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GÉOGRAPHIE, STATISTIQUE,

Les États de la maison de Reuss, partagés en trois principautés, comprennent deux territoires du VoigtLand (cercle de haute Saxe), séparés par une distance de deux lieues. La région septentrionale, qui est la plus petite, et qui ne renferme que la seigneurie de Géra, se trouve située entre la province prussienne de Saxe au nord, le duché de Saxe-Altenbourg à l'est et à l'ouest, et le grand-duché de Weimar au sud. Elle a six lieues de long de l'est à l'ouest, et 4 de large du nord au sud. La région méridionale a pour bornes à l'est le royaume de Saxe, au sud la Bavière, à l'ouest le duché de Saxe-Meiningen, la principauté de Schwarzbourg - Rudolstadt, et une enclave prussienne; enfin, au nord, le grand-duché de Saxe-Weimar. Sa longueur, du nord-est au sud-ouest, est de seize lieues, et sa plus grande largeur, du nord au sud, de sept lieues.

La population totale du pays de Reuss s'élève à 86,000 habitants, qui, à l'exception de quelques centaines d'herrnhuter et de juifs, professent tous, comme les princes, la religion luthérienne.

Le sol est généralement montueux; car on y rencontre des ramifications de l'Erzgebirge, et une partie du Thuringerwald nommée, dans le pays, Frankenwald; mais entre les montagnes s'étendent un grand nombre de larges et fertiles vallées.

Les principaux cours d'eau sont l'Elster-Blane, la Goelzsch, la Saale, le Wiesenthal et la Rodach.

L'industrie est fort active, et l'on compte dans le pays un grand nombre de manufactures d'étoffes de laine, de toiles, de forges, d'usines, de fabriques d'acier, de tanneries, etc.

Les pays de Reuss ont une part à la seizième voix dans l'assemblée ordinaire de la diète. Chacune des lignes

princières possède une voix dans l'assemblée générale,

Les états, formés par les délégués de la noblesse et des villes, se réunissent dans les capitales respectives de chaque principauté; mais leur action politique est très-bornée.

A la branche aînée appartient la PRINCIPAUTÉ DE REUSS-GREIZ, dont le territoire se compose de la seigneurie de Greiz et de celle de Burgk, situées à l'est et à l'ouest de la région meridionale. On en évalue la superficie à 19 lieues carrées, la population à 25,000 habitants, et les revenus à 360,000 fr.; la dette publique est de 500,000 fr., et le contingent fédéral de 210 hommes.

La capitale est GREIZ, sur l'Elster, dans une agréable et fertile vallée. On y remarque des manufactures importantes et une population de 7,000 `habitants. Ensuite vient Zeulenroda, petite cité commerçante de 4,500 âmes. Ce sont les deux seules villes de la principauté.

La ligne cadette se divise aujourd'hui en deux branches. La première gouverne la PRINCIPAUTÉ DE REUSSSCHLEIZ, qui se compose de la seigneurie de Schleiz et de la moitié de celle de Géra et du bailliage de Saalbourg. Sa superficie est de 27 lieues carrées, sa population de 32,000 habitants, ses revenus de 330,000 fr., et sa dette publique de 600,000 francs.

SCHLEIZ, la capitale, est une jolie petite ville sur le Wiesenthal, peuplée d'environ 5,000 habitants; Tanna, où se tiennent des foires considérables, n'en compte que 1,300; deux petites seigneuries en Silésie, celle de Quarnbeck dans le Schleswig, et quelques villages dans la province de Brandebourg et dans le royaume de Saxe, forment encore une population de 3,000 habitants qui sont aussi soumis au prince de Reuss-Schleiz.

Un territoire de 38 lieues carrées, y compris la moitié de celui de Géra,

constitue la PRINCIPAUTÉ DE ReussLOBENSTEIN-EBERSDORF, dont la population s'élève à 29,000 habitants, les revenus à 550,000 fr., la dette à 800,000 fr., et le contingent à 285 hommes.

Le prince fait sa résidence à LOBENSTEIN, sur le Lemniz, petite cité industrieuse d'environ 3,000 âmes, Ebersdorf n'est qu'un bourg; mais les 400 herrnhuters répartis au milieu de ses 1,300 habitants l'enrichissent par leur industrie et par leur activité commerciale.

La ville la plus importante des trois principautés est la riche et industrieuse GERA, que la prospérité de son commerce a fait surnommer le petit Leipzig. Elle est bâtie sur les bords de l'Elster-Blanc, et renferme 11,000 habitants. Les deux princes de la branche cadette s'en partagent la souveraineté. Ajoutons qu'une branche collatérale de la ligne cadette, portant le nom de REUSS - KOESTRIZ, et élevée depuis 1817 à la dignité princière, possède un petit territoire placé sous la suzeraineté des deux branches principales, et qui renferme deux bourgs : Hohenleuben, dans le territoire de Reichenfels, population: 1,900 habitants; et Koestriz, situé dans la seigneurie de Géra, sur l'Elster, au milieu d'une contrée pittoresque. Population: 1,200 habitants.

HISTOIRE.

La Terre des Avoués (Voigtland ou Vogtland) est située entre les anciennes provinces de Misnie et de Thuringe, au sud de l'Osterlande; elle comprenait, dans l'origine, le district du royaume de Saxe, qui a conservé ce nom, et dont Plauen est le chef-lieu (*); le cercle de Neustadt, dans le grandduché de Weimar (**); toutes les possessions de la maison de Reuss; enfin la seigneurie de Ronneberg, dans le duché d'Altenbourg (***). Cette province était appelée Terre des Avoués

(*) Voyez SAXE, p. 4 et 18. (**) Ibid., p. 5.

(***) Ibid., p. 6.

ou Avoyers, parce que les empereurs la faisaient gouverner par des officiers revêtus du simple titre de vogt. Ces avoués paraissent avoir été subordonnés au comte Palatin du Rhin, suprême conservateur des droits régaliens et des domaines de l'Empereur; car il existe un diplôme de l'année 1294, par lequel le comte Palatin leur donne l'investiture par l'écu et la bannière, en les obligeant à l'assister dans ses fonctions à la diète. La dignité d'avoué de ce pays était devenue héréditaire dans la famille des comtes de Glitzberg. Ces seigneurs remontent à Eckbert, comte d'Osteroda au Harz, qui vécut dans la seconde moitié du dixième siècle, et épousa l'héritière des comtés de Schwarzenberg (dans l'Erzgebirge) et de Gleissberg ou Glizberg en Hesse. Son petit-fils, Henri III le Riche, qui vivait vers l'an 1200, fut le der nier entre les mains duquel tous ces domaines se trouvèrent réunis. Il distribua le Voigtland entre ses quatre fils (1206). L'aîné fut avoué de Waida, le second de Plauen, le troisième de Greiz, et le dernier de Géra. La ligne de Plauen seule a survécu : elle constitue aujourd'hui la maison de Reuss; les trois autres se sont éteintes en 1226, en 1535 et en 1550, ne laissant que des héritages amoindris par des aliénations ou par les conquêtes des margraves de Misnie.

Ce fut un arrière-petit-fils de Henri le Riche, un prince de la ligne de Plauen nommé Henri le Jeune, qui fit donner le nom de Reuss à la famille dont il fut la souche. Il faisait la guerre en terre sainte avec l'empereur Frédéric II, vers l'an 1238, lorsqu'il tomba entre les mains des infidèles, et fut vendu à un marchand russe. Son maître l'emmena dans son pays, où il le garda douze ans comme esclave. Mais des Tatares étant venus ravager la partie de la Russie où vivait le pauvre chevalier, l'emmenèrent en Pologne et en Silésie, d'où il s'échappa et vint se réfugier à la cour de l'Empereur. Il conserva toujours ensuite le surnom de Ruzzo ou de Reuss, le Russe (1307). Quant au prénom de

Henri, qui est commun à tous les princes de cette maison, ils le portent depuis le douzième siècle, en l'honneur de l'empereur Henri VI, dont une parente avait épousé un avoué de Plauen (*). La branche aînée de Plauen obtint, en 1426, de l'empereur Sigismond, la dignité de prince d'empire avec le bourgraviat de Misnie (**), que les margraves de Misnie ou électeurs de Saxe ne lui laissèrent pas longtemps. Elle s'éteignit en 1572.

La branche cadette s'est subdivisée en un grand nombre de rameaux et de rejetons qui ont disparu successivement. Aujourd'hui encore, la ligne de Schleiz forme les rameaux de Schleiz et de Lobenstein-Ebersdorf.

(*) On distingua d'abord cette foule de Henri par leur âge, ensuite par des surnoms, plus tard par des chiffres, et l'on convint, en 1668, que chaque ligne aurait une séric particulière, mais que les nombres passeraient d'une branche à l'autre, à mesure qu'il y naîtrait un prince. Enfin, en 1700, on convint de n'aller que jusqu'à cent, puis de recommencer.

(**) Ce bourgraviat est différent du margraviat de Misnie. Les margraves avaient été, dans l'origine des commandants militaires, les bourgraves des juges. Les fiefs attachés au bourgraviat de Misnie étaient le bailliage de Frauenstein, situé dans l'Erzgebirge, le comté de Hartenstein et la seigneurie de Wildenfels.

En 1824, avait disparu, dans la même ligne, le rameau de Lobenstein, et en 1802 celui de Géra.

La succession par ordre de primogéniture a été introduite dans la famille par un recez du 13 novembre 1668, confirmé en 1681 et en 1690.

Quoique la maison de Reuss ait toujours été immédiate, et qu'en 1427 une de ses lignes ait obtenu la dignité princière, la ligne dont descendent les Reuss d'aujourd'hui, ne portait pas même le titre de comte avant l'année 1671, où l'empereur Léopold le lui conféra ou le lui renouvela. Ce fut seulement en 1778 que toutes les lignes et branches, à l'exception des branches collatérales de Koestriz, furent élevées à la dignité princière. Par suite des événements de 1806, les Reuss sont entrés dans la catégorie des souverains européens. Les charges de guerre qui ont pesé sur eux depuis cette époque jusqu'en 1814 ont produit dans leurs finances un dérangement qu'ils ont eu de la peine à réparer. Depuis une dizaine d'années ils ont adhéré au système de douanes prussien. Le prince actuellement régnant de Reuss-Greiz est Henri XX, qui est né en 1794 et a succédé, en 1836, à son frère. La branche cadette est représentée par Henri XLII, né en 1785, prince de Reuss-Schleiz depuis 1818, et par Henri LXXII, né en 1797, prince de Lobenstein-Ebersdorf depuis 1822.

9o Livraison. (BADE, ÉTATS HESSOIS, etc.).

GÉOGRAPHIE, STATISTIQUE.

Les territoires qui constituent la principauté de Waldeck comprennent l'ancien comté de Waldeck proprement dit et celui de Pyrmont, et forment une superficie totale de 66 lieues carrées. La population du pays s'élève à plus de 57,000 habitants, dont 56,000 professent le culte évangélique, et le reste la religion catholique et le judaïsme. Elle est répandue dans 14 villes et 105 villages

Le comté de WALDECK, qui forme la plus grande partie de la principauté, présente une superficie de 55 lieues carrées. Il est borné, d'un côté, par la province prussienne de Westphalie, de l'autre, par la Hesse électorale et une enclave du grand-duché de Hesse-Darmstadt. C'est un des pays les plus élevés de l'Allemagne. Les ramifications des monts Rothaar et des monts Egge avec les hautes cimes du Poen ou Teutoburgerwald et du Dommel le traversent du sud-ouest au nord-est; on remarque même, dans la contrée orientale, plusieurs volcans éteints, dont le plus con sidérable est le Lammsberg. On y exploite des mines de fer, de cuivre et de plomb, des carrières de marbre et des ardoisières. Un grand nombre de rivières y prennent leur source, telles que l'Aar, l'Urbe, la Twiste, le Diemel, le Walter, l'Erpe, l'Edder, la Werbe, la Nette et l'Itter. Le sol est, en général, pierreux et médiocrement fertile. L'éducation des bestiaux, la fabrication de divers tissus, la filature des laines et l'exploitation des mines sont les principaux genres d'industrie qui occupent la population.

CORBACH, ville de 2,200 habitants, bâtie sur l'Itter, a le titre de capitale de la principauté. La résidence ordinaire du prince est Arolsen, sur l'Aar, petite cité de 2,000 âmes, avec un beau château. Viennent ensuite Waldeck, bâtie sur une montagne au bord de l'Edder et peuplée de 2,000 habitants;

Bergheim, résidence d'une branche paragée de la famille régnante ( population 1,200 habitants); Schacken, avec un chapitre luthérien de femmes, dont l'abbesse est toujours une princesse de la maison de Waldeck; Niederwildungen, dont le château sert de résidence d'été (population, 1,700 habitants); etc.

L'ancien comté, aujourd'hui bailliage de PYRMONT, situé plus au nord que le pays de Waldeck, entre LippeDetmold et le Hanovre, n'a qu'une superficie de 5 lieues carrées et une population de 6,000 habitants. Ce petit territoire, où vient se terminer la chaîne d'Egge, est montueux, couvert de forêts et riche en eaux minerales. Son principal cours d'eau est l'Emmer, affluent du Weser.

Le chef-lieu, la seule ville du bailliage, est PYRMONT, cité de 2,000 habitants, bâtie à l'extrémité septentrionale de la charmante vallée de l'Emmer, et célèbre surtout depuis le quinzième siècle par ses sources minérales. Plusieurs milliers d'étrangers viennent annuellement y chercher la santé ou le plaisir (*). Peu d'eaux ont joui d'une vogue aussi grande. Après la guerre de Trente ans, l'affluence des voyageurs malades ou curieux y fut prodigieuse. On attribuait alors à ces sources des vertus universelles : les aveugles en espéraient la lumière, les paralytiques le mouvement; d'autres croyaient y rajeunir. Il arriva, dit-on, que dix mille personnes s'y trouvèrent rassemblées simultanément, et qu'elles furent contraintes de camper en plein air, comme une armée, faute de logements. Rien n'était plus desiré qu'un voyage à Pyrmont. Une riche heritière imposait presque toujours à son mari, par une clause expresse insérée au contrat de mariage, l'obligation de la conduire au moins une fois à ces eaux si célèbres par l'affluence qu'elles

(*) Pyrmont exporte tous les ans près de 350,000 bouteilles de ses eaux, dont les droits de sortie produisent au trésor environ 52,500 francs (15 centimes par bouteille).

attiraient et les plaisirs qu'on y trouvait. Dans les environs on rencontre le village de Friedensthal, peuplé d'une colonie de quakers, qui s'occupent de la fabrication de l'acier et de divers objets de coutellerie.

Les revenus des deux territoires s'élèvent à 1,035,000 francs (*); la dette publique est de près de 3,000,000 de francs. Le pays fournit à la confédération un contingent de 518 hommes, et il a une part à la seizième place dans les assemblées ordinaires de la diète et une voix dans les assemblées générales. Depuis 1816, le gouvernement est représentatif.

HISTOIRE.

La maison des comtes de Waldeck est encore une de celles qui font remonter leur origine au fameux Wittekind. Ces seigneurs s'appelaient originairement comtes de Schwalenberg, d'après deux châteaux dont l'un, situé dans l'évêché de Paderborn, est devenu peu à peu une ville, et se nomme aujourd'hui Oldenbourg, et dont l'autre a conservé son nom, dans la principauté de Lippe. Wittekind IV, comte de Schwalenberg, et en cette qualité vidame ou avoué de l'évêché de Paderborn, au commencement du douzième siècle, avait épousé une riche héritière, qui lui apporta assez de terres, sur l'Edder et le Diemel, pour qu'il put les laisser sous le titre de comté de Waldeck, à Wolcwin, son fils aîné, tandis que le cadet continua la maison de Schwalenberg, qui s'éteignit en 1350, et dont sortirent les comtes de Pyrmont, qui disparurent en 1494.

Wittekind V, fils aîné de Wolcwin, s'étant croisé pour aller en terre sainte, et voulant réparer les torts qu'il avait faits par ses armes à l'église de Paderborn, lui engagea, en 1190, sa vidamie pour 300 marcs d'argent, avec la condition que, s'il ne revenait pas, elle appartiendrait en propre l'évêché. Le cas prevu se réalisa, et le marché fut exécuté. Ce fut Hermann, selon d'autres Henri, l'un des frères de Wittekind, qui continua la maison (*) Les bains de Pyrmont y contribuent pour une grande part.

à

de Waldeck. Adolphe, son fils, fut nommé par l'empereur, Adolphe de Nassau, préfet des villes du Rhin. Adolphe, Godefroi et Otton, fils de ce seigneur, aimant tous les trois la belle Sophie, fille de Henri l'Enfant, premier landgrave de Hesse, convinrent que celui d'entre eux qui obtienrait sa main, aurait le comté de Waldeck en entier, et que les deux autres embrasseraient l'état ecclésiastique. Otton, le plus jeune, gagna le cœur de la princesse ou celui de son père, et devint en 1271 comte de Waldeck; ses aînés parvinrent aux siéges épiscopaux de Minden et de Liége. En 1294, l'électeur de Mayence céda à Otton le château et le bailliage de Wildungen, ancienne possession thuringienne, lambeau violemment arraché de l'héritage de Henri Raspon. A la même époque, la maison de Waldeck possédait dans le duché de Westphalie plusieurs francs-comtés ou siéges de tribunaux secrets (freigerichte ), auxquels appartenaient de petits districts (*).

Henri II, fils d'Otton, dressa, de concert avec ses frères et ses fils, un statut de famille, qui établissait en principe l'indivisibilité du comté. Maigré ce pacte, Henri et Adolphe, fils de Henri III, dit de Fer, se partagerent la succession en 1397, et fondérent deux lignes, dont la cadette porta le nom de Landau (**) et s'éteignit en 1495. La désunion qui éclata bientôt entre ces deux branches, puis les inimitiés que s'attira Henri en tuant Frédéric, duc de Brunswick, le 5 juin 1400, et enfin le besoin d'argent, engagèrent l'une et l'autre à se soumettre, en 1431 et en 1438, à la suzeraineté de la maison de Hesse.

Les effets de cette transaction sub

sistent encore aujourd'hui. Car, après l'extinction de la descendance mâle des princes de Waldeck, l'ancien comté doit revenir à la Hesse électorale. La ligne aînée, restée seule maîtresse du comté à la fin du quinzième siècle, se partagea de nouveau, en 1588, en (*) Voyez ALLEMAGNE, t. II, p. 123 et suiv.

(**) Bourg de 700 habitants, dans l'ancien comté.

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