Page images
PDF
EPUB

V

Prière avant l'Adminiftration des Sacremens.

ENI, fancte Spíritus; reple tuórum corda fidélium, & tui amóris in eis ignem accende.

V. Glória Patri, & Fílio, & Spirítui sancto.

R. Sicut erat in princípio, & nunc, & femper, & in fécula feculórum. Amen. On répete Veni, fancte Spíritus, *. Dómine, exaudi oratiónem meam;

. Et clamor meus ad te véniat.

Do

Orémus.

ÓMINE Deus omnipotens, qui me indignum, propter tuam misericórdiam, Miniftrum fecifti Sacerdotalis Officii; propítius efto mihi peccatóri: ut condignè poffim divína cleméntiæ tuæ Sacramenta Fidélibus ad te confugiéntibus miniftráre; Per Dóminum noftrum Jefum Chriftum Fílium tuum, qui tecum vivit & regnat in unitáte Spíritûs sancti Deus; Per ómnia fécula seculórum. R. Amen.

Après l'administration des Sacremens, ils remercieront Dieu des graces qu'il a accordées par leur miniftère; ils lui demanderont pardon des fautes qu'ils y auroient commifes; &

[ocr errors]

ils le prieront d'en conferver le fruit en ceux qui viennent de les recevoir: objets qui font tous renfermés dans la prière fuivante.

Prière après l'Administration des Sacremens,

Orémus.

MNÍPOTENS & miféricors Deus, qui mihi indigno fámulo tuo adeffe dignátus es ad facrum istud ministérium peragendum; ne respícias peccáta mea, fed fidem Eccléfiæ tuæ: & præfta, ut in famulis tuis grátia tua intùs operétur, quod exterióre ópere à nobis exercétur; & quos hâc in re fragilitas noftra defectus admífit, tuâ benignus mifericórdiâ fupplére dignéris; Per Dóminum INSTRUCTION

9

INSTRUCTION

SUR LE SACREMENT DE BAPTÊME.

LE BAPTÊME eft le premier &

le plus néceffaire de tous les Sacremens. Il est le premier, parce qu'il fait naître en Jefus-Chrift ceux qui le reçoivent, qu'il les fait enfans de fon Eglife, & leur donne droit aux autres Sacremens. Il est le plus néceffaire, parce que ni les adultes, ni les enfans, ceux même des fidèles baptifés, ne peuvent, fans le recevoir, être fauvés, ni délivrés de la damnation que le péché originel a attirée fur toute la nature humaine. Jesus-Chrift lui-mêJean. 3. 5. me l'a déclaré en ces termes :* Je vous dis en vérité, que fi l'homme ne renaît de l'Eau & du Saint-Esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu.

:

Il est pourtant vrai que ce Sacrement peut être fuppléé dans les enfans & dans les adultes, par le martyre il peut l'être encore dans les adultes par un acte de charité qui renferme le defir de le recevoir. Et c'eft pour cette raifon que les Théologiens diftinguent trois fortes de Baptêmes, celui de l'Eau, celui du Feu ou du Defir, & celui du Sang; mais il n'y a que le Baptême d'Eau qui foit un

véritable Sacrement.

Les Pasteurs ne peuvent avoir trop de zèle ni de vigilance pour adminiftrer un Sacrement fi néceffaire, & empêcher, autant qu'il eft poffible qu'aucun enfant ne meure dans leurs Paroiffes fans l'avoir reçu. Ils enjoindront aux Sages-Femmes de les informer dé bonne-heure de la naifance

des enfans; & avertiront leurs peuples que les pères & mères ne doivent pas, fous prétexte d'attendre les Parrains & Marraines, différer le Baptême de leurs enfans au-delà des délais ordinaires.

Par la Déclaration de 1698, Article VIII, le Roi enjoint à tous fes Sujets de faire baptifer leurs enfans à l'Eglife de leurs Paroiffes dans les vingt-quatre heures après leur naiffance, s'ils n'ont obtenu permiffion de l'Evêque de différer les Cérémonies du Baptême enjoint auffi aux SagesFemmes & autres perfonnes qui affiftent les femmes dans leurs accouchemens, d'avertir les Curés des lieux, de la naiffance des enfans, & aux Officiers de la Juftice d'y tenir la main, & de punir les contreve

nans.

* Amen, amen dico tibi, nifi quis renatus fuerit ex Aqua & Spiritu fanéto, non poteft introire in regnum Dei. Joan. 3.5,

I. Partie.

B

LA

De la Matière du Baptême.

A Matière éloignée du Baptême eft l'Eau pure & naturelle, telle qu'eft celle de mer, de rivière, de puits, de fontaine, de pluie ; & non pas artificielle, comme l'eau-rofe, & tout autre fuc tiré des fleurs ou des herbes, qui n'eft pas proprement de l'eau. Si elle étoit entièrement corrompue, elle ne feroit pas fuffifante pour baptifer; mais fi elle étoit feulement un peu altérée, on pourroit en ufer, faute d'autre, dans un befoin preffant.

Il n'eft pas effentiel, , pour baptifer, que l'eau foit bénite; & dans la néceffité, fi l'on ne peut en avoir qui le foit, il faut prendre de l'eau commune; mais, quand on baptife folennellement, on ne doit point fe fervir d'autre eau que celle qui a été bénite la même année le Samedi faint ou la Veille de la Pentecôte. Cette eau doit être confervée aux Fonts Baptifmaux dans un vaiffeau bien net; & quand on voudra en bénir de nouvelle, on verfera l'ancienne, non dans des Bénitiers, mais dans les pifcines du Baptiftère.

On aura foin d'en bénir une quantité affez confidérable, afin qu'elle fe conferve mieux, & qu'elle puiffe fuffire jufqu'à la nouvelle. Si elle diminuoit, en forte qu'on ne crût pas en avoir affez pour fournir jufqu'à la Veille de Pâques ou de la Pentecôte, on pourroit y en mêler d'autre non bénite, pourvu que ce fût en moindre quantité que celle qui refteroit: fi elle venoit à manquer tout-à-fait, à fe répandre, ou à fe corrompre, il faudroit, après avoir bien nettoyé le vaiffeau, en bénir d'autre, en la manière que nous prefcrirons dans la feconde Partie de ce Rituel.

Quand l'eau des Fonts fera gelée, on en prendra, pour baptifer, dans un

vase, & on la fera dégeler, foit en la mettant auprès du feu, foit en y verfant un peu d'eau chaude: on prendra la même précaution, lorsqu'elle fera froide au point d'incommoder les petits enfans.

La Matière prochaine du Baptême eft l'Ablution, ou l'application de l'eau fur le corps du Baptifé: elle peut fe faire en trois manières : fçavoir, ou par Afperfion, en jetant fur la perfonne plufieurs gouttes d'eau, comme quelques-uns préfument que faifoient les Apôtres, quand plufieurs milliers d'hommes fe préfentoient au Baptê me; ou par Immerfion, en plongeant la perfonne dans l'eau, comme on le pratiquoit autrefois; ou par Infufion, en répandant l'eau fur la tête. Il faut baptifer en cette troifième manière, qui eft maintenant la feule en usage dans toute l'Eglife Latine.

On doit verfer l'eau fur celui qu'on baptife, en telle quantité qu'on puiffe dire qu'il eft lavé: il ne fuffit donc pas d'en répandre quelques gouttes, ni de mouiller fon pouce pour l'en toucher enfuite; mais il faut prendre de l'eau dans un vafe, & la verfer fur lui: cette eau doit toucher la peau; car, fi elle ne touchoit ne touchoit que les habits ou les cheveux, l'enfant ne feroit pas baptifé. Elle doit auffi être répandue fur la tête où réfident principalement les organes des fens & de la raison; c'est lufage de l'Eglife, auquel il faut fe conformer, hors des cas de néceffité dans lefquels même, fi on avoit verfé l'eau fur une autre partie du corps, faudroit rebaptifer fous condition, parce qu'il n'eft pas tout-à-fait certain qu'un tel Baptême foit valide. Il fuffit, pour la validité du Baptême,

il

de verfer l'eau une feule fois fur celui que l'on baptife: néanmoins l'ufage de l'Eglife, que l'on doit fuivre, eft d'en verfer par trois fois, en formant chaque fois le figne de la Croix. On doit prendre garde que l'eau bénite qu'on

répand ne tombe à terre; mais qu'elle foit reçue immédiatement dans la Pifcine du Baptiftère.

Il faut auffi que la perfonne qui verfe l'eau, prononce elle-même les paroles de la Forme.

De la Forme

LA Forme du Baptême consiste effentiellement dans ces paroles, ou autres équivalentes: Je te baptife au nom du Père, & du Fils, & du SaintEfprit. On n'en peut rien retrancher; car, pour la validité du Baptême, il faut exprimer l'action du Ministre, la perfonne qu'on baptife, & l'invocation expreffe & diftincte des trois Perfonnes de la très-fainte Trinité, au nom defquelles il doit être adminiftré. C'est pourquoi fi le Miniftre prononçoit feulement ces paroles, Au nom du Père, fans dire, Je te baptife; ou difoit, Je te baptife, au nom de NotreSeigneur Jefus-Chrift, ou au nom de la fainte Trinité, ou au nom du Père, & du Fils, fans ajouter, du Saint-Esprit, il n'y auroit point de Sacrement.

On doit prononcer les paroles de la Forme en même temps qu'on verfe l'eau: il n'importe, pour la validité du Baptême, en quelle langue elles foient exprimées; mais , lorsqu'on baptife folennellement, il faut les exprimer en Latin.

Comme le Baptême imprime un caractère, & qu'on ne peut le réitérer fans facrilège; lorfqu'on doute fi quelqu'un a été baptifé, ou fi en le baptifant on a omis ou changé quelque chofe d'effentiel au Sacrement, il faut le baptifer fous condition, en disant: Si non es baptizatus, ego te baptizo in nomine Patris,& Filii, & Spiritus

Sancti,

du Baptême.

Voici les principaux cas dans lefquels on doit baptifer fous condition.

1°. Quand des enfans ont été expofés, même avec des billets portant qu'ils ont été baptifés, fi, après unė exacte recherche, on ne découvre d'autres indices certains de leur Baptême; car, outre qu'on ne doit point ajouter foi à des papiers non fignés, non plus qu'aux Pères & Mères de ces enfans, qui font préfumés les avoir écrits ou dictés, le trouble qui accompagne communément leur naiffance, ôte fouvent la liberté néceffaire pour leur adminiftrer validement le Baptême. Il faudroit excepter de cette règle ceux qui feroient exposés avec des Extraits Baptiftères dûment légalifés, ou qu'on fçauroit certainė– ment être véritables. Si le billet énonçoit qu'ils euffent été baptifés dans une Paroiffe qui y fût dénommée, il faudroit confulter, s'il étoit poffible, les Regiftres de cette Paroiffe, avant de les baptifer fous condition.

2o. Quand l'enfant a été baptifé, étant encore, tout entier ou en partie, dans le fein de sa mère; si néanmoins la tête étant entièrement dehors, on y avoit verfé l'eau, il faudroit fe contenter de fuppléer les Cérémonies pourvu cependant qu'on fût affuré que rien d'effentiel n'eût été omis ou changé, comme nous l'expliquerons dans la règle fuivante.

3°. Quand l'enfant a été baptisé par

un Laïc peu inftruit ou fufpect d'avoir peu de probité ou de Religion, s'il l'a fait fans témoins, ou lorfque la perfonne qui a baptifé, ou les témoins, en rapportant le fait, vacillent dans leurs réponses, & donnent un jufte fujet de foupçonner qu'à raifon du trouble où l'on étoit, on a pu omettre quelque chofe d'effentiel, ou fe fervir d'une matière douteufe, telle que feroit une eau bourbeufe ou corrompue. Lors donc qu'on préfente à l'Eglife un enfant baptisé à la maifon à caufe du péril de mort, le Prêtre examinera foigneufement de quelle manière la chofe s'eft paffée. S'il apprend par le témoignage clair, ferme & précis de la Sage-Femme, ou d'une perfonne inftruite & d'une probité reconnue, qui ait baptifé, & par la dépofition de deux autres perfonnes dignes de foi, qui y aient été préfentes, que les règles du Baptême ont été obfervées, il fe contentera de fuppléer les Cérémonies, comme il fera marqué ci

après. Mais fi la Sage-Femme ou une perfonne Laïque qui auroit baptifé, dépofoit feule fur fon propre fait, fans être foutenue par la dépofition de deux autres témoins, il rebaptifera fous condition. Telle eft la fage précaution, prefcrite par plufieurs Conciles, qu'on doit fuivre d'autant plus exactement, qu'il eft très-important de ne rien hafarder dans une matière de fi grande conféquence.

4°. Lorfque le Baptême a été donné par des hérétiques, & qu'il y a fujet de douter s'ils n'ont rien omis ou changé d'effentiel, le plus für eft de ne rien faire qu'après Nous avoir confulté, ou nos Vicaires Généraux, à moins qu'on ne fe trouve dans une néceffité fi preffante, qu'on ne puiffe attendre la réponfe; & pour lors on rebaptifera fous condition.

5°. Quand on doute fi l'enfant est en vie, ou fi c'eft une créature raisonnable, comme il fera expliqué plus au long dans la fuite.

Du Miniftre du Baptême.

LE JE MINISTRE Ordinaire du Baptême MINI eft l'Evêque, le Curé, ou tout autre Prêtre commis & délégué par eux; mais, comme ce Sacrement eft d'une néceffité indifpenfable pour tous les hommes, même pour les enfans, fans diftinction, Jefus-Chrift a voulu que dans un befoin preffant, il pût être adminiftré par toutes fortes de perfonnes Eccléfiaftiques & Laïques, hommes & femmes, fidèles ou infidèles, pour vu qu'elles obfervaffent tout ce qui eft de l'effence du Baptême. Il faut néanmoins remarquer qu'un Prêtre, en cette fonction, doit être préféré à un Diacre, un Diacre à un Sous-Diacre, un Sous-Diacre à un Clerc, un Clerc à un Laïc, & un homme à une femme;

à moins que la pudeur, ou l'ignorance de l'homme n'exigeaffent que la femme fût préférée.

Le Père & la Mère ne doivent pas baptifer leur enfant, fi ce n'eft qu'il y eût danger de mort, & qu'il ne fe trouvât perfonne pour le baptifer: s'ils le faifoient hors ce cas de néceffité, ils contracteroient entre eux une affinité fpirituelle, qui leur rendroit illicite l'ufage du mariage, jufqu'à ce qu'ils euffent obtenu de Nous une difpenfe. Il est donc important que tous les fidèles, & fur-tout les Sages-Femmes, & autres qui affiftent les femmes dans leurs couches, foient inftruits de la manière d'adminiftrer le Baptême en cas de néceffité. Les Curés auront foin de

« PreviousContinue »