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il y a plus; elles privent encore le Chrétien de la part qu'il avoit de droit aux prières de l'Eglife; le mérite du faint Sacrifice de la Meffe ceffe de lui être appliqué; & ce qui eft encore plus terrible, c'est qu'un excommunié n'a plus aucun droit au Ciel, tant qu'il demeure dans fon excommunication: il ceffe d'être enfant de Dieu, membre de Jesus-Christ & cohéritier de fon Royaume. Si l'intérêt de vos frères vous touche, pleurez leur chûte & leur malheur: tâchez de fléchir fur eux la colère de Dieu : mais en même-temps, Mes Frères, n'allez pas, par vos crimes, & en particulier par votre défobéiffance à l'Eglife, attirer fur vous les mêmes malheurs & les mêmes châtimens.

INSTRUCTION

INSTRUCTION

SUR LE SACREMENT DE L'EXTRÊME-ONCTION.

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Les Pasteurs s'attacheront, avec foin, à detruire de l'efprit de leurs peuples le préjugé funefte & trop univerfellement répandu contre ce Sacrement, qui le fait redouter du plus grand nombre comme un arrêt de mort irrévocable; d'où il arrive qu'ils n'ofent propofer à leurs parens & amis malades d'y avoir recours, & qu'à force de le différer, les malades le reçoivent fans confiance, fans fentiment, quelquefois même avec répugnance, & le plus fouvent dans une extrémité qui les rend incapables des difpofitions qu'il faudroit y apporter. Le moyen de remédier à ce défordre eft de leur bien faire comprendre les heureux effets de ce Sacrement: ils les trouveront clairement expliqués par l'Apôtre faint Jacques, au Chapitres de fon Epître Catholique, qui renferme en ce peu de mots toute la Doctrine de l'Eglife fur l'Extrême- Onction: Quelqu'un dit-il, d'entre vous eft-il malade? qu'il appelle les Prêtres de l'Eglife, & qu'ils prient fur lui, en l'oignant d'huile au nom du Seigneur, & la prière de la foi I. Partie,

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fauvera le malade; le Seigneur le soula▪ gera; & s'il a commis des péchés, ils lui feront remis. On peut voir, dans cette courte expofition, la Nature, les Effets, la Matière, la Forme, le Miniftre de ce Sacrement, & qui font ceux auxquels on doit l'adminiftrer.

L'effet de ce Sacrement, dit le Concile de Trente, interprétant les paroles Seff. 14: de faint Jacques, n'eft autre chofe que la grace de l'Esprit faint, qui, par fon onction, ôte les péchés qui feroient à expier, & les reftes du péché; foulage l'ame du malade, & la fortifie en excitant en lui une grande confiance en la miféricorde de Dieu; lui donne la force pour porter plus facilement les peines & les incommodités de la maladie, ainfi que pour résister aux tentations du démon, & aux embûches qu'il nous dreffe à la fin de notre vie; & rend même quelquefois au malade la fanté du corps, lorfque cela eft expédient au falut de l'ame.

Ce Sacrement efface les péchés qui refteroient à expier à un malade fuffifamment contrit. On ne peut donner un autre fens à ces paroles de faint Jacques, Si in peccatis fit, remittentur ei: ce qui doit s'entendre non-feulement des péchés véniels, mais encore des mortels qui auroient été oubliés ou Hh

inconnus, & dont on ne pourroit fe confeffer. C'eft pour cette raifon que les Pères & les Conciles appellent l'Extrême-Onction, le complément, la perfection & la confommation de la Pé

nitence.

L'Extrême-Onction ôte encore les reftes du péché, peccati reliquias abftergit, dit le Concile de Trente; on entend par ces reftes du péché, une certaine pente au mal, un éloignement pour le bien, la difficulté de fe porter à Dieu, & même les habitudes vicieufes auxquelles l'Extrême-Onction remédie par les fecours particuliers & plus abondans qu'elle donne, pour réfiter à leur penchant dans le temps le plus périlleux & le plus critique de la vie. On peut auffi entendre par ces reftes du péché, la peine temporelle qui lui eft dûe, & que le Sacrement remet, du moins en partie, à proportion des difpofitions de ceux qui le reçoivent.

Ce Sacrement foulage les malades, les fortifie contre les horreurs de la mort, leur donne la grace de fouffrir avec patience, & de réfifter aux tentations du démon qui ranime fes efforts contre eux dans leurs derniers momomens. C'est ce que faint Jacques exprime par ces mots: Alleviabit eum Dominus.

Le dernier effet de ce Sacrement eft de procurer la fanté du corps. L'Apôtre faint Jacques l'infinue en difant que la prière de la foi fauvera le malade; & le Concile de Trente l'enfeigne clairement par ces paroles: Sanitatem corporis interdùm confequitur. Ce Concile ajoute cette condition: Ubi faluti anima expedierit. La guérifon du corps ne feroit pas toujours profitable à l'ame; & c'eft la raifon pour laquelle cet effet n'eft pas toujours produit dans ceux mêmes qui reçoivent ce Sacrement avec de faintes difpofitions. Il arrive même quelquefois que l'Extrême

Onction, fans guétir abfolument le corps, opère fur lui une impreffion bien plus falutaire, qui confifte à diminuer la violence de la maladie, & à rendre à l'ame la facilité de s'élever à Dieu, pour fe difpofer à paroître devant lui.

On peut conclure de tous ces avantages, qu'il eft important aux Fidèles de recourir de bonne heure à ce Sacrement dans leurs maladies, lorfqu'elles font dangereufes: car en différant, ils s'expofent au danger de mourir fans ce fecours, ou de ne le recevoir que lorfqu'ils ne font prefque plus en état d'en profiter.

La Matière éloignée de ce Sacrement eft l'huile d'olive, felon ces paroles du même Apôtre : ungentes eum oleo. Cette huile doit avoir été bénite par l'Evêque, le Jeudi-Saint. Les Curés auront foin de la renouveller tous les ans, & de brûler celle qui eft de l'année précédente, auffi-tôt qu'ils auront de la nouvelle, foit en la mettant dans la lampe qui eft devant le faint Sacrement, foit en l'imbibant dans des étoupes qu'ils brûleront fur la piscine.

Si par inadvertence, on s'étoit fervi, pour pour adminiftrer ce Sacrement, d'une autre huile que de celle des Infirmes, il faudroit réitérer les onctions avec l'huile des Infirmes, & répéter la forme, eût-on même employé à cet effer le faint Chrême ou l'huile des Catéchumènes. Pour éviter cette méprife, on confervera l'huile des Infirmes dans un vafe d'argent ou d'étain fin, féparé de ceux du faint Chrême & de l'huile des Catéchumènes, fur le couvercle duquel ces deux mots feront écrits en gros caractères: OLEUM INFIRMORUM, ou du moins ces deux lettres majufcules O. I. Ce vafe fera enfermé fous la clef.

Lorfqu'on fera obligé de monter à cheval pour aller adminiftrer ce Sacrement, on mettra ce vafe dans une

bourfe d'étoffe violette, à laquelle feront attachés des cordons pour la pouvoir fufpendre au col, &, de crainte que l'huile ne s'écoule, on mettra au fond du couvercle des étoupes, ou du coton qu'on aura foin de changer de temps en temps, & de brûler fur la piscine.

Si, dans le cours de l'année, l'huile des Infirmes venoit à diminuer, enforte qu'on appréhendât qu'il n'y en eût point affez pour fournir jufqu'à la bénédiction des nouvelles, & qu'on n'eût pas la commodité d'en prendre ailleurs, on pourroit y en mêler d'autre non bénite, mais en moindre quantité que ce qui feroit resté d'huile bénite.

La Matière prochaine de ce Sacrement eft l'onction ou l'application de l'huile bénite aux principales parties du corps. On oint les yeux, les oreilles, les narines, la bouche, la poitrine, les mains & les pieds. L'onction des mains fe fait en-dehors aux Prêtres, parce que le dedans a déja été confacré dans leur Ordination. On fera l'onction de la poitrine aux femmes & aux filles au-deffous du col qu'on découvrira modeftement à cet effet.

La Forme de l'Extrême-Onction eft la prière que fait le Prêtre, en fafant les faintes onctions, comme on peut le conclure, avec le Concile de Trente, de ces paroles de faint Jacques: Orent fuper eum, ungentes eum oleo in nomine Domini. Cette prière eft contenue dans ces paroles dont use l'Eglife Romaine: Per iftam fanctam Unctionem, &c.

tels

On ne prononce qu'une fois la forme fur les organes qui font doubles, que les yeux, les oreilles, les mains & les pieds; mais on y fait deux onctions, commençant par le côté droit, & on ne doit achever de prononcer la forme, qu'en finiffant la feconde

onction.

Si le malade étoit mutilé de quelqu'un des membres fur lefquels on doit faire

l'onction, il faudroit la faire à la partie la plus prochaine, à moins qu'on ne pût pas la découvrir fans incoinmoder le malade, ou bleffer la modeftie.

Quand il y a du danger que le malade n'expire avant qu'on ait pû lui adminiftrer l'Extrême-Onction avec toutes les cérémonies prefcrites, il faut les omettre, & faire au plutôt les onc tions fur chaque fens, & même une feule, fi le danger le requiert, fur un feul organe, qui doit fur-tout être celui des yeux, en difant: Per iftam, &c. quidquid per vifum, (fi on fait l'onction fur les yeux) & alios fenfus deliquifti. Si le malade furvit, on reprendra les prières qu'on aura omifes; & lorfqu'on n'aura fait qu'une onction générale, on pourra continuer les autres, omettant l'onction de l'organe fur lequel on l'aura faire.

Si le malade expiroit avant que toutes les onctions fuffent faites, il faudroit les ceffer; mais dans le doute s'il vit encore, n'ayant point fait d'onction générale, on doit les achever, fe fervant de cette forme conditionnelle, Si vivis, per iftam, &c.

Les Prêtres feuls font les Miniftres de l'Extrême-Onction: faint Jacques nous l'apprend clairement, lorsqu'il dit: Infirmatur quis in vobis? inducat Presbyteros: paroles que la Tradition a toujours entendues des Prêtres ordonnés pour les fonctions facrées; cependant il n'appartient qu'aux Curés feuls de la donner à leurs Paroiffiens malades: & Nous défendons à tous autres Prêtres, foit féculiers, foit réguliers, fous peine de suspense, d'adminiftrer ce Sacrement, hors le cas d'une évidente néceflité, fans la permiffion des Curés, ou de ceux qui les repréfentent. De plus, fuivant le droit, fi un Régulier l'entreprenoit de fon autorité, il encourroit l'excommunication. Clement. lib.s, cap. 1, Religiofi, tit. 7. De Privil. & excef. Privil

Les Curés donneront tous leurs foins pour faire recevoir ce Sacrement à propos à leurs Paroiffiens dans leurs maladies; ils les exhorteront à le demander de bonne-heure ; &, quand ils feront requis de l'adminiftrer, ils s'y rendront au plutôt, la nuit comme le jour, ou enverront en leur place un Prêtre approuvé pour la Confeffion. Dans les maladies contagieufes ils auront recours à Nous, afin que Nous leur prefcrivions les précautions néceffaires pour ne point trop s'expofer, fans néanmoins fe difpenfer de donner à ceux qui en feroient attaqués, un remède fi important pour le falut de leurs ames, & qu'ils font en droit d'exiger de leurs Pasteurs dans cette extré

mité.

Quoique l'Extrême-Onction puiffe fe réitérer, on ne doit pas la donner deux fois dans une même maladie : fi néanmoins, pendant une longue maladie, le malade étant forti du danger de mort, y retomboit, il faudroit l'adminiftrer une feconde fois.

Ce feroit une erreur dangereufe que de croire qu'il faut attendre que le malade foit à l'extrémité pour lui conférer ce Sacrement, comme on pourroit le conclure fauffement du nom d'Extrême-Onction. On ne l'appelle

ainfi,

, que parce que cette onction eft la dernière de celles que reçoit le Chrétien, qui, ayant été oint au Baptême & dans la Confirmation, l'eft encore à la fin de fa vie par ce Sacrement; mais il fuffit, pour le donner à un malade, qu'il foit en danger de mort. Ceux qui attendent l'extrémité, s'expofent à le recevoir fans connoiffance, & fe privent de graces très-puiffantes pour les foutenir contre les attaques du démon, & leur faire fupporter patiemment les douleurs & l'abattement de la maladie, qui précèdent leurs der

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autant

Onction avant le Viatique ; & c'eft une pratique dont bien des Diocèfes reffentent encore actuellement l'utilité. Nous exhortons les Curés à fuivre cette maxime, & à l'introduire, qu'ils le pourront, dans leurs Paroiffes; par-là ils écarteront la frayeur & l'idée d'une mort prochaine, que l'adminif tration trop tardive y a attachées; & les malades recevant ce Sacrement en pleine connoiffance & avec les difpofitions qu'on doit y apporter, en retireront plus de fruit.

Les Fidèles baptifés, malades, en danger de mort, qui ont actuellement, ou ont eu autrefois l'ufage de la raifon, font feuls capables de recevoir l'Extrême-Onction.

On doit conclure de ce principe, qu'on ne peut l'adminiftrer à ceux qui n'ont pas été baptifés, non plus qu'à ceux qui, quoique baptifés, ne font point malades, fuffent-ils fur le point de mourir, tels que les criminels qu'on va exécuter. On ne peut même la donner aux malades qui ne font pas en danger de mort; mais on doit la donner aux vieillards, tellement décrépits, qu'ils peuvent mourir de défaillance, d'un inftant à l'autre, quoiqu'il ne paroiffe en eux aucune autre maladie.

On la donnera aux infenfés & frénétiques qui auroient eu autrefois l'ufage de la raifon, pourvu qu'il n'y ait aucun danger d'irrévérence. Ceux qui ont toujours été infenfés n'en font pas capables, non plus que les enfans qui n'ont pas encore atteint l'âge de raifon. Si néanmoins ces derniers paroiffoient avoir affez de difcernement pour pouvoir pécher, il faudroit la leur adminiftrer, quelque jeunes qu'ils fuffent; on doit même la leur donner lorfqu'on doute s'ils ont affez de raifon, étant plus à propos de rifquer la validité du Sacrement que le falut d'une ame qui, peut-être, fans ce remède, périroit éternellement.

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