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à détruire les vices, & à établir le règne de Dieu & fon amour dans les cœurs. On aura foin de s'y préparer dans la femaine, en méditant l'Evangile, lifant les bons Livres, & réfléchiffant fur les befoins fpirituels de fon troupeau.

Toutes ces Inftructions refteroient inutiles, & ne porteroient point les fruits que l'Eglife en attend, si les peuples n'y étoient préparés par de bons Catéchifmes qui foient à la portée des enfans & des perfonnes peu inftruites. Le Catéchifme eft donc la plus effentielle de toutes les Inftructions, puifqu'elle fert de fondement à toutes les autres. Le Catéchifme ouvre le cœur & l'efprit pour recevoir les premières impreflions de la Foi & de la morale de Jefus - Chrift. Nous ordonnons aux Curés de faire euxmêmes le Catéchifme tous les Dimanches & Fêtes de l'année, à l'heure la plus commode pour leurs Paroifliens, ou de le faire faire par leurs Vicaires ou autres Eccléfiaftiques capables; leur enjoignons de le faire, outre cela, deux jours de la femaine, pendant l'Avent & le Carême; leur permettons feulement de l'abréger dans le temps de la moiffon & des vendanges.

On avertira fouvent les pères & mères, maîtres & maîtreffes, d'envoyer leurs enfans & leurs domestiques au Catechifme, & de tenir la main pour qu'ils s'y rendent exactement; il fera bon auffi de les exhorter à les y conduire eux-mêmes quelquefois, foit pour

s'affurer davantage qu'ils n'y manquent pas, foit pour les exciter à y aller avec plus d'empreffement, foit auffi pour s'inftruire eux-mêmes de plufieurs chofes néceffaires, & qu'on ignore fouvent dans un âge fort

avancé.

Nous défendons de fe fervir pour inftruire, dans tout notre Diocèfe,

d'autres Catéchismes que de celui du Diocèfe.

4°. Les Curés doivent faire enforte que leurs Paroiffiens fanctifient les Fètes & les Dimanches: pour cela, ils tâcheront de faire chanter & de célébrer, le plus décemment qu'ils pourront, les divins Offices: c'eft un excellent moyen pour attirer les peuples au culte de Dieu, & leur donner une haute idée de nos Myftères. Les Curés doivent, par conféquent, fçavoir le plain-chant, & faire enforte qu'il y ait dans leurs Paroiffes des perfonnes qui fçachent les chants de l'Eglife, afin qu'ils puiffent aider à chanter la Meffe & les Vêpres. On peut y former de jeunes enfans ou d'autres en qui on remarqueroit de la voix. Quand on a du zèle & de la Religion, on trouve les moyens d'y parvenir.

5°. Ils doivent être les pères des pauvres de leur Paroiffe, les affifter par des aumônes; leur apprendre à faire bon ufage de la pauvreté que JefusChrift a confacrée en fa perfonne. Ils auront foin d'exciter les riches à leur faire du bien, & à les foulager principalement dans leurs maladies, où les befoins font plus grands. Nous exhortons les Curés à former des affemblées de charité dans leurs Paroiffes; & à entretenir de leur mieux celles qui y font établies pour prendre foin des pauvres, leur diftribuer les aumônes à propos, vifiter les malades, & s'informer de leurs befoins.

6o. Ils tâcheront de pacifier les familles, d'appaifer les difcordes, d'accommoder les différends. Ils prendront pour règle de prudence, de ne fe laisser jamais prévenir contre perfonne, de gouverner par eux-mêmes, faire rien d'important fans avoir pris confeil, & de ne prendre aucun parti dans les divifions ou procès qui pourroient arriver entre leurs Paroilliens;

mais de porter tout le monde à la paix,
& à s'accommoder.

veilleront à ce que les biens de la Fa-
brique de leur Eglife foient adminiftrés
comme il faut; qu'on nomme toujours'
des Marguilliers fages, fidèles & vigi-
lans; que ceux qui fortent de charge
rendent exactement leurs comptes. Sur-
tout ils auront grand foin de ne jamais
percevoir eux-mêmes les revenus de

7°. Ils veilleront fans ceffe fur leur troupeau, feront affables & de facile accès aux pauvres auffi-bien qu'aux riches; toujours prêts à porter les Sacremens aux malades, quelque éloignés qu'ils foient, le jour ou la nuit, & toutes les fois qu'ils feront appe-feur Eglife. Ils exécuteront auffi, ou lés, fans fe rendre là-deffus difficiles, feront exécuter fidèlement les Fondacar ce feroit pour eux un terrible tions; les annonceront tous les Dicompte à rendre, fi, par leur faute, leur faute, manches au Prône de la Grand-Meffe, quelqu'un mouroit fans les recevoir. & en auront un état ou tableau dans la Rien de plus épouvantable à ce fujet Sacriftie. Ils veilleront pour retrancher 3. Reg. que les menaces d'un Prophète : Cuftodi les abus qui pourroient être dans les Cap. 20. 39. virum iftum, qui fi lapfus fuerit, erit Confrèries. En un mot, ils tâcheront anima tua pro anima ejus. que Dieu foit aimé, fervi & honoré dans leurs Paroiffes. Ut in omnibus ho- 1. Petr. 4 norificetur Deus per Jesum Chriftum.

20.39.

Enfin, pour ne rien négliger du temporel auflì-bien que du fpirituel, ils

II.

INSTRUCTION

SUR LE SACREMENT DE MARIAGE.

LEMAR

E MARIAGE eft une fociété légitime entre l'homme & la femme, que Dieu lui-même a établie, dès le commencement du monde, pour la multiplication du genre humain. Cette fociété a été regardée dans tous les temps comme un des objets les plus importans de la vie civile, & Jefus-Chrift, en l'élevant à la dignité de Sacrement, l'a rendue un des

actes les plus folennels de la Religion.
Le détail où nous allons entrer, en
montrant les difficultés qu'éprouve le
Ministère des Prêtres dans l'administra-
tion de ce Sacrement, leur prescrira en
abrégé les règles qu'ils doivent fuivre,
& juftifiera la néceffité de s'inftruire des
décifions de l'Eglife, & des Loix du
Royaume fur un point fi important.

De la Doctrine de l'Eglife fur le Sacrement de Mariage.
LE MARIAGE eft un Sacrement infti-
E MARIAGE eft un Sacrement infti-
tué par Jefus-Chrift pour fanctifier la
fociété légitime de l'homme & de la
femme.

Il paroît, par la fainte Ecriture, que Dieu s'eft propofé deux fins principales dans l'inftitution primitive du Mariage. La première a été de donner à ceux qui s'engageront dans cet état un fecours & une compagnie pour s'entr'aider réciproquement dans les beGen. 2. 18. foins de la vie: Faciamus ei (Ade) adjutorium fimile fibi. La feconde a été de procurer la génération des enfans qui fuffent élevés dans la crainte du Gen. 1. 28, Seigneur: Benedixitque illis Deus, & ait: Crefcite & multiplicamini, & replete

terram. Depuis le péché du premier
homme, le Mariage a une troisième
fin, dont parle faint Paul: Propter 1. Cor. 7. 3,
fornicationem unufquifque fuam uxo-
rem habeat,
rem habeat, & unaquaque fuum virum
habeat; & de crainte qu'on ne crût
qu'il vouloit obliger tout le monde de
recourir à ce remède, il ajoute peu
après: Hoc autem dico fecundùm indul- 6.
gentiam, non fecundùm imperium.

On diftingue dans ce Sacrement
comme dans les autres, une Matière
& une Forme. Plufieurs célèbres Théo-
logiens enfeignent, après faint Tho-
mas, que la donation mutuelle que
l'homme & la femme fe font de leur
corps, eft la Matière prochaine de ce

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Sacrement, & que leur mutuelle acceptation, exprimée par des paroles ou par quelque figne fenfible, en eft la Forme. Nombre d'autres Théologiens, également célèbres, foutiennent que le Prêtre feul eft Miniftre du Sacrement de Mariage, & que fa bénédiction en eft la Forme, & ils établiffent leur fentiment fur des raifons d'autant plus fortes qu'elles paroiffent plus liées avec la conduite que Jefus-Chrift a tenue dans l'inftitution des autres Sacremens de la Loi nouvelle, avec ce que les Saints Peres & plufieurs Conciles ont dit de celui de Mariage en particulier, avec le refpect qu'il mérite à titre de figne représentatif de l'union fainte de JefusChrift avec fon Eglife, & avec l'idée qu'en ont ordinairement les Fidèles qui s'y préfentent. Mais, comme l'Eglife n'a encore décidé ni quelle eft la Matière prochaine, ni quelle eft la Forme, ni quel eft le Miniftre du Sacrement de Mariage, & qu'elle laisse aux Théologiens la liberté de penfer différemment fur ces queftions, il eft propos de ne fe déclarer pas plus pour l'un que pour l'autre de ces deux fentimens, mais de fe borner à reconnoître que, foit que les parties qui contractent s'adminiftrent l'une à l'autre ce Sacrement, foit que le Prêtre le leur confère en prononçant ces paroles: Ego vos in matrimonium conjungo, ou autres femblables, la préfence propre Curé des Parties, ou de quelqu'autre Prêtre commis par lui ou par l'Evêque, eft néceffaire pour fa validité.

à

du

Le Mariage produit, en ceux qui le contractent avec de faintes difpofitions, une grace de fanctification qui augmente en eux la charité; grace de chafteté, qui corrige en eux les ardeurs de la concupifcence; grace d'union, qui purifie leur amour & le rend même

méritoire en le rapportant à Dieu; grace de patience pour fe fupporter mutuellement; grace enfin de bénédiction, qui les multiplie par la naiffance des enfans, qui préfide à leur éducation dans la crainte du Seigneur, & leur facilite leur établissement fuivant leur condition.

Le Concile de Trente a décidé, que Seff. 24. lorfque le Mariage n'a point été con- Can. 6. fommé, il peut être diffous par la Profeffion Religieufe de l'un des deux époux; mais auffi, hors ce cas, la mort feule peut rompre le lien qui les unit : c'eft donc une erreur de croire, avec les hérétiques des derniers fiécles, que l'adultère, l'héréfie, les mauvais traitemens d'un mari, foient des moyens de diffolution, après laquelle les Parties puiffent paffer à de fecondes noces; ces moyens peuvent bien donner lieu au Juge d'ordonner la féparation de lit & de demeure, mais ils ne peuvent rompre un lien qui, de fa nature, eft indiffoluble.

Le Mariage des Chrétiens étant une fociété fanctifiée par le Sacrement, n'a pas moins que les autres fociétés fes devoirs & fes obligations. L'Apô

tre Saint Paul en fait une exacte énu

mération, qu'il eft à propos que les perfonnes mariées aient fouvent devant les yeux. Uxori vir debitum red- 1. Cor. 7. dat, dit-il, fimiliter autem & uxor 3. 4. 5. 6. viro. Mulier fui corporis potestatem non habet, fed vir. Similiter autem & vir fui corporis potestatem non habet, fed mulier. Nolite fraudare invicem, nisì fortè ex confenfu ad tempus, ut vacetis Orationi: & iterùm revertimini in idipfum, ne tentet vos Satanas propter incontinentiam vestram. Hoc autem dico fecundùm indulgentiam, non fecundùm imperium.

L'Apôtre, parlant dans un autre endroit des perfonnes mariées, leur donne encore cette excellente instruction:

Ephef. 5. 24. 25. 26. 27. 28. 29. 30. 31. 32.

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Que les femmes, dit-il, foient foumifes à leurs maris comme au Seigneur; parce que le mari eft le chef de la femme, comme Jefus-Chrift "eft le chef de l'Eglife, qui eft fon » corps, dont il eft auffi le Sauveur. » Comme donc l'Eglife eft foumife à » Jesus Christ, les femmes doivent » aulli être foumifes en tout à leurs » maris. Et vous, maris, aimez vos » femmes comme Jefus-Chrift a aimé l'Eglife, & s'eft livré lui-même à la » mort pour elle, afin de la fanctifier, après l'avoir purifiée dans le Bap» tême de l'eau, par la parole de vie, » pour la faire paroître devant lui pleine de gloire, n'ayant ni tache, » ni ride, ni rien de femblable; mais » étant fainte & irrépréhenfible. Ainfi » les maris doivent aimer leurs fem» mes comme leur propre corps. Celui qui aime fa femme, s'aime foi» même; car nul ne hait fa propre » chair, mais il la nourrit & l'entre»tient, comme Jefus - Chrift fait à l'égard de l'Eglife, parce que nous » fommes les membres de fon corps, » formés de fa chair & de fes os. » C'est pourquoi l'homme abandon» nera fon père & fa mère pour s'at» tacher à sa femme; & de deux qu'ils » étoient, ils deviendront une même » chair. Ce Sacrement eft grand: je » dis en Jefus - Chrift & en l'Eglife. » Mais que chacun de vous aime » auffi fa femme comme lui-même, » & que la femme craigne & refpecte

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„ fon mari».

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nuptial. Ce feroit une erreur trèsgroffière que de croire que tout fût permis dans le Mariage; on ne doit pas paffer les bornes que la pudeur & l'honnêteté y ont prefcrites; les excès qu'on y commet ne font pas exempts de péché. Lâcher la bride à l'incontinence, & ne chercher dans le Mariage qu'à fatisfaire une pallion brutale, c'eft, dit faint Auguftin, fe rendre l'adultère de fa propre femme; renverfer & changer l'ordre que la nature y a établi : c'eft une abomination.

Une autre obligation indifpenfable des époux, eft d'élever leurs enfans dans la piété & dans la crainte de Dieu, & de les édifier par leurs exemples. Les femmes enceintes doivent fur-tout veiller à la confervation de leur fruit, & ne jamais s'expofer à aucun danger qui puiffe lui nuire. Elles doivent tâcher de nourrir elles-mêmes leurs enfans, autant qu'elles le peuvent; & en cas qu'elles ne le puiffent pas, elles doivent du moins faire choix, pour nourrices, de personnes de probité & de piété reconnues. Elles ne doivent faire coucher leurs enfans avec elles avant qu'ils aient deux ans accomplis; ce qui fera pareillement obfervé par les nourrices & autres perfonnes.

pas

Les Curés & Vicaires, en expliquant publiquement les obligations du Mariage, & les péchés qu'on peut y commettre, doivent être attentifs à le faire avec tant de retenue & de circonfpection, qu'il ne leur échappe jamais aucune expreffion tant foit peu contraire à la pudeur & à l'honnêteté. Ils éviteront fur-tout de parler en public de ce qui ne doit être dit qu'en particulier & dans le tribunal de la pénitercs.

De

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