirs des souverains, c'était à qui aurait part à la curée.

Qu'avaient-ils fait pour tant exiger et tant obtenir, ces ducs, ces princes, ces seigneurs suzerains, ignorés jusqu'alors d'une génération guerrière ? Jadis, aux jours du danger, ils avaient fui chez l'étranger, abandonnant au glaive qu'eux seuls avaient provoqué, l'infortuné monarque qui les avait trop écoutés ; et ils

n'étaient rentrés sur le sol de la patrie qu'en se glissant derrière les phalanges ennemies, secondées par la trahison.

Qu'attendaient-ils, qu'espéraient-ils d'une nation retrempée par vingt-cinq ans de troublés, de guerre, de victoires, ces soutiens vieillis des anciens parlemens du royaume ? Ils n'étaient plus les organes d'un peuple qui les avait depuis si long-temps désavoués.

Que prétendaient réclamer de nous ces ministres des autels dont les lèvres menaçantes proféraient déjà l'anathème? Ne savons-nous pas que leurs fonctions augustes, leur tutelle sacrée, ne doivent apporter aux nations que ce pardon, cet oubli des injures prêché par le plus humain des législateurs?

Hélas! pleins de leur nouvelle importance, occupés à ressaisir leurs prérogatives, leur pouvoir, insatiables d'or, de dignités, le monarque et la patrie semblaient n'être rien à leurs yeux.

Le monarque ! ils l'accusaient sans pu

deur d'ingratitude, s'il tardait à satisfaire toutes leurs ambitions.

La patrie! notre belle France n'était pour eux qu'une mine féconde, dont un troupeau de serfs avilis devait exploiter pour eux seuls les richesses intarissables.

Chaque jour voyait croître l'audace du parti qui dominait, et dont la présomption ne connut bientôt plus de bornes. Quelques citoyens élevaient-ils la voix ; quelques plumes vigoureuses réclamaient-elles contre les infractions à la charte constitutionnelle, ils étaient sur l'heure signalés comme des anarchistes qu'il était urgent de surveiller, dont peut-être il eût fallu délivrer le royaume. Ici, je dois un hommage à quelques hommes éclairés de cette antique noblesse, de ce clergé, respectable sous tant de rapports encore. Il en était plus d'un qui gémissait en silence de l'inanité des efforts que l'on faisait pour ramener dans la capitale le colosse gi

gantesque de l'orgueil et de la superstition. Inutiles avis, conseils sans crédit! leurs prédictions n'étaient pas mieux écoutées que celles de Cassandre, dont les cris ne purent écarter le cheyal fatal des tristes, remparts d'Ilion.

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La faction hautaine qui se croyait le pouvoir de régler à sa volonté les destins du grand peuple, achevait de démasquer ses batteries: elle s'était partagé, avec de hauts et respectables seigneurs, certains emplois obscurs, certaines missions secrètes, dont une longue habitude des cours rendait ces derniers plus capables que d'autres de tirer tous le fruit convenable. Abusant avec impudence de leur ascendant sur une famille que son éducation première n'avait pu diriger dans l'art si nécessaire aux rois de pénétrer la pensée humaine, que les circons tances avaient constamment tenue éloignée des besoins comme des passions et du génie de la nation que leur naissance les appelait à gouverner; les uns harce

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laient sans pitié, à toute heure, ce prince que son caractère loyal et chevaleresque ne rendait que trop susceptible de céder à des suggestions dangereuses; ils excitaient la jeunesse inconsidérée de ses fils, encore sans expérience du coeur de l'homme, ignorant, encore que l'amourpropre outragé ne pardonna jamais; les autres, sous le spécieux prétexte de la religion outragée, conseillaient les me

sures les moins en harmonie avec l'esprit du siècle, à cette princesse, objet touchant de tant d'égards, nouvelle Clotilde, chez qui l'infortune et la douleur avaient accru dès long-temps un penchant irrésistible à la dévotion, et qui ne croyait que rendre les Français à la vertu, en les rappelant au culte de leurs pères.

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Ainsi se préparait de longue main le spectacle risible de ce conseil inepte du monarque hébreux qui perdit Israël, mais avec une différence qu'il était réservé à notre siècle d'offrir c'est qu'ici toute

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